Voici le moment d'avoir du « discernement » (Apocalypse 13, 18). Cet avertissement de l'apôtre saint Jean est d'actualité en cette fin de millénaire où le retour du sacré, le foisonnement des sectes, jettent le désarroi dans les consciences. Comment situer la mystique par rapport à la théologie, à la métaphysique et à la poésie ? Le Dieu des mystiques est-il l'Absolu et l'Inconnu ?
« S'engager dans la mystique » est-il un désir ou un risque ? La mystique aurait-elle quelque parenté avec l'érotisme, le monachisme et l'intégrisme ? La mystique est vertigineuse, comment résister à ses tentations ? Comment distinguer le goût du merveilleux et la grâce de l'émerveillement ? Enfin la mystique a-t-elle son langage et sa méthode ?
Autant de questions qui imposent un discernement vigoureux pour éviter les dérives.
L'illustration de la couverture reproduit le polyptyque de Roger van der Weydan (1464) des Hospices de Beaune. L'archange saint Michel pèse les âmes lors du Jugement dernier, mais c'est à tout moment de l'histoire de l'humanité et à tout moment de chaque existence personnelle que s'opère le discernement.
Le thème de la primauté de l'évêque de Rome a reçu une attention continue ces dernières années dans les dialogues oecuméniques. Qu'il suffise de rappeler les travaux de la Commission internationale anglicane-catholique romaine sur L'autorité dans l'Église, ceux du Groupe des Dombes où catholiques et protestants se sont penchés sur Le ministère de communion dans l'Église universelle (1985), l'annexe au Sixième Rapport du dialogue Église catholique - Conseil oecuménique des Églises sur L'Église locale et universelle, 1990, ou le document du Comité mixte catholique-orthodoxe en France sur La primauté romaine dans la communion des Églises (1991), outre les nombreux symposiums académiques sur la question de la primauté au premier et au deuxième millénaire.
La primauté de l'évêque de Rome est actuellement au centre des discussions de la Commission Mixte Internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe.
Il y a quelques années, le pape Jean-Paul II publiait son encyclique Ut unum sint (1995), invitant les Églises et les communautés ecclésiales à exprimer leur point de vue sur le nécessaire ministère d'unité au service de l'Église entière. Jean-Paul II invitait à distinguer entre le contenu essentiel de la primauté et les modes de son exercice.
Entre catholiques, orthodoxes et anglicans, il est clair que le premier siège est celui de Rome. Il s'agit encore de préciser « quel est son rôle spécifique dans une ecclésiologie de communion » comme le dit le document de Ravenne adopté en 2007 par la Commission Mixte Internationale.
Le dialogue avec l'Orthodoxie a mis en lumière que, pour l'Orient, la primauté - à tous les niveaux : diocésain, provincial, patriarcal, universel - est toujours articulée à la synodalité, dans une tension féconde alimentée à la communion trinitaire et eucharistique.
Dans le contexte nouveau où vit le monde globalisé, la communion des Églises du Christ est plus que jamais un but à atteindre, en fidélité à la volonté du Seigneur.
Qui a prêté assez d'attention à Léon XIII lorsqu'il a rappelé que l'homme passe avant l'outil et la production ? Qui a suivi Pie XI lorsqu'il a formulé le principe de subsidiarité qui est tronqué même dans l'Europe qui l'a inscrit dans son traité de Maastricht ? Qui a écouté Jean Paul II lorsqu'il lançait, au risque d'être incompris l'idée de l'employeur indirect - la collectivité - qui devrait prendre en charge tout salarié qui perd son emploi. On n'a pas attendu la crise de 2008 pour dire que le bien commun exige une instance de régulation à tous les niveaux où il se concrétise. Encore récemment, Benoît XVI, dans son encyclique Caritas in veritate (2009) rappelle que l'économie n'est pas le tout de l'homme et de la société, et que toute approche réductrice des phénomènes sociaux conduit à l'échec. L'homme est un mystère qu'aucun système ni aucune idéologie ne peuvent enfermer dans leurs limites.
C'est le mérite de la Doctrine Sociale de l'Église de revenir toujours à la racine de l'humain, là où le Créateur a inscrit ce que « la sagesse éthique de l'humanité appelle la loi naturelle » (Caritas in veritate 59). Rechercher ce qui est l'humain dans l'homme conduit à choisir entre « deux types de rationalité, celle de la raison ouverte à la transcendance et celle d'une raison close dans l'immanence technologique ». La Doctrine Sociale de l'Église est ce travail incessant de la raison sur les profondeurs de notre humanité, une raison illuminée par « la vérité de l'amour du Christ dans la société ».
Un auteur spirituel a écrit qu' « on n'entre pas au ciel sans se désencombrer », tant il est vrai gue l'homme a besoin, à mesure qu'il progresse dans la vie, de faire le vide afin qu'il y ait toujours plus de place dans la raison et dans le coeur pour l'essentiel. En effet notre vie est souvent encombrée, c'est-à-dire obstruée par un trop grand nombre de choses. On crée l'embarras en accumulant les préoccupations et en surchargeant notre âme.
Il n'est pas facile d'accepter que Dieu agisse en nous car il nous mène quelquefois par des voies bien étranges. Dès lors il importe de savoir choisir l'essentiel, en laissant de côté ce qui est secondaire. Il faut donc débroussailler son âme et dépoussiérer son coeur. Pour réussir une pareille entreprise le secours d'un guide avisé est souvent indispensable.
On connaît Denys le chartreux par ses nombreux écrits.
Quarante-deux volumes figurent dans la monumentale édition cartusienne de Montreuil-sur-Mer. Le " Docteur extatique " du XVe siècle, mort en 1471 en laissant derrière lui un modèle de vie ascétique, une expérience mystique intense et une oeuvre considérable tant du point de vue exégétique et spirituel que philosophique, n'a cependant pas négligé de s'intéresser aux plus humbles aspects de la vie monastique quand on le sollicitait sur tel ou tel point.
Ainsi est né ce petit traité de la vie recluse, écrit à la demande d'une recluse qui désirait être conduite d'une main sûre sur le chemin de perfection. Rien d'intellectuel ou de savant ne vient rider la simplicité de ces " consignes de vie " données avec bonté, rigueur, mesure, et un sens évident des choses concrètes. Il s'agit d'aller droit au but : durer dans l'amour de Dieu en solitude. Aussi Denys le chartreux n'encombre-t-il pas l'esprit de la recluse avec de hautes considérations théologiques, mais, au contraire, lui simplifie la tâche en ouvrant un chemin de dépouillement, de paix intérieure et de fidélité, qui prend corps dans la prière et l'effacement de soi pour l'amour de Dieu.
C'est à cette simplicité que ce traité doit sa fraîcheur toujours d'actualité qui justifie sa présence dans cette collection.
En s'ouvrant à l'Ancien Testament, la collection Verbum Salutis devait sans tarder faire sa place au Deutéronome. Bien qu'un classement dans ce domaine n'ait guère de sens, on doit considérer ce livre comme un des plus importants de l'Ancien Testament. En lui convergent tous les courants qui animaient la vie religieuse d'Israël à l'époque de la monarchie : alliance, sagesse, prophétisme s'y retrouvent dans une synthèse parfaitement équilibrée. Le Deutéronome constitue un résumé complet de cette étape de la révélation qui s'achève avec l'exil à Babylone au VIe siècle. Il y aura encore d'autres étapes marquantes dans la révélation : elles supposeront toujours celle-là.
Le Deutéronome est un livre relativement long sur lequel il y aurait énormément à dire. Pour garder au commentaire des dimensions raisonnables, il fallait choisir. Dans l'optique de la collection, l'auteur a surtout cherché à mettre en évidence le message adressé jadis à Israël mais qui vaut pour le peuple de Dieu dans tous les temps. Pour saisir ce message, un travail d'érudition considérable est nécessaire ; si on ne présente ici que les résultats de ces recherches, elles restent toujours à l'arrière-plan du commentaire, ne serait-ce que par les références bibliographiques qui permettent au lecteur de prendre, s'il le veut, un contact direct avec les travaux des spécialistes sans lesquels on ne pourrait rien dire de sérieux sur ce livre attachant, mais d'un abord parfois difficile.
Ce volume poursuit une recherche, engagée dans les trois précédents, sur l'apport de la littérature pour un renouvellement du langage religieux et sur l'apport de la théologie pour la compréhension des textes littéraires.
Après trois chapitres plus théoriques, il comprend des études sur des auteurs du XIXe siècle (tels Chateaubriand et Marceline Desbordes-Valmore), des romanciers (comme Bernanos, Céline, Blanchot) et des poètes modernes (comme Max Jacob, Marie Noël, Gustave Roud), des poètes contemporains (tels Anne Perrier et Jean-Pierre Lemaire). Dans ce dernier domaine, il faut souligner la présence dans l'ouvrage de trois contributions sur Yves Bonnefoy, déjà étudié dans chacun des volumes antérieurs, et notamment un commentaire détaillé du poème Dans le leurre du seuil.
Comme les précédents, ce tome IV s'achève par un choix d'aphorismes librement commentés ; il s'agit cette fois de G.C. Lichtenberg.
"Cet ouvrage paraît à l'occasion de la création à Lausanne, lors de la semaine sainte 2017, de La Passion selon Marc. Une passion après Auschwitz du compositeur Michaël Levinas. Cette création prend place dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme protestante. Elle entreprend de relire le récit chrétien de la passion de Jésus dans une perspective déterminée par la Shoah.
Ce projet s'inscrit dans une histoire complexe, celle de l'antijudaïsme chrétien, dont la Réforme ne fut pas indemne, mais aussi celle des interprétations, théologiques et musicales, de la passion de Jésus de Nazareth. Et il soulève des questions lourdes, mais incontournables. Peut-on mettre en rapport la crucifixion de Jésus - la passion chrétienne - et l'assassinat de six millions de juifs ? Ne risque-ton pas d'intégrer Auschwitz dans une perspective chrétienne, et du coup de priver la Shoah de sa radicale singularité ? De redoubler la violence faite aux victimes d'Auschwitz en lui donnant un sens qui en dépasserait le désastre, l'injustifiable, l'irrémédiable ?
Le livre propose une série d'éclairages sur les questions que soulève le projet d'une Passion après Auschwitz : relectures du récit de la passion selon Marc, analyses historiques, réflexions sur quelques figures juives de l'interprétation de la Shoah, reprises théologiques chrétiennes enfin, autour des questions posées à la christologie et à la théologie de la passion. L'ouvrage se conclut par un entretien avec le compositeur qui revient sur son approche de cette thématique et sur sa démarche.
Ont participé à cet ouvrage : Danielle Cohen-Levinas, Corina Combet-Galland, Marc Faessler, Pierre Gisel, John Jackson, Daniel Krochmalnik, Pierre-Olivier Léchot, Michaël Levinas, Jean-Marc Tétaz et Christoph Wolff.
"
L'Amour est au coeur de la famille. Pourtant, nos sociétés dites développées s'attaquent de plus en plus vigoureusement à la famille, se mutilant ainsi elles-mêmes.
Or seule la famille, fondée sur l'union stable d'un homme et d'une femme, permet le triomphe de la vie, de cette vie qui nous vient de Dieu. Tandis que s'affirment et se multiplient les formes d'union plus ou moins libres, il est indispensable de rappeler la grandeur et la beauté du mariage, unique et indissoluble. Non pas le mariage idéalisé de la Belle au Bois dormant et du Prince charmant, mais le mariage de deux êtres différents, complémentaires, et imparfaits, qui, puisant l'Amour à sa source, dépassent leurs limites naturelles pour coopérer à l'oeuvre créatrice du Tout-Puissant et s'ouvrir à une fécondité porteuse d'éternité.
Lieu du don et de la réception de la Vie, la famille est naturellement le lieu de l'éducation par excellence. Parents n'oubliez jamais que vous éduquez les propres enfants de Dieu, tous appelés à la sainteté, donc au bonheur ! Familles, n'ayez pas peur, n'ayez pas peur de la vie, n'ayez pas peur du défi qu'est l'éducation, et soyez pour le monde les visages de l'amour.
Les biographes de saint Jean de Dieu, dans leur souci d'édifier le lecteur, ont souvent confondu merveilleux et plausible. François de Castro reste pour nous l'auteur le plus crédible par excellence. Histoire de la vie et des saintes oeuvres de Jean de Dieu, de l'institution de l'Ordre et du commencement de son hôpital, écrit qui date de 1579 à 1582. Si François de Castro n'a pas connu personnellement Jean de Dieu, il a pu recueillir les témoignages de ceux qui avaient oeuvré avec lui.
Frère Corentin Cousson (alias Jean Caradec Cousson) s'est donc très largement inspiré de l'oeuvre de Castro pour écrire De l'angoisse à la sainteté. Passionné qu'il était du « Mendiant de Grenade », il aimait partager le fruit de ses recherches. Je me souviens de ce temps où il travaillait dans un petit bureau sous les toits à la communauté de Lyon. Au visiteur que j'étais, il déplaçait quelques documents déposés sur un tabouret, pour le faire asseoir, et de me lire les pages écrites depuis mon dernier passage. En me livrant les analyses demandées à de nombreux psychiatres, je l'entends encore me répéter de sa voix sentencieuse : « NON ! Jean de Dieu n'était pas fou ! »
C'est un fait : la Vierge Marie ne cesse pas d'intéresser le chrétien ou de l'intriguer. Dans un sens ou dans l'autre. Souvent avec âpreté. Oserait-on relire dans ce « discours » saccadé la prophétie de Siméon, lors de la Présentation au Temple ? Dans le silence de sa longue préparation, puis lors de sa courte mission, le Christ s'est heurté au doute, à l'aveuglement de beaucoup. Ses proches l'ont rejeté ou ne l'ont pas compris. Pour Marie, ce fut une épreuve d'autant plus dure qu'elle vivait dans la solitude d'un coeur déchiré entre l'amour de son Fils et l'amour de ceux pour qui il était né. La dévotion mariale est un phénomène qui fascine les historiens de la piété populaire. Tant d'intérêts, parfois peu conciliables, s'entremêlent, qui expliquent peut-être en partie les excès et, inversement, les rejets.
Les pages qui suivent ne prétendent pas tout éclairer, ni tout simplifier. Elles s'arrêtent plutôt, à partir de l'Écriture et à travers les diverses époques, à souligner une continuité riche de sève spirituelle. Elles souhaiteraient aider, au-delà des controverses et des divergences, à réconcilier l'esprit et le coeur de ceux qui s'interrogent. Et, dans leurs limites mêmes, elles renvoient doublement à une âme transpercée : celle de Marie et la nôtre.
Pendant des siècles, notre univers culturel s'est identifié au christianisme. L'essentiel de nos valeurs découlait de son message. Avec l'essor des techniques, la communication entre les hommes a fait un bond prodigieux au point que chaque humain n'a plus qu'une patrie : la planète terre. Le brassage de cultures et de mentalités qui s'ensuit, interroge nos différentes identités, fragilise nos croyances, relativise nos certitudes.
Le christianisme s'est toujours considéré comme un produit d'éternité que les mutations du temps et de l'histoire laissaient insensible. Peut-il encore camper sur ces positions souveraines quand il n'est plus l'espace fondateur de notre culture ? Ne doit-il pas lui-même se mesurer à la diversité des cultures qui, désormais, structure nos sociétés ?
Tester et confronter les nouveaux croisements culturels dans lesquels le christianisme est impliqué est le but que se propose cette nouvelle collection. Le projet est porté par la Faculté des Lettres de l'Université Catholique de Paris. Son champ d'enseignement et de recherches offre le meilleur espace de cette confrontation entre cultures et christianisme.
Le premier titre de la collection est consacré au volume d'hommage offert à Monseigneur Marchasson dont la seule ambition fut de servir la culture chrétienne.
Les entretiens spirituels d'une laïque contemporaine, Gabrielle Bossis (1874-1950)n constituent un ouvrage majeur de la spiritualité. Le premier volume, publié en 1948, a été suivi de 6 autres et l'ensemble de ces 7 petits ouvrages offre plus de mille pages d'entretiens de Gabrielle Bossis avec Jésus : c'est un fruit de l'Evangile pour aujourd'hui, dans un monde de solitude généralisée.
Cet essai se propose de donner une vue d'ensemble de ces volumes. Ils forment une unité dont on s'applique à suivre l'évolution chronologique. De brefs commentaires permettent de mettre ne relief l'originalité et la profondeur de ces entretiens centrés sur Jésus que Gabrielle entendait mais ne vit jamais de ses yeux.
C'est dans le Foi qu'elle accepta, pendant les 15 dernières années de sa vie (1936-1950), d'écrire ce qu'elle entendait et de converser avec Celui qui un jour d'août 1936, sur un transatlantique, l'invita à causer avec Lui. »
Cet ouvrage a pour but d'ouvrir à l'intelligence du sacrement de baptême, d'offrir aux catéchistes, aux pasteurs et aux si nombreux catéchumènes ou "grands recommençants" un dossier qui dévoile les richesses spirituelles de la liturgie baptismale.
L'auteur reprend ici la méthode des Pères de l'Eglise, toujours actuelle et efficace, dont Vatican II a souligné la grande valeur pédagogique : il présente, analyse et commente chacun des symboles fondamentaux de l'initiation chrétienne, non seulement bibliques mais universels, mis en jeu dans l'action liturgique et qui contribuent par eux-mêmes à l'éducation chrétienne : l'eau, l'huile d'onction, le vêtement blanc, le symbole du sceau, la métaphore des deux voies..., ainsi que la grande symbolique paulinienne de la mise au tombeau avec le Christ, pour ne citer que les plus significatifs.
Ces symboles ne relèvent pas d'une curiosité archéologique : touchant les sens et l'intelligence, ils expriment et effectuent à la fois l'action sacramentelle. En les mettant en lumière, l'auteur permet d'accéder à la dynamique interne du baptême.
Entre la lettre qu'adresse saint Bruno à son ami Raoul le Verd, entre 1096 et 1101, pour l'attirer au désert et Silence cartusien de Dom Augustin Guillerand, il s'est écoulé neuf siècles.
L'homme du Moyen Age et l'homme du XXe siècle se sont rencontrés par-delà les générations dans une même unité d'esprit faite de solitude, de silence et de purification intérieure. Leur prière a rejoint celle de leurs frères et soeurs aux noms dispersés ou perdus dans la mémoire collective : les trois Guigues, Marguerite d'Oingt, Denys le Chartreux, Ludolphe de Saxe, Lansperge, etc. Une famille spirituelle a tissé le manteau de sa vie en Dieu avec quelques principes forts maintenus par une observance rigoureuse des Coutumes érigées au XIIe siècle et par des écrits lumineux et profonds inscrits dans une sensibilité dépourvue d'intellectualisme où l'union à Dieu est l'unique nécessaire.
Les larmes, la nourriture, le silence découvre les premières intuitions de la spiritualité des Chartreux et leur écho chez les auteurs de la maturité de l'Ordre. Le tracé suivi dégage l'unité entre les lignes de force dessinées par les voies de la purification, de l'oraison et du désir de Dieu que reflète le don des larmes, par celle du goût de Dieu dans la rencontre de sa Parole, nourriture quotidienne du moine, et enfin par celle du dépouillement dans le creuset du silence et de la solitude.
Après l'intérêt des exégètes et du public porté de façon prépondérante sur les écrits pauliniens et sur les évangiles synoptiques, il a fallu attendre ces dernières décennies pour que les études concernant le quatrième évangile prennent à leur tour leur essor. Elles l'ont pris de façon remarquable : réveil tardif, mais puissant. Conscient de la complexité des problèmes que pose la littérature johannique, D. Mollat a jugé cependant possible et souhaitable de rassembler en une synthèse les éléments qui permettent de voir en Jean le Théologien un « maître spirituel ». Le caractère propre des écrits johanniques, qui se présentent comme le fruit d'une expérience spirituelle, justifie cette entreprise.
Une longue fréquentation des écrits johanniques, sous la forme d'un enseignement universitaire prolongé (Lyon-Fourvière, Université Grégorienne), et un large usage pastoral ont préparé la composition de ce volume. D. Mollat a d'autre part assuré la traduction, la pré sentation et l'annotation de l'évangile de Jean dans la Bible de Jérusalem en 1953; sa réédition, en 1973, offre en un dense commentaire les apports de vingt ans de recherche. Enfin, collaborateur de la TOB, du Supplément au Dictionnaire de la Bible, du Vocabulaire de théologie biblique et de diverses publications scientifiques, d'une Introduction à la lecture spirituelle de saint Jean, membre de l'Institut Biblique Pontifical de Jérusalem, nul n'était mieux qualifié que Donatien Mollat pour exposer l'enseignement fondamental de Saint Jean maître spirituel.
Peut-être cette introduction doit-elle préciser une distinction que le corps de l'ouvrage considère comme acquise : la distinction entre la compréhension catholique de la Bible et l'apologétique biblique. Il est tout à fait normal que le croyant catholique, en lisant la Bible, s'appuie sur tous les soutiens positifs que lui offre sa foi. Il accepte l'inspiration et l'inerrance de l'Écriture, telles que l'Église les comprend ; il utilise sa connaissance générale de la Révélation chrétienne et, dans l'exégèse de passages particuliers, il est normal qu'il se laisse guider par l'interprétation qu'en ont donnée la tradition catholique et les documents de l'Église. Ainsi soutenu, le catholique qui lit le Nouveau Testament y trouve plus que ce qu'y aperçoit un incroyant. Il trouvera dans les Évangiles le récit de l'Incarnation du Fils de Dieu, de sa conception virginale à Nazareth, de sa naissance à Bethléem, au temps de César Auguste. Il verra en Jésus une personne divine, au sens strict et littéral, et il admettra sans difficulté que Jésus a réuni des disciples, les a instruits de ce qui touche au Royaume de Dieu, leur a promis certains pouvoirs à l'intérieur de l'Église et a garanti à cette même Église l'assistance indéfectible du Saint-Esprit jusqu'à la fin des temps. Le lecteur catholique trouve encore dans le Nouveau Testament la parfaite assurance que le Christ a opéré des miracles nombreux et étonnants, qu'il a institué la Sainte Eucharistie, qu'il a été trahi par l'un des Douze, qu'il a souffert, est mort sur la croix et est ressuscité corporellement d'entre les morts, qu'il est apparu maintes fois à ses disciples, et qu'enfin, après une quarantaine de jours, on l'a vu monter au ciel. Pourquoi le fidèle, à la lecture du Nouveau Testament, éprouverait-il des doutes sur la réalité de ces événements ? La saine érudition biblique n'a jamais contesté ces fondements de la foi catholique.
[.] Le catholique ne désire trouver dans les Écritures aucune autre signification que celle qu'y trouve l'Église. Sans s'attendre à des définitions du Magistère sur toute question en discussion, il verra la nécessité d'une certaine direction officielle. Quand les autorités de l'Église, qui veillent à protéger les Écritures de toute déformation, jugent bon de fixer l'interprétation de tel ou tel texte - comme cela se fait assez rarement - le lecteur catholique acceptera ces précisions avec le degré d'assentiment intérieur et extérieur qu'on peut réclamer de lui en chaque cas. En tout cela, il verra non pas un autoritarisme, mais un gracieuse disposition de la Providence pour l'aider à mieux comprendre la Révélation chrétienne.
Le christianisme est la religion esthétique par excellence.
Le dieu qui s'y révèle est un dieu qu'on peut voir, toucher, entendre. Il n'est jusqu'à la Crucifixion qui n'atteste la réalité tangible, palpable du corps divin. Cette position dogmatique fondamentale ouvre tout naturellement le christianisme à l'art, au point que l'art apparaît comme la continuation du dogme et que, à l'inverse, le dogme lui-même est tout entier contenu dans l'image du crucifié. .
Au sein de la multitude des images générées par l'art chrétien, l'image du sommeil prend alors une valeur privilégiée, allégorique de toutes les contradictions du dogme, pris entre la chair et l'esprit, l'image et l'événement, la sereine possession des choses et l'éclair saisissant de la rencontre. L'auteur voudrait montrer comment la figure du sommeil - celle, par exemple, de ces dormeurs immenses, paradoxaux que sont les apôtres à Gethsemani - cristallise la tension principielle entre la souveraineté divine de l'image dans le christianisme et la nécessité non moins divine de sa résolution en pure lumière spirituelle.
C'est tout le problème d'une esthétique chrétienne d'intégrer - non à contre coeur, mais, si l'on peut dire, dans l'enthousiasme - l'image à l'expérience mystique la plus intense, quand bien même celle-ci représente un état de confusion et de cécité. Ici se découvre la dimension de paradoxe de cette esthétique, qui est l'indice de sa valeur existentielle.
Cet ouvrage réunit les contributions des spécialistes ayant participé au cycle 1991-1992 des leçons publiques consacrées à la « Sagesse » organisé par l'Institut de Recherches sur l'Orient chrétien rattaché à l'Ecole des Langues et Civilisations de l'Orient ancien de l'Institut catholique de Paris.
Spontanément, et avec raison, le concept de sagesse (sophia) renvoie à la Grèce : chacun a en mémoire les « sept sages » et les célèbres maximes. Plus tard, à la période hellénistique, le problème fondamental est celui de la sagesse.
Ainsi, à côté de la conception classique, pragmatique de la sophia, la littérature vétéro-testamentaire souligne aussi que la Sagesse est ce par quoi Dieu a créé l'Univers et qu'Il l'a donnée ensuite en partage à l'homme. La sagesse constitue une des valeurs majeures du christianisme, souvent représentée avec éclat dans l'art paléo-chrétien ; elle occupe aussi une place importante dans le gnosticisme. Le Christ, logos divin incarné, est la Sagesse de Dieu, le sage par excellence en ce monde; par extension, Marie est vénérée comme sedes sapientiae.
Il s'avérait donc intéressant d'analyser, éventuellement avec un souci comparatif, des étapes du vécu sapiential dans certains de ces pays de vieille civilisation du Proche- et du Moyen-Orient au sein desquels, plus tard, vint s'épanouir le christianisme naissant: la Palestine, la Turquie, la Syrie, l'Egypte ...
On peut relever dans le Nouveau Testament plus de quarante titres donnés au Christ, soit pendant sa vie terrestre, soit après sa résurrection. Ces titres ayant été interprétés par les hérésies des premiers siècles, les Conciles ont dû en préciser la portée exacte, tout en respectant le mystère du Christ qu'aucune définition ne peut cerner.
L'Incarnation suscite des questions auxquelles l'histoire et la philosophie ne peuvent répondre : seule la foi peut, après une enquête qui dépasse le fidéisme, accéder au mystère. Le Christ en tant que vrai Dieu est Révélateur du Père, mais en tant que vrai homme, il est aussi Révélateur de l'homme nouveau.
Dom Pierre Miquel, abbé émérite de l'Abbaye Saint-Martin de Ligugé, est actuellement délégué auprès des communautés et groupes charismatiques du diocèse de Paris.
Dès les origines chrétiennes le poisson a été présenté comme le symbole du Christ. L'anagramme ichtus (??T?S) (Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur) le définit dans sa relation au Père et dans sa fonction par rapport aux hommes.
« Spacieuse est la voie qui mène à la perdition... Resserrée la voie qui mène à la vie » (Mt 7, 13 s).
Familier d'un langage imagé et populaire, Jésus a utilisé le symbole traditionnel des deux voies qui, mettant en relief la liberté essentielle
Ce n'est pas un livre à propos de Pascal, mais bien un Pascal vivant, débarrassé des fables fallacieuses attachées aux grands.
A la portée de tous, dénué de toute érudition excessive, cet ouvrage bouscule certaines idées reçues, permet de goûter le charme de détails inaperçus tout en dévoilant le cheminement enthousiaste et si douloureux parfois qui, de détachements en dépouillements, mènera Pascal, mû par l'Esprit d'Amour dont il est le témoin, au sommet de l'union à Dieu.
Avec des découvertes personnelles, André Bord apporte un nouvel éclairage à l'édifice pascalien, en particulier un remarquable commentaire du fameux Mémorial.
Du point de vue théologique, l'Église est une ou n'est pas du tout, car le Christ est un et il est la « tête unique de l'Eglise. Or cette Église-Utopie traverse une histoire qu'elle a elle-même créée depuis deux millénaires. Et qui dit histoire dit changement, diversité, multiplicité. Du coup, la vraie et peut-être la seule forme d'oecuménisme est celle qui se donne pour tâche la relecture et la compréhension de chaque tradition dans l'histoire. La patristique ne serait autre, alors, que le dépôt de la foi chrétienne gardé et transmis par les Pères de l'Eglise - la même foi transmise de manières diverses et dans des contextes différents, les mêmes Pères pour tous, le Christ étant inclusivement orthodoxe, catholique, protestant.
Les auteurs qui figurent dans ce livre, prêtres, pasteurs ou laïcs, femmes et hommes, sont des patristiciens et des historiens du christianisme dont l'engagement dans une vie spirituelle ne paralyse pas la capacité de discernement vis-à-vis de telle ou telle question d'ordre théologique, bien au contraire. Dans la perspective d'un oecuménisme pragmatique, ils ont essayé d'éviter une double tentation : celle du passéisme qui voit dans l'époque des Pères le modèle d'une réconciliation parfaite et celle, idéologique ou politicienne, d'une réconciliation de circonstance qui ne peut mener qu'à une fausse unité.