Yuichi Yokoyama
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Dans de vastes étendues désertes, de lourdes machines s'affairent à briser la roche, écraser ou forer le sol, ériger des montagnes, canaliser de l'eau, transformer des matériaux, trancher, malaxer, comprimer, broyer, recouvrir... À la suite de ces dispositifs mécaniques, des individus, mi-participants mi-observateurs, tantôt jaugent ces travaux titanesques et s'en étonnent, tantôt semblent y apporter leur concours. Que sont ces travaux ? Qui les ordonne ou les dirige ? En quel but ? Où sommes-nous ? Qui sont ces personnages masqués et étrangement accoutrés ? Quelles que soient leur nature ou leur statut, leur ambition paraît en tout cas atteindre son comble lorsque, face à un paysage nouveau radicalement façonné, placés au coeur de gigantesques artefacts, ils lèvent ensemble les bras et laissent éclater des cris de pur enthousiasme : « Waaaaa... »
Avec ces huit récits démiurgiques regroupés sous l'intitulé Travaux publics, Yûichi Yokoyama posait, en 2004, les fondations d'un monde qu'il allait par la suite s'attacher à décrire sans relâche, à travers de nombreux ouvrages, parmi lesquels Voyage, Jardin, Explorations, La Terre de glace, et plus récemment Plaza, tous publiés aux Éditions Matière. Cette nouvelle édition - augmentée de trois récits inédits et de photographies de paysages-chantiers prises par Yokoyama - célèbre 20 ans de Travaux publics. -
Les quatorze récits regroupés dans cette nouvelle édition de Combats répondent à un schéma narratif unique : un gang d'individus masqués et costumés entre par effraction dans un lieu, y affronte une autre bande de types masqués et costumés, puis s'en échappe. Il s'agit chaque fois de se rendre d'un point A vers un point B en occasionnant un maximum de casse et en défaisant un maximum d'adversaires, tandis qu'au plus haut de la forteresse ennemie, en son coeur le plus retiré et le plus dangereux, se tient un boss à neutraliser...
De ce synopsis de jeu vidéo d'arcade, Yûichi Yokoyama tire d'inlassables combinaisons de formes, enchaînements d'actions, inventions de situations et d'images. Dans des décors géométriques rendus hostiles par l'accumulation d'onomatopées agressives, ses personnages font feu de tout bois. Sabres, assiettes, couteaux, robinets, canons, fleurs en pot, roquettes ou livres sont indifféremment placés au service d'un intense déferlement d'actions sans affect, sans réalisme ni morale, dont il reste impossible de cerner les motivations. Prenant tour à tour l'allure de missions commando, d'expéditions punitive ou de guerres mafieuses, ces affrontements paraissent, à l'image de la bande dessinée qui les porte, venir de nulle part et vite s'y enfuir.
Vingt ans après sa première parution, cette réédition de Combats est augmentée de cinq récits inédits, d'un texte de présentation largement illustré, et d'un entretien avec l'auteur. -
Plaza est un défilé de carnaval frénétique qui n'offre aucun moment de répit, qui jamais ne trahit aucune baisse de régime : sur une sorte de tapis roulant qui fait office de scène défilent de gauche à droite, a contrario du sens de lecture, les objets les plus hétéroclites, les assemblages et les acrobaties les plus grotesques, tandis que le public en contrebas, régulièrement rudoyé et même agressé physiquement, manifeste une ferveur croissante, une excitation qui confine à l'extase mystique.
Plaza est une fête dyonisiaque mécanique, un spectacle grandiose qui célèbre pêle-mêle les origines de l'univers, l'animisme, les dieux, les objets manufacturés, le dévouement, la célébration elle-même, le totalitarisme et la quatrième dimension. Plaza est une fantasmagorie visuelle à demi dissimulée derrière les lourdes onomatopées qu'engendrent son tumulte. Plaza est une cérémonie dédiée au mouvement, à la dynamique des formes et à la fantaisie, au chaos et à la création.
Plaza est un nouveau et joyeux manifeste de Yokoyama en faveur d'une bande dessinée libre.
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Par une brèche dans un mur, une foule de plusieurs centaines de personnes pénètre dans le jardin et découvre peu à peu ce vaste territoire interdit constitué d'une succession de paysages artificiels animés de mouvements automatisés. Le jardin est un décor désert, habité uniquement de dispositifs mécaniques, de cliquetis, de chocs et de grincements, un lieu sans orientation ni logique qui paraît généré au fur et à mesure de la curiosité qu'il suscite.
Un lieu probablement sans fin, voué à l'inouï, à l'extraordinaire, à l'invention...
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Trois personnages - hommes ? Robots ? Extraterrestres ? Mutants ? - en cherchent un quatrième dans un pays de glace et de neige. Leur enquête les conduit à rencontrer d'autres personnages - hommes ? Robots ? Extraterrestres ? Mutants ? - aux moeurs étranges et aux goûts violents. Ce nouveau volume très attendu de Yokoyama est présenté par son auteur comme une suite possible de La Salle de la mappemonde. On retrouve en effet de l'un à l'autre quelques protagonistes qui pourraient nous être familiers s'ils n'étaient si taciturnes et la même ambiance sombre, une atmosphère épaisse de violence latente, de crime dissimulé sous la glace. Comme dans La Salle de la mappemonde, le dessin énergique, saturé, presque frénétique de Yokoyama établit une tension inouïe avec l'attitude distanciée et le calme apparent des protagonistes. Il n'est pas indifférent que la figure emblématique, presque totémique, de ce récit soit le requin...
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La trame de cet opus de Yûichi Yokoyama est aussi linéaire qu'elle est claire : Voyage est la longue, et silencieuse, et cristalline description d'un périple ferroviaire entrepris par trois hommes. Le sujet embrassé par Yokoyama est moins ce trajet en train pourtant (les distances franchies, le territoire parcouru...) qu'un trajet dans le train. Un voyage dans le voyage.
Sitôt le train parti, en effet, les personnages entreprennent de traverser le convoi. Les personnages sont alors confrontés à l'architecture, à l'aménagement de la machine. Ils sont confrontés par-dessus tout aux regards et aux corps des autres passagers : dans le train on s'observe, on se croise, on se regarde passer, on se gêne, on se rencontre parfois. Si bien que ce Voyage consiste d'abord, consiste avant tout à traverser des visages. Succession de portraits avec à la fin peut-être, tout au bout, mais tout au bout seulement, la promesse d'une ouverture, d'un paysage.
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On savait les personnages créés par Yûichi Yokoyama enclins à la déambulation (Voyage) et à la découverte (Jardin). Dans ce nouveau volume, ils abordent des contrées plus désertes et plus sauvages qu'à l'accoutumée qui les conduisent à se muer en explorateurs. Confrontés à de vastes paysages naturels et inhabités, nos aventuriers, tantôt solitaires, tantôt réunis en petits groupes, déploient des dispositifs d'exploration et d'observation diversement sophistiqués. Un missile-appareil photo, un rondin de bois aménagé en embarcation, une tente canadienne conditionnée en tube à l'instar d'une pâte dentifrice sont quelques unes des inventions mises en oeuvre pour assouvir leur commune passion : voir, voir, voir...
Explorations est un recueil de 3 brefs récits, dans la veine de Travaux publics et de Combats. Ainsi Yokoyama met-il encore une fois (brillamment) en scène son principal leitmotiv, qu'il s'agisse d'obtenir une série d'instantanés photographiques prise à 400 km/h au ras des pâquerettes, qu'il s'agisse d'observer les phases changeantes d'un déluge ou de se trouver au beau milieu du passage d'un troupeau d'antilopes au galop, il s'agit toujours de voir, contempler et décrire.
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Trois hommes costumés et masqués s'aventurent dans une ville inconnue.
Formant une sorte de commando en mission, ils sont à la recherche d'un lieu, d'un objectif qu'ils ne connaissent qu'approximativement. Au détour d'architec-tures oppressantes, ils sont vite confrontés à d'inquiétants groupes d'hommes en uniforme. La tension nouée entre les protagonistes, autant que la pesanteur des situations, laisse craindre l'imminence d'un drame. Que font ici ces milices urbaines ? Qu'est-ce qui justifie qu'elles se comportent en maîtres des lieux ? Quelles activités sont réellement les leurs ? Trafic ? Crime à grande échelle ? Déprédation ? Attentat ? Putsch militaire ?.
En dépit de ces rencontres, nos trois hommes parviennent à destination. Sans se départir de leur feinte nonchalance, ils se présentent au portail blindé d'une luxueuse villa. Le propriétaire des lieux, un dandy aux airs mystérieux, les laisse pénétrer au coeur de cette forteresse dont il semble avoir l'usage exclusif. Après leur avoir offert quelques verres d'alcool, après les avoir menacés d'une arme à feu, il leur accorde cependant le privilège d'accéder à son très vaste jardin et à une bibliothèque unique en son genre : la salle de la mappemonde.
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Baby boom est un recueil de récits animés par deux personnages récurrents, un « oiseau » (l'animal à tête noire sous le masque duquel l'auteur aime se figurer) et un « poussin », engagés, à deux ou en groupe, dans toutes sortes d'activités propres à l'enfance : cerceaux, cubes, baignade, pliages, dessin, goûter, constructions, bacs à sable, sauts dans les flaques...
Dessinant vigoureusement à l'aide de deux couleurs de feutres, Yokoyama a laissé à ses dessins leur fraîcheur d'esquisses. Par leur (apparente) rapidité d'exécution, par leurs contrastes colorés, ses planches sont de cette façon le prolongement évident et communicatif de la joie frénétique de l'oiseau, du poussin et de leurs camarades de jeux.
Nouvelle clé d'accès à une oeuvre parfois injustement jugée austère, sérieuse et froide, Baby boom est le livre de l'enthousiasme par excellence. Il expose pour la première fois au grand jour l'un des ressorts les plus puissants de l'artiste : sa part d'enfance. -
Au moyen de douze récits rapides, géométriques, incisifs, Nouveaux corps (après Travaux publics, Combats, Voyage et Jardin) poursuit l'exploration méthodique de l'univers du plus singulier des auteurs de bande dessinée.
Un homme photocopie son costume-cravate, taille les images obtenues et les ajuste au scotch sur le corps de son camarade. Un type improvise un masque à partir des pièces d'un ventilateur. Un troisième se confectionne une casquette au burin dans un bloc de roche. Des individus se laissent asperger de colle en bombe avant de se jeter dans des bacs emplis de balles, de feuilles, de graviers. Et ce ne sont que quelques exemples... Voilà de quelle manière on revêt son corps, et voilà à quoi on l'emploie dans le monde robotique, opaque et énigmatique de Yûichi Yokoyama.
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Men visit a city. They watch aeroplanes departing and arriving at an airport. They go on board a ship and across a river. Finally they arrive at the building that is their destination. A man guides them to the """"world map room"""". It seems they have an appointment there, although there is no description about the appointment. They see the books on the shelves and have some desultory conversation. Then they go to the courtyard and carry on the conversation. They reach a pond with a sunken ship. The guide starts to explain the ship's history. The book ends.
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Par une brèche dans un mur, une foule de plusieurs centaines de personnes pénètre dans le « jardin » et découvre peu à peu ce vaste territoire interdit constitué d'une succession de paysages artificiels animés de mouvements automatisés. Le « jardin » est un décor désert, habité uniquement de dispositifs mécaniques, de cliquetis, de chocs et de grincements, un lieu sans orientation ni logique qui paraît généré au fur et à mesure de la curiosité qu'il suscite. Un lieu probablement sans fin, voué à l'inouï, à l'extraordinaire, à l'invention...
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Travaux publics présente une série de chantiers colossaux, énigmatiques, et pour tout dire impossibles. De ceux qui construisent on ne sait rien. De ceux qui commandent ou ordonnent les travaux moins encore. Yûichi Yokoyama ne donne à voir que la massivité des rochers, l'étendue des plaines et du ciel, le fracas des matériaux, le travail.
Le dessin de Yokoyama aussi bien que ses personnages, leurs (absences de) motivations, les actions auxquelles ils se livrent restent étrangers aux codes et aux habitudes propres à la bande dessinée -japonaise aussi bien qu'occidentale. Ici, la narration s'efface pour rendre à la bande dessinée son matériau, le dessin, et sa vocation: l'agencement des formes.
Ce que Yokoyama met en scène n'est rien moins, et rien d'autre, que la création.