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Insomniaque
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De la diatribe considérée comme un des beaux-arts : Une anthologie de pamphlets séditieux dans l'Angleterre des siècles passés
George Orwell
- Insomniaque
- 18 Octobre 2024
- 9782376231080
La littérature séditieuse anglaise compte parmi ses contributeurs certains des plus célèbres écrivains?: Milton, Swift, lord Byron, William Morris... mais aussi nombre de «?petits-maîtres?» méconnus ou anonymes. Pamphlétaires et polémistes jouaient jadis un rôle central dans la diffusion des idées et contribuaient grandement à exacerber les débats et les conflits qui ont agité la société anglaise.
Ce recueil, qui compte une trentaine des écrits de combat qu'ils ont laissés, s'étend de la fin du Moyen Âge à la Première Guerre mondiale. Il révèle les convictions et les élucubrations, les fureurs et les rêves qui ont alimenté les controverses politiques et sociales dans l'Angleterre d'antan. Outre son intérêt littéraire, il fournit un aperçu historique des lutte de classe, mais aussi du choc des idées et des passions au pays qui a vu naître la société industrielle.
État donné que nombre des iniquités et des turpitudes que dénonçaient ces polémistes se sont perpétuées jusqu'à nos jours, le lecteur d'aujourd'hui trouvera dans leurs diatribes et leurs satires nombre d'observations qui sont d'une implacable actualité.
Ce choix de pamphlets radicaux ou rebelles s'inspire d'un recueil similaire, paru à Londres en 1950 et préfacé par George Orwell - lui-même collectionneur
passionné de brochures politiques, de tracts et de pamphlets.
Anthologie établie, traduite
et annotée par Philippe Mortimer -
Dans ce pamphlet, écrit en réaction aux récents abus de la domination étatique et marchande, tels qu'ils ont eu notamment lieu lors de l'actuelle crise sanitaire, Raoul Vaneigem persiste et signe : le capitalisme est par essence mortifère en ce qu'il bride les passions, confine les corps et racornit les esprits. Mais une autre voie s'ouvre à l'humanité pourvu qu'elle renverse un système aussi vérolé qu'à à bout de souffle, et qu'elle se débarrasse de ses mornes profiteurs : gestionnaires, technocrates et autres politicards. C'est ce qu'il nomme la lutte pour un retour à la vie, mettant fin « au calcul égoïste et à la servitude qui ont fait de la Terre une vallée de larmes ». Car « la vie ne dit jamais de dernier mot ».
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Yves Pagès, auteur des Petites Natures mortes au travail, nous entraîne en 1910, au temps des " apaches " et des " anarchos ", au coeur d'un Paris populaire aujourd'hui éteint.
Il y suit les traces d'un ouvrier cordonnier qui, bardé de cuir et hérissé de clous, tua un policier et en blessa grièvement quelques autres dans la rue Aubry-le-Boucher. Ce fait divers défraya la chronique et engendra une polémique virulente qui se conclut par une émotion populaire d'une rare intensité : des milliers de rebelles dansèrent la carmagnole sur le boulevard autour du cou tranché du meurtrier, victime à leurs yeux d'infâmes manigances policières.
Car la haine viscérale qui animait l'homme aux brassards de fer était alors largement répandue, parmi le peuple, à l'égard d'une police dont la vile besogne consistait surtout à protéger les repus. L'acte vengeur de Liabeuf suscita donc, dans la foule ouvrière, la plus vive sympathie - aux cris de : " Vive Liabeuf et mort aux vaches ! "
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Victor Dojlida (1926-1997), fils d'un mineur polonais immigré en Lorraine, s'engage dans la Résistance à 16 ans, ce qui lui vaut d'être déporté en 1944 dans les camps de Struthof, de Dachau puis de Buchenwald. Lorsqu'il revient en Lorraine en 1945, il constate que le policier Reuter qui l'a arrêté et le juge Chiny qui l'a livré aux SS sont encore en poste : l'heure est à la réconciliation nationale. Mais Victor n'est pas du genre à se réconcilier avec ses bourreaux. En 1946, il rosse Chiny, qui n'ose se plaindre, craignant d'attirer l'attention sur son passé de collabo. La même année, il inflige une rude correction à Reuter. Mais celui-ci porte plainte et, cette fois, Victor est condamné à une amende et à un mois de sursis, ce qu'il ressent comme une profonde injustice. En janvier 1947, il braque la paye des ouvriers de l'usine sidérurgique locale, dont les actionnaires et les dirigeants ont abondamment contribué à l'effort de guerre allemand. Il est arrêté le lendemain. C'est le début d'une longue plongée dans l'enfer carcéral, qui va durer quarante-quatre ans, ponctués de plusieurs tentatives d'évasion - avec une brève parenthèse de quatorze mois de liberté en 1960-1962. Quand il sort définitivement de prison en 1989, sa vie est derrière lui. C'est le récit qu'il a fait de ses tribulations à deux visiteurs de prison, Françoise Capéran et Guy Morel, que contient ce livre, qui fait suite à ses mémoires de résistant, parus en 2020 sous le titre Le Dzikus. Ce document et le riche apparat de notes qui l'accompagne retrace le destin singulier d'un homme que les institutions judiciaire et pénitentiaire ont tout fait pour briser, mais qui est resté toujours debout. De même que Le Dzikus était une précieuse contribution à l'histoire de la Résistance et de la déportation, De Dachau aux cachots de la république jette une lumière crue sur le système carcéral français de la seconde moitié du XXe siècle, que Victor Dojlida a presque entièrement passé enfermé. Ce récit est précédé d'une notice décrivant la découverte de ce document, ainsi que d'une préface de maître Henri Leclerc, ancien président de la Ligue des Droits de l'Homme et actuel président d'honneur de cette association, qui a bien connu Victor Dojlida en tant qu'avocat pénaliste.
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Pétition pour des villageois que l'on empeche de danser
Paul-Louis Courier
- Insomniaque
- 5 Juin 2007
- 9782915694253
1822 : la contre-révolution triomphe en france.
dans un village de touraine, un curé veut commander à tout et prétend qu'on n'y doit plus danser. sachant que la liberté de penser commence avec celle de danser, paul-louis courier réplique avec légèreté par un mordicant plaidoyer pour la gigue et le rigodon, choses qui ne s'accommodent jamais bien de l'ombre écrasante de dieu.
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Florence insurgee - le tumulte des ciompi (1378)
Machiavel Nicolas
- Insomniaque
- 22 Octobre 2021
- 9782376231011
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Londres, 1657 : un attentat contre le dictateur Oliver Cromwell vient d'échouer. Le colonel Sexby, l'un de ses organisateurs, fait paraître peu après un pamphlet où il en appelle ouvertement à l'assassinat du tyran. Pour susciter parmi ses lecteurs des vocations d'assassin, il commence par poser trois questions : Cromwell est-il ou n'est-il pas un tyran ? S'il l'est, est-il légitime de faire justice sommaire de sa tyrannie, c'est-à-dire de le tuer en usant de tout moyen possible ? Enfin, si cet acte est légitime, s'avérera-t-il profitable ou nuisible à la République ? L'auteur y répond en déployant une argumentation irréfutable, fondée tant sur la philosophie antique que sur la Bible - et rédigée avec une maîtrise du style baroque de l'époque qui embellit sa haine. Chose assez rare, c'est l'appel à l'assassinat qui pourrait être, dans ces pages homicides, considéré comme un des beaux-arts...
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«Y a-t-il une vie avant la mort ? » C'est la question que pose, en seize dessins cocasses et percutants, le grand caricaturiste Jossot dans ce fascicule un tantinet macabre. Et force est de constater que la réponse n'allait déjà pas de soi dans la société fraîchement capitaliste de la « Belle Époque », qui n'était belle que pour les nantis.
Parue en 1904 dans l'hebdomadaire satirique L'Assiette au Beurre, cette variante moderne et facétieuse de la danse macabre confronte le lecteur à son propre néant et brocarde l'inanité de la simple survie, aussi piètre que dérisoire. Ennemi déclaré de ce qu'est devenue la société européenne, Jossot, alors au sommet de son art et de sa renommée, dote ses squelet-tes grotesques de gestes et de l'usage de la parole pour mieux railler l'étroitesse d'esprit et le conformisme docile des pseudo-vivants.
Ce petit chef-d'oeuvre d'humour noir et de poésie absurde n'a certes rien perdu de sa pertinence, à présent que la liberté ressemble de plus en plus à un fantôme et que la joie de vivre est devenue un délit.
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"Vous savez maintenant qui je suis : un révolté vivant du produit des cambriolages. De plus, j'ai incendié plusieurs hôtels et défendu ma liberté contre l'agression d'agents du pouvoir. J'ai mis à nu toute mon existence de lutte ; je la soumets comme un problème à vos intelligences. Ne reconnaissant à personne le droit de me juger, je n'implore ni pardon, ni indulgence. Je ne sollicite pas ceux que je hais et méprise. Vous êtes les plus forts ! Disposez de moi comme vous l'entendrez, envoyez-moi au bagne ou à l'échafaud, peu m'importe ! Mais avant de nous séparer, laissez-moi vous dire un dernier mot."
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Être ouragans est composé de trois livres en un volume qui forment comme un triptyque. Ces trois livres sont indépendants les uns des autres et peuvent être lus dans le désordre, bien que liés entre eux en ce qu'ils sont le fruit d'une même réflexion sur différents aspects de notre réalité Comment saisir notre présent, cette réalité fuyante, souvent inédite, trop familière pour être connue ? L'auteur a cherché à contourner cette familiarité en prenant le parti de la dissidence pour proposer une perspective décalée sur ce qui constitue notre réalité.
Le premier livre est intitulé De la réalité et des représentations que nous en avons ;
Il s'agit d'un discours sur la réalité en tant que elle, en tant que pensée se réalisant ;
L'auteur y critique deux concepts qui sont propres à la représentation moderne et occidentale du monde et de l'être : celui de nature et celui d'individu. Le deuxième livre contient Six thèses pour une brève histoire du capitalisme des origines à nos jours ; il s'agit cette fois d'une analyse de l'apparence comme réalité. Le troisième livre parle de la résistance que les peuples indiens du Mexique opposent à l'avancée du monde marchand : il s'intitule L'expérience mexicaine et se présente comme une chronique des temps présents.
Être ouragans : ce titre fait référence à l'irruption des révoltes contre la domestication, aussi imprévisibles que dévastatrices. Et c'est bien à ce qui n'est pas domestiqué en nous que l'auteur en appelle pour briser le carcan de l'aliénation, qui permet au capitalisme de dissoudre les cultures ancestrales dans le même mouvement qu'il anéantit les ressources naturelles. Cet ouvrage est donc une précieuse source de réflexion pour tous ceux qui envisagent de rompre avec le système ou s'y essaient déjà.
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Le communalisme ; les communautés affinitaires et dissidentes, des origines jusqu'au XXe siècle
Kenneth Rexroth
- Insomniaque
- 17 Mai 2019
- 9782376230069
Les communautés affinitaires dissidentes remontent à la plus haute antiquité. C'est leur histoire tumultueuse, semée de persécutions, que Kenneth Rexroth relate dans ce livre, publié aux États-Unis en 1974, au soir de sa vie de poète et d'en-dehors.
Les millénaristes du Moyen Âge et de la Renaissance puis les communautés utopiennes des deux derniers siècles ont incarné la quête optimiste, souvent ardue, du partage des ressources et des émois, inspirée par le rejet de l'ordre établi. Ces courants très divers - ascétiques ou orgiaques, mystiques ou « matérialistes » - constituent une tendance historique constante que Rexroth nomme le communalisme Jusqu'au temps des Lumières, c'est sous la bannière de la vérité divine que s'accomplirent toutes les expériences communalistes. Retour aux traditions chrétiennes originelles ou révélation de la cité idéale, l'argument religieux a longtemps fondé toute exigence de justice sociale et articulé toute pratique collective subversive - des Frères du Libre Esprit aux tendances communistes de la Révolution anglaise.
Ce récit montre ensuite comment une foi teintée de messianisme a continué d'imprégner les tentatives de mise en commun, même quand elles étaient laïques et « scientifiques » - comme celle des fouriéristes, icariens et autres anarchistes, à une époque où la révolution ne semblait pas impossible. Rexroth évoque aussi longuement les communautés affinitaires qui se sont formées aux États-Unis jusqu'en 1974, sujet méconnu en France.
Ce livre sortira, en France, en mai 2019 - en un printemps qui suivra un « hiver du mécontentement » (bien entamé à ce jour) et pourrait fort bien le prolonger. Ces périodes de troubles sociaux sont généralement propices aux interrogations, notamment celles de la jeunesse, sur la nature inégalitaire et grisâtre, coercitive et lacrymogène de la société - ce manuel d'histoire subversive, très instructif à cet égard, tombera donc à pic.
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Wooblies & hobos ; les industrial workers of the world ; agitateurs intinérants aux Etats-Unis ; 1905-1919
Joyce Kornbluh
- Insomniaque
- 7 Janvier 2012
- 9782915694574
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Notre père qui êtes au cieux... restez-y ; 144 raisons de vomir toutes les religions
A Bertrand/A Schneid
- Insomniaque
- 9 Mars 2018
- 9782376230021
On s'entre-tue plus que jamais au nom de Dieu et de ses divers prophètes sur cette fichue planète. Partout, même au « pays de Voltaire », les fanatiques de tout poil - à barbe, papillotes ou tonsure - tentent d'imposer leur morale sépulcrale, fondée sur des fables puériles et les plus absurdes superstitions. L'opium du peuple est devenu l'amphétamine des fous de Dieu.
Certes, le retour du religieux se nourrit des multiples névroses et frustrations qu'engendre la société marchande... Et certes, le commerce de la foi prospère grâce à l'ignorance crasse et à la jobardise des croyants... Mais ce n'est pas une raison pour accorder des circonstances atténuantes à ceux qui vendent du vide à ces gogos et les manipulent : prêtres, imams, rabbins, gourous et autres bonzes, dont la cause commune, le grand oeuvre ténébreux, le but affiché ou secret, demeure l'asservissement de l'humanité.
Les 144 citations rassemblées dans ce petit recueil constituent une réfutation plurielle - tantôt sévère, tantôt souriante - de la notion de Dieu et des sectes qui s'en réclament, mais aussi une dénonciation des mystagogues qui en vivent et des illuminés qui en meurent. Pour choisir ces aphorismes et propos, nous avons mis à contribution quelques-uns des innombrables esprits libres qui ont signalé, au fil de leurs écrits, l'imbécillité et l'hypocrisie qui forment la substance de toute religion.
Ce livre fait suite, par sa forme et son esprit, au précédent recueil de citations publié par L'insomniaque en 2015, Le Réveil sonne : première humiliation de la journée.
À l'heure où le discours religieux dicte à nouveau de plus en plus de comportements et s'immisce dans un débat politique public où il n'a rien à faire, tous les incroyants et les impies, les bons vivants et les blasphémateurs, encore majoritaires dans ce pays, se retrouveront dans ce rappel salutaire de la nocivité de toutes les religions.
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Le dzikus ; mon adolescence dans la Résistance, des hauts-fourneaux à Buchenwald
Victor Dojlida
- Insomniaque
- 22 Octobre 2020
- 9782376230090
Victor Dojlida (1926-1997), né en Pologne, a grandi dans un coin de Lorraine minier et industriel. Au sortir d'une enfance pauvre, il est confronté à l'occupation allemande et se révolte face aux exactions des nazis et de leurs supplétifs de la police française.
Hardi et dégourdi, Victor, alias le Dzikus (le sauvageon, en polonais), devient d'abord contrebandier pour nourrir sa famille et ses voisins, puis passeur, aidant des prisonniers de guerre évadés à sortir d'Allemagne. Il entre ensuite dans la Résistance à 16 ans, sous les couleurs des FTP et s'y distingue par son courage et ses faits d'armes.
Il est arrêté par la police en février 1944 et déporté à Dachau et à Buchenwald. Il survit aux tourments barbares des SS, à la faim et au typhus, mais de nouvelles tribulations - et de nouvelles trahisons - l'attendent à son retour en Lorraine... Ce récit trépidant et sans fard s'arrête là.
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La liberté ne se mendie pas : l'Envolée, 2001-2008
Nadia Menenger, Olivier Cueto
- Insomniaque
- 21 Janvier 2022
- 9782376231028
Olivier Cueto est mort le 28 mars 2020 à Paris, à l'âge de 60 ans. Jusqu'au dernier jour il aura dégusté la vie avec une insatiable curiosité et une énergie remarquable. Titulaire d'une agrégation de lettres qui lui aurait permis de faire une carrière d'enseignant bien rétribué - et de mener une petite vie aussi fade que tranquille -, il a préféré parcourir les sentiers interdits de l'illégalisme libertaire. Il laisse de nombreux textes, notamment ceux qu'il a écrits ou coécrits pour le journal anticarcéral L'Envolée, qu'il a cofondé et longuement animé. Ce sont ces écrits de combat - reflets de ses réflexions, de son expérience et de son engagement - que ce livre se propose de partager. Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L'Envolée au cours des années 2000 permet de retracer le virage sécuritaire de l'État, qui s'accentua alors extrêmement. Les lire ainsi recueillis, permet de mieux comprendre comment, petit à petit, le discours dominant a assimilé la « délinquance » à une maladie qu'il convient de dépister et de traiter avec une sévérité toujours accrue - puisque ainsi réduite à un dysfonctionnement individuel ou familial qui serait sans lien, ou peu s'en faut, avec le fonctionnement profondément inégalitaire de la société dans son ensemble. Il est devenu inutile, presque incongru, de se pencher sur ses causes sociales, économiques et politiques afin de prendre ce problème à la racine : circulez, y a rien à voir. Les « inadaptés » n'ont qu'a bien se tenir....
Ces textes contribueront à éclairer, à cet égard, les esprits engourdis par quarante ans de régression sociale. Ils aideront les lecteurs à mieux comprendre que si nous voulons abolir le système capitaliste, qui ressemble de plus en plus à une vaste prison, il faudra plus que jamais abolir les lieux d'enfermement. Olivier a maintes fois collaboré aux travaux éditoriaux de l'Insomniaque : il a notamment contribué très activement à rassembler les Écrits du cambrioleur anarchiste et bagnard increvable Alexandre Marius Jacob. Il a aussi collaboré à l'anthologie Au pied du mur, qui présentait en l'an 2000 « 765 raisons d'en finir avec toutes les prisons ». Il nous a donc semblé naturel de lui rendre cet hommage posthume, tout en perpétuant de la sorte la mémoire des luttes anticarcérales de la première décennie du millénaire.
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Au début du XXe siècle, policiers et juges étaient appointés avant tout pour réprimer les tendances indociles du prolétariat urbain, qui proliférait à mesure que la France s'industrialisait. Les « cognes » et autres « bourres » rudoyaient les « classes dangereuses »et les matraquaient à tout-va. Les tribunaux avaient la main tout aussi lourde, embastillant les ouvriers et chômeurs subversifs, expédiant dans de lointains bagnes les audacieux qui menaçaient la tranquillité des classes possédantes. C'est cette iniquité légale que raille et dénonce cet album de Henri Gustave Jossot, dont les dessins parurent originellement dans l'hebdomadaire satirique L'Assiette au beurre entre 1901 et 1904. Jossot se trouvait en ces années au sommet de l'art qu'il pratiquait alors : la caricature comme sport de combat. Son style aussi original que mordicant fait de cet observateur sans complaisance de la bassesse humaine l'un des dessinateurs les plus remarquables de cette époque, qui fut véritablement l'âge d'or de la caricature française.
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La légende du grand inquisiteur
Fedor Dostoïevski
- Insomniaque
- A Couteaux Tires
- 15 Juillet 1999
- 9782908744323
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Peintres et vilains ; les artistes de la Renaissance et la grande Guerre des paysans de 1525
Maurice Pianzola
- Insomniaque
- 16 Novembre 2015
- 9782915694833
L'historien de l'art Maurice Pianzola (1917-2004), longtemps conservateur au musée d'art etd'histoire de Genève, fit paraître Peintres et vilains en 1958. Ce livre culte insiste sur le lien entre un mouvement social et un mouvement artistique - en l'occurrence la grande Guerre des paysans de 1525 et les maîtres allemands du début du XVIe siècle. Cranach l'ancien, Albrecht Dürer, Holbein, mais aussi le turbulent Urs Graf ou le truculent Hans Sebald Beham : ces peintres et graveurs, figures de la Renaissance artistique et de la sécularisation des représentations, ont tous porté témoignage de cette révolte aux relents d'anabaptisme et de lutte des classes, avec laquelle ils sympathisaient. Elle survint alors que Luther avait rallié à la Réforme nombre de seigneurs et roitelets allemands. Épousant les intérêts des féodaux, il appela les potentats fraîchement convertis au protestantisme à une répression implacable. Son rival Thomas Munzer prit fait et cause pour les rebelles et le paya de sa vie, ainsi que 100 000 paysans.
C'est cette histoire héroïque et tragique que narre Pianzola, mais aussi les artistes qui lui ont fourni les illustrations de son récit savant (mais limpide) et passionnant (mais lucide).
Pour cette réédition, nous avons entièrement « rénové » l'iconographie de l'édition originale, dans laquelle la plupart des image étaient en noir et blanc et l'impression offset, technique alors balbutiante, plutôt rudimentaire. Nous l'avons également complété en puisant dans les archives des musées rhénans d'Allemagne, de Suisse et d'Alsace.
Même si Pianzola s'en garde bien, on pourrait être tenté d'établir un parallèle, en lisant ce petit chef-d'oeuvre d'érudition malicieuse, avec le rapport qu'il y eut, au siècle passé, entre dadaïstes ou expressionnistes et révolution allemande, voire entre constructivistes et révolution bolchévique. Surtout, cet ouvrage atypique se distingue de la tiédeur de la plupart des livres d'art consacrés aux vieux maîtres en ce que sa lecture importe autant que sa contemplation. C'est un livre d'histoire sociale autant qu'une contribution essentielle à l'histoire de l'art.
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Le réveil sonne : première humiliation de la journée ; 144 raisons d'abolir le travail salarié
Collectif
- Insomniaque
- 12 Mai 2015
- 9782915694802
Ce petit livre est un recueil de citations poétiques, philosophiques, politiques, graphiques. tirées de la littérature savante ou populaire, des chansons ou des proverbes, des pamphlets ou des méditations d'auteurs célèbres aussi bien qu'anonymes ou très méconnus. Toutes déplorent, dénoncent, vitupèrent, critiquent, raillent le joug que portent les femmes et les hommes de ce temps : le travail salarié - sa monotonie, son iniquité, sa pénibilité, son néant. Ces citations sont ordonnées de sorte à décrire d'abord la pesanteur du système salarial, racine du mal, puis les vicissitudes de l'esclavage au quotidien, opposé au sain goût de la paresse, et enfin le refus, la révolte contre le travail, l'utopie d'un monde sans salariat. Ces miscellanées, d'une lecture aisée, rassemblent des formules glanées chez des auteurs conservateurs ou progressistes, sérieux ou fantaisistes, individualistes ou collectivistes (de Prévert à Claudel, de Marx à Nietzsche, de Céline à Vaneigem) qui tous ont pour point commun de s'être un jour désolés de la servitude plus ou moins volontaire qui rend la vie des hommes si fades quand elle est confisquée par un travail répétitif et aliénant. Offrant un plaisant avantgoût de la résistance possible à une telle ignominie, ce vade-mecum du non-travailleur réjouira tous ceux qui ne communient pas dans le culte du turbin et savent que la liberté ne sera qu'un vain fantôme tant qu'on perdra sa vie à la gagner.
Ce recueil est de même lignée que Travailler, moi ? Jamais ! de Bob Black, publié à l'Esprit frappeur avec un joli succès en 1997 dans une traduction de Julius Van Daal, membre fondateur du collectif L'insomniaque, et depuis réédité en 2010 par L'Insomniaque, toujours avec succès. Il traite à sa façon le même problème que Putain d'Usine, de J. P. Levarray, autre succès notable de L'insomniaque. Dans un temps où le système salarial peine à intégrer la jeunesse, une bonne part de celle-ci a tendance à s'en détourner, cherchant d'autres modes de survie et de nouvelles voies vers la réalisation de soi. Voici, modestement mais malicieusement, de quoi alimenter cette quête.
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Ce recueil de lettres et de témoignages retrace une vie passée principalement derrière des barreaux. Né en 1955, Thierry Chatbi a connu la maison de correction dès l'enfance, puis dans des centres pour jeunes détenus pendant son adolescence. Par la suite, il a été enfermé dans des maisons d'arrêt avant d'aller pourrir dans des centrales de haute sécurité. Sa singularité, c'était sa lucidité ; il savait ce monde gouverné par et pour les nantis et ne voulait pas trimer pour quelques miettes. Très jeune, il a opté pour l'illégalité, au risque d'être enfermé.
Thierry Chatbi a payé ce choix au prix fort : plus de 25 ans de prison. Son refus de se faire exploiter s'est mué en refus de se soumettre à l'administration pénitentiaire. Il a pris une part active aux mouvements de prisonniers des années 1980. Son engagement l'a conduit à passer plus de treize ans dans les quartiers d'isolement, dont il n'a cessé de dénoncer l'existence.
Thierry Chatbi avait une haute idée de la liberté. À tel point qu'après son ultime sortie de prison, il s'est suicidé en 2006, préférant la mort au renoncement.
On trouvera dans cet ouvrage des textes de Thierry Chatbi adressés à des journaux et à des émissions de radio, ainsi qu'une correspondance avec sa professeur de français. On y trouvera aussi des interviews de quelques-uns de ses amis sur les combats de Thierry Chatbi. Ces textes ont été rassemblés, choisis et organisés par Nadia Menenger, proche amie de Chatbi et animatrice d'émissions de radio consacrées aux problèmes carcéraux.
Il était paru une première édition de cet ouvrage en 2009. Nous en publions en 2015 une version augmentée de 16 pages.
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