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Roger Gonnet
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Toutes amarres rompues, à peine lesté de textes brefs, l'esquif Poésie poursuit sa course car dans la chute / reculer n'a plus de sens. Le nautonier nocturne, cet allumeur d'étoiles, se dit pourtant à lui-même : Tu ne sais pas ce que tu cherches, hors du temps ! À lire l'auteur d'une escale à l'autre, on médite le rêve catapulté / sur un bourbier d'images et l'on participe à l'ordre de l'érosion même si, malgré la victoire finale du sable, la lumière sur l'arbre continue de flamber : c'est, pour le navigateur solitaire, le plus sûr (ou le seul ?) fanal.
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Les poèmes denses et justes de Roger Gonnet sont des instants de silence et de ciel que le regard creuse jusqu'aux racines du temps. L'arbre aussi scrute un paysage qui n'a pas bougé d'un pouce - et la lumière que la nuit déchire nous est rendue, plus vive, plus tranchante, comme une onirique splendeur. Mais quand l'herbe nous salue, nous restons quelque peu incrédules : on ne se prémunit pas contre les assauts du sel et de la ferveur.
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« Sur votre visage, il n'y aura plus d'ombre », dit le psaume. Roger Gonnet, lui, écrit contre la « décoloration du temps » quand « tout s'atténue, s'adoucit, s'efface » : « Sur la joue un fugitif éclat / comme si le bonheur / perçait sous les larmes ». Il y a de la nostalgie dans cette poésie qui ramène le propos à l'essentiel, car tout poème vrai vient du silence pour y retourner : « À de telles profondeurs / tu crois toucher l'éternité ».
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Tout passe.
Rien ne tient. Exceptés peut-être ces fils chauds des mots quand le poète les tresse aux doigts d'une autre langue. Dans ses images alors la nuit délivre ses fontaines. À l'eau qui éclaircit le pays, le silence fait escorte jusqu'aux broussailles où il se prend un moment.
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La Traversée aveugle nous parle, avec la secrète mélancolie d'un souffle économe et maîtrisé, de notre chemin de vie, à tous et à chacun.
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" ii est plus aisé d'accuser un sexe que d'excuser l'autre.
" montaigne, les essais.
" leurs seuls buts dans la vie d'autrefois : le fric, les femmes et les bagnoles. réussir, séduire, conduire. et aujourd'hui : pas d'emmerdes, pas de responsabilités, pas de vagues. " claude sarraute, des hommes en général et des femmes en particulier.
" les hommes supposent volontiers que la femme nourrit à leur égard des rêves de castration. " simone de beauvoir, le deuxième sexe.
" vous, les hommes, vous ne demandez rien. sauf tout, mais juste pour la durée de vos désirs. " doris lessing.
" sans le féminisme, je n'aurais jamais deviné que ma femme était opprimée et que j'étais un sale phallocrate. " wolinsi, la morale.
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Nous vivons d'éclats, les remous n'y changent rien. Nous écartons la nuit pour mieux rendre grâce à la beauté offerte. Nous allons vers la lumière comme l'été vers le soleil. Nous imaginons la mer qui scintille et le ciel toujours bleu. Nous traversons la vie comme nous traversons la rue au soleil. Nos mains s'appuient sur la tendresse d'une vie où le bonheur nous appelle. Nous sommes prêts à en recevoir les "éclats".
Roger Gonnet.