- Grand retour de Céline en librairie avec la parution de nombreux inédits.
- Peu de livres qui étudient spécifiquement le lien étroit de Louis-Ferdinand Destouches avec la médecine et l'hygiène.
- Une autre manière de comprendre cette oeuvre si complexe et délicate à travers un essai biographique.
Derrière les rebondissements et les polémiques, on oublie souvent que Céline fut médecin et un auteur prolifique sur les questions de médecine et d'hygiène. La plupart de ces textes scientifiques étaient signés Louis Destouches, à commencer par sa thèse de médecine sur la vie et l'oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1924). De nombreux autres textes et mémoires complètent le corpus. Toute l'oeuvre littéraire de Céline porte la trace d'un intérêt profond pour la médecine sociale, tant dans ses romans que dans ses pamphlets.
Dans la pratique médicale comme dans la pratique littéraire de Céline, ce dernier s'approprie le paradigme hygiéniste, ses codes, son vocabulaire, ses thématiques, en tant que médecin et en tant qu'écrivain. En effet, l'hygiénisme apparaît, lorsque l'on étudie Céline, comme une notion transversale qui imprègne très fortement le fond de son oeuvre comme son travail stylistique. À partir de là, peut-on aller jusqu'à envisager une « esthétique hygiéniste » dans laquelle s'inscrirait l'oeuvre littéraire célinienne ?
Chez Céline, le statut du médecin et celui de l'écrivain se retrouvent étroitement et perpétuellement mêlés : à l'époque de Voyage au bout de la nuit (1932), celui-ci se présente avant tout en médecin, alors que c'est le romancier que les journalistes viennent interroger. C'est donc bien parce que Céline est devenu écrivain par la suite que les écrits médicaux apparaissent, a posteriori, dignes d'intérêt. Ce dernier ne s'est contenté ni d'être seulement médecin, ni tout à fait uniquement écrivain. C'est ce continuel dialogue à trois voix entre l'homme, le médecin et l'écrivain qui sera au coeur de cet ouvrage.
Edith Hope, l'héroïne d'Hôtel du lac, s'est retirée mystérieusement sur les bords du Léman, contrainte de s'éloigner de ses proches. Elle y demeurera jusqu'à la fin de la saison d'été, isolement qui donnera lieu à toutes les spéculations. Que s'est-il passé ? La narratrice nous révélera progressivement comment elle a voulu changer sa vie.
Le temps passé à l'Hôtel du lac est l'occasion pour l'autrice de dépeindre les caractères les moeurs et les vies cachées des pensionnaires, dont la vérité de chacun finira par éclater. Parmi eux se trouvent Monsieur Neville avec lequel une relation particulière se noue, une vieille comtesse, le patron de l'établissement... Dans cette atmosphère singulière de huis-clos s'ébauche une histoire en clair-obscur...
Hôtel du lac a obtenu en 1984 le Booker Prize, le plus important et prestigieux prix littéraire britannique. Dès son entrée en littérature, Anita Brookner fut considérée comme l'une des romancières anglaises majeures. Elle est lue et traduite dans le monde entier.
Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de goethe où s'enracine le mythe de faust : l'urfaust (1775), le faust i (1808), le faust ii (1832).
Accompagnée d'un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d'aujourd'hui et lui ouvre des perspectives d'interprétation contemporaines. l'urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. cette pièce caractéristique du xviiie siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c'est une oeuvre autonome. dans le faust i, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde.
Faust signe un pacte avec méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. le héros séduit l'innocente marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. meurtrière de l'enfant, marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine. riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l'empereur, qui revisite l'antiquité classique pour retrouver hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d'abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec méphistophélès le condamnait.
Faust il fait l'inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l'humanisme et l'art goethéens.
Oeuvre sacrée à Rome, L'Enéide est l'opus magnum de la culture occidentale avec les textes homériques d'une part, la Bible en son entier de l'autre. Marcel Desportes dans cet effort magistral de translation voyait en Virgile "un Voyant" et sur tous les plans "un devancier", "notre contemporain" permanent. Le genre humain étant le même, ce qui s'offrait à la spéculation de nos ancêtres nous concerne tout aussi pertinemment au troisième millénaire.
Sexus s'ouvre sur la rencontre de l'auteur et de sa seconde femme (qu'il appelle ici « Mara » puis « Mona »). C'est l'histoire du grand amour qui transforme de fond en comble Miller, le secoue et lui fait prendre conscience de sa vocation d'écrivain. Certains passages, très crus, d'une crudité explicite, ont rendu ce livre célèbre. Il fut d'ailleurs interdit pendant longtemps. L'auteur rencontre Mara, danseuse dans un dancing. La passion entre eux sera fulgurante. La vie du narrateur est ponctuée par ses rencontres et ses aventures. On croise ainsi Ulric l'artiste, le docteur Kronski et d'autres personnages de Brooklyn et du Bronx. Le divorce s'annonce inévitable entre Miller et son ex-femme, alors que justement il se met ressentir un fort désir pour elle. Un récit d'une force vertigineuse.
Géographe, Élisée Reclus a consacré sa vie à de nombreux travaux dans un esprit encyclopédique. Il n'en avait pas moins un rare sens de la synthèse. Les pages du manifeste suivant en témoignent. Elles sont un concentré de la pensée qui l'habitera toute sa vie. Rien ne vaut l'expérience personnelle pour se faire une idée des rapports entre l'homme et le cosmos. Dans la lignée des grands penseurs depuis Jean-Jacques Rousseau, Reclus synthétise ses impressions et offre une vision grandiose : « En escaladant les rochers, le piéton des montagnes ressent une véritable "volupté". » Il ajoute : « La vue des hautes cimes exerce sur un grand nombre d'hommes une sorte de fascination. » Reclus est considéré comme un astre de la géographie. Il compte parmi nos éclaireurs et mérite une totale réhabilitation.
Nexus s'achève sur le départ de Miller vers l'Europe où il accomplira sa vocation d'écrivain à laquelle il aspirait tant. Au coeur de son mariage avec Mona qui s'efforce autant que possible de l'accompagner dans ses écritures, Miller se voit désormais concurrencé par la relation que sa femme entretient avec une amie Anastasia (Stasia). Du coup, l'écrivain s'énerve, délire, ronge son frein. Une foule de personnages baroques traversent son univers. Devant cette situation si chaotique, une solution finit par s'imposer: il faut partir vers l'Europe, ce que feront le narrateur et Mona à la fin du livre, cette Europe planche de salut pour les Américains incompris dans leur propre pays.
Avec Nexus se clôt le récit des années new-yorkaises de Miller et commence pour lui un nouveau chapitre qui sera décrit dans ses grandes oeuvres des années trente : Tropique du Cancer et Tropique du Capricorne. C'est une autre histoire.
Avec Plexus, Henry Miller continue de raconter ses aventures avec Mona. Il quitte son emploi à la Compagnie cosmodémonique des télégraphes et cherche à devenir un écrivain. Comme toujours, chez Mille, on retrouve un enchevêtrement de récits, de portraits et de dialogues. Il revient sur ses années d'enfance dans le 14e arrondissement de New York. Il décrit son combat quotidien pour devenir un écrivain et briser toutes les chaînes qui l'empêchent de devenir l'artiste qu'il souhaite incarner. Miller connaît alors les échecs, la misère, les humiliations... Il croit cependant en son étoile et en son génie. Dans cette odyssée, il trouve en Mona un soutien très particulier. Elle pousse le dévouement au-delà de toutes limites. Cette foi dans l'écriture le sauvera et sera à l'origine de ce magnifique témoignage.
Pour Dumas, il s'agit d'écrire un livre à la gloire de la bonne chère dans lequel seront énumérés tous les éléments inhérents à la cuisine: plats, aliments, ingrédients, aromates, condiments, gibiers, boissons, modes de cuisson, techniques culinaires, incidents tels les brûlures et les moyens de les soigner, instruments culinaires, métiers de bouche et grands noms de la cuisine française. Il ambitionne d'écrire un livre qui puisse s'adresser aussi bien aux spécialistes qu'aux néophytes: «Ainsi mon livre, par la science et par l'esprit qu'il contiendra, n'effrayera pas trop les praticiens et méritera peut-être la lecture des hommes sérieux et même des femmes légères dont les doigts ne craindront pas de se fatiguer en soulevant les pages».
Après une longue introduction dans laquelle il trace un historique de la cuisine depuis les temps les plus anciens, il commence le dictionnaire proprement dit en classant les différents éléments dans l'ordre alphabétique (parfois un peu excentrique). Les articles sont plus ou moins longs et plus ou moins documentés. Dumas commence généralement par un descriptif zoologique ou technique, augmenté d'un historique inégalement développé, avec parfois un point d'étymologie. Il rehausse son propos d'anecdotes historiques, vécues (récits de voyage) ou totalement inventées, il mentionne les records de taille et de poids de certains animaux (Brochet), ajoute des extraits littéraires, voire des commentaires ayant, a priori, peu de rapport avec la cuisine: l'absinthe, fléau des poètes, ou la feuille d'acanthe comme élément de décoration architecturale.
Mon dictionnaire de cuisine se veut un guide et non un manuel. L'objectif est de donner envie de se mettre aux fourneaux et d'y assouvir sa curiosité et ses goûts. Dumas conçoit la cuisine comme n'importe quel autre art, que ce soit la peinture, la sculpture ou la littérature: il faut oser, avoir très envie de se jeter à l'eau et de prendre des risques; il faut tâtonner, ne pas crainte l'erreur et savoir que le chef-d'oeuvre est une exception.
Dumas n'oublie pas non plus que l'art est une école de liberté, une recette de cuisine est avant tout pour lui un appel à la créativité, à la recherche; c'est un enrichissement personnel, une invitation à l'exploration de son inventivité. D'ailleurs, Dumas met ses préceptes en pratique. Il aime cuisiner lui-même, il aime faire de nouvelles découvertes et essayer de nouvelles recettes et tant pis si certains plats sont ratés.
Ce récit raconte l'histoire véritable que le célèbre naturaliste américain John Muir a vécu avec un chien lors d'une expédition en 1880. Il s'agit d'un des livres les plus célèbres de cet auteur et certainement une histoire de chien les plus connues. On peut en avoir une lecture directe comme un traditionnel récit d'aventure, mais l'intention est plus profonde : il s'agit d'une analyse des relations entre l'homme et l'animal, qui vise à les rapprocher et à montrer finalement qu'ils ne sont pas si différents. Stickeen était au départ un petit chien inamical, mais après avoir survécu à un voyage périlleux à travers un glacier, il évolue et se laisse apprivoiser par l'homme qui constate que nos « frères horizontaux » ne sont pas si différents de nous au fond. Toute sa vie, John Muir conservera un culte particulier envers Stickeen. Il en parla souvent après son expédition, mais il lui faudra près de vingt ans pour écrire son récit et le publier dans une revue. Il remaniera à plusieurs reprises avant de le mettre en livre. Ce récit a souvent fait l'objet de publications illustrées pour la jeunesse. C'est un grand classique qui mérite une édition courante en langue française.
lorsqu'il songe aux demoiselles d'avignon, picasso est
déjà à paris depuis plusieurs années.
il fréquente max jacob, andré salmon, guillaume apollinaire, connaît une histoire d'amour avec fernande olivier. l'époque est aux fauves et à la découverte des arts qu'on appelait alors " nègres ". après plusieurs mois de recherche, picasso s'oriente vers une composition de nus féminins de grande dimension. le tableau est une révolution : " mon premier tableau d'exorcisme " dira plus tard picasso à andré malraux.
ses amis sont réservés sur son nouveau style qui anticipe le cubisme et cette nouvelle approche de la maison close. il faudra plusieurs années avant que le tableau soit accepté par un large public. il est exposé en 1916 au salon d'antin. puis jacques doucet l'acquiert, sur les conseils d'andré breton, avant que le tableau ne traverse l'atlantique pour entrer dans les collections du moma (1937), qui le conserve depuis lors.
la carrière publique du tableau peut commencer et naître la légende de picasso.
cet essai retrace l'histoire du plus célèbre tableau de picasso, des arcanes de sa conception aux interprétations contemporaines. on admet généralement que les demoiselles d avignon ont changé le cours de la peinture au xxe siècle.
Ce recueil de vers paru en 1901 consacre d'emblée Anna de Noailles (1876-1933) comme une des plus grandes poétesses françaises. Son titre même est passé en locution proverbiale. Il est expliqué par ces vers : « Toi, vis ; sois innombrable à force de désirs, / de frissons et d'extase. » La formule nouvelle d'un amour panthéistique pour la nature y reconnaît pourtant une inspiration traditionnelle du romantisme depuis Rousseau, Senancour, Maurice de Guérin. Un des intérêts du recueil est qu'il contient déjà tout ce qu'Anna de Noailles développera par la suite, les thèmes qui traversent son oeuvre : identification de l'être pensant avec les choses matérielles, l'univers végétal, aperception voluptueuse et résignée de la mort, profession de foi païenne... Ce qui frappe dans ce livre, c'est la forme stricte et la perfection de son architecture. On y retrouvera l'influence de Victor Hugo qu'Anna de Noailles admirait tant. Bien des lecteurs y trouveront d'autres influences : des poètes contemporains comme Jean Moréas ou Henri de Régnier, mais aussi Verlaine ou Francis Jammes. La voix d'Anna de Noailles a charmé tous ceux qui l'ont approchée ou lue. Ses cadences retrouvent aujourd'hui des lecteurs, car elle a su renouveler la poésie tout en s'inscrivant dans un lyrisme européen qui remonte à Horace et aux grands poètes de la Renaissance.
Ce texte de 1901 d'Élisée Reclus raconte les circonstances par lesquelles il est devenu végétarien. Au début du texte, le géographe revient clairement sur le souvenir d'enfance qui déterminera son choix : « Je me rappelle distinctement l'horreur du sang versé. » Le choc de voir des animaux abattus par des bouchers le bouleverse et Reclus dès lors se convertira aux orientations végétariennes. Ce serait lors de ses études à la faculté de théologie protestante en 1848-1849 qu'il aurait adopté ce régime particulier. Reclus n'est pas le premier intellectuel à revoir son régime alimentaire. D'autres avant lui avaient exprimé des tendances dans ce sens : Voltaire, Rousseau, Linné, Lamartine, Michelet... De toute sa vie, Reclus n'avala pas un morceau de viande ou de poisson. Il s'alimentait de fruits, de légumes et de biscuits. Ses arguments en faveur d'un tel régime relèvent de raisons personnelles. Au moment où le végétarisme rencontre un fort écho, ceux d'Élisée Reclus méritent d'être entendus.
En 1944 et 1945, Lee Miller a bravé tous les dangers pour participer à la libération de l'Europe. Née dans l'État de New York en 1907, Lee Miller fut un mannequin célébré par les plus grands photographes. Protégée de Man Ray, elle fut un personnage important dans les milieux surréalistes et l'amie de plusieurs grands artistes. Alors qu'elle résidait aux côtés de Roland Penrose en Angleterre lorsque la guerre éclata, elle s'engagea dans l'armée américaine afin de saisir l'expérience extraordinaire qui régnait sur le front. En tenue kaki, proche des soldats de tous rangs, équipée de sa machine à écrire et de son appareil photo, elle participa à toutes les campagnes de libération en France et en Allemagne. Les reportages qu'elle composa à cette époque pour le célèbre magazine Vogue mêlent à la fois urgence et rigueur dans l'observation, implication et distance, tout en conservant un ton d'indépendance qui lui est propre. La présente édition est complétée de photos prises par Lee Miller elle-même durant les opérations. Autant dire qu'il s'agit du témoignage exceptionnel d'une femme en prise avec l'Histoire : le siège de Saint-Malo, la campagne d'Alsace, la découverte d'un camp comme Dachau, la chute de Berchtesgaden. Si le tableau est noir, il y a cependant quelques signes d'espoir comme cette allégresse de la Libération et la joie de retrouver des amis : Colette, Picasso, Cocteau, Éluard ou Aragon.
Ce livre étonnant de récits écrits à chaud et de photos historiques rend hommage à l'immense artiste du XXe siècle que fut Lee Miller.
Après le succès d'Elizabeth et son jardin allemand, L'Été solitaire, paru en 1899, est la poursuite du journal d'Elizabeth von Arnim et la chronique d'un été à la campagne. Trois ans après son installation à Nassenheide, la jeune comtesse a été rejointe par son mari, "l'Homme de colère", qui s'est pris de passion pour l'agriculture. Le charme de ce roman vient du décalage entre le ton si anglais de la romancière et l'univers de l'Allemagne du Nord qu'elle décrit, si différent dans ses mentalités.
À nouveau on retrouvera le ton si libre et pertinent qui a fait les succès des livres précédents d'Elizabeth von Arnim.
La vie de lady Churchill est aussi palpitante qu'un épisode de la série The Crown !
Issue de l'aristocratie écossaise, elle aurait pu se faire un nom à elle. Mais elle préféra se consacrer à encourager et assister le génie fantasque qu'était son mari, et surtout à lui communiquer son solide équilibre. « Clemmie » lui a littéralement appris à vivre.
Fine, pratique, imperturbable, douée de nombreuses qualités, elle se montra toujours pour lui une conseillère subtile et une compagne éblouissante. Il est peu de dire que sa perspicacité et son ascendant furent des facteurs essentiels dans l'ascension prodigieuse que connut Winston Churchill.
Poigne de fer dans un gant de velours, elle faisait la révérence à la tant décriée duchesse de Windsor mais était capable de tenir tête au général de Gaulle. Elle a traversé presque un siècle d'histoire, surmontant nombre d'obstacles et de tragédies (dont la mort brutale de deux de ses enfants), rencontrant tous les grands de ce monde, à commencer par Staline.
Qui sait à quel point la carrière de sir Winston et même l'histoire du monde auraient été différentes si Clémentine Churchill n'avait fait preuve de tant d'abnégation et d'intuition amoureuse ? Une vie fondée sur une complicité réciproque que l'humour de son couple rendit bien souvent savoureuse.
Roman moderniste, roman à clefs, roman épistolaire, roman-journal intime. Et l'un des premiers romans lesbiens. Quand elle écrivit L'Adultère ingénue en 1912, Natalie Barney avait 36 ans et sa légende, la légende de l'Amazone, était en train d'éclore.
Dès les premières lignes de L'Adultère ingénue, Natalie Barney nous indique son dessein, la ligne de son roman : analyser en profondeur le sentiment amoureux. Elle le décortique, ce sentiment, elle le met sous un microscope et nous raconte son développement, ses incertitudes, ses angoisses. Et ses joies et ses triomphes. Elle le fait avec un langage nouveau en rupture avec tout réalisme du XIXe , une écriture, la sienne, parfois informelle où il y a presque un refus de la linéarité au profit d'une structure plus circulaire. Natalie Barney, avec L'Adultère ingénue, peut être considérée l'une des grandes romancières modernistes telles que Gertrude Stein, Djuna Barnes, Mina Loy, Katherine Mansfield, Rebecca West et Marianne Moore.
Dans ce roman précurseur, Natalie Barney introduit des éléments technologiques absolument novateurs et hyper modernes : le téléphone, l'automobile et même l'avion. D'un autre côté, en revanche, et cela justement pour déstabiliser le lecteur et déjouer tout rythme établi, elle y greffe une forme de style plus traditionnelle, celle du roman épistolaire, en insérant entre ses pages plusieurs vraies lettres échangées entre elle et Elisabeth de Clermont-Tonnerre.
Natalie Barney n'a pas peur de dire l'amour charnel, impudique, entre deux femmes : « L'immense force de mon désir qui me change de sexe et même d'aspect, déchaîne le grand dieu du rut que je porte dans ma tête par mes flancs. », écrit-elle. Jamais auparavant il y eut un roman rédigé avec cette même impulsion sensuelle et jubilatoire qui, contre toute attente de ses contemporaines, ne se termine pas avec la mort de l'une des deux héroïnes ou un adieu forcé par une catastrophe naturelle. C'est peut-être pour ces raisons qu'il ne trouva pas un éditeur « courageux » prêt à le publier. Écrit directement en français par une Américaine - manuscrit d'abord dans deux cahiers noirs, dactylographié et corrigé à la main par la suite - il est resté cent dix ans caché dans des tiroirs. C'est le troisième roman de Natalie - le premier, Lettre à une connue (également inédit) dit l'histoire entre Natalie et Liane de Pougy, une sorte de réponse à Idylle saphique, le deuxième, Je me souviens (1910) est une réponse lui aussi à Une femme m'apparut de Renée Vivien - c'est ce troisième roman, qui est le plus novateur et original.
Il était temps de lui donner la place qu'il mérite.
Peut-on parler de malédiction ukrainienne ? Les crises succèdent aux crises et l'Ukraine surgit régulièrement dans l'actualité comme un diable de sa boîte et généralement, c'est dans un contexte de catastrophes, de rébellions contre le pouvoir ou de scandales : Tchernobyl, Révolution orange, EuroMaïdan, problèmes gaziers avec la Russie, élections à répétition, corruption, collusions entre oligarques et politiciens, instabilité politique chronique, etc. Tout cela sur fond de divisions et de rivalités persistances entre les deux parties du pays, l'est - globalement tourné vers la Russie - et l'ouest qui regarde l'Union européenne avec les yeux de Chimène Expliquer les raisons de cette situation hors normes en plongeant dans l'histoire récente de l'Ukraine, tel est le propos de l'ouvrage.
Il revient sur l'histoire mouvementé de cet État qui a toujours cherché à exister sans y parvenir de manière durable. Plusieurs questions se posent sur les mythes et les réalités de l'identité ukrainienne. Quelles sont les racines historiques du « peuple ukrainien » ? Et d'ailleurs, un seul peuple ou plusieurs ?
Un chapitre sera consacré à chacune des étapes de la création de l'État ukrainien et à ses différents avatars jusqu'à aujourd'hui.
La deuxième partie traitera des événements qui ont secoué l'Ukraine depuis novembre 2013 et qui, même s'ils n'ont pas dégénéré en guerre civile, ont provoqué l'une des crises internationales majeures en Europe depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
En réalité, il n'y a pas une seule crise mais plusieurs qui s'emboîtent à la manière des matriochki de l'artisanat. Un chapitre sera consacré à chacune d'entre elles, à savoir crise économique, crise politique, crise institutionnelle, crise internationale.
Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de Goethe où s'enracine le mythe de Faust : l'Urfaust (1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d'un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d'aujourd'hui et lui ouvre des perspectives d'interprétation contemporaines.
L'Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. Cette pièce caractéristique du XVIIIe siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c'est une oeuvre autonome.
Dans le Faust I, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde. Faust signe un pacte avec Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. Le héros séduit l'innocente Marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. Meurtrière de l'enfant, Marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. Faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine.
Riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un Faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l'empereur, qui revisite l'Antiquité classique pour retrouver Hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d'abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec Méphistophélès le condamnait. Faust II fait l'inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l'humanisme et l'art goethéens.
A travers le personnage d'arséniev, ivan bounine décrit sa jeunesse russe passée à la campagne dans la région des steppes.
Roman du destin, de l'émotion et de la quête du bonheur, la vie d'arséniev nous plonge d'emblée dans l'univers intime d'un enfant solitaire élevé dans une nature nue et sans bornes. l'immensité du domaine familial, la terre, les animaux, les premières expériences de la mort façonneront une intelligence intuitive, comme habitée par une prescience des êtres et du monde. intense travail de mémoire, canevas précis d'une enfance passée au temps d'une extrême déchéance de la noblesse russe, un père oisif, une mère douce, deux frères, deux soeurs, les périples au coeur d'une russie poétique, chaude, interlope, la rencontre avec des figures insolites à jamais enfuies, la vie sentimentale violente d'un homme aussi despote que séduisant, forment la trame de ce magnifique et puissant exercice de réminiscence et d'écriture.
Sur la toile de fond d'un monde destiné à disparaître, alternent le charme et la jouissance, puis dans l'abandon la solitude et le déclin.
Elizabeth von Arnim est née en Australie au sein d'une famille anglaise.
A la fin de ses études, cette cousine de la très célèbre Katherine Mansfield part en Europe et rencontre en Italie un aristocrate prussien dont elle devient la femme. Le couple s'installe aux confins de la Prusse, en Poméranie dans un domaine isolé et sauvage. C'est là qu'Elizabeth commence à rédiger une sorte de journal intime dans lequel avec un esprit très fin et anglais, plein d'humour et de distance, elle expose la difficulté de créer et même d'avoir le droit d'aimer "un jardin à soi".
A travers les moindres détails de l'élaboration du jardin, vont s'opposer le libre et le géométique, le sinueux et le rectiligne, le beau et l'utile, la solitude contre le groupe. Les critères esthétiques du jardin anglais apparaissent au fil des pages, la liberté qu'ils incarnent sont une philosophie de vie, une symbolique forte. L'Allemagne du Nord en 1900...L'univers de Theodor Fontane et de Thomas Mann.
L'occasion pour Elizabeth von Arnim de tracer des portraits de femmes ancrées dans la rigidité germanique et de prôner par l'exemple d'autres critères de vie et de plaisir. Les rudes paysages de la Poméranie imposent une présence obsédante d'une nature presque primitive et les efforts d'Elizabeth pour créer un jardin allemand qui n'est autre qu'un vrai jardin anglais avec les méthodes pittoresques qui séduiront tous les jardiniers amateurs, font que ce livre n'est pas le simple divertissement d'une comtesse oisive mais l'impossible tentative d'apprivoiser une Allemagne à la barbarie splendide autant que menaçante grâce à l'art tout anglais des jardins.
Quel genre de voyageur fut J.-K. Huysmans (1848-1907) ? On ne s'attendrait pas à trouver en lui un adepte du tourisme alors naissant. Pourtant il s'est souvent déplacé hors des frontières françaises. Le périmètre européen de Huysmans reste limité à la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, une partie de la Suisse. Comme des Esseintes, il a lui aussi renoncé à passer la Manche. Il n'a d'ailleurs traversé aucune mer, même s'il a fréquenté des ports. Et il n'a passé aucune frontière du Sud. Il admire les Primitifs italiens, mais il n'est pas allé les voir en Italie. Dans En rade, il est allé jusqu'à imaginer un voyage sur la lune. En voyage, Huysmans observe et prend beaucoup de notes, qu'il utilise pour ses articles et ses romans.
Le présent recueil rassemble ses textes principaux qui forment un art du voyage bien singulier où les considérations esthétiques tiennent une part essentielle. Plusieurs lettres, dont certaines complètement inédites, adressés à des proches, complètent l'ensemble et offrent un éclairage inattendu sur l'oeuvre huysmansienne.
Depuis de nombreuses années, Philippe Barascud travaille sur l'oeuvre de Huysmans, dont il a notamment publié Les Mystères de Paris (Manucius, 2009) et sa correspondance avec Cécile Bruyère (Éditions du Sandre, 2009). Il prépare une biographie de l'auteur d'À rebours.
Ferdinand von Saar, que l'on peut définir comme la « Maupassant viennois », analyse avec subtilité les problèmes psychologiques liés aux mutations et aux tensions sociales de son temps. Ses nouvelles mettent en scène les travers et les dérives d'un monde figé dans ses traditions mais déjà engagé sur la pente de la décadence. Le Lieutenant Burda s'inscrit pleinement dans cette veine cruelle. Cette nouvelle, raconte l'histoire d'un officier d'origine petite-bourgeoise épris d'une jeune femme de la haute aristocratie et décrit les désillusions paralysantes que provoque cette passion impossible. Le destin de cet officier soucieux d'élégance, de savoir-vivre et d'ascension sociale s'achèvera de la manière la plus brutale. Ferdinand von Saar excelle dans la description d'une société où les codes de caste et la pesanteur des conventions suscitent de violents désirs de transgression. Brisé par ses maladresses et ses illusions, le lieutenant Burda connaît le sort funeste d'un héros de tragédie.