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Bhagavadgîtâ Upanishad : ou la doctrine hindoue traduite du sanscrit par le chercheur en hindouisme Émile Sénart
Emile Senart
- Culturea
- 16 Août 2022
- 9782382747384
La Bhagavadgîtâ est un poème illustre. Il en est peu, dans la littérature universelle, qui aient provoqué de plus vifs enthousiasmes. Des oeuvres du génie hindou, elle fut, en 1785, grâce à la traduction de Wilkins, révélée la première à l'Occident. Cette date marque le moment où commença de se déchirer le voile qui, depuis tant de siècles, dérobait à l'Europe le passé de l'Inde. L'heure était propice: le courant romantique porta vite et haut la renommée de ces vers. La recommandation de Schlegel, de G. de Humboldt, de Hegel, acheva d'exalter les premières curiosités. L'écho de cette renommée ne s'est pas éteint. Aujourd'hui encore, ces vers gardent une belle part de leur vertu sur le peuple dont ils résument, non sans force ni sans éclat, plusieurs des idées maîtresses; aujourd'hui encore, dans un pays naturellement enclin à la piété, ils agissent en consolation et en lumière sur beaucoup d'esprits; comment ne pas les aborder avec une déférence sincère? Plusieurs pourront ressentir ce qu'ont, à nos yeux, de fantastique, d'étrange, de choquant parfois, certaines conceptions qu'ils évoquent; personne ne demeurera insensible à leur haute inspiration. Les visions et les allures partout analogues du mysticisme, dont le souffle grisant frémit dans ces stances, rapprochent les temps et les lieux. Quel qu'en soit le charme subtil, une oeuvre où, depuis des siècles, l'Inde se plaît à se reconnaître, dont elle aime à se glorifier, nous attire avant tout par ce que, dans le fond et dans la forme, elle révèle des notions, des procédés et des tendances de l'esprit hindou.
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- Ah! si la bibliothèque d'Alexandrie n'eût pas été brûlée! Peut-être trouverions-nous là le secret de ce passé qui nous échappe. Il est une chose qui m'a toujours extraordinairement frappé. Nous savons par quelles études nos penseurs, nos moralistes, nos législateurs se sont formés. Mais quels ont été les précurseurs de l'Égyptien Ménès, de Moïse, de Minos, de Socrate, d'Aristote et de Platon? Quel a été enfin le précurseur du Christ? Ils n'en ont pas eu, me direz-vous. À cela je répondrai que ma raison se refuse à croire à la spontanéité de l'intelligence, à l'intuition de ces hommes, que l'on cherche du reste à expliquer, pour quelques-uns, par la révélation divine. Et alors, me dégageant de ce passé nuageux, je n'accepte plus que la critique libre et raisonnée, et m'élance dans le chemin qui, suivant moi du moins, doit m'amener à la vérité. Les nations n'arrivent à quelque splendeur qu'après une enfance longue et pénible, à moins qu'elles n'aient, pour abréger leur route, les lumières d'autres peuples qui les aient précédés. Voyez quels étaient les tâtonnements des sociétés modernes, jusqu'au jour où la chute de Constantinople vint révéler l'antiquité. Les émigrations indoues sont venues rendre le même service à l'Égypte, à la Perse, à la Judée, à la Grèce et à Rome. Voilà ce que je prétends démontrer. Certes, je ne prétends point faire la lumière aussi complète que je le voudrais. Un homme ne peut suffire à une pareille tâche. J'apporte une idée que je crois vraie, je l'étaye des preuves que j'ai pu rencontrer, tant dans les travaux des savants orientalistes que dans mes faibles recherches d'autres creuseront la mine, mieux peut-être et plus avant ? en attendant, voilà, le premier coup de pioche. Et je dois le dire tout d'abord, je ne recherche ni le bruit, ni le scandale, et je professe le respect le plus profond pour toutes les croyances que cependant je me crois en droit de ne point partager, dans l'entière indépendance de ma pensée. Les chercheurs qui ont adopté l'Égypte pour champ de manoeuvre, qui fouillent et refouillent cette contrée de fond en comble, voudraient bien faire croire, eux aussi, que tout nous est venu de leur pays de prédilection. Il en est même qui vont jusqu'à prétendre que l'Inde a copié, en Égypte, ses castes, sa langue et ses lois, alors que l'Égypte, au contraire, n'est tout entière qu'une émanation indienne. Ils ont tout entre les mains, les encouragements des gouvernements, l'appui des sociétés savantes mais, patience, le jour se fera complètement si l'Inde est bien éloignée pour de faibles courages, si son soleil tue, si le sanscrit est trop difficile pour qu'il soit possible de faire un peu de charlatanisme, s'il n'y a pas un budget pour transporter des blocs de pierre éraillés, en revanche il y a un petit nombre de fidèles pour qui l'Inde est un culte, qui travaillent sans relâche, non à creuser des fossés et à retourner du sable, mais à comprendre des livres. Avant peu, ils feront une vérité de cette parole: étudier l'Inde, c'est remonter aux sources de l'humanité.
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Krishna et les Gôpis : Les cinq chapitres sur les amours adultères de Krishna avec les Gopîs extraits du Bhagavata Purana
Vyasa/Collectif
- Culturea
- 20 Août 2022
- 9782385080372
Gop? est un terme sanscrit (????) utilisé en Inde et dans l'hindouisme ; il signifie « gardienne de vaches, bouvière ». Dans le Sanatana Dharma, les Gopîs (ou Gopika) sont de jeunes bouvières adultères entièrement dévouées à Krishna (elles sont déjà mariées, et leur dévotion érotique a ainsi un aspect ascétique).
De nombreuses histoires populaires circulent en Inde sur les péripéties de la vie amoureuse de Krishna et des Gopîs, particulièrement de sa maîtresse Radha. D'ailleurs, cette dimension d'adultère est particulièrement marquée dans la relation avec cette dernière : l'adultère transforme cette liaison en un amour secret, illégitime, en quelque sorte antisocial, qui symbolise la cassure qui est au fondement de toute expérience spirituelle authentique. La beauté de Krishna, ses vêtements aux couleurs vives, les mélodies qu'il joue merveilleusement sur sa flûte traversière, séduit les bouvières. Il les fait alors danser une ronde folle et, miraculeusement, il les possède toutes simultanément. Cette dévotion inconditionnelle des Gopîs à Krishna, tout comme leurs relations, symbolisent la dévotion (bhakti) à Dieu. Le Bhâgavata Purâna rapporte ces histoires pour illustrer la voie de la dévotion.
Le récit des obstacles rencontrés par les bergères amoureuses du dieu (les gôpis) et des ruses qu'elles emploient pour satisfaire leurs passions suffiraient à passionner lectrices et lecteurs s'ils n'attiraient en outre adorateurs et croyants de Vishnu-Krishna auxquels le livre révèle, depuis treize siècle, les secrets de l'accomplis-sement spirituel.
Car les épisodes de la vie de l'avatar, ses provocations et ses dérobades, sont autant d'allégories des difficultés que doit surmonter le pratiquant (sâdhak), sur la route de son développement spirituel (sâdhanâ). Véritable traité du «retour de l'âme à l'Essence divine», le Bhâgavata-Purâna est «un manuel minutieux et pratique pour qui veut suivre la voie de l'Amour divin» à travers les méandres des passions humaines.
On a fait suivre ici la traduction d'Hauvette-Besnault, indianiste français, du commentaire: Krishna l'amant divin. Le Bhâgavata-Purâna, est aujourd'hui encore l'un des livres les plus populaires et les plus lus de l'Inde.