Au printemps de 1940, ceux qui attendent les chars et les avions nazis sont essentiellement des Français. Ils ne disposent pour tout secours étranger que des avions livrés par l'Amérique, et de rares divisions britanniques. Le rôle de la Grande-Bretagne est surtout maritime: elle barre le pas de Calais et tient la mer du Nord. L'Occident compte sur les Français pour tenir la ligne Maginot.Nul ne peut cependant ignorer que la France, saignée à blanc par la dernière guerre, dispose de trop peu d'hommes jeunes pour résister à son puissant voisin: la classe 1936 ne compte que 165 000 conscrits contre 480 000, la même année, en Allemagne. Le Reich a désormais 85 millions d'habitants, dont il peut tirer 12 millions de soldats. Quelle que soit la valeur des combattants français (on se souvient dans le monde entier de la Marne et de Verdun), comment pourraient-ils résister à une masse d'hommes entraînés, fanatisés, bardés de chars et casqués d'avions? Les premiers interrogatoires de prisonniers allemands ont permis de mesurer la détermination de l'adversaire: il se battra de toutes ses forces.Les Français ont-ils la possibilité de sortir de leurs casemates pour prendre l'offensive? Nullement: Belges et Néerlandais sont neutres. Ils ont juré aux Allemands qu'ils construiraient des fortifications au sud de la Belgique pour s'opposer à tout envahisseur, quel qu'il soit.La France est donc la sentinelle sacrifiée du monde atlantique. En est-elle consciente? Ceux qui sont en permission au mois de mai ne montrent aucune hâte à rejoindre leurs corps. Personne ne s'attend à l'agression. Le 10 mai 1940, avant l'aube, les avions allemands par milliers, grondent au-dessus des lignes, de la Hollande à la frontière suisse. Cette fois, la guerre est déclarée.Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, producteur d'émissions (télévison, radio), a publié notamment chez Fayard, Histoire de la France, les Guerres de religion et la Grande Guerre.
« J'ai pris un plaisir extrême et trouvé grand profit à une lecture que je conseille de faire d'affilée. A partir de quinze ans (avant même, si l'on est gourmand), et sans limite d'âge. » Ginette Guitard-Auviste, Le Monde « Ecrite dans un style vivant et familier, fourmillant d'anecdotes, voici une histoire bien faite pour nous rafraîchir la mémoire. » Le Nouvel Observateur « Admirable synthèse qui convoque à la tribune de l'His-toire la sociologie et l'économie, l'ethnographie et même la politique, afin d'éclairer en ces jours de remise en question la notion même de la France ! » Le Bulletin du Livre « Un ouvrage qui offre à la fois toutes les garanties des meilleurs manuels et tout l'intérêt d'un merveilleux récit. » Robert Serrou, Paris-Match « Sobre, clair, efficace et complète, l'Histoire de la France de Pierre Miquel est à la fois livre de lecture et mémento. Elle rendra à ce double titre de grands services à tous ceux qui veulent commodément être renseignés sur les rois francs, les Années folles ou Azincourt... Et tout le reste! » Lire « Cette gigantesque fresque de l'histoire de notre pays a le mérite rare d'être claire et précise. L'auteur a su dégager, avec quelle habileté, les grandes lignes de l'épopée, ces siècles de rivalités et de luttes qui présidèrent à la naissance d'une nation : la nôtre. » Historama « Enfin une Histoire de la France originale, pratique à consulter et passionnante à lire » Journal des Instituteurs « Un manuel d'histoire pour tous ceux qui l'ont un peu oubliée pour tous ceux qui veulent l'apprendre sans s'ennuyer », tel est le propos de l'auteur - on devrait dire son pari. Un pari réussi. C'est clair, simple, complet, sans excès d'érudition, vivant comme la vie quotidienne. Indispensable dans une bibliothèque. » Claude Pasteur, Elle
Comment Vincent de Paul, fils d'un petit paysan de Pouy, près de Dax, est-il devenu l'une des figures les plus célèbres de son temps et de l'Histoire, un saint assurément pas comme les autres, dont la canonisation sera d'ailleurs singulièrement difficile?Dans un XVIIe siècle marqué par les guerres, les famines et les pestes, mais aussi par la Contre-Réforme et le renouveau de la foi catholique en lutte contre toutes les hérésies, il est celui qui parvient à se faire le confident des plus grands en même temps que l'ami des pauvres.Grâce à ses protecteurs _ parmi les plus illustres familles: les Gondi, les Marcillac _, lui-même persuadé que le message du Christ ne peut être entendu qu'une fois les plus grandes souffrances soulagées, il s'emploie à pratiquer la charité, fondant les Lazaristes et lançant des missions dans les pires lieux de misère, non seulement en France mais aussi aux quatre coins du monde. Avec ses missionnaires et grâce à l'aide précieuse des femmes _ qu'il fait sortir des couvents pour les envoyer sur les chemins de misère _, il porte secours sans relâche, tout au long de sa vie, aux indigents et aux affamés, aux galériens et aux esclaves, aux malades et aux prisonniers, aux enfants abandonnés et aux paysans pillés, qui tous deviennent des assistés du Christ.Car la force du combat de Vincent de Paul, en même temps que sa singularité, est là: dans la foi extraordinaire qui l'a accompagné jusqu'à son dernier souffle.Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, est l'auteur de nombreux ouvrages tels que Histoire de France, Les Guerres de religion, La Grande Guerre, parus chez Fayard.
Septembre 1914 : Léon est mort au front. Il laisse une épouse, une mère, désormais seule pour diriger l'exploitation agricole de l'Allier, et trois frères frappés par l'injustice de son sort. En France, trois cent cinquante mille foyers sont déjà endeuillés. A l'arrière, on veut encore croire à une guerre éclair ; on veut se fier à la belle allure des officiers qui flânent sur les boulevards et aux nouvelles rassurantes d'une presse cocardière. Au front, il a suffi d'un été pour dessiller les poilus. L'heure n'est plus à la victoire en chantant. Les classes 16 ont été levées, des jeunes de dix-neuf ans prennent les armes. Raymond, le benjamin des fils Aumoine, est du lot. A Verdun, cette forte tête se révèle un as du téléphone de campagne, indispensable pour la coordination des fronts au sol et dans les airs. Julien, l'artilleur, passe le sombre hiver 1915 dans le Soissonnais, s'épuisant en offensives et contre-offensives. Avec ses canons, ce roi du crapouillot fait renaître l'espoir dans son unité. Jean, accablé par la disparition de Clelia, la belle aristocrate allemande qui l'aida à s'évader des prisons ennemies, se porte volontaire pour les missions d'espionnage les plus dangereuses dans les cavernes de l'Aisne. Des héros, les frères Aumoine ? Avant tout des hommes de coeur, portés naturellement à l'action d'éclat, enfants aimants d'une patrie qu'ils ne songent pas à lâcher. Héros, oui, mais semblables à tous les jeunes d'Europe qui, pris dans la tourmente, n'ont pas d'autre choix que le courage ou la mort brute au fond d'une tranchée. La tranchée ! On croyait tout savoir, on découvre ici la souffrance psychique de ces infortunés, la torture imposée continûment aux sens : vacarme des canonnades, lumières aveuglantes, paysages d'apocalypse où les membres humains pendent aux arbres déchiquetés, miasmes des milliers de corps en décomposition. C'est parce qu'il les aime, ces braves et humbles poilus, sacrifiés du champ d'honneur, que Pierre Miquel leur redonne vie. Et rompu à l'art du récit, il livre des pans secrets de cette funeste épopée - commerce de femmes, évacuation de populations indésirables, dénonciations. Sombre répétition de tragédies à venir. Pierre Miquel est l'auteur chez Fayard de chroniques, romans et essais, dont une magistrale histoire de la Première Guerre mondiale. Une page qu'il connaît parfaitement et qu'il met en scène dans ce grand roman de la Grande guerre. LES ENFANTS DE LA PATRIESuite romanesqueLes pantalons rouges*La tranchée**Le serment de Verdun***Le plateau de Craonne****
31 décembre 1915 : l?expédition navale franco-britannique des Dardanelles vient de s?achever dans le sang. Du pont de l?ancien paquebot Algérie, les «dardas» rescapés de l?enfer découvrent Salonique l?enchanteresse où résonne l?appel du muezzin. Ils croient enfin toucher des rives amies, mais sitôt débarqués, ils sont affamés, humiliés, captifs d?un camp insalubre, cernés de barbelés et d?espions.
Le roi des Grecs, Constantin, affiche son amitié pour les Allemands et sa neutralité n?est qu?une façade. Dans l?ombre, le baron prussien Schenk tient la presse, manipule et soudoie la population. Le général Sarrail a beau se battre sur tous les fronts, diplomatique et militaire, il est impuissant, pris en tenailles entre les Grecs et les Bulgares. Quant aux Anglais ils se drapent dans la politique du wait and see.
Qui paie le cynisme des hauts stratèges si ce n?est les braves poilus ? Paul Raynal, l?esprit plein des atrocités auxquelles il vient d?échapper, survit au nom d?un seul espoir : retrouver son unique amour, l?infirmière Carla, rencontrée sur le port de Marseille aux premiers jours de son enrôlement. Le niçois Emile Duguet exécute les ordres de Sarrail ; il infiltre au péril de sa vie les services de renseignements ennemis. Chargé de nettoyer la région de ses comitadji, terroristes à la solde des Bulgares, le zouave Vigouroux parcourt les montagnes, accompagné d?Alexandra, la jeune institutrice grecque dont il est follement épris, une idéaliste engagée dans le combat démocratique. Vigouroux ignore que cette combattante intrépide n?est autre que la fille de Metaxas ? général des armées grecques ?, en rébellion contre son germanophile de père.
Dans la plaine, on se bat au corps à corps ; insolations, typhus, moustiques vénéneux ravagent les troupes plus rapidement que les combats eux-mêmes. Et des ruelles de Salonique aux lambris des salons de Sofia, des femmes de plein vent aux bras délicats de Lucia, la belle espionne, les soldats sillonnent cette poudrière où le nationalisme finit par aveugler chacun. Guerre absurde et mirages, ainsi va l?Histoire dans ces Balkans pas près d?être unifiés. Ainsi va l?amour dans cet Orient tragique où chaque jour est le jour le plus long.
Du premier martyr protestant _ en 1523 _ au dernier pasteur persécuté _ à la fin du XVIIIe siècle _ l'affrontement des deux religions, la catholique et la réformée, fit des centaines de milliers de victimes dans toutes les régions de France, et pas seulement à Paris: les villes, les villages et jusqu'aux familles étaient divisées. Dans les deux partis, l'enchaînement de la peur et de la violence conduisait aux pires excès. Le lent combat des huguenots pour la liberté, la longue marche des catholiques pour la réforme de l'Eglise ont touché de près tous les Français, dans le flamboiement sauvage du XVIe siècle. Les idées de Luther et de Calvin n'ont pas apporté que la guerre et la torture. Elles ont fait entrer les Français, à toute allure, dans le monde moderne où chacun choisit et défend passionnément sa religion, au péril de sa vie: un monde d'intolérance et de passion qui redevient étrangement actuel.
Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, producteur d'émissions (télévision, radio), a publié notamment chez Fayard, Histoire de la France, la Grande Guerre et la Seconde Guerre mondiale.
Soixante-dix ans sans coup d'Etat ni révolution: le plus long régime que la France ait connu. Seul Pierre Miquel, professeur à la Sorbonne, spécialiste de cette période, pouvait tenter en un seul volume une synthèse d'un sujet qui a passionné les chercheurs français, britanniques et américains ces trente dernières années.Comment la France, après tant de monarchies larvées, après vingt ans de dictature impériale, a-t-elle pu vivre en démocratie, isolée dans une Europe monarchique? Comment a-t-elle pu maintenir la République contre vents et marées, crises et guerre, en assurant le remplacement des élites républicaines, en assumant les plus grandes réformes _ scolaire, militaire, fiscale _ qu'elle ait connues? Voilà qui conduit Pierre Miquel, dans un récit captivant, de Sedan (1870) à Sedan (1940), à montrer la naissance, l'épanouissement et la brusque interruption par la guerre étrangère d'un régime que de Gaulle en 1944, au balcon de l'Hôtel de Ville, restaura solennellement. Pour lui la France, mais non la démocratie, s'était écroulée à Sedan.Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, est également producteur à France-Inter et à Antenne 2. Il est notamment l'auteur de l'Histoire de la France et de La Grande Guerre.
Depuis 1945, l'histoire du monde domine celle des nations : anciennes et nouvelles, elles doivent s'intéger, bon gré mal gré, aux ensembles économiques et stratégiques qui font évoluer la planète. Que la population mondiale ait doublé en un demi-siècle donne la mesure des pulsions sociales qui affectent certaines zones, failles sanglantes de l'écorce terrestre : le Proche et le Moyen-Orient, le Sud-Est asiatique, l'Afrique, la mer des Caraïbes... Dans ces régions s'affrontent les nouveaux empires par l'intermédiaire de petites nations à la démographie galopante.
En un récit continu, précis, passionnant, Pierre Miquel situe les régions de conflit dan l'évolution des ensembles, rendant compréhensibles les crises du quotidien, trop souvent mal perçues - comme la guerre dans les Balkans - parce qu'elles ne sont pas reliées à un demi-siècle d'évolution.
Depuis 1989, la boussole de l'Histoire semble perdre le nord : la chute du Mur de Berlin sonne le glas de l'empire des nouveaux tsars, ouvrant sur le territoire de l'ex-URSS une zone de tempêtes, la guerre du Golfe semble amorcer la reconstitution du monde un dont rêvait Roosevelt sous la houlette puritaione de Washington. Mais la guerre économique se poursuit entre l'Amérioque du Nord, l'Europe et l'Asie du Sud-Est, et les nations du quart-monde sont plus que jamais offertes aux trois plaies de la guerre, des épidémies et de la famine.
Auteur d'une Histoire de France que tous les français ont lue, Pierre Miquel s'eforce dans ce livre de marquer la place de la France dans cette avenure contemporaine de la planète. Une France plus que jamais située au carrefour des axes Sud-Nord et Est-Ouest, au coeur du nouveau cyclone qui commence à se former en Europe, annonçant le fracassant retour de l'Histoire sur le continent qui l'a vu naître.
Juillet 1918. À Paris, le défilé symbolique du 14 Juillet ne peut masquer l'affreuse réalité. L'armée allemande progresse, l'avantage est à l'ennemi. Dans la capitale bombardée, on a peur, les cris des victimes retentissent. Si l'arrivée régulière des renforts américains fait naître l'espoir, l'arrivée non moins régulière des trains de blessés à la gare de l'Est, d'ailleurs interdite aux familles, sape le moral.
Dans la nuit du 15 juillet, sur tout le front de l'Est - aux portes de Reims, Châlons, Épernay-, les Allemands attaquent au même moment. C'est la plus grande offensive du conflit que Ludendorff, avec cinquante divisions galvanisées, vient de lancer contre les Alliés. Il veut en finir. Assiégée, Reims est la proie des flammes. Les habitants sont brancardiers, pompiers; masques à gaz autour du cou, les religieuses courent sans répit soigner des gens qui refusent, malgré les ordres, d'abandonner leur ville aux envahisseurs.
Non loin de là, à dix kilomètres du front, dans la petite église de Suippes, Suzanne la postière de Coulommiers, épouse Jacques Millet, son amant sauvé de la mort par l'intrépide caporal Jules Laffère, frère de la jeune femme. La violence des canonnades rythme ce mariage irréel. La poussière tombe, Suzanne se protège tant bien que mal sous une délicate écharpe de soie blanche, elle pense à l'enfant qu'elle va mettre au monde. Et pendant ce temps-là, baïonnette au canon, Corréziens, Bretons, italiens, mais aussi Sénégalais - « la force noire » - se battent au corps à corps contre les Allemands.
Le temps de la guerre est de tous les temps comme le temps d'aimer. Et, défaite ou victoire, les enfants morts pour la patrie ne reviennent jamais. Fraternité, courage, passion, telles sont les énergies qui soulèvent l'oeuvre de Pierre Miquel, le plus grand conteur de la der des der.
La guerre d'Algérie est une des crises majeures de la société française contemporaine.Ce long conflit (de 1954 à 1962) concerna deux millions sept cent mille jeunes Français, dont cent mille ont été tués, blessés ou sont disparus. Elle s'est terminée par l'exode d'un million de pieds-noirs, souvent victimes civiles de la guerre, qui ont laissé sur place les corps de leurs parents morts dans les attentats. La France n'avait pas éprouvé ce genre d'exode depuis la perte de l'Alsace et de la Lorraine en 1870. Les blessures infligées par la guerre en Algérie ont été considérables: des centaines de milliers d'Algériens sont morts au combat ou des suites pernicieuses de la guerre. Plus de deux millions ont dû abandonner leurs douars et leurs mechtas pour vivre dans des camps de regroupement, retrouvant ensuite leurs villages incendiés, leurs terres en friche, leurs forêts saccagées, leurs enfants morts.Mais l'histoire de ce conflit n'est pas seulement l'histoire de l'affrontement de deux communautés qui avaient grandi ensemble. Cette guerre est à l'origine de la plus formidable bataille d'opinion qu'a connue la France d'après-guerre. Elle est responsable d'un changement de République. Elle a mis en péril le contrat de confiance entre l'armée et la nation.L'ouverture des archives militaires, trente ans après le drame, a permis à Pierre Miquel, l'auteur de La Grande Guerre, de découvrir des aspects inconnus du conflit, notamment l'évolution des mentalités militaires et les prises de conscience successives de ceux que le pouvoir politique avait chargés de définir seuls, sur le terrain, une politique française en Algérie. Ce livre cherche à décrire, sans colère et sans haine, avec des moyens nouveaux d'investigation, les phases d'un conflit qui a laissé des traces très profondes dans la génération des années cinquante et soixante.Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, a publié, notamment, chez Fayard, Histoire de la France, Les Guerres de religion, La Seconde Guerre mondiale, Les Hommes de la Grande Guerre, et Histoire du monde contemporain.
Hallucinante pour les jeunes européens du début du siècle dernier, cette guerre ne le sera pas moins pour ceux d'aujourd'hui, évoquée par Pierre Miquel avec une puissance qui nous fait plonger dans un cauchemar presque à vif. Verdun et ses 500 000 morts vus d'avion par les yeux de Raymond, le mauvais garçon de la famille Aumoine. Cette forte tête est devenue un as des as du pilotage et, à bord de son Spad, il incarne l'« enfer de Verdun » qui fut aussi la première des grandes batailles aériennes.
Pour la plupart des gens, l'Histoire est une forme de légende à laquelle n'accèdent que des privilégiés. Les autres n'en sont pas exclus, on leur concède des rôles de figurants, éventuellement d'acteurs, mais en aucun cas d'auteurs.
Exhumer leur nom, rappeler ces vies perdues est une tâche exaltante pour l'historien.Ce livre de Pierre Miquel est constitué pour une large part de témoignages de lecteurs - de ses livres précédents sur les deux guerres mondiales - et d'auditeurs - de ses émissions sur France Inter : Les oubliés du siècle. Leurs récits s'insèrent dans la chronique de cette longue guerre qui, de 1939 à 1945, engage à nouveau les Français dans le drame de l'Europe déchirée. Ils décrivent l'exode et les combats, les évasions et les résistances, la comédie et la tragédie.Ces histoires vraies rendent enfin leur place aux oubliés de la guerre.
Janvier 1917. Les ordres de Paris sont formels : il faut tenir le front de Salonique, résister. Que la péninsule des Balkans tombe aux mains de l?ennemi, c?en est fini de la route maritime vers Alexandrie, Suez et les Indes. Un enjeu primordial pour les stratèges, une aberration pour les poilus d?Orient, toujours sur la brèche, privés de courrier, de perm?s, harassés par de vaines escarmouches et par les maladies, harcelés par des Turcs et des Bulgares jusqu?au-boutistes.
En mer, les Allemands se font plus menaçants. Au débouché de l?Adriatique, un sous-marin attaque les renforts alliés en route pour Salonique. Les bleus se noient par dizaines, avant même d?avoir pu combattre. Rescapée du naufrage, infirmière aussi belle qu?héroïque, Carla survit pour l?amour de Paul Raynal, le soldat du génie qui occupe ses pensées et qui l?attend là-bas. Mais la guerre n?a que faire des sentiments. A Monastir, les jeunes gens se manquent de peu. Paul a dû partir pour le mont Athos, un repaire de royalistes grecs. Aux abords du pic vertigineux, ces derniers continuent à faire parler la poudre et à ravitailler secrètement les Allemands. A peine sa mission accomplie, Paul est envoyé en Macédoine, l?un des secteurs les plus exposés, où il retrouve ses premiers compagnons d?armes.
Trois années de guerre ont mûri ces hommes de bonne volonté, ces enfants soldats passés du village natal à l?enfer des combats, de la douce France à la Mère patrie : Paul Raynal le natif du Quercy, Vigouroux le zouave de Limoux, Duguet l?artilleur niçois - mais aussi Leleu le Dunkerquois, les nord-africains Rosario et Ben Soussan, Mikaël l?andartès, Robert Soulé le mennonite de Belfort, et André Schuster le bûcheron d?Orbey. Tous ces braves savent désormais qu?ils sont liés à ces heures de gloire et de sang: la bataille de Larissa et la reddition des armées royalistes, la destitution du roi Constantin pour germanophilie et son départ en exil sur son yacht, l?incendie meurtrier du quartier juif de Salonique, les mutineries des soldats russes gagnés par les idées révolutionnaires, les raids de la Main Noire. L?Histoire se fait sous leurs yeux et c?est eux qui la font bon gré mal gré. L?Histoire on s?en souvient, les hommes on les oublie?
LA POUDRIERE D'ORIENT Suite romanesque L'enfer des Dardanelles * Le vent mauvais de Salonique ** Le guêpier macédonien *** Le beau Danube bleu ****
Janvier 1918. Trois ans déjà que deux cent mille poilus s'enlisent en Orient. Trois ans que le zouave Edmond Vigouroux, l'artilleur Emile Duguet, et Paul Raynal, l'homme des missions spéciales, s'épuisent en vaines escarmouches contre des ennemis fantômes. A quoi bon ces souffrances, quand les alliés tirent à hue et à dia : les Serbes se perdent en arguties nationalistes, les Russes pactisent avec l'ennemi, les Grecs trahissent leurs amis, les Américains ne songent qu'à s'ouvrir la voie vers la manne pétrolière, la perfide Albion mène en douce une politique de main mise sur le Proche-Orient.
Chacun faisant cavalier seul, c'est une guerre des nerfs que se livrent les services de renseignements. Lucia Benedetti, la sublime espionne, en fera les frais ! Des ambassades d'Istanbul aux couvents de Beyrouth, de Tel Aviv aux palaces de Nice, elle sert les intérêts de tous?sauf les siens. Mais suffit-il de jouer double jeu pour sauver sa peau ?
Des milliers de kilomètres au Nord, la République n'a que faire de cette gabegie. L'Etat-major a d'autres chats à fouetter depuis que l'armée allemande, renforcée de sept cent mille hommes rapatriés de Russie, se prépare à déferler sur les lignes françaises.
Entassés dans un camp insalubre, ignorant des enjeux, les poilus exaspérés végètent aux portes de Salonique. Sur ce, Franchet d'Esperay, chef de l'armée d'Orient, rend du jour au lendemain l'espoir à tous ses hommes. Seul, et privé du soutien des autorités, il conçoit un plan d'attaque décisif contre les Bulgares. Et ce sont les intrépides Vigouroux, Raynal et Ben Soussan qui portent les premiers coups à l'ennemi. Oui, mais comment nos compagnons d'armes imagineraient-ils, après la rupture du front bulgare et la capitulation de Sofia, qu'ils auront encore pour un an d'exil sur les rives du Danube avant de retrouver les ciels de la douce France ?
Ainsi semble s'achever la grande histoire du premier conflit mondial opposant le Nord au Sud, mais ce serait oublier que les crises actuelles au Moyen-Orient, ou dans les Balkans, sont les séquelles d'une partition bâclée après-guerre et tous ces poilus d'Orient les héros sacrifiés d'une guerre gagnée l'arme à la main et perdue sous les lambris des ministères.
Après le succès des Enfants de la Patrie, suite romanesque parue chez Fayard en 2002, Pierre Miquel retrace pour la première fois, avec sa passion coutumière et sa culture infaillible, l'histoire des poilus d'Orient, poursuivant une oeuvre jamais égalée sur la guerre de 14 -18.
LA POUDRIERE D'ORIENT Suite romanesque L'enfer des Dardanelles * Le vent mauvais de Salonique ** Le guêpier macédonien *** Le beau Danube bleu ****
La guerre, dit Alain, naît des passions. Assurément, celle de 14-18 ne peut se réduire à un jeu de causalités politiques ou économiques. Aujourd'hui encore, elle n'a pas fini de susciter des réactions passionnelles, que l'on parle des mutineries françaises ou des crimes de guerre allemands. On ne met pas impunément en ligne des millions d'hommes sans que, dans toute l'Europe, les traces n'en soient profondément inscrites dans plusieurs générations.La grande guerre était déjà totale et doit être envisagée aujourd'hui comme telle. Elle a eu, dans l'horreur, un rôle pionnier. Les innovations scientifiques de la civilisation industrielle ont permis d'envoyer sans crier gare de nombreuses victimes au fond de l'Océan, dans les hôpitaux des gazés par milliers, dans les camps de concentration les premiers déportés et les populations déplacées , sans oublier le génocide des Arméniens. De ce point de vue, la Grande Guerre n'est pas du XIXe siècle, elle est bien du nôtre, de l'atroce XXe siècle.On l'appelle aussi Première Guerre mondiale . Elle le mérite à plus d'un titre. D'abord parce qu'elle a justifié en partie la prédiction de Lénine: elle a bien engendré la révolution _ dans un seul pays, il est vrai. Ensuite, parce qu'elle a fait franchir l'océan à près de deux millions d'Américains, ce qui, pour les adeptes de la doctrine de Monroë, constituait une première.Le propre de cette guerre est d'avoir confronté, plus que rapproché dans la mort, des peuples jusque-là dominés par des empires ou des alliances plus ou moins inégales. Ce que l'on appelle, d'un mot peu clair, l' impérialisme , tenait, en 1914, les peuples d'Europe et du Moyen-Orient dans un carcan serré de contraintes. Le carcan, avec la guerre, a volé en éclats.La Grande Guerre a éveillé, contre les rapports inégaux de peuples inégaux, un formidable désir de liberté. De ce point de vue aussi, elle est résolument moderne. Ajoutons que, pour nous, elle reste par excellence une guerre française. Notre peuple a participé jusqu'à l'épuisement, avec un étonnant esprit de sacrifice, mais aussi avec une efficacité cardinale, à un grand mouvement de l'histoire. Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à Paris-Sorbonne, est producteur d'émissions (télévision, radio). Il a publié, notamment, chez Fayard, Histoire de la France, Les Guerres de religion, La Seconde Guerre mondiale et Les Hommes de la Grande Guerre.
Le 10 juillet 1940 à Vichy, quatre-vingts députés et sénateurs, contre toute attente, ont voté non à Laval et à Pétain, qui demandaient les pleins pouvoirs pour changer de régime. Dans le même temps, cinq cent soixante-neuf parlementaires donnaient leur approbation à ce texte dont l'adoption signifiait l'abolition de fait de la IIIe République.Ce non minoritaire fut la première manifestation de résistance dans l'Hexagone. Et les protestataires paieront cher leur audace: nombre d'entre eux seront en effet arrêtés, déportés ou assassinés après s'être engagés dans l'action directe ou le renseignement.Dans le climat de défaitisme et de lâcheté qui régnait à Vichy au moment du vote, ceux qui osèrent ainsi s'opposer au courant dominant firent preuve d'un courage héroïque. Mais qui étaient donc les quatre-vingts? D'où venaient-ils? Quelles furent leurs motivations? Que sont-ils devenus? Tel est le sujet de ce livre dont le thème majeur est, on l'aura compris: morale, courage et politique.
Vous avez lu le premier livre des Histoires de France. A nouveau, vous trouverez dans le second tome tout ce que vous avez peut-être oublié mais aussi ce que l'on ne vous a pas toujours dit: comment Colbert a rêvé des Indes; comment Louis XIV, sur son lit de mort, regretta d'avoir trop aimé la guerre ; comment l'abbé Dubois obtint son chapeau de Cardinal; vous découvrirez que Lyon fut en grève sous Louis XV. Et Grenoble le 10 mai 1788... la fermeture du Parlement provoque la révolte ouverte. Et Versailles, le 20 juin 1789, le serment du Jeu de Paume. Et le 18 Brumaire, et Waterloo, et le siège de Paris, et... enfin les conditions dans lesquelles le général de Gaulle devint l'homme du 18 juin.Pierre Miquel, homme de radio et de télévision, agrégé d'histoire, est l'auteur chez Fayard de l'Histoire de la France et de Les Guerres de Religion.
A quoi bon raconter la République puisqu'elle ne mobilise plus personne en France ? Ceux qui s'obstinent à y faire référence ne sont-ils pas moqués par les médias comme des passéistes impénitents, à gauche comme à droite, Pasqua comme Chevènement ? A quoi bon rappeler les principes républicains (la primauté de l'intérêt général sur les intérêts particuliers, la laïcité, la nécessaire redistribution des richesses par l'Etat) quand chacun se plaît à les bafouer au nom des petits intérêts personnels et du chacun pour soi ? Rien sans doute dans l'immédiat, puisque tel est l'état de l'opinion, tout demain si l'Europe venait à douter d'elle-même face aux profonds bouleversements qui l'affectent.
Quand Pierre Miquel se fait l'avocat de la République, il n'y va pas par quatre chemins : car ce n'est évidemment pas celle des notables de la IIIe République qu'il flatte de la plume. C'est la République conquérante, belle comme la justice et l'égalité, la République révolutionnaire qui lui inspire ce texte enlevé, provocant, pimenté d'humour, véritable chant du bonheur d'être au monde.
Les rois de l'Elysée, ce sont les présidents de la République française. C'est au terme d'une longue histoire, marquée par un conflit permanent avec les deux autres hauts lieux du pouvoir - Matignon et le Palais-Bourbon -, mais aussi par la personnalité des titulaires successifs de la magistrature suprême, que l'Elysée est devenu le centre nerveux de la République. Comment les diverses expériences constitutionnelles et l'empreinte laissée par les hôtes de l'Elysée depuis 1870 ont-elles fait évoluer la fonction présidentielle jusqu'à lui donner sa prééminence actuelle ?Dressant le portrait des hommes illustres qui se sont succédé à la tête du pays, Pierre Miquel nous fait vivre de l'intérieur les crises qui ont émaillé l'histoire de l'Elysée et, partant, de la République française. Ardent défenseur de cette dernière, il n'oublie pas pour autant que, s'ils sont rois en leur palais, les Présidents ont aussi le devoir d'en sortir pour aller à la rencontre de la population.
Janvier 1917 : Raymond Aumoine se marie. A Montluçon, la place de l'église Saint-Pierre est noire de monde. On vient fêter l'un de ces aviateurs risque-tout, héros de Verdun, qui portent les derniers espoirs de l'arrière. On vient toucher du doigt ces jeunes amoureux miraculeusement réunis par la tourmente. On vient en secret rendre hommage aux siens morts au combat.Dans les yeux de Marie Aumoine, la mère, se lisent peur et résignation. Elle ose à peine se souvenir de l'été 1914 et des noces tragiques de Léon, son fils aîné, tué huit jours plus tard. Et Julien, son benjamin disparu depuis un an, n'a-t-elle pas accepté d'en faire le deuil ?C'est un pays gagné par le désespoir qui voit naître cette nouvelle année. Quatre présidents du conseil se succèdent. On tente encore de masquer l'échec de Nivelle, chef des armées, même si le nom de Pétain, son successeur, est dans toutes les bouches. S'ajoutant à la confusion, la défiance entre les Alliés. Les Anglais prêteront-ils main forte à l'ultime offensive du Chemin des Dames ? Jean, le quatrième fils Aumoine, spécialiste des missions d'espionnage, arpente le front en quête de renseignements auprès des laconiques serviteurs de la couronne.Sa mission accomplie, il n'a de cesse qu'il n'ait rejoint les soldats du 121e de Montluçon, ses copains d'enfance. Témoin de l'effroyable confusion qui règne à Compiègne, au Grand Etat-Major, il sait que le Chemin des Dames est ce piège mortel où cent mille Français sont tombés en deux jours. Mais dans son unité la révolte gronde. Le capitaine Aumoine arrivera-t-il à temps pour raisonner ses hommes ? Ces poilus qui défient la mort depuis trois ans vont-ils mourir au poteau d'exécution ? Des traîtres, les mutins de 1917 ? Des lâches, ces braves qui refusent d'aller à l'assaut à l'aveuglette ? Des condamnés à mort, ces bons enfants de la patrie ? L'heure est à la mutinerie dans l'armée française, et la folie guette Jean...Ainsi prend fin, par cette extraordinaire évocation - et après le succès des trois premiers volumes -, la suite romanesque de Pierre Miquel. Pour la première fois, l'histoire quotidienne d'une famille de la France rurale sacrifiée à la Grande Guerre. Le voyage au bout de l'enfer de ces millions d'hommes qui n'en sont pas revenus. Pierre Miquel est l'auteur chez Fayard de chroniques, romans et essais, dont une magistrale histoire de la Première Guerre mondiale.LES ENFANTS DE LA PATRIESuite romanesqueLes pantalons rouges*La tranchée**Le serment de Verdun***Sur le Chemin des Dames****
Mars 1918. Dans le Soissonnais, les rescapés du régiment de Coulommiers s'estiment chanceux : ils ont survécu à la boucherie de la Somme, au massacre du Chemin des Dames, aux mutineries réprimées dans le sang. Aguerris par trois ans de combats, rompus aux violences du sort, ils sont pourtant loin d'imaginer l'enfer qui les attend ! Ludendorff s'apprête à attaquer. Décidé coûte que coûte à percer la ligne franco-britannique, à rejeter les alliés vers les ports, et à prendre Amiens, ultime bastion avant Paris, ce n'est pas moins de trois armées, rapatriées de Russie, que le général allemand va déployer sur les plateaux de Picardie.
Inconsciente de la tourmente qui couve à quelques kilomètres au Nord, et malgré les premières frappes de la grosse Bertha, la capitale survit dans une atmosphère de liesse désespérée. On tape le carton dans les caves, on swingue dans les boîtes, on gueuletonne aux meilleures tables.
Mais le 21 mars, les Parisiens se réveillent en apprenant que, pour sauver la ville lumière, les poilus livrent la plus meurtrière des batailles entre Noyon, Montdidier et Amiens. Dans une canonnade où deux cent mille obus sont tirés à l'heure, six cent mille Allemands ont déferlé sur les soldats de l'Entente. Alors que les troupes anglaises battent en retraite, que le QG de Pétain est encerclé, que les villes noyées sous les bombes passent d'un camp à l'autre, alors que l'issue de la guerre se rejoue à chaque instant, seuls les hommes du régiment de Coulommiers tiennent leurs positions. Sans le savoir, ils sont déjà l'honneur de l'armée française : le 5 avril, Ludendorff arrête son attaque en Picardie.
À l'heure des bilans et du deuil, qu'en est-il des braves du régiment de Coulommiers ? Suzon la postière reverra-t-elle Jacques, son promis, ébéniste du faubourg Saint-Antoine ? Reverra-t-elle son frère, Jules, cultivateur d'Aulnoy, l'as des missions spéciales? Anatole, l'anarchiste, versé dans une compagnie disciplinaire et tenu pour disparu, s'en sortira-t-il vivant ?
Outre le récit panoramique de cette bataille de Picardie menée au rythme haletant des armées en déroute, l'historien dévoile l'envers du décor - Saint-Nazaire envahie par trois mille purs-sangs mustangs rendus fous après la traversée de l'Atlantique, les bas-fonds des Halles où la police traque les pacifistes, les Grands Boulevards où les aviateurs de chez Renault se livrent à d'étranges rodéos automobiles. Mais, à la fin, c'est aux derniers sacrifiés de la débâcle mondiale que Pierre Miquel rend hommage, à ces enfants-soldats disparus par milliers, ou pire : mutilés, trépanés, gazés, défigurés, à toutes ces gueules cassées qui, la veille encore, étaient des bleuets de vingt ans?
Printemps 1918. Sous la poussée inexorable de Ludendorff et de ses généraux, les Alliés débordés reculent. Le mont Kemmel, le Chemin des Dames et le mont Renaud, trois glorieux symboles de victoires françaises, tombent un a un. Pétain le taciturne et Foch l'impetueux ne parviennent plus à s'entendre. Le premier redoute une offensive contre Paris, le second sur les villes de Picardie. Et chacun de garder jalousement pour soi les forces dont il dispose... Dans les tranchées, les régiments doivent tenir vaille que vaille, à rude épreuve en dépit des renforts arrivés enfin d'outre-atlantique- Noirs de Harlem ou paysans du nouveau Brunswick, passés les uns du saxophone à la baïonnette, les autres de la charrue à la mitrailleuse.
Le front craque de partout et la capitale, soumise aux frappes apocalyptiques de la grosse Bertha, perd sa proverbiale insouciance. Si la Parisienne fait les yeux doux aux Américains, elle n'en apprend pas moins à se retrousser les manches, elle est ouvrière ou factrice, elle s'émancipe et fait des études avec l'intention de continuer à travailler quand les hommes reviendront. Mais pour l'heure, l'ennemi approche et les réfugiés affluent du nord de la Marne.
Là-bas, bravant la fureur des tirs et les nappes de gaz moutarde, l'officier de cavalerie Dupuy espère retrouver son épouse, Mary, l'infatigable infirmière en mission le long du front. Jules, l'héroïque caporal, pense à sa jolie Gaby employée dans une fabrique de chocolat. Pourvu qu'elle soit fidèle Nul besoin d'être à Paris pour deviner que les jeunes filles ne seront plus jamais les mêmes, que les m1/2urs ont changé. En attendant ce sont elles, leur beauté, leur amour, leurs lettres tant espérées qui donnent aux poilus hébétés le courage de faire face à la monstrueuse machine de mort du Kaiser.
Chez Pierre Miquel, le romancier et l'historien retracent d'une même voix cette agonie mêlée de la guerre et des hommes, quand le pays n'était plus que villes terrorisées, campagnes exténuées, épave debout par la grâce d'une piétaille cosmopolite aux drapeaux en loques : Bretons ou Francs-comtois, mais aussi gamins du Grand Ouest, tous soldats de la dernière chance arrachés à leurs points cardinaux pour venir patauger sous des ciels de fin du monde en Europe, en France, en enfer.
Août 1918 : les Allemands refluent enfin. Ils avaient pourtant franchi la Marne et menacé Paris ! Mais, en butte aux attaques alliées qui s'enchaînent, les soldats du Kaiser sont démoralisés. Ludendorff lui-même accuse le coup. Ses troupes n'y croient plus et la discipline en pâtit.
Face à l'ennemi, Foch dispose d'une arme imparable: des centaines de chars Renault équipés de radios encadrent à présent sa force internationale, que viennent régulièrement grossir de nouveaux contingents américains. Les jazzmen de Harlem ont dû ranger leurs saxophones: sur les routes boueuses de l'Argonne, ils charrient des pierres pour faciliter le passage de l'artillerie.
Hélas, la guerre n'est pas seule à être mondiale: une foudroyante épidémie de grippe espagnole se propage, non seulement sur l'Ancien Continent mais aussi aux États-Unis. À Londres, les grands magasins sont obligés de fermer faute de personnel; à Washington, les croque-morts s'enrichissent; en Allemagne et en Espagne, premiers foyers de la maladie, on dissimule au mieux les morts de peur d'inquiéter les vivants. Et la France n'est pas épargnée...
Mary l'infirmière, plus anxieuse que jamais, cherche son mari le long du front. Elle se rend jusqu'en Lorraine au risque d'être contaminée, et gare à ceux qui tentent de l'en dissuader. « C'est sur le champ de bataille que les filles de mon âge vont chercher leurs hommes », clame-t-elle sans ciller. Son courage n'a rien à envier à celui de jules, dont les coups d'éclat lui valent le surnom de « caporal Tempête ».
Cet insatiable désir d'action cache mal la peur et les chagrins. Il y a trop longtemps que la guerre n'en finit pas. Bruges est libérée, les carillons de fonte cachés à l'ennemi ont retrouvé leurs clochers, et la population l'espoir, mais quel espoir ressuscite les morts. Et les vastes mouvements de troupe, les plans d'attaque à l'aube, les stratégies faramineuses ne font pas oublier à l'écrivain Pierre Miquel que la victoire se paie en larmes de sang.