Après Shenzhen, Guy Delisle a poursuivi son travail nomade d'animateur à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. Si on peut retrouver son regard personnel et circonspect sur un autre pays asiatique, Pyongyang présente en outre l'intérêt de donner des informations sur la vie quotidienne d'un des pays les plus secrets et les plus tyranniques du monde.
Lorsque Emmanuel Guibert rencontre Alan I. Cope sur les plages de l'île de Ré, il ne se doute pas qu'il consacrera douze ans de sa vie à cet homme extraordinaire et humble, qui, comme nombre de jeunes américains de son époque, fut enrôlé dans l'armée et traversa l'Europe pour y faire la guerre. Emmanuel Guibert a patiemment enregistré Alan lui racontant son périple, la vie de soldat et les à-côtés de la guerre, loin de la violence des combats. On le suit au gré de ses voyages en France et en Allemagne, de ses rencontres, amicales et littéraires qui auront une influence déterminante sur sa vie d'adulte.
La nuit, dans une ville, deux amis traînent de bar en bar en jacassant. Sous les lampadaires, devant les devantures closes, les compères distillent avec ironie leurs désillusions et leur mal de vivre. Bière après bière, ils évoquent leurs amours déçus, le grotesque de la vie ou encore l'histoire, dont les traces restent bien présentes malgré le temps qui passe.
Oiseaux de nuit est la première collaboration entre le dessinateur de bande dessinée allemand Nicolas Mahler et l'auteur tchèque Jaroslav Rudiš. Les répliques font mouche et les univers des deux auteurs se mêlent parfaitement dans cette excursion nocturne, métaphysique et mordante.
Nasser Ali Khan aime le poulet aux prunes, les seins de Sophia Loren et sa fille Farzaneh. Mais il aime surtout son Tar dont il est le plus grand des virtuoses. Aussi, le jour où on lui casse son instrument, il sombre dans la plus grande apathie et, désormais indifférent aux petits et grands plaisirs de la vie, il décide de se laisser mourir. Qui est Irâne, cette mystérieuse femme que Nasser Ali Khan croit reconnaître dans la rue ? Qu'est-ce donc qu'un Tar ? Peut-on trouver la recette du poulet aux prunes dans une bande dessinée ? Vous le saurez en lisant "Poulet aux Prunes", le nouvel album de marjane Satrapi.
L'un des premiers défis fous de Lewis Trondheim (1992): celui de mener à bien une improvisation de 500 planches, pour "apprendre à dessiner"... et aussi pour faire preuve d'une impressionnante aisance à manier l'écriture d'un feuilleton en bande dessinée.
Dans Les Incidents de la nuit, série commencé en 1999, qui avait fait l'objet de trois Mimolette, David B abordait Paris par le biais du rêve, de la littérature et de l'autobiographie. Guidé par ses cauchemars, il se lance à la poursuite d'Emile Travers, héros de la bataille de Waterloo qui hante la capitale et se re-fuse à mourir, relançant sans cesse la parution d'un journal écrit par de futurs fantômes relatant des faits fantastiques ou ésotériques en les présentant comme authentiques.
Augmentée d'une trentaine de pages et faisant l'objet d'une nouvelle édition, cette fresque, en mêlant les personnages emblématiques de la mythologie, de la vie privée de l'auteur et de l'histoire criminelle de Paris, dévoile un autre vi-sage de l'autobiographie : celui qui ferme les yeux.
David a disparu. Travers, le soldat perdu de Napoléon qui est aussi le fondateur des Incidents de la nuit, semble être à l'origine de la vague de crimes qui frappe Paris. Dans un bureau obscur, le commissaire Hunborgne et Marie, la journaliste du Nou-veau Détective, partent à sa recherche. Ils croiseront sur leur chemin Jean-Christophe, le frère de David, bien disposé à le venger.
Incontestablement l'une des plus fortes découvertes de la "nouvelle formule" de Lapin lors de sa publication en feuilleton (n° 37 à 42), le volume définitif en collecti on Ciboulette du Jeanine de Matthias Picard (qui comporte une quarantaine de planches inédites) va représenter l'une des publications majeures de ce printemps.
Matthias Picard, alors qu'il était étudiant à l'Ecole des Arts-Déco de Strasbourg, a fait la connaissance de Jeanine, sa voisine, prostituée, la soixantaine, qui a entrepris de lui raconter sa vie. La vie de Jeanine se révèle tellement incroyable et passionnante qu'il décide vite de la retranscrire en bande dessinée. Jeanine a grandi en Algérie : plutôt garçon manqué, elle n'était pas prédisposée vis-à-vis des hommes et se destinait à la compétition de natation. Entre autres exploits de son étrange destinée, elle sauve un militaire de la noyade, puis deux petits Algériens des balles de la police française qui tire sur la foule d'Alger en mars 1962. Après diverses tribulations et une déception amoureuse, Jeanine devient "Isa la Suédoise", la "plus grande prostituée de Strasbourg", et participe activement au mouvement politique de reconnaissance du "plus vieux métier du Monde".
C'est la rencontre avec cette vie héroïque que Matthias Picard raconte, avec tact et sensibilité, dans un livre majeur à ranger aux côtés de Pascin et de La Guerre d'Alan.
Cinq ans après Coney Island Baby, Nine Antico nous replonge dans la culture américaine des années 50-70 et de ses égéries éphémères : Autel California ou le phénomène des groupies à l'heure de l'apparition du mythe moderne de la star.
Dans ce premier tome, Bouclette, adolescente qui idolâtre Les Beatles et Elvis Presley, va de fil en aiguille rencontrer puis côtoyer les stars qu'elle adule pour devenir l'une des grou-pies les plus connues. Personnage très inspiré de la plus célèbre d'entre elles, Pamela Des Barres, on assiste aux premiers pas d'une jeune fille encore naïve qui va bientôt réchauffer sa destinée sous les feux ardents de la célébrité des rocks stars. Dans les coulisses des groupes mythiques où naissent les destins satellites et les notoriétés-éclair, on croise Phil Spector, Keith Richards, Mick Jagger ou encore Jim Morrison en demi-dieux, qui laissent des petites miettes de gloire aux jolies témoins du rock. Nine Antico insuffle de la grâce au désenchantement et les héroïnes sont aussi des victimes sulfureuses. Treat me Nice. En fond sonore, la chanson d'Elvis Presley raisonne et donne son nom à ce premier tome, très documenté.
1957, un vol Paris-New-York. à bord de l'appareil qui survole l'Atlantique, un Constellation, fleuron de l'aviation civile, le hasard a placé un soi-disant représentant en insecticide et une écrivaine à l'accent russe côte à côte. La guerre froide fait rage, les deux passagers hésitent à se laisser aller à un flirt ou à céder aux suspicions de rigueur. L'heure du café voit s'en mêler un steward qui ne leur laissera pas le loisir d'en décider.
Frederik Peeters livre un huis-clos aux allures de roman d'espionnage où le récit avance au gré de trois chapitres qui décrivent successivement la même scène vécue par chacun des trois personnages principaux. Initialement publiée en 2002, il était temps de rééditer cette fiction de l'auteur de Pilules Bleues et de Lupus notamment.
Le premier livre de Ruppert & Mulot réédité ! Épuisé depuis plusieurs années, (re)découvrez Safari Monseigneur, délicieuse chronique de guerre coloniale qui mêle avec subtilité les ingrédients historico-politiques et cruauté ordinaire.
Deux photojournalistes embarquent sur un bateau quelque part en Afrique au début du siècle dernier. Leurs rencontres avec les militaires, les prostitués, le capitaine (sourd et muet) agrémentent un reportage mordant dans lequel tout l'imaginaire colonial se déploie avec horreur, poésie et humour noir. Dans une préface nouvelle et indispensable, Ruppert et Mulot jettent un regard contemporain sur leurs premiers travaux et nous livrent enfin la définition de Safari Monseigneur.
C'est le retour de Bouclette, Surfer Girl et Gypsy, les GTO's pour « Girls Together Outrageously », les groupies emblématiques qui ont embrasé la scène rock des sixties. Plus excentriques que jamais, elles poursuivent leur idylle auprès des icônes de la pop-culture que sont Brian Jones, Jim Morrison ou encore Jimmy Page. Avec l'appui de Frank Zappa, les voilà encouragées à enregistrer un album. Elles chantent admirablement faux pour exprimer leur amour des garçons. Alors que les discours féministes de l'époque présentent les groupies comme des femmes astreintes à la domination des hommes, elles revendiquent leur pouvoir et leurs libertés. La passion, le sexe, la drogue, la musique, tout s'entremêle.
Dans la Face B d'Autel California, les héroïnes ont désormais quitté l'adolescence et perdent progressivement leur insouciance. C'est le temps des remises en question pour Miss Pamela des Barres, a.k.a Bouclette. Après le massacre perpétré par Charles Manson et sa clique de fanatiques au 10050 Cielo Drive, rien ne sera jamais plus comme avant. On assiste vraisemblablement au déclin de l'utopie hippie, les groupes se séparent et certaines étoiles de la contre-culture disparaissent définitivement dans l'alcool et les psychotropes. Du swing de Treat Me Nice à la ballade romantique Blue Moon, Elvis Presley, omniprésent, aura donné la tonalité du diptyque de Nine Antico. L'intensité de la narration ferait passer la fiction pour une réalité, ou alors la réalité pour une fiction, on ne saurait dire. Ici, rien n'est idéalisé, tout est très documenté et réfléchi jusqu'aux références musicales qui rythment le récit.
Willard Watte est un héros hors du commun, Martin Mollin est un libraire pas très malin. Rien, jusqu'ici, ne les prédisposait à se rencontrer. Sauf, peut-être, une bande dessinée. En effet, Willard n'est pas un justicier comme les autres. Accompagné de sa fine équipe d'experts, il combat le crime et ses aventures sont reproduites et publiées sous forme de feuilletons dessi-nés. Vengeur cagoulé, sa véritable identité reste mystérieuse et les extrapolations fantaisistes à son sujet vont bon train. À la suite d'une bagarre sur son lieu de travail à laquelle il a assisté, Martin est amené à la base secrète de Willard pour y être interrogé. C'est bien malgré lui qu'il va devenir l'un des protagonistes d'une enquête de son personnage de BD préféré. À l'instar de Gotham City, Capharnaüm est le décor de l'intrigue où le super-vilain Gashinga sème désordre et zizanie.
« C'est un arbre qui a comme des mains au bout. Des mains qui offrent. C'est un des arbres les plus vieux de la planète. » L'arbre décrit ici par Baudoin, c'est l'araucaria, un arbre originaire du Chili, pays qu'il va découvrir un mois durant, en 2003.
Invité par la bibliothèque de l'institut franco-chilien, il est là pour donner des cours de dessin, et pourtant, il découvre et apprend autant qu'il enseigne. Dans les pages de ce carnet, on le retrouve en voyageur insatiable, curieux de tout, des paysages et des autres. Il est avide de mieux connaître ce pays encore meurtri par les terribles années de la dictature de Pinochet, lui qui avait tant cru à la promesse du socialisme chilien et pleuré Allende. De Santiago à Valparaiso, Baudoin garde aussi trace de ses rencontres chiliennes avec les étudiants, les indiens mapuche, ou d'anciens dissidents du régime militaire, autant d'amitiés qui l'aident à comprendre le Chili, pays de Pablo Neruda, ce poète qui lui est si cher et qu'il avait pu rencontrer des années auparavant.
Le troisième et dernier volume de La Guerre d'Alan d'Emmanuel Guibert était plus qu'attendu, le tome 2 remontant déjà à 2002. Entre-temps Guibert a publié avec le succès que l'on sait Le Photographe, avec Frédéric Lemercier et le regretté Didier Lefèvre. C'est donc après un tournant majeur dans son parcours qu'Emmanuel Guibert est revenu à la retranscription en bande dessinée des souvenirs d'Alan Ingram Cope. Ses lecteurs ne seront pas déçus : avec ces 120 pages époustouflantes, l'auteur, au meilleur de sa forme, nous livre scènes d'anthologie sur planches inoubliables. Aux souvenirs du soldat américain Cope des années de l'immédiat après-guerre, s'articule une enquête que Guibert en personne est allé faire en Allemagne sur les traces de son ami disparu, dessinant des lieux parfois inchangés et retrouvant dans des circonstances elles-mêmes romanesques des témoins et acteurs de cette époque de la vie d'Alan. L'humanisme d'Alan Cope et la sensibilité d'Emmanuel Guibert nous révèlent cette période de l'Histoire sous un jour inouï.
Tofépi quitte le cabanon qu'il habite au fond du jardin de ses parents pour s'installer dans un bled à 30 kilomètres de chez eux. Il vit désormais seul et s'adonne complètement à la bande dessinée. Déroulant les anecdotes amères et cocasses, il évoque l'exiguïté et la froideur de son nouveau chez-lui, sa vie sociale limitée, ses expériences ratées de sourcier ou encore la routine qu'il s'impose afin de ne pas perdre pied. Mais heureusement, il y a les moments de grâce que le dessin lui procure. Ainsi, malgré la grisaille de ce quotidien solitaire, il se réjouit : c'est le panard, il peut vivoter de la bande dessinée.
Après Le gars d'Hebdo (2020), dans lequel il évoque son retour chez ses parents et son boulot de reporter pour un journal local, et Desh (2018), où il décrit son voyage dans le sous-continent indien et ses espoirs d'un nouveau départ, Tofépi poursuit le récit bucolico-mélancolique de sa vie de dessinateur bien déterminé à vivre pour son art.
En ce temps la , Joann e tait plus jeune, il faisait encore ses premie res armes : des capes et des e pe es et se faisait les dents sur... TOUT. De ja . Sa fringale ne connaissait pas de bornes et n'a jamais e te rassasie e depuis.
A (re ?) lire cet album e dite pour la premie re fois en 1995, outre le pur plaisir de lecture que Joann Sfar a su nous communiquer par le pur plaisir de cre ation qu'il a de toute e vidence e prouve a le faire, on est fascine de voir la naissance d'un univers qui ira en se ramifiant, en se de veloppant pour atteindre l'e tendue que l'on sait aujourd'hui.
Tout n'y est pas de ja , non, l'univers de Sfar est trop grand pour entrer tout entier dans les limites d'un seul livre, mais comme tout livre de Sfar, l'histoire qui se raconte, comme d'elle-me me, toute seule comme une grande, nous parle d'autres histoires aussi, plante les germes d'autres univers, d'autres histoires, concomitantes ou a venir, e voque d'autres personnages, d'autres vies. Joann Sfar est, lui, de ja la tout entier, en revanche. Tout son enthousiasme, sa liberte , sa faconde.
Dans les aventures picaresques du Borgne Gauchet (avec un T), mousquetaire plus Depardieu que D'Artagnan, plus Portos que Cyrano, brute lettre e, bretteur hors de pair qui baise a couilles rabattues la reine de Saba, te te des monstres, ferraille contre des spectres, le re cit est de bride . Pas de limites a l'imagination, pas de bornes a la liberte .
Du swing de "Treat Me Nice" à la ballade romantique "Blue Moon", Elvis Presley aura donné la tonalité de ce diptyque réuni aujourd'hui dans un coffret habillé par son autrice Nine Antico. De l'adolescence à la désillusion, Nine Antico nous plonge dans la culture américaine des années 50-70 et de ses égéries éphémères : Autel California ou le phénomène des groupies à l'heure de l'apparition du mythe moderne de la star.
On assiste aux premiers pas de Bouclette, jeune fille encore naïve qui va bientôt réchauffer sa destinée sous les feux ardents des rocks stars pour devenir l'une des plus célèbres groupies. Nous retrouvons dans la Face B notre héroïne Bouclette ainsi que Surfer Girl et Gypsy, les GTO's pour "Girls Together Outrageously" en perte d'insouciance. C'est le temps des remises en question pour Miss Pamela des Barres, a.k.a Bouclette.
Après le massacre perpétré par Charles Manson et sa clique de fanatiques au 10050 Cielo Drive, rien ne sera jamais plus comme avant. On assiste vraisemblablement au déclin de l'utopie hippie, les groupes se séparent et certaines étoiles de la contre-culture disparaissent définitivement dans l'alcool et les psychotropes. Nine Antico nous emporte dans un récit très documenté où l'on croise les icônes de la pop-culture comme Brian Jones, Jim Morrison, Jimmy Page, Phil Spector, Keith Richards ou encore Mick Jagger.
Jim Woodring nous prévient qu'il ne s'agit pas d'une suite de Fran ni de Frank et le congrès des bêtes (prix spécial du jury au FIBD 2012), mais il ne fait aucun doute que c'est dans le même univers psychédélique que Poochytown va nous replonger.
D'ailleurs, on retrouve très rapidement Frank et ses deux compagnons, Pupshaw et Pushpaw, sur le seuil de leur maison. Un mystérieux instrument tombé du ciel permet au petit couple de rejoindre un monde orgiaque fait à leur image, mais Frank, incapable de les suivre, reste seul. Il se lie alors d'une amitié improbable avec L'Homme-porc. S'ensuit une succession de découvertes excitantes ou effrayantes, de festins douteux et de courses folles.
Le graphisme si particulier de Jim Woodring, nous emporte tout au long de ces 100 pages muettes, nous laissant ivres de vertige, de surprise et d'émerveillement.
Dans un décor urbain rigoureux et géométrique, un homme marche. Il scrute l'espace qui l'entoure, palpe la jungle des matériaux, observe les êtres qu'il croise. Poétique et implacable, Monde parallèle déroule le monologue d'un homme seul, arpentant avec acharnement un paysage qu'il tente de définir, un environnement périphérique qui l'a vu naître et dont il a renoncé à s'échapper. Né en 1984, Clément Charbonnier a grandi dans la banlieue parisienne.
Graphiste de formation, il offre à L'Association son premier livre en tant qu'auteur.