C'était le temps des derniers terrains vagues que les enfants des gens vagues transformaient en aires de jeux.
En 1983, la france rangeait encore sa main d'oeuvre dans des cages à poules à la périphérie des grandes villes. les deux uniques pôles de rassemblement devenaient le supermarché local et la télévision dans les foyers. ça ressemblait encore à du confort moderne. la fatigue du labeur ne laissait que peu de place au questionnement métaphysique et à l'ennui. les trente glorieuses étaient mortes depuis dix ans, provoquant d'énormes fissures dans l'avenir, mais l'édifice donnait l'illusion de tenir encore.
Marco belloni, la trentaine, magasinier, n'avait aucunement conscience de tout cela. il travaillait pour gagner sa vie dans une usine de moules de plastique. pas d'amour, pas d'idéal politique, pas de grand projet, juste de l'attente. l'attente de la sonnerie de fin de journée pour voir passer la seule fille potable de l'usine, aller voir bruce lee au cinéma, se prendre pour un autre parce qu'être lui-même n'a rien de reluisant.
C'est au croisement de cette illusion et d'une scène de rue nocturne que marco va devenir assassin, qu'il va prendre dans ses bras une fille comme il en rêve. elle va lui entrouvrir la porte sur un autre monde, cruel, saignant, à risques, imprévisible et haletant. libre à lui de la suivre. on dira ça, mais c'est un brin lourdingue. . quand on trisse avec des proxos au cul, c'est exactement le genre de discours qui vous plombe.
Or faut être hyper mobile, sinon les perdreaux vous repêchent au fond du rhône avec un chargeur de bastos dans le buffet.