- Grand retour de Céline en librairie avec la parution de nombreux inédits.
- Peu de livres qui étudient spécifiquement le lien étroit de Louis-Ferdinand Destouches avec la médecine et l'hygiène.
- Une autre manière de comprendre cette oeuvre si complexe et délicate à travers un essai biographique.
Derrière les rebondissements et les polémiques, on oublie souvent que Céline fut médecin et un auteur prolifique sur les questions de médecine et d'hygiène. La plupart de ces textes scientifiques étaient signés Louis Destouches, à commencer par sa thèse de médecine sur la vie et l'oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1924). De nombreux autres textes et mémoires complètent le corpus. Toute l'oeuvre littéraire de Céline porte la trace d'un intérêt profond pour la médecine sociale, tant dans ses romans que dans ses pamphlets.
Dans la pratique médicale comme dans la pratique littéraire de Céline, ce dernier s'approprie le paradigme hygiéniste, ses codes, son vocabulaire, ses thématiques, en tant que médecin et en tant qu'écrivain. En effet, l'hygiénisme apparaît, lorsque l'on étudie Céline, comme une notion transversale qui imprègne très fortement le fond de son oeuvre comme son travail stylistique. À partir de là, peut-on aller jusqu'à envisager une « esthétique hygiéniste » dans laquelle s'inscrirait l'oeuvre littéraire célinienne ?
Chez Céline, le statut du médecin et celui de l'écrivain se retrouvent étroitement et perpétuellement mêlés : à l'époque de Voyage au bout de la nuit (1932), celui-ci se présente avant tout en médecin, alors que c'est le romancier que les journalistes viennent interroger. C'est donc bien parce que Céline est devenu écrivain par la suite que les écrits médicaux apparaissent, a posteriori, dignes d'intérêt. Ce dernier ne s'est contenté ni d'être seulement médecin, ni tout à fait uniquement écrivain. C'est ce continuel dialogue à trois voix entre l'homme, le médecin et l'écrivain qui sera au coeur de cet ouvrage.
Géographe, Élisée Reclus a consacré sa vie à de nombreux travaux dans un esprit encyclopédique. Il n'en avait pas moins un rare sens de la synthèse. Les pages du manifeste suivant en témoignent. Elles sont un concentré de la pensée qui l'habitera toute sa vie. Rien ne vaut l'expérience personnelle pour se faire une idée des rapports entre l'homme et le cosmos. Dans la lignée des grands penseurs depuis Jean-Jacques Rousseau, Reclus synthétise ses impressions et offre une vision grandiose : « En escaladant les rochers, le piéton des montagnes ressent une véritable "volupté". » Il ajoute : « La vue des hautes cimes exerce sur un grand nombre d'hommes une sorte de fascination. » Reclus est considéré comme un astre de la géographie. Il compte parmi nos éclaireurs et mérite une totale réhabilitation.
Pour Dumas, il s'agit d'écrire un livre à la gloire de la bonne chère dans lequel seront énumérés tous les éléments inhérents à la cuisine: plats, aliments, ingrédients, aromates, condiments, gibiers, boissons, modes de cuisson, techniques culinaires, incidents tels les brûlures et les moyens de les soigner, instruments culinaires, métiers de bouche et grands noms de la cuisine française. Il ambitionne d'écrire un livre qui puisse s'adresser aussi bien aux spécialistes qu'aux néophytes: «Ainsi mon livre, par la science et par l'esprit qu'il contiendra, n'effrayera pas trop les praticiens et méritera peut-être la lecture des hommes sérieux et même des femmes légères dont les doigts ne craindront pas de se fatiguer en soulevant les pages».
Après une longue introduction dans laquelle il trace un historique de la cuisine depuis les temps les plus anciens, il commence le dictionnaire proprement dit en classant les différents éléments dans l'ordre alphabétique (parfois un peu excentrique). Les articles sont plus ou moins longs et plus ou moins documentés. Dumas commence généralement par un descriptif zoologique ou technique, augmenté d'un historique inégalement développé, avec parfois un point d'étymologie. Il rehausse son propos d'anecdotes historiques, vécues (récits de voyage) ou totalement inventées, il mentionne les records de taille et de poids de certains animaux (Brochet), ajoute des extraits littéraires, voire des commentaires ayant, a priori, peu de rapport avec la cuisine: l'absinthe, fléau des poètes, ou la feuille d'acanthe comme élément de décoration architecturale.
Mon dictionnaire de cuisine se veut un guide et non un manuel. L'objectif est de donner envie de se mettre aux fourneaux et d'y assouvir sa curiosité et ses goûts. Dumas conçoit la cuisine comme n'importe quel autre art, que ce soit la peinture, la sculpture ou la littérature: il faut oser, avoir très envie de se jeter à l'eau et de prendre des risques; il faut tâtonner, ne pas crainte l'erreur et savoir que le chef-d'oeuvre est une exception.
Dumas n'oublie pas non plus que l'art est une école de liberté, une recette de cuisine est avant tout pour lui un appel à la créativité, à la recherche; c'est un enrichissement personnel, une invitation à l'exploration de son inventivité. D'ailleurs, Dumas met ses préceptes en pratique. Il aime cuisiner lui-même, il aime faire de nouvelles découvertes et essayer de nouvelles recettes et tant pis si certains plats sont ratés.
Dixième livre de Pierre Loti, Au Maroc est son premier récit de voyage. Il ne s'agit pas d'un reportage d'actualité, encore moins d'un guide sur le Maroc de 1889, avec ses caractéristiques et ses enjeux. Au contraire, est présentée ici une vision personnelle et esthétique d'un Maroc historique avec son passé séculaire. La modernisation du pays n'est pas dans ses préoccupations. Loti s'attache à décrire un Maroc le plus traditionnel possible, comme s'il avait épousé les coutumes de ce peuple à Fez. Livre chargé de couleurs et empreint d'exotisme, Au Maroc est aussi un voyage dans le temps à la fois collectif et personnel. À l'instar de nombreux livres de Loti, cette oeuvre a d'abord été publiée en feuilleton dans la presse, puis reprise en volume.
lorsqu'il songe aux demoiselles d'avignon, picasso est
déjà à paris depuis plusieurs années.
il fréquente max jacob, andré salmon, guillaume apollinaire, connaît une histoire d'amour avec fernande olivier. l'époque est aux fauves et à la découverte des arts qu'on appelait alors " nègres ". après plusieurs mois de recherche, picasso s'oriente vers une composition de nus féminins de grande dimension. le tableau est une révolution : " mon premier tableau d'exorcisme " dira plus tard picasso à andré malraux.
ses amis sont réservés sur son nouveau style qui anticipe le cubisme et cette nouvelle approche de la maison close. il faudra plusieurs années avant que le tableau soit accepté par un large public. il est exposé en 1916 au salon d'antin. puis jacques doucet l'acquiert, sur les conseils d'andré breton, avant que le tableau ne traverse l'atlantique pour entrer dans les collections du moma (1937), qui le conserve depuis lors.
la carrière publique du tableau peut commencer et naître la légende de picasso.
cet essai retrace l'histoire du plus célèbre tableau de picasso, des arcanes de sa conception aux interprétations contemporaines. on admet généralement que les demoiselles d avignon ont changé le cours de la peinture au xxe siècle.
Ce texte de 1901 d'Élisée Reclus raconte les circonstances par lesquelles il est devenu végétarien. Au début du texte, le géographe revient clairement sur le souvenir d'enfance qui déterminera son choix : « Je me rappelle distinctement l'horreur du sang versé. » Le choc de voir des animaux abattus par des bouchers le bouleverse et Reclus dès lors se convertira aux orientations végétariennes. Ce serait lors de ses études à la faculté de théologie protestante en 1848-1849 qu'il aurait adopté ce régime particulier. Reclus n'est pas le premier intellectuel à revoir son régime alimentaire. D'autres avant lui avaient exprimé des tendances dans ce sens : Voltaire, Rousseau, Linné, Lamartine, Michelet... De toute sa vie, Reclus n'avala pas un morceau de viande ou de poisson. Il s'alimentait de fruits, de légumes et de biscuits. Ses arguments en faveur d'un tel régime relèvent de raisons personnelles. Au moment où le végétarisme rencontre un fort écho, ceux d'Élisée Reclus méritent d'être entendus.
Ce recueil de vers paru en 1901 consacre d'emblée Anna de Noailles (1876-1933) comme une des plus grandes poétesses françaises. Son titre même est passé en locution proverbiale. Il est expliqué par ces vers : « Toi, vis ; sois innombrable à force de désirs, / de frissons et d'extase. » La formule nouvelle d'un amour panthéistique pour la nature y reconnaît pourtant une inspiration traditionnelle du romantisme depuis Rousseau, Senancour, Maurice de Guérin. Un des intérêts du recueil est qu'il contient déjà tout ce qu'Anna de Noailles développera par la suite, les thèmes qui traversent son oeuvre : identification de l'être pensant avec les choses matérielles, l'univers végétal, aperception voluptueuse et résignée de la mort, profession de foi païenne... Ce qui frappe dans ce livre, c'est la forme stricte et la perfection de son architecture. On y retrouvera l'influence de Victor Hugo qu'Anna de Noailles admirait tant. Bien des lecteurs y trouveront d'autres influences : des poètes contemporains comme Jean Moréas ou Henri de Régnier, mais aussi Verlaine ou Francis Jammes. La voix d'Anna de Noailles a charmé tous ceux qui l'ont approchée ou lue. Ses cadences retrouvent aujourd'hui des lecteurs, car elle a su renouveler la poésie tout en s'inscrivant dans un lyrisme européen qui remonte à Horace et aux grands poètes de la Renaissance.
Deux mille îles grecques... Il fallait le talent de Lawrence Durrell pour les évoquer en un volume charmant. En effet, Durrell a passé là de longues années de sa vie. Il y apuisé l'inspiration d'ouvrages devenus célèbres : Citrons acides, L'Ile de Prospero. à l'occasion de ce livre, il a revisité nombre de ces îles, dans le dessein de les étudier et de les décrire de façon plus approfondie et plus vaste. Dans un style remarquable, Durrell a mêlé ensemble dans un même élan, une seule coulée, une égale harmonie, la description et l'évocation des sites, l'histoire, les mythes, l'architecture, l'archéologie et les souvenirs d'un voyageur exceptionnel. Exceptionel, car Lawrence Durrell ne peut faire oublier qu'il est l'auteur de l'une des oeuvres majeures du XXe siècle : Le Quatuor d'Alexandrie. Et l'on devine alors que cet ouvrage possède une admirable beauté littéraire. Les îles grecques demeurent un des hauts lieux de la planète. Durrell nous le rappelle avec une langue admirable.
Peut-on parler de malédiction ukrainienne ? Les crises succèdent aux crises et l'Ukraine surgit régulièrement dans l'actualité comme un diable de sa boîte et généralement, c'est dans un contexte de catastrophes, de rébellions contre le pouvoir ou de scandales : Tchernobyl, Révolution orange, EuroMaïdan, problèmes gaziers avec la Russie, élections à répétition, corruption, collusions entre oligarques et politiciens, instabilité politique chronique, etc. Tout cela sur fond de divisions et de rivalités persistances entre les deux parties du pays, l'est - globalement tourné vers la Russie - et l'ouest qui regarde l'Union européenne avec les yeux de Chimène Expliquer les raisons de cette situation hors normes en plongeant dans l'histoire récente de l'Ukraine, tel est le propos de l'ouvrage.
Il revient sur l'histoire mouvementé de cet État qui a toujours cherché à exister sans y parvenir de manière durable. Plusieurs questions se posent sur les mythes et les réalités de l'identité ukrainienne. Quelles sont les racines historiques du « peuple ukrainien » ? Et d'ailleurs, un seul peuple ou plusieurs ?
Un chapitre sera consacré à chacune des étapes de la création de l'État ukrainien et à ses différents avatars jusqu'à aujourd'hui.
La deuxième partie traitera des événements qui ont secoué l'Ukraine depuis novembre 2013 et qui, même s'ils n'ont pas dégénéré en guerre civile, ont provoqué l'une des crises internationales majeures en Europe depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
En réalité, il n'y a pas une seule crise mais plusieurs qui s'emboîtent à la manière des matriochki de l'artisanat. Un chapitre sera consacré à chacune d'entre elles, à savoir crise économique, crise politique, crise institutionnelle, crise internationale.
La vie de lady Churchill est aussi palpitante qu'un épisode de la série The Crown !
Issue de l'aristocratie écossaise, elle aurait pu se faire un nom à elle. Mais elle préféra se consacrer à encourager et assister le génie fantasque qu'était son mari, et surtout à lui communiquer son solide équilibre. « Clemmie » lui a littéralement appris à vivre.
Fine, pratique, imperturbable, douée de nombreuses qualités, elle se montra toujours pour lui une conseillère subtile et une compagne éblouissante. Il est peu de dire que sa perspicacité et son ascendant furent des facteurs essentiels dans l'ascension prodigieuse que connut Winston Churchill.
Poigne de fer dans un gant de velours, elle faisait la révérence à la tant décriée duchesse de Windsor mais était capable de tenir tête au général de Gaulle. Elle a traversé presque un siècle d'histoire, surmontant nombre d'obstacles et de tragédies (dont la mort brutale de deux de ses enfants), rencontrant tous les grands de ce monde, à commencer par Staline.
Qui sait à quel point la carrière de sir Winston et même l'histoire du monde auraient été différentes si Clémentine Churchill n'avait fait preuve de tant d'abnégation et d'intuition amoureuse ? Une vie fondée sur une complicité réciproque que l'humour de son couple rendit bien souvent savoureuse.
Quel genre de voyageur fut J.-K. Huysmans (1848-1907) ? On ne s'attendrait pas à trouver en lui un adepte du tourisme alors naissant. Pourtant il s'est souvent déplacé hors des frontières françaises. Le périmètre européen de Huysmans reste limité à la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, une partie de la Suisse. Comme des Esseintes, il a lui aussi renoncé à passer la Manche. Il n'a d'ailleurs traversé aucune mer, même s'il a fréquenté des ports. Et il n'a passé aucune frontière du Sud. Il admire les Primitifs italiens, mais il n'est pas allé les voir en Italie. Dans En rade, il est allé jusqu'à imaginer un voyage sur la lune. En voyage, Huysmans observe et prend beaucoup de notes, qu'il utilise pour ses articles et ses romans.
Le présent recueil rassemble ses textes principaux qui forment un art du voyage bien singulier où les considérations esthétiques tiennent une part essentielle. Plusieurs lettres, dont certaines complètement inédites, adressés à des proches, complètent l'ensemble et offrent un éclairage inattendu sur l'oeuvre huysmansienne.
Depuis de nombreuses années, Philippe Barascud travaille sur l'oeuvre de Huysmans, dont il a notamment publié Les Mystères de Paris (Manucius, 2009) et sa correspondance avec Cécile Bruyère (Éditions du Sandre, 2009). Il prépare une biographie de l'auteur d'À rebours.
"enfin nous arrivons à onze heures du soir par une nuit opaque.
vision d'horreur. vision d'épouvante, heures les plus pénibles de ma captivité. cris de bêtes sauvages. aboiements sinistres. qu'était tout cela ? 1,a réception des geôliers escortés de leurs gros chiens-loups admirablement dressés pour les seconder dans leur rôle de garde-chiourme. effrayés. nos jambes se refusent à nous porter, nous ne pouvons plus avancer. " ces témoignages de victimes des camps de concentration et extraits de rapports officiels ont été collectés au lendemain de la seconde guerre mondiale.
ces paroles de déportés se suffisent à elles-mêmes. tant leur force est saisissante. elles offrent une synthèse de. l'univers concentrationnaire et constituent un document plein d'effroi et de recueillement.
Maléfices, conjurations, sorcellerie, communication avec les esprits, voyance, télépathie : cet essai qui relate d'innombrables pratiques de magie, repose sur une documentation ethnologique de premier plan. Mais son importance, soulignée par des esprits aussi éminents que Benedetto Croce ou Mircea Eliade, tient à l'attitude originale de l'auteur face au problème des pouvoirs magiques, de leur réalité et de leur signification culturelle. Au refus des positivistes, au désintérêt des ethnologues, comme aux illusions qu'ont pu entretenir la parapsychologie et l'irrationalisme, de Martino réplique par une interprétation historique qui assigne à la magie sa place dans le développement de l'esprit humain : celle d'une culture où l'homme doit encore accomplir un effort intellectuel et spirituel pour s'affirmer et s'imposer au monde.
Dix ans de fête se compose d'une série d'articles parus dans le quotidien La Lanterne en 1903-1904 qui raconte dans le détail et avec une liberté sidérante, la vie d'une demi-mondaine pendant une dizaine d'années. Comme l'annonce Liane de Pougy : « On y reconnaîtra toutes les reines de la fête, qui ont conquis la célébrité par la grâce de leur sourire et le prestige de leur beauté. Ces mémoires renfermeront les indiscrétions les plus piquantes, relateront les aventures les plus pimentées du Tout-Paris qui s'amuse... » En effet, à la lecture des aventures de Liane de Pougy, on est ébloui par son ton, son indépendance, sa désinvolture élégante. On y croisera des personnages importants, des athlètes anglais, des hommes de lettres comme Jean Lorrain, personnage capital de ces mémoires, ou D'Annunzio. Liane les aura tous aimés en leur faisant perdre la tête et les sens. Un document inédit et totalement surprenant par la vigueur et l'indépendance de ton. Ces confidences d'une reine de la Belle Époque raviront tous les amateurs de curiosités et de joyaux littéraires.
A quelques mois de sa mort prématurée, Anna de Noailles (1876-1933) se résout à écrire ses Mémoires. Elle n'aura pas le temps de mener cet ultime projet à son terme : Le Livre de ma vie sera, en fait, le récit d'une enfance et d'une adolescence à la fin du XIXe siècle. Naissance dans une famille princière venue des rives du Danube et du Bosphore, enfance aux bords de la Seine et du lac Léman, adolescence inquiète, désordonnée, ivre de poésie et de reconnaissance : la " petite Assyrienne " chère à Anatole France ne cache rien de ses émois, de ses rêves, de ses révoltes, de ses ambitions. La présente édition du Livre de ma vie est augmentée de deux textes peu connus : " Ici finit mon enfance ", avant-propos aux Poèmes d'enfance, et " La Lyre naturelle ", texte d'une conférence demeurée inédite. L'ensemble compose un surprenant autoportrait de celle que Proust surnommait " une femme-mage " et Catherine Pozzi " la dame des exagérations éblouissantes ".
L'intérêt du livre d'Elisabeth de Gramont consacré à Marcel Proust, publié pour la première fois en 1948, consiste à nous dévoiler le regard personnel sur le grand écrivain par une observatrice du premier cercle. Son témoignage sur Proust est éminemment capital, surtout en cette période de centenaire. Outre qu'il analyse avec acuité exceptionnelle l'oeuvre de Proust, la duchesse de Gramont fut une des premières à montrer combien la Recherche est une oeuvre autobiographique. Familière du monde dans lequel Proust a puisé son inspiration pour composer sa cathédrale littéraire, elle donne plusieurs clés jusqu'alors inconnues pour identifier ses personnages. Et pour la première fois, elle avoue avoir été l'un des modèles pour la duchesse de Guermantes. Certains et certaines s'en étaient doutés, ainsi Alice Toklas, l'amie de Gertrude Stein qui déclarera : « Chose que j'avais soupçonnée pendant plus de vingt ans. » Depuis quelques années, l'oeuvre et la vie d'Elisabeth de Gramont sont mieux connues : par les nombreuses rééditions en Cahiers rouges chez Grasset de ses Mémoires en quatre volumes (2018-2020) et la biographie de Francesco Rapazzini (Fayard, 2004). C'est d'ailleurs ce dernier qui signe la préface et Christian de Bartillat la postface.
De « Chanel N° 5 » à « Opium », d' « Arpège » à « Joy », de « l'Air du temps » à « Shalimar », chaque parfum célèbre cache une histoire passionnante.
En quinze chapitres, Anne Davis et Bertrand Meyer-Stabley, longtemps journalistes à ELLE, nous dévoilent les secrets des fragrances cultes, les coulisses des grandes maisons de couture ou de parfum, le travail des plus grands « nez ».
On découvre comment Madame Carven, Coco Chanel, Christian Dior, Jean Paul Gaultier, Jeanne Lanvin, Nina Ricci, Marcel Rochas ou Yves Saint Laurent ont exprimé leur style dans leurs parfums. On renoue avec l'âge d'or des maisons Caron, Guerlain, Hermès, Roger & Gallet.
On retrouve sans faille ces effluves mythiques qui sont presque des oeuvres d'art, la quintessence de la parfumerie française.
Cinq nouveaux parfums ont été ajoutés : Ambre sultan (Serge Lutens), Angel (Thierry Mugler), Chypre (Coty), Trésor (Lancôme) et Eau d'Hadrien (Annick Goutal).
A l'extrémité de la pointe du Raz, l'île de Sein est un rocher plat, sans arbres, désespérément sauvage. Là, sous l'Ancien Régime, vivent quelques familles de pêcheurs, âpres, durs, pilleurs d'épaves, superstitieux et violents.
Dans ce lieu maudit, où l'évêque de Quimper ne se donne plus la peine d'envoyer un aumônier du culte tant les candidats sont rares, Thomas Gourvennec, simple pêcheur et sacristain de son état, décide de prendre en charge les âmes à la dérive. Il se heurtera à ces hommes et à ces femmes pris en étau par les rochers... Qu'à cela ne tienne, ils rendront la monnaie de sa pièce à l'existence : certaines nuits, des hommes se retrouvent en bas des falaises, des fermes brûlent, les épaves sont pillées. Au village, on suivra les processions des enterrements sous le soleil glacé, et on verra défiler au gré de la plume d'Henri Queffélec les histoires de femmes, d'enfants en sabots, d'amour, de jalousies, de religion et les récits de grandes tempêtes au goût d'apocalypse.
Le sacristain, Thomas Gourvennec, arbitrera cette lutte entre Dieu et les hommes, entre le religieux et le crime, et tentera, afin que l'île ne sombre pas dans la folie d'enchaîner les hommes les uns aux autres à travers des habitudes chrétiennes communes.
Ce livre a paru pour la première fois en 1944.
- Un beau livre sur Venise plusieurs fois réimprimé.
- Prix Henri de Régnier de l'Académie française.
Marc Alyn est un amoureux de la Sérénissime où il se rend régulièrement. De ses nombreux séjours, saisissant la quintessence, il offre ici une Venise vivante, habitée et sensuelle, qui regorge de saveurs et de rencontres. Dans les églises, sous les porches, au coin des canaux, dans les palais, marc Alyn nous donne accès à une Venise secrète, celle des arcanes du tarot et de la vie cachée des Vénitiens. Sept voyageurs transfigurés accompagnent ce périple dans la Cité : D'Annunzio, Brodsky, Wagner, Byron, le baron Corvo, Corto Maltese et Ezra Pound. Avec vigueur et style, Marc Alyn renouvelle l'approche et la sensibilité à l'égard d'une ville tant parcourue et magnifiée sous toutes ses formes dans la littérature.
Qui n'a entendu un jour parler de Mélusine, de Viviane et de Morgane, des possédées de Loudun, de la sorcière de Montpezat ou de Maria de Naglowska ? Fictives ou réelles, les sorcières peuplent notre imaginaire, encore plus depuis quelques mois. Elles existent dans nos rêves depuis les origines de notre histoire : Patrick Ravignant nous les raconte pour nous les redonner à nous-mêmes. Elles brûlent sur les bûchers après les sentences des chambres ardentes et provoquent le plus grand scandale du siècle du Roi Soleil : Patrick Ravignant nous les décrit dans le tumulte des terribles procès qui sentent le soufre. Elles dessinent aussi des parodies impalpables et témoignent d'un passé effrayant et quelquefois d'un avenir impossible. Pour comprendre l'engouement actuel autour du phénomène des sorcières, il faut revenir à leur histoire : des origines mythologiques jusqu'à notre temps.
Comment s'est développé en France, aux lendemains de la guerre de 1870, une volonté cohérente d'expansion coloniale ? Comment cette volonté s'est-elle affirmée, quels échos a-t-elle rencontrés dans les esprits et dans les coeurs ? Autour de quels thèmes la vision impériale française s'est-elle progressivement définie ? À quelles résistances s'est-elle heurtée et comment celles-ci se sont manifestées ? De l'époque où se consommait le partage du monde jusqu'aux derniers sursauts de la décolonisation, quelle place le fait et le débat colonial ont-ils en définitive occupée dans la conscience nationale française ? C'est à ces questions encore jamais abordées qu'a tenté de répondre Raoul Girardet.
Étude d'histoire collective des mentalités, des sentiments et des croyances, menée avec toute la rigueur méthodologique du spécialiste, ce livre est aussi l'histoire d'une idée, une idée que l'on voit naître, croître, combattre, s'imposer, puis décliner et succomber...
La renaissance de ce livre équilibré et original permettra justement d'offrir un regard pertinent sur le fait colonial qui fait tant débat aujourd'hui.
Cette biographie se compose du récit de la vie de Beethoven, d'un choix de ses textes, de ses lettres, de ses pensées. La vie de cet homme qui a toujours souffert est racontée depuis son enfance triste et misérable jusqu'à la longue maladie qui le conduisit à la mort. Elle apparaît comme l'histoire d'un désir de joie, implacablement trahi par un destin contraire, qui s'est manifesté par de continuelles et cruelles maladies, par cette surdité qui l'atteignit jusquà l'âge de vingt-cinq ans pour le torturer jusqu'à la mort : elle devint totale au moment où Beethoven composait les plus belles de ses oeuvres, notamment ses célèbres symphonies, et le laissa « muré en lui-même », seul comme il arrive à peu d'hommes de l'être, sans amour, et et jusqu'à la dernière minute plongé dans une extrême misère.
L'intention de Romain Rolland est de faire respirer aux hommes « le souffle des héros ». C'est un portrait moral qu'il dresse du compositeur : « J'appelle héros seuls ceux qui furent grands par le coeur. » C'est l'héroïsme qui permit à Beethoven d'être plus fort que son propre destin.