Pierre Miquel
Les Enfants de la patrie
La Tranchée **
Septembre 1914 : Léon est mort au front. Il laisse une épouse, une mère, désormais seule pour diriger loeexploitation agricole de loeAllier, et trois frères frappés par loeinjustice de son sort.
A loearrière, on veut encore croire à une guerre éclair. Au front, loeheure noeest plus à la victoire en chantant. Les classes 16 ont été levées, des jeunes de dix-neuf ans prennent les armes.
Raymond, le benjamin des fils Aumoine, est du lot. A Verdun, cette forte tête se révèle un as du téléphone de campagne, indispensable pour la coordination des fronts au sol et dans les airs. Julien, loeartilleur, passe le sombre hiver 1915 dans le Soissonnais, soeépuisant en offensives et contre-offensives. Jean, accablé par la disparition de Clelia, la belle aristocrate allemande qui loeaida à soeévader des prisons ennemies, se porte volontaire pour les missions doeespionnage les plus dangereuses dans les cavernes de loeAisne.
Coeest parce quoeil les aime, ces braves et humbles poilus, sacrifiés du champ doehonneur, que Pierre Miquel leur redonne vie. Et rompu à loeart du récit, il livre des pans secrets de cette funeste épopée ? commerce de femmes, évacuation de populations indésirables, dénonciations. Sombre répétition de tragédies à venir.
Pierre Miquel
Le Vent mauvais de Salonique
La Poudrière d'Orient **
31 décembre 1915. L'expédition franco-britannique des Dar-danelles s'est achevée dans le sang. Du pont de l'Algérie, les
rescapés de l'enfer découvrent Salonique. Sitôt débarqués, ils sont emprisonnés dans un camp insalubre cerné de barbelés et d'espions.
Constantin, le roi des Grecs, affiche son amitié pour les Allemands. Dans l'ombre, le baron prussien Schenk manipule l'opinion. Le général Sarrail a beau se battre sur tous les fronts, il reste pris en tenailles entre Grecs et Bulgares, tandis que les Anglais observent et attendent.
Paul Raynal survit au nom d'un seul espoir : retrouver Carla,
l'infirmière rencontrée sur le port de Marseille. Emile Duguet infiltre les services de renseignements ennemis. Chargé de nettoyer la région des terroristes à la solde des Bulgares, Edmond Vigouroux parcourt les montagnes, accompagné d'Alexandra, la jeune institutrice grecque dont il est épris.
Insolations, typhus, moustiques ravagent les troupes plus rapidement que les combats eux-mêmes. Des ruelles de Salonique aux lambris des salons de Sofia, les soldats sillonnent une poudrière de nationalismes. Ainsi va l'Histoire dans ces Balkans loin d'être unifiés. Ainsi va l'amour dans cet Orient tragique où chaque jour est le jour le plus long.
La suite intitulée La Poudrière d'Orient comprend :
1. L'Enfer des Dardanelles
2. Le Vent mauvais de Salonique
3. Le Guêpier macédonien
4. Le Beau Danube bleu
Juillet 1918. À Paris, le défilé symbolique du 14 Juillet ne peut masquer l'affreuse réalité. L'armée allemande progresse, l'avantage est à l'ennemi. Dans la capitale bombardée, on a peur, les cris des victimes retentissent. Si l'arrivée régulière des renforts américains fait naître l'espoir, l'arrivée non moins régulière des trains de blessés à la gare de l'Est, d'ailleurs interdite aux familles, sape le moral.
Dans la nuit du 15 juillet, sur tout le front de l'Est - aux portes de Reims, Châlons, Épernay-, les Allemands attaquent au même moment. C'est la plus grande offensive du conflit que Ludendorff, avec cinquante divisions galvanisées, vient de lancer contre les Alliés. Il veut en finir. Assiégée, Reims est la proie des flammes. Les habitants sont brancardiers, pompiers; masques à gaz autour du cou, les religieuses courent sans répit soigner des gens qui refusent, malgré les ordres, d'abandonner leur ville aux envahisseurs.
Non loin de là, à dix kilomètres du front, dans la petite église de Suippes, Suzanne la postière de Coulommiers, épouse Jacques Millet, son amant sauvé de la mort par l'intrépide caporal Jules Laffère, frère de la jeune femme. La violence des canonnades rythme ce mariage irréel. La poussière tombe, Suzanne se protège tant bien que mal sous une délicate écharpe de soie blanche, elle pense à l'enfant qu'elle va mettre au monde. Et pendant ce temps-là, baïonnette au canon, Corréziens, Bretons, italiens, mais aussi Sénégalais - « la force noire » - se battent au corps à corps contre les Allemands.
Le temps de la guerre est de tous les temps comme le temps d'aimer. Et, défaite ou victoire, les enfants morts pour la patrie ne reviennent jamais. Fraternité, courage, passion, telles sont les énergies qui soulèvent l'oeuvre de Pierre Miquel, le plus grand conteur de la der des der.
Comme Verdun ou les Éparges, Vimy compte parmi les pages les plus sanglantes de la Première Guerre mondiale. Parce que la ville domine et protège Lens, ses mines et ses terrils, les Allemands en ont fait une forteresse imprenable.
Attaquer cette position relève de l'impossible, mais Pétain en donne l'ordre : en mai 1915, il lance sa division marocaine au coeur des lignes ennemies. Au prix d'énormes pertes, la percée semble réussir. Joffre a promis des renforts, qui n'arriveront jamais. Plus de 130 000 hommes vont s'embourber dans ce succès militaire transformé en désastre par des erreurs de commandement.
Parmi les rares rescapés, se trouvait un volontaire nommé Blaise Cendrars...
Le chemin des dames reste dans toutes les mémoires le drame le plus effroyable de la première guerre mondiale.
Une offensive française, lancée le 16 avril 1917 sur l'aisne, aboutit à la perte de plus de 100 000 hommes en quelques jours, et cela sans résultat notable. héroïques, les unités engagées se rendirent compte que la percée promise par le général nivelle était illusoire.
Qui est responsable de ce carnage ? une commission d'enquête fut constituée par le gouvernement. mais les conclusions ne purent aboutir à une mise en accusation et le pouvoir ne souhaita pas poursuivre.
D'ailleurs, les politiques qui avaient choisi nivelle et l'avaient laissé faire n'étaient-ils pas également coupables ? pierre miquel rapporte ici l'événement dans toute sa complexité et son horreur, et se livre à une passionnante analyse des rapports entre pouvoir politique et pouvoir militaire.
Hallucinante pour les jeunes européens du début du siècle dernier, cette guerre ne le sera pas moins pour ceux d'aujourd'hui, évoquée par Pierre Miquel avec une puissance qui nous fait plonger dans un cauchemar presque à vif. Verdun et ses 500 000 morts vus d'avion par les yeux de Raymond, le mauvais garçon de la famille Aumoine. Cette forte tête est devenue un as des as du pilotage et, à bord de son Spad, il incarne l'« enfer de Verdun » qui fut aussi la première des grandes batailles aériennes.
Libéraux, les anarchistes ? Libertaires plutôt, acharnés à libérer l'individu de son principal oppresseur : l'Etat.
Ils se souviennent que des continents entiers ont vécu très longtemps sans Etat, et que le progrès décisif du monde est l'affranchissement de cette forme de domination totale. Terroristes, les anarchistes ? Certes, ils développent une action qui peut être meurtrière mais ils ne sont pas systématiquement des terroristes, de même que les terroristes ne sont pas des anarchistes si la cause pour laquelle ils luttent n'est pas la liberté.
Dépassés, les anarchistes ? Assurément non, puisque les politiques d'aujourd'hui n'ont rien de plus pressé que de leur voler leurs idées : les cogestionnaires à Proudhon ; les antimarxistes à Bakhounine et les écologistes à Elisée Reclus. Et si l'anarchisme, après avoir survécu à tant de luttes tragiques, de la Commune à la guerre d'Espagne, était au contraire, par sa pensée, plus vivant que jamais et préfigurait le combat de demain ?
Janvier 1917 : Raymond Aumoine se marie. A Montluçon, la place de l'église Saint-Pierre est noire de monde. On vient fêter l'un de ces aviateurs risque-tout, héros de Verdun, qui portent les derniers espoirs de l'arrière. On vient toucher du doigt ces jeunes amoureux miraculeusement réunis par la tourmente. On vient en secret rendre hommage aux siens morts au combat. Dans les yeux de Marie Aumoine, la mère, se lisent peur et résignation. Elle ose à peine se souvenir de l'été 1914 et des noces tragiques de Léon, son fils aîné, tué huit jours plus tard. Et Julien, son benjamin disparu depuis un an, n'a-t-elle pas accepté d'en faire le deuil ? Ainsi prend fin, par cette extraordinaire évocation, la suite romanesque de Pierre Miquel. Pour la première fois, l'histoire quotidienne d'une famille de la France rurale sacrifiée à la Grande Guerre. Le voyage au bout de l'enfer de ces millions d'hommes qui n'en sont pas revenus.
Attention : le premier volet de cette série " Les pantalons rouges " est épuisé. Cependant vous pouvez l'acquérir au format CD MP3
Septembre 1914 : Léon est mort au front. Il laisse une épouse, une mère, désormais seule pour diriger l'exploitation agricole de l'Allier, et trois frères frappés par l'injustice de son sort. En France, trois cent cinquante mille foyers sont déjà endeuillés. La tranchée ! On croyait tout savoir, on découvre ici la souffrance psychique de ces infortunés, la torture imposée continûment aux sens: vacarme des canonnades, lumières aveuglantes, paysages d'apocalypse où les membres humains pendent aux arbres déchiquetés, miasmes des milliers de corps en décomposition.
En ce Noël 1915, à Verdun, les soldats allemands brandissent des pancartes conciliatrices au-dessus des tranchées. Côté poilus, on s'apprête à déboucher de bonnes bouteilles. Soudain, peu avant minuit, les batteries françaises tonnent dans un vacarme d'enfer. Les représailles ne se font pas attendre. Un réveillon sanglant, dont l'artilleur Julien Aumoine se souviendra longtemps ! Croit-il ! Il lui reste à peine deux mois à vivre... Le plus jeune des frères Aumoine ignore que les manitous du premier conflit mondial rivalisent d'ingéniosité dans la fabrication d'armes dévastatrices.
Attention : le premier volet de cette série " Les pantalons rouges " est épuisé. Cependant vous pouvez l'acquérir au format CD MP3
Quand l'historien se fait romancier...
Ce volume rassemble trois des meilleurs romans historiques de Pierre Miquel, se déroulant en France au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.
- La lionne de Belfort : Automne 1917 : la dernière offensive, désastreuse, remonte au mois d'avril. Le conflit s'est enlisé dans une guerre de position. Après une escarmouche, le lieutenant de hussards Antoine de la Salle sauve la vie d'un simple fantassin, Jean Tardy. Désormais, entre eux, ce sera à la vie à la mort...
- Le Fou de Malicorne : Juillet 1943. Une bourgade au centre de la France, non loin de Montluçon. Immigrés espagnols et réfractaires au S.T.O ont pris le maquis. Les anciens combattants, eux, soutiennent le Maréchal. Les sympathies de la population vont aux uns ou aux autres, au gré des événements. Les affrontements restent feutrés... La folie guerrière va cependant s'abattre sur la ville et la diviser. Elle prendra le prétexte d'un conflit de générations entre un tout jeune homme, Maurice, maquisard par défi et motard par passion, et son père, un ancien poilu qui a eu le bras emporté à Verdun...
- Le Magasin de chapeaux : Dans le Paris de l'hiver 1944, Frédéric et Aïcha s'aiment. Il est juif allemand, elle est marocaine. Pendant que la ville entière se prépare à accueillir le Maréchal, ils se cachent dans les méandres du Quartier Latin. Un magasin de chapeaux est leur plus sûr refuge, tandis qu'autour d'eux se tisse le double réseau de ceux qui les aident et de ceux qui les traquent.oe La chronique d'une guerre anonyme et quotidienne que Pierre Miquel a lui-même vécue, adolescent, dans ce quartier de Paris qu'il connaît dans ses moindres détails...
janvier 1917.
il faut tenir à tout prix le front de salonique, résister, barrer à l'allemagne l'accès aux routes maritimes vers alexandrie, suez et les indes. un enjeu primordial pour les stratèges, une aberration pour les poilus d'orient, toujours sur la brèche, privés de tout, harassés par de vaines escarmouches, usés par la maladie, harcelés par les turcs et les bulgares. en mer, les allemands se font plus menaçants.
carla échappe de peu au naufrage d'un bateau torpillé par un
sous-marin. des centaines de poilus meurent noyés avant même d'avoir pu combattre. a monastir, sur le mont athos puis en macédoine,
nous retrouvons et perdons tour à tour vigouroux, le zouave de limoux, duguet, l'artilleur niçois, rosario et ben soussan, les nord-africains... bien d'autres encore, dont les destinées entrecroisées nous emmènent sur tous les chemins de la guerre, avec une puissance à
couper le souffle, par un historien qui se révèle un romancier de première force.
janvier 1918.
trois ans déjà que deux cent mille poilus s'enlisent en orient, souffrent, s'épuisent et meurent sans savoir pourquoi dans le chaos guerrier et diplomatique. les russes pactisent avec l'ennemi ; les grecs trahissent leurs alliés ; les américains ne songent qu'à la manne pétrolière, les anglais qu'à étendre leur domination sur le proche-orient... dans le dernier volet de cette histoire tragique, nous retrouvons lucia benedetti, la belle espionne, duguet, vigouroux, raynal et ben soussan, les poilus de france ou d'afrique du nord.
pour ceux qui survivront, l'exil et les épreuves ne s'arrêteront pas le 11 novembre 1918. bien des manoeuvres diplomatiques et militaires auront encore lieu, qui aboutiront à des solutions politiques bâclées, précaires, dont nous subissons
encore les séquelles, des balkans au moyen-orient. c'est une histoire trop souvent oubliée, celle des poilus d'orient, qui revit dans cette saga, jalonnée de pages flamboyantes et de figures inoubliables.
Ultime déferlante - Le Mascaret dépeint, par touches délicates et précises, l'arc-en-ciel de la vie réminiscente de Maria, paysanne illettrée douée d'une richesse intérieure surprenante. Les émotions qui paraissent à travers la plume de l'auteur expriment sa sensibilité extrême aux mots, au monde ouvert par les mots qui sauvent et qui relient les disparus aux vivants.
Ce récit est placé sous le signe de l'eau dévastatrice du Mascaret qui emporte le père, mais surtout l'eau de la Vie, des désirs, des sensations, l'eau des ruisseaux d'enfance, des lessives printanières, l'eau du temps et de la rêverie. Il est une manière de célébrer la poésie du monde.
A quoi bon raconter la République puisqu'elle ne mobilise plus personne en France ? Ceux qui s'obstinent à y faire référence ne sont-ils pas moqués par les médias comme des passéistes impénitents, à gauche comme à droite, Pasqua comme Chevènement ? A quoi bon rappeler les principes républicains (la primauté de l'intérêt général sur les intérêts particuliers, la laïcité, la nécessaire redistribution des richesses par l'Etat) quand chacun se plaît à les bafouer au nom des petits intérêts personnels et du chacun pour soi ? Rien sans doute dans l'immédiat, puisque tel est l'état de l'opinion, tout demain si l'Europe venait à douter d'elle-même face aux profonds bouleversements qui l'affectent.
Quand Pierre Miquel se fait l'avocat de la République, il n'y va pas par quatre chemins : car ce n'est évidemment pas celle des notables de la IIIe République qu'il flatte de la plume. C'est la République conquérante, belle comme la justice et l'égalité, la République révolutionnaire qui lui inspire ce texte enlevé, provocant, pimenté d'humour, véritable chant du bonheur d'être au monde.
Les rois de l'Elysée, ce sont les présidents de la République française. C'est au terme d'une longue histoire, marquée par un conflit permanent avec les deux autres hauts lieux du pouvoir - Matignon et le Palais-Bourbon -, mais aussi par la personnalité des titulaires successifs de la magistrature suprême, que l'Elysée est devenu le centre nerveux de la République. Comment les diverses expériences constitutionnelles et l'empreinte laissée par les hôtes de l'Elysée depuis 1870 ont-elles fait évoluer la fonction présidentielle jusqu'à lui donner sa prééminence actuelle ?Dressant le portrait des hommes illustres qui se sont succédé à la tête du pays, Pierre Miquel nous fait vivre de l'intérieur les crises qui ont émaillé l'histoire de l'Elysée et, partant, de la République française. Ardent défenseur de cette dernière, il n'oublie pas pour autant que, s'ils sont rois en leur palais, les Présidents ont aussi le devoir d'en sortir pour aller à la rencontre de la population.
Janvier 1917 : Raymond Aumoine se marie. A Montluçon, la place de l'église Saint-Pierre est noire de monde. On vient fêter l'un de ces aviateurs risque-tout, héros de Verdun, qui portent les derniers espoirs de l'arrière. On vient toucher du doigt ces jeunes amoureux miraculeusement réunis par la tourmente. On vient en secret rendre hommage aux siens morts au combat.Dans les yeux de Marie Aumoine, la mère, se lisent peur et résignation. Elle ose à peine se souvenir de l'été 1914 et des noces tragiques de Léon, son fils aîné, tué huit jours plus tard. Et Julien, son benjamin disparu depuis un an, n'a-t-elle pas accepté d'en faire le deuil ?C'est un pays gagné par le désespoir qui voit naître cette nouvelle année. Quatre présidents du conseil se succèdent. On tente encore de masquer l'échec de Nivelle, chef des armées, même si le nom de Pétain, son successeur, est dans toutes les bouches. S'ajoutant à la confusion, la défiance entre les Alliés. Les Anglais prêteront-ils main forte à l'ultime offensive du Chemin des Dames ? Jean, le quatrième fils Aumoine, spécialiste des missions d'espionnage, arpente le front en quête de renseignements auprès des laconiques serviteurs de la couronne.Sa mission accomplie, il n'a de cesse qu'il n'ait rejoint les soldats du 121e de Montluçon, ses copains d'enfance. Témoin de l'effroyable confusion qui règne à Compiègne, au Grand Etat-Major, il sait que le Chemin des Dames est ce piège mortel où cent mille Français sont tombés en deux jours. Mais dans son unité la révolte gronde. Le capitaine Aumoine arrivera-t-il à temps pour raisonner ses hommes ? Ces poilus qui défient la mort depuis trois ans vont-ils mourir au poteau d'exécution ? Des traîtres, les mutins de 1917 ? Des lâches, ces braves qui refusent d'aller à l'assaut à l'aveuglette ? Des condamnés à mort, ces bons enfants de la patrie ? L'heure est à la mutinerie dans l'armée française, et la folie guette Jean...Ainsi prend fin, par cette extraordinaire évocation - et après le succès des trois premiers volumes -, la suite romanesque de Pierre Miquel. Pour la première fois, l'histoire quotidienne d'une famille de la France rurale sacrifiée à la Grande Guerre. Le voyage au bout de l'enfer de ces millions d'hommes qui n'en sont pas revenus. Pierre Miquel est l'auteur chez Fayard de chroniques, romans et essais, dont une magistrale histoire de la Première Guerre mondiale.LES ENFANTS DE LA PATRIESuite romanesqueLes pantalons rouges*La tranchée**Le serment de Verdun***Sur le Chemin des Dames****
Mars 1918. Dans le Soissonnais, les rescapés du régiment de Coulommiers s'estiment chanceux : ils ont survécu à la boucherie de la Somme, au massacre du Chemin des Dames, aux mutineries réprimées dans le sang. Aguerris par trois ans de combats, rompus aux violences du sort, ils sont pourtant loin d'imaginer l'enfer qui les attend ! Ludendorff s'apprête à attaquer. Décidé coûte que coûte à percer la ligne franco-britannique, à rejeter les alliés vers les ports, et à prendre Amiens, ultime bastion avant Paris, ce n'est pas moins de trois armées, rapatriées de Russie, que le général allemand va déployer sur les plateaux de Picardie.
Inconsciente de la tourmente qui couve à quelques kilomètres au Nord, et malgré les premières frappes de la grosse Bertha, la capitale survit dans une atmosphère de liesse désespérée. On tape le carton dans les caves, on swingue dans les boîtes, on gueuletonne aux meilleures tables.
Mais le 21 mars, les Parisiens se réveillent en apprenant que, pour sauver la ville lumière, les poilus livrent la plus meurtrière des batailles entre Noyon, Montdidier et Amiens. Dans une canonnade où deux cent mille obus sont tirés à l'heure, six cent mille Allemands ont déferlé sur les soldats de l'Entente. Alors que les troupes anglaises battent en retraite, que le QG de Pétain est encerclé, que les villes noyées sous les bombes passent d'un camp à l'autre, alors que l'issue de la guerre se rejoue à chaque instant, seuls les hommes du régiment de Coulommiers tiennent leurs positions. Sans le savoir, ils sont déjà l'honneur de l'armée française : le 5 avril, Ludendorff arrête son attaque en Picardie.
À l'heure des bilans et du deuil, qu'en est-il des braves du régiment de Coulommiers ? Suzon la postière reverra-t-elle Jacques, son promis, ébéniste du faubourg Saint-Antoine ? Reverra-t-elle son frère, Jules, cultivateur d'Aulnoy, l'as des missions spéciales? Anatole, l'anarchiste, versé dans une compagnie disciplinaire et tenu pour disparu, s'en sortira-t-il vivant ?
Outre le récit panoramique de cette bataille de Picardie menée au rythme haletant des armées en déroute, l'historien dévoile l'envers du décor - Saint-Nazaire envahie par trois mille purs-sangs mustangs rendus fous après la traversée de l'Atlantique, les bas-fonds des Halles où la police traque les pacifistes, les Grands Boulevards où les aviateurs de chez Renault se livrent à d'étranges rodéos automobiles. Mais, à la fin, c'est aux derniers sacrifiés de la débâcle mondiale que Pierre Miquel rend hommage, à ces enfants-soldats disparus par milliers, ou pire : mutilés, trépanés, gazés, défigurés, à toutes ces gueules cassées qui, la veille encore, étaient des bleuets de vingt ans?
Printemps 1918. Sous la poussée inexorable de Ludendorff et de ses généraux, les Alliés débordés reculent. Le mont Kemmel, le Chemin des Dames et le mont Renaud, trois glorieux symboles de victoires françaises, tombent un a un. Pétain le taciturne et Foch l'impetueux ne parviennent plus à s'entendre. Le premier redoute une offensive contre Paris, le second sur les villes de Picardie. Et chacun de garder jalousement pour soi les forces dont il dispose... Dans les tranchées, les régiments doivent tenir vaille que vaille, à rude épreuve en dépit des renforts arrivés enfin d'outre-atlantique- Noirs de Harlem ou paysans du nouveau Brunswick, passés les uns du saxophone à la baïonnette, les autres de la charrue à la mitrailleuse.
Le front craque de partout et la capitale, soumise aux frappes apocalyptiques de la grosse Bertha, perd sa proverbiale insouciance. Si la Parisienne fait les yeux doux aux Américains, elle n'en apprend pas moins à se retrousser les manches, elle est ouvrière ou factrice, elle s'émancipe et fait des études avec l'intention de continuer à travailler quand les hommes reviendront. Mais pour l'heure, l'ennemi approche et les réfugiés affluent du nord de la Marne.
Là-bas, bravant la fureur des tirs et les nappes de gaz moutarde, l'officier de cavalerie Dupuy espère retrouver son épouse, Mary, l'infatigable infirmière en mission le long du front. Jules, l'héroïque caporal, pense à sa jolie Gaby employée dans une fabrique de chocolat. Pourvu qu'elle soit fidèle Nul besoin d'être à Paris pour deviner que les jeunes filles ne seront plus jamais les mêmes, que les m1/2urs ont changé. En attendant ce sont elles, leur beauté, leur amour, leurs lettres tant espérées qui donnent aux poilus hébétés le courage de faire face à la monstrueuse machine de mort du Kaiser.
Chez Pierre Miquel, le romancier et l'historien retracent d'une même voix cette agonie mêlée de la guerre et des hommes, quand le pays n'était plus que villes terrorisées, campagnes exténuées, épave debout par la grâce d'une piétaille cosmopolite aux drapeaux en loques : Bretons ou Francs-comtois, mais aussi gamins du Grand Ouest, tous soldats de la dernière chance arrachés à leurs points cardinaux pour venir patauger sous des ciels de fin du monde en Europe, en France, en enfer.
Août 1918 : les Allemands refluent enfin. Ils avaient pourtant franchi la Marne et menacé Paris ! Mais, en butte aux attaques alliées qui s'enchaînent, les soldats du Kaiser sont démoralisés. Ludendorff lui-même accuse le coup. Ses troupes n'y croient plus et la discipline en pâtit.
Face à l'ennemi, Foch dispose d'une arme imparable: des centaines de chars Renault équipés de radios encadrent à présent sa force internationale, que viennent régulièrement grossir de nouveaux contingents américains. Les jazzmen de Harlem ont dû ranger leurs saxophones: sur les routes boueuses de l'Argonne, ils charrient des pierres pour faciliter le passage de l'artillerie.
Hélas, la guerre n'est pas seule à être mondiale: une foudroyante épidémie de grippe espagnole se propage, non seulement sur l'Ancien Continent mais aussi aux États-Unis. À Londres, les grands magasins sont obligés de fermer faute de personnel; à Washington, les croque-morts s'enrichissent; en Allemagne et en Espagne, premiers foyers de la maladie, on dissimule au mieux les morts de peur d'inquiéter les vivants. Et la France n'est pas épargnée...
Mary l'infirmière, plus anxieuse que jamais, cherche son mari le long du front. Elle se rend jusqu'en Lorraine au risque d'être contaminée, et gare à ceux qui tentent de l'en dissuader. « C'est sur le champ de bataille que les filles de mon âge vont chercher leurs hommes », clame-t-elle sans ciller. Son courage n'a rien à envier à celui de jules, dont les coups d'éclat lui valent le surnom de « caporal Tempête ».
Cet insatiable désir d'action cache mal la peur et les chagrins. Il y a trop longtemps que la guerre n'en finit pas. Bruges est libérée, les carillons de fonte cachés à l'ennemi ont retrouvé leurs clochers, et la population l'espoir, mais quel espoir ressuscite les morts. Et les vastes mouvements de troupe, les plans d'attaque à l'aube, les stratégies faramineuses ne font pas oublier à l'écrivain Pierre Miquel que la victoire se paie en larmes de sang.
Dans cet été 1946, la France se remet mal de ses récentes blessures. Serge, Jean-Philippe et Gilbert ont 17 ans, ils sont pleins de fougue, d'attente et d'espérance. Sur la route qui les mène vers les plages du débarquement, ces trois jeunes errants à bicyclette vont rencontrer les fantômes de la guerre, les rescapés, les déserteurs, les sans-âge. Ce passé douloureux n'est pas le leur et ils ne savent rien de leur avenir. Malgré eux, ils se trouveront impliqués dans les plus terribles séquelles d'un drame qui les avait épargnés.
C'est le roman vrai de la jeunesse d'après-guerre que nous raconte Pierre Miquel qui avait l'âge de ses héros dans ces années-là. Une jeunesse émouvante et perdue - si proche de celle d'aujourd'hui - dans une époque à la dérive, dont il fait revivre avec une étonnante vérité la confusion et le désarroi. Mêlant l'aventure et l'initiation, les souvenirs d'enfance et l'Histoire, la précision du mémorialiste et la sensibilité du conteur, ce nouveau roman de Pierre Miquel confirme après Le Magasin de chapeaux une autre facette de son immense talent.
Les élèves d'aujourd'hui n'apprennent plus l'histoire à l'école, et guère davantage au lycée. Ils ignorent aussi bien Jaurès que Bismarck. Est-ce leur faute ? Les programmes publiés par le ministère découragent les meilleures bonnes volontés et conduisent les enfants à pratiquer, quand ils en ont le goût, une histoire buissonnière, celle qui les amuse, les intéresse, les distrait et les fait réfléchir. Cette histoire-là ne se trouve plus à l'école mais au cinéma, à la TV, à la radio. Particulièrement l'histoire de France.
La plupart des pays du monde - ceux de l'Est, ceux du "tiers monde" - tiennent passionnément à leur histoire nationale. La France n'est plus de ceux-là. Pourtant, récemment, l'opinion publique s'en est émue. Sans effet notable. Que peut-on faire ? Quelle histoire faut-il enseigner à nos enfants ? Comment arrêter, dans leur oeuvre de démolition, les sabordeurs de l'histoire ? Le pays qui a actuellement l'école historique la plus riche et la plus féconde du monde sera-t-il impuissant à formuler, pour sa jeunesse, un programme éducatif réaliste, concret, attrayant ?
Pierre Miquel s'est efforcé de poser la question dans ses termes actuels, en voyant aussi ce que font les autres pays. En écrivant l'histoire, dit-il, non du point de vue de ceux qui la font, mais du point de vue de ceux qui la subissent, on peut changer beaucoup de choses à l'esprit de l'enseignement.