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Sciences humaines & sociales
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La psychanalyse française captive du politique
Jacquy Chemouni
- Beauchesne
- Pretentaine
- 13 Juillet 2010
- 9782701015453
Les psychanalystes ont toujours été soucieux de comprendre les ressorts inconscients de la réalité sociale et politique. Pour les premiers disciples de Freud que l'on regroupe dans le courant freudo-marxiste (Alfred Adler, Wilhelm Reich, Siegfried Bernfeld, Otto Fenichel, etc.), les névroses résultaient d'une société répressive dont il fallait modifier autant la morale que le système économique. Cette démarche obéissait, du temps de Freud, à un souci prophylactique. Il importait de transformer le monde et non plus de l'interpréter.
Une telle conviction les a conduits, pour certains, à militer activement au sein d'organisations sociales ou politiques.
Après l'avoir déserté, les psychanalystes réinvestissent aujourd'hui ce domaine dans le souci non pas de modifier les aspects du champ social considérés comme responsables du malaise psychique, mais de militer pour une Weltanschauung, une conception du monde dont Freud avait pris soin de préciser que la psychanalyse devait se tenir éloignée.
On assiste ainsi à un fourvoiement de la psychanalyse où la pensée privée et publique de Freud, subtilement manipulée, sert à justifier les positions politiques que l'on souhaite défendre. La psychanalyse insidieusement prise en otage par la politique - dans un mouvement d'autodestruction qui s'ignore -, voilà un risque plus dangereux que les critiques, parfois légitimes, qu'elle subit.
Preuves à l'appui, Jacquy Chemouni s'attache à démontrer, dans ce livre, l'utilisation partisane et idéologique qui en est faite : des seconds États Généraux de la Psychanalyse de 2003 à Rio de Janeiro, où certains propos ont pu être tenus à la tribune sans susciter de réprobation publique, aux incursions dans le conflit israélo-palestinien, en passant par cette lettre de Freud présentée comme inédite et publiée depuis trente-cinq ans, entre autres.
Il semble urgent que la psychanalyse s'interroge sur ses dérives, sur sa propre aliénation, et se demande pourquoi elle s'engouffre dans la haine de l'Occident.
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Avec les Conjectures (1441-1443), la philosophie de Nicolas de Cues connait un tournant essentiel qui conduit à une reconfiguration générale de l'oeuvre. Cela tient précisément à la nouvelle compréhension cusaine de l'altérité sur la base du caractère symbolique des conjectures.
Mettant en cause la tradition théologico-philosophique, les Conjectures proposent, selon une expression lullienne, un art général des conjectures, c'est-à-dire une nouvelle méthode pour les arts d'investigation.
Privilégiant la modélisation de l'objet mathématique et de l'organisme vivant, les Conjectures amorcent une révolution gnoséologique. Ce mouvement, qui pense le savoir en termes relationnels, est fondé sur une réflexion théologique : comment la vérité en soi qu'est Dieu " pensée comme inatteignable dans son exactitude " peut-elle fonder mon savoir comme savoir d'une vérité inexacte, conceptualisée comme vérité dans l'altérité, sans en invalider la prétention de savoir ? Cette question, désormais centrale dans l'oeuvre cusaine, donnera lieu à des élaborations successives du rapport entre vérité et altérité, jusqu'aux théorisations du Non-Autre.
Les Conjectures sont ainsi le lieu de bifurcation dans l'oeuvre, d'où émerge une philosophie de l'esprit développée dans le Tétralogue du Profane. Car, l'exactitude ne pouvant être atteinte, c'est dans le déploiement du sens, toujours symbolique, que la conjecture peut-être plus ou moins vraie. Chacun fraie là son chemin singulier en déployant les dimensions de son humanité. L'agir humain se mesure à la capacité toujours singulière de l'individu à se (re)connaître comme mens et, ce faisant, à développer concrètement sa propre créativité mentale. L'intérêt des Conjectures est ainsi de montrer que la relation essentielle entre vérité et altérité permet d'explorer et de fonder les différents savoirs positifs.
Pour faciliter la compréhension du lecteur, l'appareil critique de cette première traduction française a été élaboré avec soin : plus de 600 notes viennent expliciter au fur et à mesure les références implicites aux auteurs de la tradition philosophique et théologique et éclairer les choix de traduction. Un glossaire en fin de volume précise le sens des concepts principaux des Conjectures et des autres oeuvres de Nicolas de Cues.
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Voici, sans retouche aucune, un certain nombre de textes Il s'agit là de témoins privilégiés de la pensée si singulière de Gadamer, vouée tout entière et toujours plus profondément à l'herméneutique, à l'intelligence donc de ce qui nous précède, nous habite, nous engage : les textes, l'oeuvre d'art, l'histoire, autrui même.
Témoins privilégiés parce que, sur une durée d'environ quinze ans, ils rouvrent à nouveau pour nous, qui les parcourons déjà comme des sites très anciens, les chantiers où, par excellence, s'est exercée la pensée nouvelle de Gadamer : la mise au jour des ressources du langage quand il n'est plus saisi dans la construction spéculative ou dans les disciplines scientifiques, y compris les sciences sociales.
Gadamer traite ces questions avec élégance, virtuosité, un grand savoir et une rare qualité de méditation. A côté du philosophe, l'artiste se révèle aussi dans l'art des portraits qu'il campe, de figures marquantes parce que, chez ces auteurs évoqués, philosophie et éthique sont toujours inséparables. Ces textes, presque tous circonstanciels ou commandés, sont comme un hôte sur le pas de la porte qui invite chacun à penser en parlant.
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Guérir la politique
Pierre Lefèvre
- Beauchesne
- Spiritualite Cartusienne
- 6 Décembre 2011
- 9782701016009
31 thèmes illustrés par 31 méditations de Robert Schuman « Tu ne mentiras pas, même pas en politique. » C'est ce que disait, après la seconde guerre mondiale, le ministre des affaires étrangères, Robert Schuman (1886-1963), et, oh miracle ! il le pratiquait. Dans son cas, on peut vraiment parler de « miracles ». Il en a fait, au moins deux : Il a réalisé la réconciliation franco-allemande. Il a jeté les fondements d'une nouvelle Europe unie. Peu de temps avant sa mort tragique, le président, J. F, Kennedy écrivit à Robert Schuman : « En moins de vingt ans, vous avez fait pour l'Europe plus qu'on en a fait pendant les vingt siècles précédents. » Schuman était un homme pragmatique. Il parlait de la réalité. C'est pourquoi sa méthode pourrait s'appliquer aussi dans d'autres cultures et dans d'autres continents.
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Présence de Vladimir Jankélévitch ; le charme et l'occasion
Françoise Chwab
- Beauchesne
- 17 Novembre 2010
- 9782701015798
Vladimir Jankélévitch a marqué la philosophie française contemporaine par la richesse et la subtilité de sa réflexion. Son Traité des vertus, ses analyses de l'amour, de la mauvaise conscience, du mal, du pardon, du mensonge, de l'imprescriptible, de l'humour, de l'ironie, du pur et de l'impur, ont précédé sa magistrale synthèse finale Le Paradoxe de la morale. Dans la lignée de Bergson dont il fut le disciple et le continuateur inspiré, Vladimir Jankélévitch s'est aussi singularisé par la fulgurance de sa Philosophie première et la profondeur de ses méditations métaphysiques sur La Mort, L'Irréversible et la nostalgie, Le Je ne-sais-quoi et le Presque-rien. Toute aussi originale a été sa passion pour la musique qu'il n'a jamais séparée de son écriture philosophique. Dans d'érudites et poétiques évocations il a célébré comme nul autre le mystère de l'instant, les parfums de la nuit, la présence lointaine, l'évanescence du silence, l'improvisation rapsodique qui font de la musique « l'inexprimable fécond de la vie, de la liberté, de l'amour ». Son engagement résolu dans la Résistance française contre la barbarie nazie et le régime collaborationniste de Vichy, ses prises de position militantes contre les dictatures et les violations des droits de l'homme, son intransigeante défense de la philosophie ont témoigné de son éthique résistante qu'il a su transmettre à des générations d'étudiants.
C'est à cette pensée libre et exigeante que le présent ouvrage rend hommage en restituant les Actes du colloque organisé sous l'égide de l'Association Vladimir Jankélévitch par Françoise Schwab, Frédéric Worms et Jean-Marc Rouvière les 16 et 17 décembre 2005 à l'École Normale Supérieure de Paris : « Vladimir Jankélévitch : Actuel, Inactuel ».
Ce recueil a été enrichi par d'autres études, témoignages et documents, et complété par une notice biographique et la bibliographie exhaustive de Vladimir Jankélévitch.
Ont également été republiés des articles et entretiens devenus introuvables de Vladimir Jankélévitch qui illustrent les principales thématiques de son oeuvre.
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Cette Europe qu’on dit centrale ; des Hasbourg à l’intégration européenne 1815-2004
Catherine Horel
- Beauchesne
- 9 Avril 2009
- 9782701015439
Quelle est la place des pays d'Europe centrale désormais intégrés à l'Union européenne ? À l'heure où se pose la question des frontières d'une Europe unie et des limites de son ambition, l'Europe centrale se trouve une fois de plus placée dans une situation périphérique. Notre perception actuelle demeure marquée par la guerre froide qui a fait disparaître l'Europe centrale du paysage européen, où elle était bien présente, notamment du point de vue français.Malgré les aspirations occidentales de ce qui fut relégué dans une marge globalisée par le terme d'« Europe de l'Est », l'histoire de la région et son appartenance à l'empire des Habsbourg en font un espace intermédiaire, aux frontières elles aussi mouvantes, entre deux puissances, sinon menaçantes, du moins dangereuses - quels qu'aient pu être leurs régimes politiques.
L'Europe centrale est-elle destinée à demeurer une réalité pour ses seuls intellectuels, les historiens qui y trouvent leur objet d'étude et les touristes ?
Un univers mental fait de la conscience de ses nations d'être mortelles et une entité où la culture joue un rôle surévalué ? Elle a pourtant la prétention de devenir « normale », ainsi que l'ont affirmé ses dirigeants au moment de l'adhésion de 2004, c'est-à-dire de s'inscrire dans une durée longue, caractéristique des grandes nations occidentales. Mais malgré cette nouvelle conscience de soi dont jouissent ses peuples aujourd'hui inclus dans un système de sécurité et, il faut l'espérer, de prospérité, l'Europe centrale ne peut se défaire de son histoire et de ses repères à jamais communs. Elle reste une région inscrite dans les mentalités et les souvenirs, un monde de cultures et de sensibilités différent, et, à ce titre, un espace à part entière de l'Europe qu'elle doit contribuer à enrichir en lui rappelant sans cesse par sa présence de ne pas oublier son passé.
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La question de la musique n'est pas celle d'une sphère séparée, prétendument celle de l'esthétique, mais elle relève chez Theodor W. Adorno d'une position globale, celle de la philosophie dans son rapport au XXe siècle. L'interrogation philosophique, pour sa part, se modifie dialectiquement en relation avec l'époque, et en particulier avec le destin de la musique. La réception d'Adorno, pourtant, a contribué paradoxalement à créer de nouvelles scissions : la sphère du savoir musicologique se borne souvent à l'image d'un zélateur de Schoenberg, méprisant l'art des masses et se tenant dans un rapport douteux aux avant-gardes ; la rationalité philosophique tendrait plutôt à y voir un témoin embarrassant des premiers pas de l'École de Francfort. De tels clivages reflètent une division du travail académique plutôt qu'une nécessité de la chose, laquelle invite à une autre démarche.
Cet ouvrage part de l'exigence méthodologique d'une philosophie du concret, pleinement réalisée dans le livre qu'Adorno consacre à la musique de Gustav Mahler en 1960. C'est une pensée du temps, cristallisée dans les catégories du roman, de la narration, du conte et plus généralement de l'épique, qui y est déployée, tout en renvoyant à l'horizon entier que constituent les noms du premier Georg Lukács, de Walter Benjamin, de Ernst Bloch, et de Bertolt Brecht. Toutes les lignes significatives de l'oeuvre d'Adorno y convergent, incluses ses déterminations musicales : Beethoven, Wagner, Stravinsky et Schoenberg. L'expérience s'avère alors constituer la dimension décisive d'une pensée travaillée de part en part par le problème de la mémoire, et qui apparaît en cela soucieuse du populaire, de sa disparition et de sa sauvegarde. La musique, dans son caractère de langage ou de geste, vient porter cette dialectique de la raison par laquelle Adorno voulait répondre à son époque.
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Filles de justice ; du Bon-Pasteur à l'éducation surveillée (XIXe-XXe siècles)
Françoise Tétard, Claire Dumas
- Beauchesne
- 16 Avril 2009
- 9782701015385
Les filles de justice, décidément, sont bien embarrassantes. Depuis deux siècles, elles ont été sans cesse transférées de prisons en prisons, et toujours maintenues derrière la clôture. Ces mineures sont passées devant un juge, elles ne sont pas forcément délinquantes, mais elles pourraient l'être, elles ne sont pas forcément prostituées, mais on pense qu'elles sont au bord de l'être. L'État se sentant impuissant a « confié » la rééducation de ces filles à des congrégations religieuses, sous forme d'une mission de service public. Cette situation a perduré même sous la Troisième République, au moment du vote des lois 1901 et 1905. en plein conflit entre confessionnels et laïques. Les établissements du Bon Pasteur, spécialisés dans la prise en charge des filles perdues et des brebis égarées, ont ainsi acquis un monopole, qu'ils ont gardé jusqu'aux années 1960. Au printemps 1968, le ministère de la Justice a décidé de racheter le Bon Pasteur de Bourges pour y installer une équipe de jeunes éducatrices fraîchement recrutées, avec l'objectif de mener ses propres pédagogies d'éducation surveillée.
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Gabrielle Bossis (1874-1950) : une catholique dans le monde, animatrice, écrivain de théâtre, actrice, voyageuse intrépide. Cette joie d'agir pour les autres suffirait à combler une vie. Ce serait compter sans ce rayonnement, sans cette force que Gabrielle va puiser à la Source même, au cours de ce dialogue quotidien qu'elle noue avec Lui - le Christ. Elle consigne cette conversation, jour après jour, dans ses carnets. Un livre suit en 1949, dont la diffusion ne fait que s'élargir, considéré aujourd'hui par beaucoup comme l'un des grands textes mystiques du XXe siècle. Lui et moi. Conversations spirituelles crée une chaîne d'âmes en quête de la Parole du coeur, conduite par la présence et la voix de Gabrielle Bossis.
Lucia Barocchi fait partie de cette chaîne. Fervente lectrice de Lui et moi, pas plus que Gabrielle elle ne se satisfait d'accueillir le don qui lui est fait avec ce texte. Elle a voulu, à son tour, se manifester, chercher, apprendre qui était Gabrielle Bossis et la faire connaître. Et elle a trouvé, avec les traces les plus précieuses d'une âme, la matière de cette biographie vitale et spirituelle.
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Le chantier universitaire ; "bâtir l'avenir"
Laurence Paye-jeanneney, Jean-jacques Payan
- Beauchesne
- L'histoire Dans L'actualite
- 1 Janvier 1988
- 9782701011714
Moins de 30 000 étudiants au début du siècle, plus d'un million aujourd'hui, deux millions demain ? Sous le nombre, l'Université napoléonienne se désagrège.
1968, 1981, 1986, trois fois en vingt ans on a tenté de la reconstruire. En vain.
Deux témoins des réformes universitaires engagées pendant le dernier septennat dialoguent. Ils sont différents et néanmoins solidaires. Elle est historienne. Il est mathématicien. Elle a été élevée dans la pure tradition gaulliste, il est fier de ses convictions socialistes.
Décrivant les événements auxquels ils ont participé, ils donnent leur vision des forces et des faiblesses de l'enseignement supérieur et de la recherche publique. Ils décortiquent les rouages de l'Etat et dénoncent les pesanteurs corporatistes. Partis ou syndicats soucieux d'égalitarisme, politiciens ou mandarins nostalgiques du passé sont, sans complaisance, passés au crible. Au fil du récit se dessinent des propositions.
Pour préparer l'Europe de 1993, Laurence Paye-Jeanneney et Jean-Jacques Payan prônent plus d'autonomie appuyée sur les régions. Un livre incisif sur la comédie du pouvoir. Un livre tonique et constructif. Un livre plein d'espoir pour ceux qui croient possible de réhabiliter l'Université et veulent bâtir l'avenir.
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BAP n°55 - Plotin et le Christianisme - Triade plotinienne et trinité chrétienne
Paul Aubin
- Beauchesne
- 1 Septembre 1992
- 9782701012582
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Éric Weil a voulu penser la réalité - nature et histoire - en même temps que la possibilité de l'action raisonnable.
La volonté de raison conduit à regarder en face ce qui la nie - la violence - et à comprendre le sens de cette négation en rapportant négation et affirmation de la raison à la liberté de l'homme. La réalité prend sens du point de vue de la liberté de choisir ou non la raison. Le présent recueil d'essais et conférences inédits développe cette problématique dans les différents domaines de la philosophie et de l'histoire des idées.
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Dans quelle mesure est-il possible, et cela a-t-il un sens de " décrire " ? Telle est la question posée, depuis Husserl, par la phénoménologie.
Cette philosophie ne s'entend que d'un retour à un " donné ", toujours présupposé et qu'elle mettrait en évidence. Mais que vaut, en définitive, le " retour au donné " en philosophie ? C'est la question instruite par Jocelyn Benoist, sur la base d'une réflexion sur l'idée de phénoménologie, qui, après un état des lieux de la situation présente de la phénoménologie, passe par un dialogue critique avec un certain nombre d'auteurs contemporains, de tradition phénoménologique ou non : Husserl au premier chef, Heidegger, Levinas ou Jean-Luc Marion, mais aussi Wittgenstein ou Jacques Bouveresse.
A travers cette réflexion, les questions traditionnellement associées à l'idée de phénoménologie, comme celle de la nature de notre expérience du monde, du caractère théologique ou non du " donné ", ou de la situation du sujet par rapport à lui, se voient posées à nouveaux frais.
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On divise parfois l'ensemble des disciplines philosophiques en trois grands secteurs :
1) Une logique ou science des lois idéales de la pensée dans la recherche et la démonstration de la vérité. Instrument de la connaissance vraie, la logique se présente donc comme une propédeutique de la philosophie et de la science.
2) Une philosophie spéculative, dont la partie principale est constituée par l'ontologie ou science de l'être en tant que tel. Avec l'ontologie et son couronnement, la théodicée, la pensée humaine se propose de répondre aux problèmes fondamentaux de l'être et de l'existence, du fini et de l'infini, de l'un et du multiple.
3) Une philosophie pratique, qui, à la différence de la philosophie spéculative, ne se tient pas sur le seul terrain de la pure connaissance, mais oriente le savoir vers le faire et l'agir. Sans doute s agit-il toujours d'une étude de l'être et d'une étude par mode spéculatif, mais cest d'un être particularisé quil est question : l'être à réaliser dans une oeuvre ou dans une action. Considérée comme science des actes humains, elle prend le nom de morale ou éthique.
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Sans aucun doute l'un des plus grands penseurs français de la seconde moitié du XXe siècle, Michel Henry demeure encore mal compris. Gabrielle Dufour-Kowalska s'efforce de le rendre plus proche, tout en restituant avec une fidélité rigoureuse les exigences et la radicalité de son projet philosophique. Car ce que signifie la constitution de la " subjectivité absolue " entreprise par Michel Henry, c'est la venue au jour de l'essence immanente qui, en ruinant les prétentions du savoir objectif, met en cause l'ensemble de la tradition philosophique occidentale. Le philosophe entrouvre la porte d'un royaume invisible qui est celui de la " magnificence de la vie ". Une nouvelle perspective herméneutique se dessine, qui permet de cerner la nature et la portée de cette " phénoménologie matérielle " dont Michel Henry est le fondateur. Instaurée avec L'Essence de la manifestation, elle révèle toute son ampleur dans les années 1980 et 1990, pour accéder à la perfection d'un véritable système dans C'est moi la Vérité et Incarnation, peu avant la mort du philosophe le 3 juillet 2002. Un itinéraire qui témoigne de la cohérence d'une oeuvre désormais accomplie.
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1905-2005 ou les lumières voilées ; la laïcité en question
Eve Duperray
- Beauchesne
- 22 Mars 2007
- 9782701015033
Le Département de Vaucluse a choisi d'organiser une journée d'étude - 1905-2005 ou les Lumières voilées - pour commémorer le centenaire de la Loi de Séparation des Églises et de l'État. Aussi, qu'en est-il aujourd'hui de la laïcité, idéal que l'on dit " voilé ", fragile, voire menacé qui serait de plus en plus contesté par des forces sombres, régressives ? Tandis que les uns voient se multiplier les signes d'une " sortie du religieux ", d'autres, plus nombreux, perçoivent ceux de son réveil et de sa prégnance sur les esprits et sur les États. Qui des partisans de la fin ou du retour avance la thèse la plus plausible ? Force est de constater que notre monde s'organise selon des polarités politiques qui redécouvrent les divisions religieuses. Nous sommes plutôt frappés par la diminution, sur la scène internationale, du nombre des États dits laïques. Il y a comme une coexistence tendue et déchirée entre le politique et le religieux qui ne sont jamais entièrement séparés ni séparables à commencer par notre État français, parangon sans frontières de l'égalité des droits et de la liberté de conscience dont la posture met en évidence bien des paradoxes et des compromis. D'ailleurs, celui qui se veut exemplaire est-il aussi laïque que nous l'affirmons ? Demeure-t-il parfaitement neutre ou est-il interventionniste dans l'organisation des cultes ? Fait-il preuve d'une impartialité et d'une égalité de traitement à l'égard de toutes les confessions ? Que faut-il croire de la menace, ou des manipulations qui en sont faites, du communautarisme, de l'intégrisme, de l'éclatement du tissu social dans un apartheid choisi ou imposé par les uns et par les autres ? Que faut-il penser du discours sur la mise sous tutelle des femmes ou pire de leur sujétion revendiquée oe
Sous Les Lumières voilées, il y a donc une multitude d'interrogations qui nourrissent la matière de cet ouvrage consacré au débat fondamental sur l'état de la laïcité en France.
Auteurs : Paul Airiau, Leïla Babès, Mohamed-Chérif Ferjani, Jacqueline Costa-Lascoux, Bruno Étienne, Henri Pena-Ruiz, Jamil Sayah, Jean-Marc Schiappa, Jean-Paul Scot, Yves-Charles Zarka
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La politique des reliques ; de Constantin à Saint Louis
Edina Bozóky
- Beauchesne
- 25 Janvier 2007
- 9782701014913
Jusqu'à ce jour, les reliques du Christ, de la Vierge et des saints ont été un objet de culte. Au Moyen Âge, elles étaient aussi un instrument de pouvoir. Parce que l'on croyait qu'elles assuraient par leur puissance miraculeuse la protection collective, les détenteurs de l'autorité publique les ont souvent utilisées pour augmenter leur prestige, voire asseoir leur légitimité.
À l'exemple de Byzance, empereurs, rois et princes sont régulièrement intervenus dans les translations et autres mises en valeur des reliques.
C'est toute une circulation qui s'est instaurée alors de ces fragments sacrés, ponctuée de cortèges solennels, d'offrandes de reliquaires somptueux, ou parfois même de vols.
Dans cette synthèse originale, Edina Bozóky interprète les enjeux politiques que représentaient la possession et le contrôle des reliques. Le lecteur y trouvera quantité de dossiers parfois peu connus, mais surtout une contribution décisive à la compréhension des rapports entre religion et
exercice du pouvoir.
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Les châteaux sont ordinairement perçus comme des lieux de prestige, des symboles de pouvoir.
Berceau des familles nobles, ils peuplent les récits historiques, véhiculant leur lot de fantasmes. Mais on oublie trop souvent qu'en France cet imposant parc immobilier a pu loger - et loge parfois encore - des oeuvres à vocation sociale, opérant ainsi une reconversion de ce patrimoine en "châteaux du social". Déjà remarquable durant la seconde moitié du XIXe siècle, ce phénomène a pris au cours du siècle suivant une plus grande ampleur, encore mal évaluée.
Ces demeures ont accueilli des populations d'un style qui rompait avec leurs habitants traditionnels. Orphelins, tuberculeux, jeunes délinquants, handicapés physiques ou mentaux, etc., y ont pris leurs quartiers. Ces initiatives ont été le fait d'une grande diversité d'acteurs, allant des notables fortunés à des associations et fondations, jusqu'aux syndicats et comités d'entreprise, sans oublier les pouvoirs publics.
Les châteaux ont ainsi changé de mains et sont devenus instrument des politiques sociales qui se sont succédé depuis plus d'un siècle. Pour faire front contre la tuberculose : aériums, préventoriums, sanatoriums, sans oublier les écoles de plein air ; pour respirer le bon air : colonies de vacances à la mer, à la montagne ou la campagne ; pour la rééducation morale par les travaux des champs : colonies pénitentiaires agricoles, dites communément maisons de correction ; pour promouvoir la pédagogie de la vie collective : écoles de cadres, centres régionaux d'éducation physique et sportive et autres centres de formation pour adultes (assistantes sociales, éducateurs...) ; pour sortir de l'hôpital : expériences de démédicalisation et de psychothérapie institutionnelle ; pour accueillir des familles en vacances et pratiquer des loisirs : maisons familiales, parfois auberges de jeunesse...
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Combats pour l'enfance ; itinéraire d'un faiseur d'opinion, Alexis Danan (1890-1979)
Pascale Quincy-Lefebvre
- Beauchesne
- 3 Juin 2014
- 9782701020044
« Il ne suffit plus que l'opinion publique larmoie, ou vitupère en vase clos. Si son émoi est sincère, elle doit agir, affirmer clairement sa résolution d'avoir le dernier mot. Retroussons nos manches, et, s'il vous plaît, à la pioche ». En date du 31 mai 1936, l'appel a pour sujet «?l'enfance malheureuse?», «?l'enfance qui souffre?», «?l'enfance tout court?». Son auteur, Alexis Danan (1890-1979), est un professionnel de la grande presse française. Né en Algérie peu avant l'affaire Dreyfus, monté à Paris au lendemain de la Grande Guerre, il fait carrière dans le reportage social et la chronique, d'abord à Paris?-?Soir, puis dans des journaux issus de la Résistance. Maniant «?l'épée du scandale?» contre l'Administration pénitentiaire, l'Assistance publique ou les mauvais parents contre les «?bagnes d'enfants?», pour les droits de l'enfant ou la cause de l'adoption, le journaliste partage son indignation avec ses lecteurs pour que l'enfance soit placée «?sous la protection du public?», «?comme il en est des jardins et monuments des villes?». Interpellant les autorités, il initie un réseau national de Comités de vigilance et d'action pour la protection de l'enfance malheureuse. Jusqu'aujourd'hui, des hommes et des femmes se regroupent pour répondre à cet appel.
Que dit cette vie d'un homme de presse et dirigeant associatif sur la façon de porter la «?cause de l'enfance?» au xxe siècle ? Ses choix, ses échecs, sa capacité à coller à une époque ou la difficulté à la rattraper sont autant de voies d'entrée dans les recompositions de l'action pour l'enfance en danger dans l'espace public.
Acteur et révélateur d'une histoire sensible, sociale et politique autour d'un enfant devenu précieux, Alexis Danan, homme de carrefour, côtoie les grandes consciences morales du temps. Témoin des restructurations des politiques de l'enfance et de la famille, il a défendu une certaine image de la démocratie et des corps intermédiaires à l'ère des masses. Dix ans après sa mort, les parlementaires votent la loi du 10 juillet 1989 relative à la prévention des mauvais traitements à l'égard des mineurs et à la protection de l'enfance. Parce que association pionnière, la Fédération des Comités Alexis-Danan dite «?Enfance Majuscule?» fait toujours partie du groupement d'intérêt public administrant le service communément appelé «?Allô Enfance en Danger?».
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La course a la performance ; regards critiques de la philosophie sur la santé
Gilbert Larochelle, Françoise Courville
- Beauchesne
- Dedale
- 15 Mars 2016
- 9782701020952
Le domaine de la santé est devenu le champ de bataille où s'affrontent la culture de la performance et le souci de la dignité de la personne humaine. Comment concilier l'obsession du « toujours plus » avec une reconnaissance de l'unicité, de la singularité du patient en souffrance ?
Ce sont, en effet, deux absolus qui se font face aujourd'hui : l'un, triomphaliste, est justement ce que l'on nomme « performance ». Elle est devenue le barème des choses et des hommes, l'émanation d'une expertise en surplomb de toutes les expertises, qui se vit comme une course sans fin dont nul ne maîtrise plus la signification.
De l'autre côté s'opère le repli de toutes les valeurs : minimaliste, la « dignité humaine » est devenue le point de ralliement autour duquel on se réfugie pour s'identifier à ce qui subsiste en chacun d'élémentaire : l'exigence de respect que confère l'appartenance à l'espèce.
À l'heure où le système de santé ne cesse de se fragiliser partout en Occident, sous la pression combinée du mercantilisme et d'un humanisme de façade, cette mise en tension se vit-elle comme une quadrature du cercle ou annonce-t-elle un éclatement prochain ?
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Les textes ici réunis correspondent à une importante période de maturation philosophique de l'auteur. Conscient du caractère crucial de la question de la chair pour la phénoménologie et perplexe devant la manière dont Merleau-Ponty l'élabore, Barbaras interroge le sens d'être du sujet : comment celui-ci peut-il être sous le même rapport, c'est-à-dire sans qu'il soit nécessaire d'introduire en lui la coupure de l'empirique et du transcendantal, appartenir au monde et s'en distinguer, être à la fois devant et au coeur des phénomènes ?
Avec Patocka, la critique radicale de l'intuitionnisme husserlien et du Dasein heideggerien le conduit à une détermination existentiale de l'existence et du corps propre comme mouvement. Mobilisant ses travaux sur la vie, irréductible à la fois aux lois de la matière et à la conscience, l'auteur comprend ce mouvement du sujet comme celui de la vie même et définit tout vivant comme un existant. Le mouvement vivant par lequel les sujets phénoménalisent le monde s'inscrit dans un mouvement plus originaire du monde lui-même, oeuvre d'une archi-vie et renvoyant à une dynamique phénoménologique.
Arrimant la phénoménologie à une cosmologie et à une métaphysique, Barbaras la conduit à s'interroger sur ses propres limites. Demeure alors la question du passage de l'apparaître anonyme du monde à l'apparaître à une conscience, de la physis au sujet, de l'archi-vie du monde à la vie des vivants. Rompant ici avec Patocka et écartant l'écueil du naturalisme, l'auteur assume la scission entre la physis proto-phénoménalisante et notre existence phénoménalisante : le mouvement subjectif résulterait d'une rupture au sein de l'archi-mouvement du monde et relèverait d'un pur événement. Par cet archi- événement scissionnaire, le procès de la physis, se séparant de lui-même, donnerait naissance à un sujet dont le mouvement serait nécessairement aspiration à une réconciliation avec soi, tentative de rejoindre l'archi-vie originaire, bref, désir. Celui- ci repose la question de l'unité originaire de la chair. En effet, la dualité qui structure toute la démarche de Barbaras, entre mouvement et événement, apparaît comme l'avatar ultime de la dualité conscience/monde ou sujet/objet ; elle vient buter sur l'épreuve du corps comme sa limite interne.
Le volume est complété par une bibliographie exhaustive des travaux de Renaud Barbaras, élaborée par Mathias Goy, avec l'aide de Marco Barcaro, Mariana Larison et Petr Prášek.