« Si la géographie des bourreaux a permis l'extermination de millions d'êtres humains, il ne reste d'elle que ruines et musées. À l'opposé, la géographie du texte de Si c'est un homme ne cesse de vivre et de vivre encore, à mesure que des mains de lecteurs se saisissent du livre, et le lisent, s'en saisiront dans le futur et le liront, géographie donc ô combien vivante, innervée, nourrie, palpitante, humaine.
Humaine parce que jamais le texte ne parle d'autre chose, même en creux, que d'humanité. C'est l'humanité qui s'enfuit. C'est l'humanité que l'on malmène. C'est l'humanité que l'on broie comme un grain dans un mortier. C'est l'humanité que l'on nie. C'est l'humanité que l'on tente d'effacer, mais c'est l'humanité qui demeure. Elle demeure dans la voix de Primo Levi qui ne cède que rarement à la colère et qui fait le choix d'une description posée des faits, des actes, des lieux, des états et des sentiments.
Exempt de hargne, vide de rage et d'esprit de vengeance, le récit accueille les ombres, les silhouettes, les visages, les souffrances de ceux dont «la vie est courte mais le nombre infini» ».
Philippe Claudel
" J'ai poussé des cris, beaucoup de cris.
Parce que je voulais m'entendre et que les sons ne me revenaient pas.
Mes appels ne voulaient rien dire pour mes parents. C'étaient, disaient-ils, des cris aigus d'oiseau de mer. Alors, ils m'ont surnommée la mouette. Et la mouette criait au-dessus d'un océan de bruits qu elle n'entendait pas, avec la sensation d'être enfermée derrière une énorme porte, qu'elle ne pouvait pas ouvrir pour se faire comprendre des autres.
" Lorsque Emmanuelle a sept ans, elle découvre la langue des signes. Le monde s'ouvre enfin. Elle devient une petite fille rieuse et " bavarde ". A l'adolescence, pourtant, tout bascule. Aux désarrois de son âge s'ajoute la révolte de voir nier l'identité des sourds. Emmanuelle ne peut plus concilier l'univers des entendants et le sien. Elle se referme, dérive, se perd dans des expériences chaotiques. Mais, lucide et volontaire, elle réagit et choisit de se battre : elle réussit à passer son bac, lutte pour faire reconnaître les droits des trois millions de sourds français, puis s'impose magistralement au théâtre dans Les Enfants du silence.
Le Cri de la mouette est le témoignage d'une jeune fille qui, à vingt-deux ans, a déjà connu la solitude absolue, le doute et le désespoir, mais aussi le bonheur, la solidarité et la gloire.
Dans la Chine ancienne, le médecin était payé lorsque ses patients étaient en bonne santé et tombait en disgrâce lorsqu'ils étaient souffrants. Tel est le principe de la médecine traditionnelle chinoise, car la prévention y occupe une place essentielle.
Cette pratique ancestrale, qui prône l'équilibre du corps et de l'esprit, envisage chaque malade dans sa globalité sans le réduire à ses symptômes, et a pour but d'aider l'organisme à puiser dans ses propres ressources afin de prévenir la maladie. Que ce soit pour améliorer notre qualité de vie et préserver notre santé ou pour prévenir le cancer et lui faire face, la médecine traditionnelle chinoise se révèle une aide précieuse.
Élise Boghossian nous en explique la philosophie et le fonctionnement. Conseils, habitudes de vie et recettes (acupuncture, phytothérapie, massages, diététique...) permettant de réduire les effets secondaires des traitements lourds, parfois invalidants, de soulager les douleurs postopératoires et de se rétablir plus rapidement complètent ce guide indispensable pour qui veut rester acteur de sa santé.
Ce livre capital apporte l'image, sortant de la plus fidèle des mémoires, d'un Proust unique de vérité.
Céleste Albaret fut la gouvernante et la seule confidente de Marcel Proust pendant les huit dernières années de son existence, durant lesquelles il acheva l'écriture de son chef-d'oeuvre - elle est d'ailleurs une des clefs du personnage de Françoise dans La Recherche. Jour après jour elle assista dans sa vie, son travail et son long martyre, ce grand malade génial qui se tua volontairement à la tâche. Après la mort de Proust en 1922, elle a longtemps refusé de livrer ses souvenirs. Puis, à quatre-vingt deux ans, elle a décidé de rendre ce dernier devoir à celui qui lui disait : « Ce sont vos belles petites mains qui me fermeront les yeux. »
Le 8 décembre 1995, brutalement, un accident vasculaire plonge Jean-Dominique Bauby dans un coma profond. Quand il en sort, toutes ses fonctions motrices sont détériorées. Atteint de ce qu'on appelle le « locked-in syndrome », il est littéralement enfermé à l'intérieur de lui-même; il ne peut plus bouger, manger, parler ou même simplement respirer sans assistance. Dans ce corps inerte, seul un oeil bouge.
Cet oeil, le gauche, c'est son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie. Avec son oeil, il cligne une fois pour dire « oui », deux fois pour dire « non ». Avec son oeil, il arrête l'attention de son visiteur sur les lettres de l'alphabet qu'on lui dicte et forme des mots, des phrases, des pages entières... Avec son oeil, il écrit ce livre : chaque matin pendant des semaines, il en compose et mémorise les pages avant de les dicter, puis de les corriger.
Depuis la bulle de verre de son scaphandre où volent des papillons, il nous envoie ces cartes postales d'un monde que nous ne pouvons qu'imaginer, un monde où il ne reste rien qu'un esprit à l'oeuvre.
Ces mémoires d'Arthur Miller, dramaturge engagé et emblématique, sont le récit de la vie d'une légende de la littérature américaine, par-delà son propre mythe.
De l'Amérique du grand krach à la guerre d'Espagne, des théâtres à la littérature, Miller retrace, à travers l'histoire de son pays et sa propre expérience de vie, la genèse de ses oeuvres et dresse, au gré de ses rencontres, le portrait de personnalités du monde de l'art et de la politique, parmi lesquelles Elia Kazan, Clark Gable, John F. Kennedy, Mikhaïl Gorbatchev, ou encore sa deuxième femme, Marilyn Monroe, en tout point bouleversante.
Un témoignage émouvant et éclairé de l'auteur incontournable de Mort d'un commis voyageur, prix Pulitzer en 1949, et des Sorcières de Salem, dont le destin résume à lui seul plus d'un demi-siècle d'histoire américaine.
« Cette autobiographie est l'une des plus mémorables de notre époque. » Publishers Weekly
Née moins qu'un chien, je suis devenue une reine. Mon témoignage est une main tendue à toutes les femmes humiliées du monde.
Pour toutes les femmes du monde, de l'humiliation à la libération, Phoolan Devi était devenue le symbole de la révolte et du combat.
Elle a été assassinée le 25 juillet 2001. Ce livre est son testament.
Elle était de ces rares personnages qui, de leur vivant même, semblent tout droit sortis d'une légende...
Née au coeur de l'Inde dans une famille de basse caste, Phoolan Devi était destinée à l'esclavage domestique. Mariée à onze ans à un homme trois fois plus âgé qu'elle, abandonnée puis violée avant d'être enlevée par des hors-la-loi, elle s'est rebellée pour devenir la célèbre reine des bandits.
Pendant trois ans, à la tête d'une véritable armée, elle a nourri l'imagination d'un continent entier, volant aux riches pour donner aux pauvres, à la poursuite d'une vengeance jamais assouvie contre la brutalité des hommes.
Alexandra a un mari formidable, trois filles adorables, et Antoine, le petit dernier, qui ne rate aucune bêtise mais fait craquer toute la famille du haut de ses deux ans et demi.
Un soir de juin, alors que le calme règne enfin dans la maison, Alexandra peut vaquer à ses occupations.
Ça sonne à la porte.
C'est le gardien.
Ll demande si le bébé dort. Elle confirme.
Il reprend : « Parce qu'un enfant est tombé dans la cour, il est mort... » Ce témoignage bouleversant sur le deuil est incroyablement sincère dans l'expression de la complexité et réussit le tour de force d'être écrit avec humour.
Si le journal des Raisins de la colère est un document remarquable, c'est parce qu'il est le pouls violent et quotidien d'une lutte au corps à corps de l'écrivain avec son livre, ses doutes, son entourage, ses obligations. À chaque page, on a le nez dans la vie, l'effort, la crise.
Philippe Lançon, Libération John Steinbeck a écrit Les Raisins de la colère entre juin et octobre 1938, dans un moment de bouillonnement créatif extraordinaire. Tout au long de cette période, il a tenu des journaux qui retracent scrupuleusement cette expérience jour après jour, heure après heure. Avec eux, on entre dans la tête de Steinbeck pour y découvrir les tensions qui le traversent, les doutes qui le minent, sa paranoïa latente, les obstacles (souvent domestiques) qui se dressent devant lui, mais surtout la détermination obstinée qui le pousse à suivre le fil de son inspiration.
Des journaux d'écriture hors norme, au même titre que le roman dont ils décrivent la genèse.
« Je ne sais pas s'il existe des procès exemplaires, si celui-ci en est un, mais pour tous, c'est l'instant du verdict. Pour les trois accusés, pour les avocats, les parties civiles, les juges et les jurés, le moment qui va clôturer sept jours d'un procès en appel pour meurtre en bande organisée et complicité de meurtre en bande organisée. La fin d'une tragique histoire de petits bandits, entre règlement de comptes, bêtise sordide et violence sans frein.
Trois types dans un garage, qui ont piégé leur victime avant de la tuer à mains nues. »
Un témoignage aussi poignant qu'engagé sur l'histoire récente de l'Afghanistan, du départ des Talibans à leur retour le 15 août 2021.
L'histoire débute le 15 août 2021, jour de l'invasion de l'Afghanistan par les Talibans. Les auteurs entrecroisent, mêlent et lient les récits de personnes d'horizons très différents, mais qui ont en commun d'avoir vécu ce jour de l'invasion comme un point de bascule.
Ce livre est le témoignage d'une parenthèse historique et politique ; mais c'est aussi le récit d'une amitié profonde entre un médecin afghan, Nadjibullah Bina, et Eric Cheysson, médecin français exerçant en Afghanistan.
Ce livre est un hommage poignant et bouleversant à tous ceux qui sont battus pour la liberté en Afghanistan. C'est aussi, comme le revendiquent les auteurs, un plaidoyer salutaire pour ce pays qui mérite d'être aidé.
"Qu'ai-je donc fait ? J'ai aimé l'eau, la lumière, le soleil, les matins d'été, les ports, la douceur du soir dans les collines et une foule de détails sans le moindre intérêt comme cet olivier très rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye ou un escalier bleu et blanc flanqué de deux fontaines dans un village des Pouilles dont j'ai oublié le nom. Je ne regrette ni d'être venu ni de devoir repartir vers quelque chose d'inconnu dont personne, grâce à Dieu, n'a jamais pu rien savoir. J'ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J'ai eu de la chance. Merci. J'ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Pensez à moi de temps en temps. Saluez le monde pour moi quand je ne serai plus là. C'est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu'il m'a donné - comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté - ce qu'il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d'un homme parmi les autres."
Le succès est propre à chacun et à la portée de tous. Moi, je me suis beaucoup plantée. Je me suis mariée, j'ai divorcé (deux fois), j'ai fait des bourdes en plein direct, je suis partie au bout du monde et, de coup de bol en coup de blues, j'ai fini par savoir qui j'étais.
J'entends souvent dire que ça n'arrive qu'aux autres. J'en vois trop abandonner ou même ne pas essayer. Alors, j'ai eu envie de vous raconter mon chemin, pas tout à fait droit, pas vraiment exemplaire, mais qui peut-être fera écho en vous.
Ce livre, je l'ai écrit pour vous parler de la réussite. La mienne, et à travers elle : la vôtre. Bienvenue dans mon grand huit !
Dans une Istanbul brûlante et survoltée, en pleines vagues de protestations sociales contre le régime d'Erdogan, la vie de Clarisse, qui a fui Paris et ses démons, va s'embraser au contact d'Onur, un jeune enseignant turc à la beauté incendiaire. Voilà peut-être le grand amour auquel elle n'avait jamais cru, celui pour lequel elle sera enfin prête à quitter cette existence frénétique et volage pour devenir mère, elle qui a perdu la sienne si jeune. Hélas, quand Clarisse va être recrutée comme jeune fille au pair par un couple de Stambouliotes en vue, son destin va basculer à nouveau. D'où nous vient ce besoin constant de dynamiter notre bonheur ? Comment résister aux marées incessantes du désir, de la jalousie et de l'ennui qui menacent chaque jour le fragile bastion de nos couples ? Et surtout, l'amour justifie-t-il la souffrance que l'on cause ?
Vous qui tenez ce livre entre vos mains, vous allez découvrir une vingtaine de détenues devenues des écrivantes.
Vous allez partager leurs aspirations et un peu de ce qui se passe entre les murs d'une prison. Derrière les mots de chacune, c'est peu à peu leurs forces, leurs faiblesses, leurs désirs et leurs joies qui transparaissent.
Se dessine le portrait de femmes courageuses qui sont parvenues à s'affranchir de leur passé et à trouver une nouvelle voie.
« La liberté est comme une prise d'air ;
Dans l'immensité d'un désert. » Gladys « Je suis l'espérance ;
Qui résiste parmi les hommes ;
Je suis l'espérance qui nous ;
Libère de toute haine ;
Et nous pousse à aller de l'avant... » Florence ;
« Coucou ! Ça va, toi ? Tu dois être sacrément étonné de m'entendre. C'est normal, je suis censé ne pas savoir faire grand-chose. Mais j'ai plus d'un tour dans mon sac. Puisque tu ne dors pas, tu m'écoutes alors, d'accord ? » Samy et Mohammed n'ont a priori qu'un point commun : on ne les comprend pas. Le premier a douze ans, et est handicapé. Il n'a pas la parole. Le second a trente-sept ans, il est irakien, et personne autour de lui ne parle sa langue. L'un est joyeux, plein d'humour; l'autre triste, un peu perdu. Entre eux va pourtant naître une véritable amitié. Ils se racontent leur quotidien. Des quotidiens imbriqués: Samy étant parti vivre loin de sa famille, Mohammed occupe sa chambre, vacante.
Dans ce dialogue imaginaire entre son petit garçon et le réfugié qu'elle a accueilli chez elle, Églantine Éméyé nous donne à découvrir une autre vie. Celle que nous ne parvenons pas à imaginer, celle des « différents ». Tour à tour cocasses, tristes, émouvants, ces deux personnages hors norme font souffler une bouffée d'air frais sur nos vies de « normaux ». Sous leur regard, miroir renversé du nôtre, naît un monde fait de petits bonheurs et de grandes victoires sur soi-même et sur les autres.
Un conte humaniste, porté par une joie de vivre contagieuse malgré tous les vents contraires, à l'image de son auteure et des combats qu'elle poursuit.
« J'ai attendu de nous savoir solides pour reprendre la plume. J'ai alors tenté de consigner les mues, cette écume du changement, depuis la perte de tous les repères jusqu' à cet instant où le ciel se dégage, presque d'un coup. C'est là que vient la vie, après. » Antoine Leiris a perdu sa femme le 13 novembre 2015 au Bataclan. Vous n'aurez pas ma haine, son précédent livre, racontait les jours d'après, pour lui et son fils Melvil. Quatre ans plus tard, tous deux ont changé et grandi. Antoine Leiris n'est plus le même homme, ni le même père ; Melvil est devenu un petit garçon. C'est ce voyage que raconte La Vie, après. Celui d'un homme et de son fils qui ont poursuivi, malgré tout, leur chemin vers la vie. Un récit affectif et lumineux, qui dit combien l' écriture est source et témoin du vivant.
La honte redoutée à chaque instant, la fille qu'on admire en classe, les colos qui font grandir d'un coup, ces règles qui ne viennent pas, les garçons dont on rêve, les hanches qui poussent en quinze jours, les amitiés au-dessus de tout...
En une brassée de chapitres courts, Géraldine Dormoy retourne dans la banlieue parisienne des années 1980-1990 où elle a grandi et fait remonter les images, les phrases, les objets qui se sont imprimés en elle à l'adolescence.
Elle ausculte la jeune fille qu'elle fut, raconte l'évolution que l'on a tous vécue, mais elle observe aussi les effets de ce travail de mémoire sur sa personnalité d'aujourd'hui.
En se réconciliant avec cet âge tour à tour difficile, drôle et fascinant, elle invite chaque lecteur à serrer dans ses bras celui qu'il a été.
Un jour, j'en ai eu assez. Mille fois, j'en ai eu assez. Assez de toi, Samy, assez de tous qui ne comprennent rien, de la société qui ne fait rien. Assez.
Et puis mille fois, j'ai espéré, mille fois, j'ai ri et pleuré avec toi, mille fois, je t'ai serré dans mes bras.
Alors j'ai écrit ce livre pour toi, mon petit bonhomme si différent, pour moi, et pour ton frère, afin qu'il n'oublie pas tous ces fous rires qui émaillent notre drôle de vie aussi.
J'ai écrit ce livre pour toutes ces familles dont personne ne voit le désarroi, pour témoigner de notre quotidien durant ces dix ans, déjà.
J'ai écrit ce livre en n'épargnant personne parce que personne ne nous épargne.
C'est l'histoire de notre combat, c'est l'histoire de notre amour. Un amour que j'ai cru à sens unique. Tu me prouves aujourd'hui le contraire.
Récit intime d'une jeune femme, d'une jeune mère confrontée au quotidien du handicap, mais aussi témoignage sans fard sur un fait de société qu'on occulte : impossible de rester indifférent au cri d'amour de cette maman qui pourrait être nous.
Il est démocrate, il est libéral : cet écrivain n'a jamais cessé d'affirmer ses convictions. Si l'idée de faire de la politique ne lui a pas traversé l'esprit, le spectacle de la politique, du combat des idées, de la marche du monde l'a fasciné. Il s'est toujours engagé. Nous sommes liés au monde et il nous faut participer au grand jeu des événements qui nous entourent parce que nous dépendons de l'histoire et que l'histoire dépend de nous.
Ces textes surprennent par leur fraîcheur et leur allant. Dix ou trente ans après, ils continuent d'exciter l'esprit et de donner les causes des événements actuels. On y trouvera des portraits de grands hommes, des reportages à l'étranger, bien sûr des commentaires et des prises de position sur la politique intérieure française. Il faut relire les écrits passés (et toujours actuels). Sinon comment juger ceux qui jugent et voir s'ils ont eu tort ou raison ? Comment savoir si un commentateur de l'actualité porte un regard juste sinon en vérifiant après coup ses analyses et ses prévisions ? Pour dire s'il est équitable, il faut attendre que la passion tombe et que l'histoire ait au moins commencé à faire son oeuvre.
C'est donc un bel exercice de vérification auquel se livre l'auteur. Il s'est parfois trompé. Sur plusieurs points, les faits lui ont donné raison. Pendant toutes ces années, Jean d'Ormesson a observé le monde et les hommes et les femmes qui nous gouvernent. Prenez parti, dit-il, et trompez-vous sans trop de bassesses. Ceux qui ne défendent pas leurs amis sont ignobles. Ceux qui ne défendent que leurs amis sont aveugles. Il faut se débrouiller dans ce labyrinthe. C'est ce qu'on appelle l'honneur des hommes.
À quinze ans, Léa perd sa grand-mère d'une leucémie foudroyante. On lui interdit l'accès au service hospitalier car elle est trop jeune. Dans la salle d'attente, elle croise alors un garçon de son âge, atteint lui aussi d'un cancer. Il est le seul adolescent du service. Pour lui, pour eux, Léa décide de forcer les portes : elle crée l'association Aïda, du prénom de sa grand-mère.
Sept ans plus tard, Aïda mobilise des dizaines de milliers de collégiens et lycéens, qui rendent visite à des milliers de jeunes patients, partout en France, et les accompagnent à chaque étape de la maladie.
Ce livre est une immersion dans leur quotidien à l'hôpital. On y découvre Nour et Sofia, liées par une amitié inaltérable malgré la greffe et la chimio, Abdoulaye qui, entre deux traitements dans sa chambre, se fait passer pour un bénévole, Réda qui, depuis sa cellule en prison, collecte des fonds. On y retrouve aussi l'influenceuse Paola Locatelli pour sa première visite à l'hôpital, ou encore Benjamin Pavard qui remet en jeu son titre de champion du monde sur le babyfoot d'un service d'oncologie.
Bienvenue dans l'univers d'Aïda, là où la maladie rencontre l'adolescence, sans pour autant s'y substituer. Ce témoignage bouleversant donne une formidable envie de se retrousser les manches.
Les bénéfices seront reversés à Aïda.
À l'occasion du récent rapport Sicard sur la fin de vie et du projet de loi présenté en juin 2013, Marie de Hennezel nous permet de comprendre le débat sur l'euthanasie et la fin de vie en le situant dans la dimension qui devrait être la sienne : la dimension humaine.
Vivre et mourir dignement, c'est notre voeu à tous. Mais comment accorder cette dignité dans un pays où la vieillesse et la mort font peur et sont si mal accompagnées ?
Dans son rapport Penser solidairement la fin de vie qu'il vient de remettre à l'Elysée, Didier Sicard s'est mis résolument du côté des personnes malades en fin de vie, globalement insatisfaites des conditions du mourir dans notre pays. Il a cherché une voie - une voie à la française, dit-il - pour répondre à leur angoisse, sans pour autant toucher à l'interdit de donner la mort, barrière infranchissable à ses yeux dans une société démocratique. Car il ne s'agit pas, en permettant aux uns d'avoir la mort douce qu'ils désirent, de mettre en danger ceux qui attendent autre chose de la société : une vie plus digne jusqu'au bout !
Il est donc opposé à toute législation sur l'euthanasie. C'est un point fort de son rapport. Mais il ne peut se contenter non plus du statuquo. On meurt mal en France aujourd'hui. C'est donc que quelque chose ne va pas.
Bien qu'il préconise de ne pas légiférer dans l'urgence, François Hollande a décidé de le faire ; il l'avait promis, il le fait. Nous aurons donc une loi sur la fin de vie en juin, laquelle ?
Après avoir accompagné pendant dix ans des personnes en fin de vie, comme psychologue clinicienne au sein de la première unité française de soins palliatifs, avoir écrit de nombreux ouvrages inspirés de cette expérience, dont La Mort intime, avoir mis ma réflexion pendant cinq ans au service du Ministère de la santé, je suis aujourd'hui à l'écoute des générations du 3e et du 4e âge. Dans les séminaires que j'anime, nous abordons évidemment la question du mourir. L'inquiétude est palpable. Elle vient d'un paradoxe. D'un côté, dans un monde qui s'est fondé sur des valeurs d'autonomie, le désir de maîtriser les conditions de sa fin de vie est manifeste. Le seniors refusent de se voir voler leur mort par les médecins. Mais d'un autre côté, lorsqu'ils se projettent dans leur grande vieillesse, s'imaginant fragiles, ils craignent plus que tout d'être considérés comme les rebuts de la société, de terminer leur existence dans des lieux inhumains, et perçoivent avec une acuité étonnante les dangers d'une loi qui permettrait aux médecins de donner la mort ou les pressions qui pourraient être faites sur eux pour qu'ils se la donnent eux-mêmes. Ils tiennent à ce que la loi protège leur vulnérabilité à venir, en maintenant dans le code pénal l'interdit de tuer. Ce paradoxe doit être pris en compte dans la loi à venir.
Je souhaite, en m'exprimant dans ce livre, faire entendre leur voix, leurs inquiétudes, et contribuer par mon expérience et ma réflexion au débat qui s'annonce.
Marie de Hennezel
Arrêté par la Milice le 8 janvier 1944 pour avoir participé à la fabrication clandestine de faux papiers, Raphaël Esrail est déporté à Auschwitz. Il connaîtra onze mois durant toute l'horreur et l'abomination nazies. Avec Matricule 173 295, l'auteur revient sur les différentes étapes de sa vie de déporté : l'incompréhension des premiers jours, la découverte de la finalité macabre des camps, le froid, la violence, la faim, la peur, le désespoir, mais l'espoir, aussi, de revoir Liliane, cette femme qu'il a croisée fugitivement au moment de sa déportation et dont il est tombé amoureux.
L'auteur nous immerge dans le quotidien du camp, qui se vit dans l'attente de la mort. Un quotidien marqué par les grands comptages pour « enregistrer le mouvement de la vie vers la mort », les coups assenés par les kapos, les sélections arbitraires de détenus pour les chambres à gaz. Il nous raconte aussi comment les déportés s'organisent pour survivre et comment il est parvenu à communiquer avec Liliane par l'intermédiaire d'une Française à l'occasion de rendez-vous clandestins aux toilettes.
C'est par ces liens avec d'autres condamnés, fragiles et perilleux, que l'auteur fait durer son sursis dans cet enfer « où la vie cherche toujours à éclore ».