Pour fêter les vingt ans de leur rencontre au bas des marches du métro Saint-Paul, Daphné et Hadrien ont organisé une soirée à thème : chacun de leurs amis doit porter un déguisement évoquant une station de métro. Mais la fête tourne au drame. L'un des invités tombe mystérieusement du balcon et se tue. Et quelques mois plus tard, c'est au tour d'un autre convive de se rompre le cou en dégringolant des escaliers. Qui sera le suivant ? Quel est le lien entre la fête, les convives, les serveurs qui officiaient, et notre intense désir de réparation ?Dans ce très beau livre, rythmé comme une partition, Sylvie Germain nous fait peu à peu pénétrer dans le coeur des ténèbres de l'homme. Elle nous rappelle ici plus intensément que jamais que le désespoir n'exclut ni l'espérance ni la consolation. Sylvie Germain parle à notre coeur et à notre intelligence et touche juste une fois de plus. Lire-Magazine littéraire Un fascinant roman. ELLE
C'est un avis de recherche collé sous un abribus qui fait replonger Nathan au coeur de sa jeunesse. Le vieil homme qui a disparu s'appelait Gavril et il a enchanté son enfance, lui ouvrant les portes de la poésie, du rêve et de la joie alors qu'il menait une vie triste et morose auprès d'une mère qui ne l'aimait pas.Nathan décide alors d'enquêter sur l'ami prodigieux, dont il ne savait pas qu'il était roumain et qu'il avait été emprisonné dans les goulags de l'après-guerre, et il dénouera au fil de son enquête les secrets bien gardés de son histoire familiale.
« Il sourit, d'un air las, amer, car lui aussi, lui plus que quiconque, aimerait savoir qui il est exactement. Pour l'heure, il sait seulement qui il n'est pas, qui il n'aura jamais été et ne croira plus jamais être : le fils des Dunkeltal. Une délivrance. Mais il se sent un défroqué - de son nom d'emprunt, de sa fausse filiation -, avec, pour toute identité de remplacement, le nom d'un ours en peluche. Un nom que, faute de mieux, comme dans le passé, il se réapproprie.
Magnus. Alias Magnus. Sous ce vocable fantaisiste, il décide d'entrer enfin l'âge d'homme. »
L'univers romanesque de Sylvie Germain est hanté par d'étranges forces, d'inquiétants personnages. Franz, le héros de Magnus, est né avant la guerre en Allemagne. De son enfance, il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu'au jour de sa naissance. Il lui faut tout réapprendre, ou plutôt désa pprendre ce passé qu'on lui a inventé et dont le seul témoin est un ours en peluche à l'oreille roussie : Magnus.
Dense, troublante, cette quête d'identité a la beauté du conte et porte le poids implacable de l'Histoire. Elle s'inscrit au coeur d'une oeuvre impressionnante de force et de cohérence qui fait de Sylvie Germain, prix Femina pour Jours de colère, un des écrivains majeurs de notre temps.
Il est des moments innombrables où Dieu se tait. Où le cri de l'homme se heurte au silence, renvoyé par l'impla-cable écho. De ce silence de Dieu, de cette absence d'amour, le siècle passé comme celui qui s'ouvre portent les stigmates avec leur cohorte de charniers, de génocides et de catastrophes naturelles. Toujours à reprendre, le cri de Job révolté devant la souffrance, l'injustice et l'absurde demeure d'actualité. C'est le point de départ de ce texte où se croisent littérature et spiritualité, pour se mettre à l'écoute des échos de ce silence irradié de résonances...
Son obscure naissance au coeur d'une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S'il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l'espèce animale, dont une corneille qui l'accompagne depuis l'origine.
À la table des hommes tient autant du fabuleux que du réalisme le plus contemporain. Comme Magnus, c'est un roman hanté par la violence prédatrice des hommes, et illuminé par la présence bienveillante d'un être qui échappe à toute assignation, et de ce fait à toute soumission.
Des passants se croisent dans un square, s'observent, se jaugent furtivement. Quelques jours plus tard, forcés à la réclusion, ils se trouvent confrontés à eux-mêmes, à leur vie intérieure et à la part d'inconnu, de vide ou de chaos qu'elle recèle.
Un soir de pleine lune qui transforme le ciel au-dessus de la ville confinée en un miroir étrange, l'ordinaire des êtres se renverse en extraordinaire et chacun sent sa vie vaciller.
C'est en remarquable observatrice de ses contemporains que Sylvie Germain nous convie à cette valse mélancolique, éphémère constellation de vivants, où le tragique se mêle à la tendresse et à la dérision, le vertige de l'esseulement à la force de l'amitié.
La première des " petites scènes capitales " pour Lili, c'est celle d'une photo que lui montre sa grand-mère, il y a une mère et son bébé, le bébé c'est elle, la mère a disparu. Quand son père se remarie elle se trouve à 5 ans avec trois soeurs et un frère par alliance, avec ce décalage de fille unique qui peine à comprendre les relations familiales et que l'adolescence rend plus opaques.
L'aînée devient rebelle, le garçon veut devenir moine, la cadette meurt et chacun part loin du foyer. Seule Lili reste en témoin muet de la tragédie familiale qui n'en a pas fini de révéler ses secrets, puis s'en va elle aussi étudier à Paris, change de cap en mai 68 pour l'expérience communautaire, poursuivant une quête de soi tâtonnante, traversée de rencontres, d'éblouissements solitaires, de révélations dont elle ne sait que faire.
Plus qu'un roman familial c'est la recréation de scènes qui ont marqué les personnages, de l'enfance à l'âge adulte, de manière indélébile et souvent sous forme d'évocations très visuelles que Sylvie Germain explore. Elle en déroule le questionnement intime : secret des origines, terreur enfantine de l'abandon, constitution toujours incertaine de soi, effarement devant le mal et aussi, ce que l'amour veut dire, comment vivre avec ses morts, comment répondre à un appel plus grand que soi.
En une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu'à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufragés qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.
Il est des moments innombrables où Dieu se tait. Où le cri de l'homme se heurte au silence, renvoyé par l'impla-cable écho. De ce silence de Dieu, de cette absence d'amour, le siècle passé comme celui qui s'ouvre portent les stigmates avec leur cohorte de charniers, de génocides et de catastrophes naturelles. Toujours à reprendre, le cri de Job révolté devant la souffrance, l'injustice et l'absurde demeure d'actualité. C'est le point de départ de ce texte où se croisent littérature et spiritualité, pour se mettre à l'écoute des échos de ce silence irradié de résonances...
Les arbres généalogiques ont parfois des racines incertaines, tordues, cachées qui donnent des enfants aux blessures secrètes et aux conduites imprévisibles.
Chez les Berynx, on trouve le lot ordinaire de patriarches puissants, de mères effacées, d'enfants fragiles et de malheurs. Sabine, la belle-fille, a quatre enfants, son mari s'est tué en voiture. Leur cadette Marie s'en est sortie avec un pied en moins. Sabine a repris l'affaire et engagé Pierre, un inconnu rencontré un soir, déguisé en Père Noël. Il va devenir leur ange gardien, surtout celui de Marie, fillette révoltée, qui vit en compagnie d'une Zoé imaginaire, qui aime les arbres, les mots et le vent. Dix ans plus tard après une fête familiale, Pierre disparaît, pour ne réapparaître furtivement que huit ans après, éconduit par la domestique qui lui reproche son abandon.
Un roman où chacun travaille à cette construction de soi qui ne peut se faire que dans le dénouement du lien familial, après en avoir exorcisé le lot des responsabilités et des douleurs. Chaque personnage apparaît comme un mystère à lui-même, nimbé d'un rêve incertain qui lui fait échapper au temps contemporain. Personnage fascinant, énigmatique, bon, sage et insensé, Pierre, dont certains traits rappellent Magnus, est le catalyseur de cette histoire envoutante, singulière et profondément humaine qui passe des drames de la Seconde Guerre mondiale aux errances solitaires des années 80.
« Qu'en est-il de 'Dieu' ? Est-ce une invention, et si oui, de quel type: une oeuvre géniale créée par l'imagination humaine, une découverte insoupçonnée, inimaginable, opérée par voie de révélation, une pure fiction construite sur fond de peur et de désir, un mensonge phénoménal concocté pour les naïfs?
On peut opter pour une signification unique et s'y tenir sa vie durant, ou migrer d'un sens à un autre au fil du temps. On peut aussi déambuler sans fin, en zigzag et en spirale, autour d'une seule signification qui s'impose plus troublante et magnétique que les autres, pour l'interroger, encore et encore.
Et si celle-ci, aussi sapée, criblée de doutes, de points critiques et de pénombres soit-elle, coïncide avec les données de la religion reçue en héritage par voie du hasard de la naissance, alors ce hasard se transforme progressivement en aventure, et l'aventure en destin, à force d'être sans cesse relancée, poursuivie. » Le Monde sans vous était une méditation sur l'absence des défunts qui nous laisse « sans voix », dans une stupeur irrémissible. Or, pour Sylvie Germain, c'est précisément au coeur de ce silence que peut advenir la possibilité de se mettre à l'écoute d'un écho de cet « absolu du Loin » vers lequel sont partis les défunts.
Question de « foi », sans doute.
Récits, hommage à ses parents disparus, dont tout lecteur ne peut que ressentir la puissance, l'émotion et la beauté.
Dans Variations sibériennes, Sylvie Germain évoque un voyage dans le Transsibérien juste après la mort de sa mère. Tout en s'imprégnant de cette « terre qui dort » où reposent mammouths et princesses de l'Altaï, elle convie les poètes Pasternak, Akhmatova, Cendrars, Mandelstam, mais aussi les esprits, les légendes, tout ce qui fait l'âme d'un peuple, et fait offrande de ce paysage enténébré, douloureux, vivant et magnifique à sa mère qui ne le verra plus.
Dans Kaléidoscope, c'est le père qu'elle convoque. Issu d'une lignée d'horticulteurs qui recherchaient le secret de la rose noire, il cultivait les mots et les paysages intimes dont elle retrouve le mystère dans les tableaux de Piero della Francesca ou de Patinir.
À l'approche des nazis en 1941, André Breton et les surréalistes réfugiés à Marseille continuent à pratiquer l'art du jeu. Ils réinventent le tarot, dont ils conservent le principe des séries mais transforment les dénominations et les figures. Rebattant à nouveau les cartes, Sylvie Germain propose dans ce livre son propre jeu pour évoquer Marseille à travers de brefs tableaux. Un texte kaléidoscopique, d'une grande finesse, embrassant pourtant la ville dans toute son ampleur, sa diversité, son passé et sa modernité, entre histoire et mythologie.
Une iconographie inédite : cartes originales des surréalistes (Max Ernst, André Breton, Victor Brauner ou encore André Masson), images d'archives et photographies contemporaines de Tadeusz Kluba.
Le 25 mai 2013, Sylvie Germain était élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Le 31 mai 2014, Gabriel Ringlet la recevait avec un discours d'une qualité et d'une profondeur d'analyse rarement entendues à propos de cet écrivain majeur, qui partage avec lui une sensibilité très littéraire, voire poétique du christianisme. Sylvie Germain lui répond en faisant l'éloge de Dominique Rolin (1913-2012), auteur Gallimard / Denoël dont elle hérite du siège.