Paru le 26 novembre 1872, ce chapitre détaché de La Filiation de l'Homme consacré à l'expression des émotions chez l'Homme et les animaux est ordinairement reconnu par les commentateurs contemporains comme un ouvrage d'une singulière importance pour l'élaboration de disciplines d'études telles que la psychologie animale, l'éthologie, l'anthropologie et les sciences du langage et de la communication.
Pour justifié qu'il soit, cet hommage des auteurs à la modernité d'un texte dont les intuitions majeures remontent cependant à la jeunesse de Darwin ne doit pas faire oublier l'objectif premier du livre, qui est de fournir à l'histoire naturelle transformiste un supplément de preuve tiré de l'étude minutieuse des mécanismes anatomo-physiologiques mis en oeuvre par la traduction somatique des différents « états de l'esprit » - et donc de vérifier leur relative universalité au sein de l'espèce humaine, tout en examinant les manifestations probables de leurs ébauches animales. Et, au passage, de réfuter là aussi les thèses providentialistes de la théologie naturelle, qui soutiennent avec Charles Bell que l'homme est seul à disposer, suivant le dessein du Créateur, de muscles spécialement destinés à produire sur son visage et dans ses yeux l'ineffable inscription des passions de son âme.
Dès lors, l'opposition réitérée de l'inné (le socle naturel, biologique, donc universel de l'expression) et de l'acquis (la sédimentation d'habitudes et d'instructions culturelles particulières) tend à occulter, sous la persistante banalité des commentaires qu'elle régit, ce qui chez Darwin proclame pourtant son indispensable dépassement. Combinant sans cesse les deux ressources, Darwin, ainsi que le montre Patrick Tort dans sa préface, n'est ni dans un pur innéisme pré-lorenzien, ni dans l'artificialisme ou dans le conventionnalisme de principe des sciences sociales, mais dans l'articulation qu'avaient perçue et théorisée Condillac et, dans le registre esthétique, Diderot entre les signes naturels des émotions et leur apprentissage néanmoins nécessaire.
Précédé de : Patrick Tort, L'origine de la sympathie.
En 1800 Lamarck écrit que les êtres vivants dérivent les uns des autres par transformations, des plus simples jusqu'aux plus complexes, dont les humains. En 1809, date de naissance de Charles Darwin, il développe ce « transformisme » dans la Philosophie zoologique, mal reçue dans un contexte très religieux ! En 1820, il publie alors ce « Système analytique... » La première partie synthétise ses recherches, la seconde traite des sociétés humaines. L'actualité du propos stupéfie : perte du lien avec la nature, dégradation de celle-ci, conflit entre raison et « instinct »,... que d'anticipations judicieuses !
Lorsque, plus de onze ans après la première édition de L'Origine des espèces, Darwin publie en 1871 La Filiation de l'Homme (The Descent of Man), il s'acquitte d'une obligation de cohérence contractée dès sa première adhésion à l'idée de l'origine commune des espèces vivantes : couronner l'illustration de la grande vérité transformiste en montrant la nécessité d'inscrire phylogénétiquement l'Homme au sein de la série animale. Au terme d'une assez longue réserve, Darwin, affrontant une nouvelle fois les mythes de la création et l'univers dogmatique des croyances, expose alors une version strictement naturaliste de l'origine de l'Homme et de son devenir. Au-delà, il s'agit pour lui d'expliquer, par la seule dynamique d'avantages sélectionnés et transmis, l'accession de l'Homme à sa position d'éminence évolutive, représentée par l'état de " civilisation ", lequel manifestement contrarie en son sein le mouvement d'élimination des moins aptes impliqué dans la sélection naturelle, pour y substituer des institutions protectrices, une éducation altruiste et une morale de la bienveillance, du secours et de la sympathie. Telle est l'inépuisable nouveauté de ce que Patrick Tort nomme, dans sa préface, l'effet réversif de l'évolution.
Une telle explication ne pouvait s'effectuer sans une théorie des instincts. Si la notion du développement sélectionné des instincts sociaux, combinée avec celle de l'accroissement des capacités rationnelles, sert à désigner globalement ce à travers quoi l'humanité élabore la civilisation, c'est dans l'analyse fine des instincts procréatifs et parentaux, ainsi que des sentiments affectifs et des comportements qui leur sont associés, que Darwin découvre l'opération d'une autre sélection, détentrice elle aussi d'un grand rôle évolutif : la sélection sexuelle, qui préside dans le monde animal à la rencontre amoureuse, aux rituels et aux choix nuptiaux ainsi qu'à la transmission des caractères sexuels secondaires, et qui complète l'action de la sélection naturelle tout en paraissant parfois lui opposer sa loi.
Entre L'Origine des espèces (1859) et La Filiation de l'Homme (1871), La Variation des animaux et des plantes à l'état domestique, ouvrage dans lequel on reconnaîtra le plus méticuleusement documenté et le plus étendu des traités généralistes de Darwin, occupe en 1868 une place intermédiaire, vouée tout d'abord à la consolidation illustrative et argumentative du transformisme.
C'est en effet la variation des êtres vivants qui, sélectionnée et transmise, constitue le matériau dynamique de la transformation des espèces. Conscient du mystère de son origine, Darwin la poursuit, depuis l'observatoire aménagé par la domestication, sous toutes ses manifestations visibles. Parcourant le champ immense ouvert à la sélection par les variations spontanées des organismes dans l'univers de la zootechnie et de l'horticulture, il étudie le phénomène variationnel, qu'il soit morphologique, instinctuel ou mental, depuis ses manifestations les plus courantes jusqu'à la production des particularités les plus singulières.
Chaque fois, un écart observé, isolé et parfois inconsciemment ou méthodiquement reproduit, atteste la variabilité naturelle du vivant, expose l'ampleur de sa plasticité et relativise les frontières apparentes entre les êtres. Si la théorie de la descendance modifiée par l'action de la sélection naturelle explique le mécanisme de la formation des espèces à partir des variétés, elle ne sait rien encore de la nature et de la source de la variation elle-même dans le processus de génération, ni des règles exactes de sa transmission. C'est à ce non-savoir momentané (pré-mendélien malgré de sensibles approches) qu'essaie de porter remède, à l'avant-dernier chapitre de cet ouvrage, la remarquable - et, de fait, post-newtonienne - «hypothèse provisoire de la Pangenèse».
Traduit ici en français pour la première fois, le Journal de bord (Diary) de Charles Darwin est le premier document, demeuré longtemps inédit, qui relate, jour après jour, le voyage du jeune naturaliste autour du monde à bord du trois-mâts barque d'exploration le Beagle. Commencé le lundi 24 octobre 1831 à Plymouth, ce récit s'achèvera, presque cinq ans plus tard, le dimanche 2 octobre 1836 à Falmouth, après un périple au cours duquel le futur réformateur de l'histoire naturelle et auteur de la théorie de la filiation des espèces expliquée par la sélection naturelle aura acquis une provision de spécimens, d'observations, de connaissances positives et de doutes qui constituera le socle et le ferment de sa grande théorie phylogénétique.
Matrice du futur Journal de recherches (le fameux Voyage d'un naturaliste autour du monde) qui paraîtra en 1839, le Journal de bord est en premier lieu le récit de cette navigation, tour à tour éprouvante et émerveillée, et de son alternance avec les longues expéditions terrestres (Cap-Vert, Brésil, Uruguay, Argentine, Chili continental et Terre de Feu, Falkland, Chiloé, Galápagos, Tahiti, Nouvelle-Zélande, Australie, Tasmanie, îles Keeling, île Maurice, Cap de Bonne-Espérance, Sainte-Hélène, Ascension, Açores) qui furent pour Darwin l'occasion d'étudier tout ce qui, depuis la géologie, essentielle à ses yeux, jusqu'aux hommes, le conduira à douter de la véridicité de la Bible et du bien-fondé de son autorité sur l'enseignement des sciences de la terre et de la vie.
La vibrante condamnation de l'impardonnable barbarie de l'esclavage et du progressif anéantissement des peuples autochtones est l'une des grandes leçons morales du Journal de bord. Dans une longue préface et des annexes soucieuses de compléter et de rectifier parfois les données avancées par les sources anglosaxonnes, Patrick Tort, poursuivant un dialogue depuis longtemps amorcé avec le commandant de marine Claude Rouquette, montre comment le jeune Darwin, au cours de son immense voyage de découverte, affermit déjà les bases de ce qui forgera plus tard chez lui, notamment dans La Filiation de l'Homme, la notion cruciale de " civilisation ".
Le cinquième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière est consacré à la suite des animaux domestiques. Quatre nouvelles espèces y sont traitées : la brebis, la chèvre, le cochon et le chien. À nouveau Buffon y déploie tout son génie littéraire, brossant un portrait de chaque animal digne des Fables La Fontaine. Mais au delà de ces morceaux de bravoures, il approfondit sa réflexion sur des questions scientifiques et philosophiques fondamentales, comme la place de l'homme dans la nature, les insuffisances des classifications des naturalistes ou la légitimité du recours aux causes finales. Daubenton, quant à lui, poursuit infatigablement son travail de description.
Les oeuvres complètes de Buffon se confondent pratiquement avec sa monumentale entreprise, l'Histoire naturelle, dont les trente-six volumes parurent de 1749 à 1789. Cet ouvrage, souvent réédité jusqu'à la fin du xixe siècle, ne l'a plus été depuis lors. Nous proposons donc ici pour la première fois l'intégralité de ce texte sous une forme qui corresponde aux critères actuels de l'édition scientifique. Dans ce second volume, Buffon présente son audacieuse théorie de la génération des animaux, qui rompt avec les conceptions préformationnistes alors dominantes, et forge les notions de « moule intérieur » et de « molécule organique ». Dans une seconde partie, il entame l'Histoire naturelle de l'Homme, dont il tente de définir la nature et dont il explore les âges de la vie.
La respiration fut précocement reconnue comme indissociable de la vie tant dans des textes de philosophie que de biologie et médecine. Cependant, mobilisant des mécanismes complexes et internes, elle est longtemps restée peu accessible à des études directes et a donné naissance à des théories diverses qui se sont succédées et ont parfois coexisté. À travers l'examen d'ouvrages médicaux des XIVe-XVe siècles (Practicae et commentaires au Canon de la médecine d'Avicenne notamment), cet ouvrage précise les conceptions médiévales relatives à la respiration, en envisageant l'anatomo-physiologie et la pathologie (étiologie, diagnostics, pronostics) étendue à la thérapeutique. Pour chacun des aspects, sont examinés les implications lexicographiques, les héritages, évolutions et aspects polémiques liés aux transmissions et traductions de textes grecs et arabes, les réalités de la pratique médicale.
Le dixième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière, daté de 1763, est consacré à la suite des quadrupèdes exotiques. Sont ainsi traitées ici diverses espèces d'Amérique, d'Asie et d'Afrique : l'ondatra, le desman, le pécari, des chauves-souris, les écureuils volants et d'autres écureuils non européens, les fourmiliers, les pangolins, les tatous, le paca, l'opossum et quelques autres marsupiaux. Pour chaque animal, comme toujours, Buffon rédige une « histoire » générale, suivie d'une description anatomique par Daubenton, lequel poursuit également le catalogue complet des objets correspondants conservés au Cabinet du Roi.
Moins attrayant en apparence que les volumes 9 et 11, riches en espèces connues du public et propres à des développements littéraires (le lion, l'éléphant...), dépourvu par ailleurs de tout chapitre général dans lequel Buffon pourrait exposer ses grandes vues théoriques, ce volume peut sembler quelque peu sec. Pour autant, le travail zoologique accompli ici est considérable, et tandis que Daubenton continue de produire des données anatomiques qui feront autorité jusqu'au XIXe siècle, Buffon, mêlant observation directe, érudition et application des principes généraux établis depuis 1749 (comme la théorie des climats), contribue à mettre de l'ordre dans des groupes à la systématique encore très embrouillée. Une abondante iconographie (57 planches gravées hors-texte) vient enrichir scientifiquement et agrémenter esthétiquement l'ouvrage.
« La construction chinoise officielle du temps quotidien discret à partir d'un temps mathématique caché, linéaire et continu ».
La recherche sur les calendriers chinois traditionnels (104 av. J.-C.-1644) dont cet ouvrage rend compte a permis de mettre en évidence un ensemble de résultats inattendus. Contrairement à l'idée admise selon laquelle le temps du calendrier chinois serait foncièrement cyclique et discret, il apparaît au contraire qu'il possède une structure éminemment révisable, instable et provisoire, donnant même souvent l'illusion de l'aléatoire tant sa structure locale paraît imprévisible d'une année sur l'autre. Elle prouve aussi que le temps quotidien discret du calendrier chinois se construit, contre toute attente, à partir d'un temps mathématique linéaire et continu, mettant en oeuvre une forme particulière de zéro ainsi que des modes de représentation des nombres non décimaux, jamais décrits auparavant par les historiens des mathématiques. Les diverses composantes du calendrier peuvent ainsi être situées sur l'échelle du temps avec un degré de précision souvent très grand bien que purement fictif.
De 104 av. J.-C. à 1644, le calendrier luni-solaire chinois a été réformé officiellement une cinquantaine de fois, non seulement à cause des changements de dynastie mais aussi et surtout en raison de la croyance chinoise en l'indétermination foncière des mouvements célestes. Tout calendrier était inéluctablement voué à s'écarter plus ou moins rapidement des apparences astronomiques qu'il était censé représenter. Pour rendre compte globalement de la complexité inhérente à un aussi grand nombre de réformes, le calendrier chinois est analysé ici en s'appuyant sur les notions de structure de surface et de structure profonde empruntées à la linguistique. La première s'applique au calendrier concret, conçu comme un arrangement de mois lunaires et de jours énumérés de multiples façons, et la seconde aux techniques secrètes de calcul sous-jacentes, celles dont le Bureau d'astronomie avait le monopole et qui ne furent rendues publiques dans des traités spécialisés qu'une fois devenues caduques.
En mettant en relation les aspects discret et continu du temps du calendrier, cet ouvrage explique comment calculer les composantes lunaires, solaires et non astronomiques de calendriers chinois officiels de la période considérée. Lorsque cela est possible, il analyse aussi en détail toutes les conséquences des techniques de calcul chinoises sur la structure du calendrier. Enfin, il propose des exemples de calcul du calendrier d'années lunaires données en les confrontant, le cas échéant, au contenu de calendriers authentiques.
Le douzième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière, daté de 1764, traite à nouveau d'une série de quadrupèdes exotiques divers, du zèbre au porc-épic, en passant par toutes les sortes de gazelles et d'autres espèces moins connues du public, voire totalement nouvelles, tels l'« urson » ou le « tendrac ». Comme dans les tomes précédents, Buffon expose l'« histoire » de chaque animal, se livrant à l'occasion à des réflexions générales, tandis que Daubenton se charge de la description anatomique et du catalogue des objets correspondants conservés au Cabinet royal. Le volume s'ouvre sur la « Première Vue de la Nature », texte curieux, morceau de bravoure littéraire, peut-être destiné à satisfaire un public non savant un peu lassé des monographies zoologiques. Buffon y déploie son style le plus brillant pour brosser un tableau général de l'univers, laissant le lecteur libre d'interpréter sa pensée dans un sens providentialiste, tout en réaffirmant sans concession ses principales idées sur la nature et sur la science.
Dans le onzième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière, paru en 1764, Buffon et Daubenton poursuivent leur passage en revue des quadrupèdes exotiques et traitent notamment de plusieurs espèces particulièrement remarquables par leur morphologie, leur comportement et leur rapport avec l'homme : l'éléphant, le rhinocéros, le chameau, le dromadaire et le buffle. Ces animaux offrent à Buffon de nombreuses occasions de montrer son génie littéraire, par exemple dans sa pittoresque évocation des déserts d'Arabie. Mais il n'en renonce pas pour autant à son objectif scientifique et philosophique, et aux innombrables données de détail, se mêlent de nouvelles réflexions générales sur la nature de l'intelligence animale ou la possibilité de variation des espèces vivantes.
Le treizième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière, le dixième de la série consacrée aux quadrupèdes, paraît en 1765. Comme le précédent, il s'ouvre par un remarquable texte de synthèse, la seconde « Vue de la Nature », dans laquelle Buffon récapitule dans un style brillant quelques-unes de ses principales idées scientifiques, notamment sur les notions d'espèce et d'équilibre de la nature, tout en introduisant quelques innovations audacieuses, par exemple au sujet de l'origine des affinités chimiques.
Le reste du volume, abondamment illustré, traite d'espèces animales diverses, principalement exotiques, souvent mal connues au XVIIIe siècle (girafe, lama), voire totalement nouvelles, au point que Buffon se voit contraint d'introduire plusieurs néologismes pour les nommer, comme le « tarsier », le « coquallin » ou l'« ocelot ». Le tome se termine par un long chapitre sur des animaux aquatiques (phoques, lamantins...), qui forment selon Buffon une sorte de lien entre les quadrupèdes et les cétacés, démentant les classifications arbitraires des systématiciens.
En 1766, paraît le quatorzième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière, le onzième et avant-dernier de la série consacrée aux quadrupèdes. Buffon et Daubenton y traitent des singes de l'Ancien Monde, dont ils proposent une nouvelle classification et dont ils décrivent plusieurs espèces inédites ou encore mal connues, comme le « douc » ou le « talapoin ». L'ensemble est, comme toujours, richement illustré.
Mais ce volume contient aussi deux chapitres généraux qui comptent parmi les plus importants de l'Histoire naturelle : la « Nomenclature des singes » et « De la dégénération des animaux ». Buffon y approfondit plusieurs des thèmes capitaux qu'il développe depuis 1749, notamment la question de la différence entre l'homme et l'animal, la définition de l'espèce, l'ordre du vivant et l'aptitude de l'esprit humain à le connaître. Sans renier ses premières idées, il tend à reconnaître aux êtres vivants une plus grande capacité à se transformer au fil des générations et ouvre la voie à une vision historique de la nature.
Galien de Pergame (129-ca 216) a systématisé l'ensemble du savoir médical ancien et sa doctrine s'est maintenue jusqu'à l'époque moderne. Son oeuvre tentaculaire a aussi innervé la pensée philosophique, logique et théologique. Toutefois, Galien a fait l'objet de critiques de la part de ses contemporains, puis de ses successeurs. Après le triomphe du galénisme à la fin de l'Antiquité, les penseurs islamiques ont introduit les premières brèches dans ce système. Ces attaques, relayées en Occident latin et à Byzance, ont connu une ampleur nouvelle à la Renaissance avec la remise en cause et la déconstruction de l'autorité galénique.
Dans ce livre est proposée une histoire dynamique de la réception de Galien à travers différents cas d'anti-galénismes. Les études qui y sont réunies portent sur des textes peu connus, voire inédits. Elles recensent les critiques contre Galien, tout en explorant différentes facettes de sa pensée médicale et philosophique. Ce parcours permet ainsi de suivre les changements de paradigmes épistémologiques qui s'opèrent au fil des siècles, mais aussi de mieux cerner, par la négative, ce que fut le galénisme durant sa longue tradition.
Ont contribué à cet ouvrage : Susan P. Mattern, Anna Motta, Matyáš Havrda, Pauline Koetschet, Philippe Vallat, Joël Chandelier, Nicoletta Palmieri, Danielle Jacquart, Vivian Nutton et Fabrizio Bigotti.
Ce quinzième volume de l'Histoire naturelle est le dernier de la première série de cet ouvrage et il marque la fin de l'étude des quadrupèdes. Buffon et Daubenton y achèvent leur passage en revue des espèces de singes : c'est à présent au tour des formes américaines d'être décrites et illustrées. À nouveau, plusieurs néologismes, comme « ouistiti », sont introduits.
Cette partie sur les singes est suivie de deux chapitres dans lesquels Buffon et Daubenton présentent des espèces ou des objets qu'ils n'ont pu traiter plus tôt. On y trouve notamment la description d'une étonnante momie récemment découverte en Auvergne, ainsi que du squelette de Bébé, le nain de Stanislas Leszczynski mort en 1764. Une volumineuse table des matières, destinée à être lue comme un abrégé de l'ouvrage, clôt le volume.
Du IVe au XIIe siècle, entre la fin de l'Antiquité et l'arrivée en Occident des textes arabes, aucun traité d'optique novateur n'est produit. La présente étude a pour but de mettre au jour les traditions intellectuelles, continues depuis l'Antiquité tardive, sans lesquelles la réapparition de cette science au XIIIe siècle paraîtrait inexplicable. Au croisement de problématiques multiples, les théories de la vision couvrent un champ du savoir plus large que l'optique, qui implique, outre la physiologie et la médecine, les mathématiques, la géométrie et la physique, ainsi que la philosophie, la psychologie et la théologie. À travers les recueils doxographiques, traités et commentaires philosophiques, ouvrages d'anatomie et d'anthropologie chrétienne, commentaires à la Genèse, lexiques et encyclopédies, se dessinent les étapes d'un cheminement qui, loin de se cantonner à la sauvegarde de l'héritage antique, prépare et influence l'éclatante réapparition de l'optique au XIIIe siècle.
Buffon entame en 1770 l'Histoire naturelle des oiseaux, qui paraît dans deux éditions : l'une ornée de planches en noir et blanc, prolongeant les quinze volumes déjà publiés ; l'autre accompagnée de splendides planches en couleur formant un corpus iconographique exceptionnel quantitativement et qualitativement. Buffon fait appel à de nouveaux collaborateurs, dont Guéneau de Montbeillard. Pour autant, il ne cesse de veiller à la valeur scientifique et littéraire du texte, qui non seulement traite de manière exhaustive des oiseaux connus à l'époque, mais propose aussi des réflexions générales sur les sciences de la nature.
Ce premier volume comprend les oiseaux de proie ainsi que les espèces qui ne volent pas
Avec le sixième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière (1756), s'achève la série des quadrupèdes domestiques : le chat, le plus indocile d'entre eux, « domestique infidèle », forme la transition, en quelque sorte, avec la série suivante, celle des animaux sauvages de France. Buffon, fidèle aux principes énoncés dans le Premier Discours de 1749, commence par traiter des espèces les plus utiles à l'homme, c'est-à-dire, du point de vue d'un grand seigneur du xviiie siècle, les animaux que l'on chasse. Cinq d'entre eux figurent dans ce volume : le cerf, le daim, le chevreuil, le lièvre et le lapin. Chacun offre l'occasion à l'écrivain de séduire un large public par la qualité du style, et au savant et philosophe d'élever l'esprit de la collection de faits aux réflexions générales sur la nature. L'exactitude des descriptions de Daubenton et la richesse de l'illustration témoignent de leur côté du double dessein de l'entreprise, l'agrément et l'instruction.
Le septième tome de l'Histoire naturelle, générale et particulière (1758), poursuit la description des animaux sauvages de France, et conformément au plan annoncé, Buffon et Daubenton s'intéressent ici à des espèces qui ont de moins en moins d'intérêt pour l'homme. Une grande partie du volume est ainsi consacrée à la série des " animaux carnassiers ", dont une dizaine d'espèces sont traitées (notamment le loup et le renard). Le plan de l'ouvrage devient ensuite plus difficile à cerner, et à la fin de ce tome, comme dans le suivant, Buffon va aborder des espèces sans ordre particulier, en commençant par divers rongeurs (l'écureuil, le rat, etc.).
Comme les volumes précédents, celui-ci vise à la fois à la précision des données, à la qualité du style et à la recherche des vues générales. À cet égard, le texte introductif, " Les animaux carnassiers ", offre à Buffon l'occasion de revenir sur d'importantes questions scientifiques et philosophiques, comme celle des fonctions cérébrales, et de poursuivre son dialogue avec Rousseau sur le rapport entre la nature humaine et la société.
Les oeuvres complètes de Buffon se confondent pratiquement avec sa monumentale entreprise, l'Histoire naturelle, dont les trente-six volumes parurent de 1749 à 1789. Cet ouvrage, souvent réédité jusqu'à la fin du XIXe siècle, ne l'a plus été depuis lors. Nous proposons donc ici pour la première fois l'intégralité de ce texte sous une forme qui corresponde aux critères actuels de l'é dition scientifique. Dans ce premier volume, Buffon expose, dans un très riche Discours sur la manière d'étudier et de traiter l'Histoire naturelle, la nouvelle méthode qu'il se propose de suivre, et il l'applique au cas de la théorie de la Terre, c'est-à-dire aux questions géologiques, et à celles de la formation des planètes.
Ce troisième tome de l'Histoire naturelle comprend les premières contributions de Daubenton à cet ouvrage, à savoir la présentation des objets d'anatomie humaine conservés au Cabinet du Roi, document inestimable pour l'histoire de l'anatomie, mais aussi pour celle des collections naturalistes et de la théorie muséologique, qui connaissent précisément des transformations considérables au milieu du xviiie siècle.
Dans la seconde partie du volume, Buffon achève l'Histoire naturelle de l'Homme entamée dans le volume 2, en abordant le problème des sens et de leur importance dans l'acquisition des connaissances, et en offrant un vaste panorama de la variété des hommes. Il entreprend à cette occasion de démontrer l'unicité de l'espèce humaine.