Le concile Vatican II, qui espérait réconcilier l'Église et le monde moderne, a très vite suscité des remous chez les clercs comme chez les fidèles. Ses décisions commençaient tout juste à être mises en oeuvre quand survint l'onde de choc de Mai 68, qui plongea plus encore le catholicisme français dans une période de fortes turbulences jusqu'à la fin des années 1970.Certains pensent que l'Église ne s'en est pas remise, emportée depuis lors dans une spirale de déclin. D'autres estiment que cette agitation n'a fait que précipiter une reconfiguration qui serait advenue de toute manière, du fait de la sécularisation de la société contemporaine et de la montée de l'individualisme.Revenant à la fois sur quelques questions révélatrices de ce qui s'est joué alors et sur certains acteurs qui furent au coeur de cette crise catholique, ce livre se propose d'éclairer une scène ecclésiale souvent complexe et parfois confuse, dans une période cruciale - excitante et vertigineuse à la fois - dont l'héritage est aujourd'hui fortement controversé.
Yvon Tranvouez est professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Brest, membre du Centre de recherche bretonne et celtique (EA 4451). En 2017 est paru sous sa direction Les Catholiques bretons dans la Grande Guerre.
La Bretagne catholique a longtemps été une évidence, et voilà qu'elle ne l'est plus. On se souvient de sa puissance d'hier, on s'étonne de son effacement d'aujourd'hui. Pour souligner cette différence des temps, ce livre, qui fait varier les focales, associant explorations singulières et considérations générales, examine deux temporalités. D'abord, « le moment 1905 », c'est-à-dire la période qui va des années 1880 à la Première Guerre mondiale et pendant laquelle, face à la politique anticléricale de la Troisième République, l'emprise du catholicisme en Bretagne n'a sans doute jamais été aussi forte. Ensuite, « cent ans après », la marginalisation de ce même catholicisme, au terme d'un processus de déconnexion de la religion et de la culture moderne dont les signes avant-coureurs n'avaient pas manqué depuis 1950. Sans préjuger de l'avenir de nouveaux styles d'existence chrétienne, modestes, diversifiés et circonscrits, dans une société sécularisée, on voudrait mettre en évidence, par ce puissant contraste de deux époques, la disparition du catholicisme breton traditionnel, si prégnant encore au début des années 1960 et désormais quasiment réduit à sa dimension mémorielle et patrimoniale.
En France, il n'y a pas si longtemps, le catholicisme occupait le territoire et scandait le temps. Il est devenu, dans notre société, affaire de réseaux et de rassemblements ponctuels. Nous étions hier dans un catholicisme de convention, largement partagé, et nous voilà aujourd'hui dans un catholicisme d'élection, réduit à une minorité. Entre ces deux moments, des années 1880 aux années 1980, s'est déployé un catholicisme d'action, porté par un puissant mouvement catholique dont on n'a plus idée.
A travers des approches croisées, ce livre essaie de rendre compte de la corrélation paradoxale entre une dynamique apostolique impressionnante et une crise religieuse spectaculaire, en prêtant particulièrement attention à la question cruciale du progressisme chrétien, posée par l'engagement de certains catholiques de gauche aux côtés des communistes.
L'ébranlement des consciences croyantes les plus investies dans le monde moderne est le fil rouge de cet ouvrage qui s'achève, comme en contrepoint, par un portrait de groupe de l'épiscopat français, cette "hiérarchie", gardienne de la tradition catholique, si souvent critiquée par les milieux dont il est ici question.
L'ouvrage ne propose pas une nouvelle histoire du catholicisme breton au 20ème siècle, mais s'intéresse aux évolutions et aux acteurs qui ont fait cette histoire. Il aborde aussi bien des portraits de catholiques bretons (clercs, laïcs, hommes et femmes) que les questions majeures auxquelles ont été confrontés les catholiques bretons : la question bretonne, le scoutisme, les mouvements d'action catholique spécialisés, les chrétiens progressistes, etc. Par ces thèmes, l'auteur donne l'occasion au lecteur de côtoyer, tout au long du 20ème siècle, les transformations et mutations du catholicisme en Bretagne à travers ses acteurs locaux, l'ambivalence des résultats de ces évolutions.
L'ouvrage donne un état du chantier de la réflexion des historiens sur le siècle passé des catholiques bretons.
Effondrement de la pratique religieuse, chute des vocations sacerdotales et religieuses, paroisses sans prêtre, églises fermées : le catholicisme breton, qui faisait naguère partie des évidences communes, semble aujourd'hui frappé d'un déclin inexorable. Et pourtant, animé de nouvelles dynamiques, il rassemble encore des foules que bien d'autres organisations lui envient, cependant que la richesse de son patrimoine suscite dans le public un intérêt croissant. Que lui est-il arrivé ? Quel sera son destin ? Rassemblés à l'initiative du Centre de Recherche Bretonne et Celtique, treize chercheurs ouvrent ici des pistes de réflexion.
" ne craignez pas pour ceux que vous laissez, disait-il.
votre mort en les blessant va les mettre au monde ". l'oeuvre de jean sulivan, alias joseph lemarchand (1913-1980), prêtre atypique du diocèse de rennes, journaliste, animateur du ciné-club de la chambre noire, auteur et directeur de collection chez gallimard, s'avère aujourd'hui d'une étonnante actualité. en croisant différentes approches - historiques, littéraires, cinématographiques, théologiques - et en donnant la parole à ceux qui l'ont connu hier ou qui le découvrent aujourd'hui, ce livre est d'abord une invitation à lire ou à relire celui qui se disait un passant et qui fut un passeur, plus présent que jamais.
" ecrire, affirmait-il encore, c'est se mettre en état de rupture et non pas revenir au passé, toujours si merveilleusement vécu par nos ancêtres qui étaient bons, généreux, pieux, patriotes ! fini tout cela. [...] la nostalgie trahit quelque chose. on ne peut être que contemporain. vivre ici et maintenant. ou bien l'incarnation est une imposture. comment sans blasphémer ne plus en finir de rêver du passé oe"
Un peu plus de 40 % des lycéens bretons sont scolarisés dans l'enseignement privé. L'essor des établissements secondaires catholiques doit beaucoup aux religieux, aux religieuses et aux prêtres diocésains, qui ont progressivement laissé la place aux laïcs dans la seconde moitié du XXe siècle. Agrémenté d'une iconographie inédite, cet ouvrage présente cet univers foisonnant et son histoire souvent méconnue, et souligne l'ampleur des changements survenus au fil des décennies, montrant comment l'enseignement catholique breton a su s'adapter à l'évolution de la société.