Le dernier numéro de 1895 revue d'histoire du cinéma qui compte plus de 300 pages comporte un ensemble d'études et de documents d'archives relatifs à l'oeuvre théorique et méta-filmique de Marcel L'Herbier, en particulier l'édition inédite de sa conférence au Collège de France de 1923 restituée d'après le manuscrit retrouvé à la BNF. Mais on s'intéresse également à ses écrits antérieurs et postérieurs et à un film de montage sur le cinéma fantastique élaboré en 1966. Le portfolio en couleur publie le scénario peint par Autant-Lara pour son premier film, Fait Divers (1924). Le point de vue qui ouvre le numéro est consacré à la redécouverte de l'oeuvre écrite de Jean Epstein. Une étude s'attache à la figure du cinéma français des années 1920-1930, Pierre Batcheff, une autre à la stratégie commerciale de Georges Méliès et de son frère Paul aux États-Unis. Dans la partie Archives, un entretien avec Eveline Cauhépé poursuit la série consacrée au label « art et d'essai ». L' abondante rubrique des Chroniques propose enfin des comptes rendus détaillés d'expositions et d'ouvrages touchant à l'histoire du cinéma.
« Tourneurs de manivelle », « as de la manivelle », « tourneurs de moulins à café »: autant d'expressions qui renvoient au métier d'opérateur de prise de vues cinématographiques dont ce livre vise à retracer l'histoire inédite. Quelles furent les possibilités d'existence de ce métier? De quelles tâches concrètes l'opérateur était-il responsable avant, pendant et après le tournage? Comment ces tâches ont-elles évolué entre les premiers tours de manivelle demandés aux employés des frères Lumière et la généralisation du parlant? Autant de questions dont s'empare cette étude richement illustrée et accompagnée d'un DVD (sept films ou documents audiovisuels mettant en scène des opérateurs).
Le numéro 96 de 1895 revue d'histoire du cinéma (printemps 2022) est largement consacré au cinéma des premiers temps et à la culture spectaculaire au tournant des XIXe et XXe siècles. Le cinéma héritera des spectacles scéniques à l'extraordinaire inventivité comme des attractions des foires telle celle de Gand. On examine en outre les lieux où se voient les bandes du premier cinéma (cafés, magasins Dufayel) étudiés à partir d'archives inédites. Ainsi le cabaret du Néant et ses attractions macabres, les programmes du Cinématographe-Lumière (puis le Select) qui introduisent un montage de vues ouvrant à la narration. En dehors de cet ensemble, un entretien avec une exploitante de cinémas d'art et d'essai mais aussi de salles X, Simone Lancelot, et la correspondance de François Truffaut et de ses lecteurs ordinaires ou célèbres qui le lisaient dans Arts-spectacles et lui écrivaient soit pour le soutenir, soit pour l'apostropher. Dans la rubrique des Chroniques nombreux comptes rendus d'expositions, de livres et de DVD.
En 1961, la Cinémathèque française acquérait 380 lettres d'Etienne-Jules Marey adressées - entre 1881 et 1894 - à son préparateur, Georges Demenÿ.
C'est cette précieuse correspondance, actuellement conservée à la Bibliothèque du Film, qui est éditée ici, avec un certain nombre de lettres trouvées dans d'autres archives. En outre, une soixantaine de lettres inédites de la période 1877-1904, dont la plupart sont adressées à Marey, figurent en annexe. Pleines de vie et très largement inédites, les 502 lettres ainsi rassemblées permettent de suivre avec précision le programme scientifique développé par Marey et Demenÿ à la Station physiologique du Parc des Princes ; elles nous éclairent sur la genèse des différents appareils chronophotographiques mis au point par les deux chercheurs ; elles nous renseignent sur la science de l'époque, sur la vie de Marey, sur ses voyages et son travail à Naples.
Une source inestimable pour comprendre l'immense apport de Marey à l'analyse et à la synthèse du mouvement.
Lieu de toutes les phases de création du film, de la pré-production à la post-production, le scénario en porte les marques, tel un palimpseste à déchiffrer pour retrouver la genèse d'un film. Parfois fruit de la collaboration de plusieurs auteurs, il s'adresse aussi à différents destinataires tels que le producteur, le réalisateur ou encore les techniciens.Les contextes de production (historique, économique, esthétique ou encore juridique) justifient les perpétuelles métamorphoses de ce document, dans sa forme et ses fonctions. Le scénario consiste ainsi à la fois à convaincre de l'intérêt du film, mais aussi à préparer le tournage, le montage, voire la promotion de l'oeuvre. Il est aussi un moyen pour les maisons d'édition et les auteurs de se protéger contre le plagiat.Le scénario peut enfin être lu, et parfois même écrit uniquement dans ce but, constituant un genre autonome en littérature. Des plans, schémas, dessins d'une mise en scène peuvent encore conférer une dimension plastique à l'objet. L'ouvrage aborde ainsi la multiplicité de cette archive, à la croisée d'une histoire culturelle, industrielle, technique ou encore esthétique du cinéma, grâce à la contribution de chercheurs tissant des pistes de réflexion en lien avec sa conservation, ses usages et sa nature plurielle.
Le dernier numéro de 1895 revue d'histoire du cinéma est centré sur la problématique des « transferts culturels ». Migrations de films, de cinéastes ou d'acteurs, mixité des modes de production, emprunts esthétiques, autant d'aspects que la critique et l'histoire du cinéma ont abordés selon des catégories comme celle d'influence et qui connaît de nos jours un profond renouvellement conceptuel. Après une introduction à cette question (K. Pór), des études de cas l'exemplifient à partir du film de Flaherty, Nanook of the North, tel qu'il a été approprié et transformé par ses diffuseurs français au début des années 1920 (C. Peyrusse), de la Carmen germano-franquiste de Florian Rey et sa réception par la communauté juive de Salonique en 1938 (M. Leventopoulos), le transfert de la vedette française Maurice Chevalier à Hollywood en 1928 et les ajustements auxquels le lancement commercial de l'acteur et chanteur a dû procéder (K. Pór). Le Portfolio d'artiste, dû à la plasticienne helvético-bolivienne Carmen Perrin, manifeste une appropriation déconstructive d'une collection des Cahiers du cinéma abordée à l'emporte-pièce. En Archives un aperçu du cinéma documentaire bolivien lié aux mouvements sociaux de la paysannerie de l'Altiplano et une documentation sur un film marocain tourné clandestinement en 1968 grâce à des ressources étatsuniennes, la Longue journée (M. Pierre-Bouthier). La partie Chroniques de la revue publie des comptes rendus d'exposition (Wang-Bing), de DVD (la Femme et le pantin) et d'ouvrages concernant l'histoire du cinéma sous toutes ses formes.
Le dernier numéro de 1895 revue d'histoire du cinéma (n°95, hiver 2020) célèbre le centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini en s'attachant aux rapports de filiation et de rejet que le poète et cinéaste entretint avec le dirigeant révolutionnaire et théoricien marxiste Antonio Gramsci (Point de vue d'Anthony Crézégut), ainsi qu'avec un hommage inédit en français de Bernardo Bertolucci à celui qui fut son maître, et d'autres documents relatifs au cinéaste. Federico Lancialonga et Chloé Folens décrivent les archives du mouvement militant italiennes. Parmi les études et un des documents d'Archives, c'est la question du film sur l'art sur laquelle revient Joséphine Haillot à partir de l'entreprise de Lauro Venturi dans le domaine de l'édition comme du cinéma, en l'occurrence son travail sur le peintre Pierre Bonnard. Stanislas de Courville étudie les relations entre le poète russe Alexandre Blok et l'écrivain Andréi Biély autour de la notion de « baraque de foire » avec laquelle ils appréhendent le cinéma naissant. Maria Ida Bernabei de son côté étudie la place des animaux dans les films documentaires que les salles d'avant-garde des années 1920 chérissaient. La partie Chroniques propose des comptes rendus détaillés de festivals patrimoniaux, livres, revues et DVD concernant l'histoire du cinéma.