Après son enquête sur Le vocabulaire latin de l'expérience spirituelle dans la tradition monastique et canoniale de 1050 à 1250, publié dans la même collection en 1989, l'auteur étudie ici, dans un véritable florilège, le vocabulaire de l'expérience spirituelle dans la tradition patristique grecque du IVè au XIVè siècle. Les mots clés de ce vocabulaire sont « dépistés » quant à leur fréquence et à leur acception d'abord chez les Pères grecs d'Irénée à Damascène, puis chez les moines grecs du Ps. Macaire à Nicolas Cabasilas.
Par delà les réticences catholiques de l'emploi du mot expérience lors de la Contre Réforme et du Modernisme, on perçoit l'importance de cette approche de Dieu, face à une théologie parfois trop conceptuelle et spéculative. La mystique grecque est expérimentale sans cesser d'être apophatique. À une époque de renouveau charismatique, ce rappel de la tradition permet de discerner les conditions, les limites et l'authenticité de l'expérience spirituelle.
Voici le moment d'avoir du « discernement » (Apocalypse 13, 18). Cet avertissement de l'apôtre saint Jean est d'actualité en cette fin de millénaire où le retour du sacré, le foisonnement des sectes, jettent le désarroi dans les consciences. Comment situer la mystique par rapport à la théologie, à la métaphysique et à la poésie ? Le Dieu des mystiques est-il l'Absolu et l'Inconnu ?
« S'engager dans la mystique » est-il un désir ou un risque ? La mystique aurait-elle quelque parenté avec l'érotisme, le monachisme et l'intégrisme ? La mystique est vertigineuse, comment résister à ses tentations ? Comment distinguer le goût du merveilleux et la grâce de l'émerveillement ? Enfin la mystique a-t-elle son langage et sa méthode ?
Autant de questions qui imposent un discernement vigoureux pour éviter les dérives.
L'illustration de la couverture reproduit le polyptyque de Roger van der Weydan (1464) des Hospices de Beaune. L'archange saint Michel pèse les âmes lors du Jugement dernier, mais c'est à tout moment de l'histoire de l'humanité et à tout moment de chaque existence personnelle que s'opère le discernement.
En même temps qu'il poursuit depuis plus de quinze ans une enquête sur l'expérience spirituelle chez les auteurs monastiques médiévaux et byzantins, Dom Pierre MIQUEL, Abbé de Ligugé, a rassemblé dans cet ouvrage plus de 300 témoignages recueillis dans des écoles philosophiques et des traditions religieuses diverses. Par des voies différentes : la nature, l'art, la beauté; la communauté, l'amitié, l'amour; l'échec, la souffrance, la folie, la mort, l'homme a-t-il accès à Dieu ? Le mot « expérience », rendu suspect par un usage abusif ou inadapté, doit être réhabilité. « L'homme de notre temps ne demande pas des preuves de l'existence de Dieu, il demande une expérience de Dieu. » Mais, peut-on avoir l'expérience de Dieu ? Ce sont ces questions actuelles qui sont soulevées ici.
La Liturgie est un monde qui nous demeure mystérieux « L'homme y passe à travers des forêts de symboles qui l'observent avec des regards familiers » écrit Baudelaire. Celui qui veut y pénétrer en logicien s'y perd vite.
Et la Bible est tout aussi déconcertante pour un esprit théorique : il n'y a pas un mot abstrait dans la Bible. Elle est un livre d'images, un livre d'histoires.
Etre un contemplatif ce n'est pas avoir des visions, mais une vision nouvelle des choses, un regard neuf ; spontanément toute chose, toute personne, tout événement de la vie est une rencontre de Dieu, un signe de Dieu. La vie spirituelle est aussi, d'abord attention au réel. C'est à travers lui que le Seigneur nous parle. A nous de savoir l'entendre.
La théologie est peut-être une science, mais la contemplation est l'art d'écouter et de voir.
A une époque où la théologie met en question son langage, où pourrait-elle mieux trouver ses expressions que dans ces « deux sources de notre morale et de notre religion » : la Bible et la Liturgie ?
Au fil des fêtes liturgiques marquantes de l'année - Noé1. Epiphanie. Pâques. Ascension. Pentecôte, Assomption, Toussaint le P. Pierre Miquel, Abbé de Ligugé, présente, dans cet esprit, une série de réflexions et de méditations qui constitue un florilège varié et complet d'homélies pour notre temps.
Ces propos ne s'adressent pas seulement à des moines, mais à tous ceux qui s'intéressent au phénomène monastique pour l'admirer sans réserve ou le critiquer sans discernement.
L'auteur dresse un bilan de l'institution : évocation d'un passé plus ou moins prestigieux, regard lucide sur le présent, aperçu serein sur l'avenir.
Le recours à l'histoire et à la psychologie, à la spiritualité et à la théologie, permet de percevoir dans le monachisme une réalité à la fois contestée et contestatrice.
Dom Pierre Miquel, après des études de droit et d'histoire à l'Université de Strasbourg, est entré au monastère bénédictin de la rue de la Source à Paris, en 1945.
Il est élu, en 1966, Père Abbé de Saint-Martin de Ligugé ; il démissionne de cette charge en 1990 et devient aumônier des bénédictines de Saint-Louis-du-Temple à Limon.
Il a séjourné au Mont Athos et visité les monastères coptes d'Égypte, plusieurs monastères orthodoxes de Russie, et prêché des retraites dans quelques monastères d'Afrique.
Il a publié plusieurs ouvrages sur la vie monastique et livre ici le témoignage de son expérience de moine.
Les religions connaissent souvent à côté d'un Dieu-Père une Déesse-Mère.
Dans la Révélation biblique Dieu est à la fois paternel et maternel. Dieu est appelé plus souvent Époux que Père. L'épouse de Dieu, c'est Israël ; l'épouse du Christ, c'est l'Église.
Le Fils n'a pas supplanté le Père, mais au contraire il se réfère sans cesse à lui. Il n'y a donc pas à opter entre théocentrisme et christocentrisme.
La mort du père constatée par les psychologues est l'expression d'une crise d'adolescence au niveau de la foi comme au niveau des relations familiales.
Dom Pierre Miquel, abbé émérite de l'Abbaye Saint-Martin de Ligugé, est actuellement délégué auprès des communautés et groupes charismatiques du diocèse de Paris.
Dieu n'est ni le Dieu du buisson ni le Dieu de la montagne, comme dans le folklore, car le Créateur se révèle par la création sans s'identifier à elle. Il n'est pas non plus « l'Être en tant qu'être)} des philosophes. Il se définit non en lui-même mais en relation avec ses adorateurs : il est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob et il promet à Moïse d'être « avec lui » (Ex. 3, 1-15).
On peut relever dans le Nouveau Testament plus de quarante titres donnés au Christ, soit pendant sa vie terrestre, soit après sa résurrection. Ces titres ayant été interprétés par les hérésies des premiers siècles, les Conciles ont dû en préciser la portée exacte, tout en respectant le mystère du Christ qu'aucune définition ne peut cerner.
L'Incarnation suscite des questions auxquelles l'histoire et la philosophie ne peuvent répondre : seule la foi peut, après une enquête qui dépasse le fidéisme, accéder au mystère. Le Christ en tant que vrai Dieu est Révélateur du Père, mais en tant que vrai homme, il est aussi Révélateur de l'homme nouveau.
Dom Pierre Miquel, abbé émérite de l'Abbaye Saint-Martin de Ligugé, est actuellement délégué auprès des communautés et groupes charismatiques du diocèse de Paris.
Dès les origines chrétiennes le poisson a été présenté comme le symbole du Christ. L'anagramme ichtus (??T?S) (Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur) le définit dans sa relation au Père et dans sa fonction par rapport aux hommes.
Peut-on avoir l'expérience de Dieu ? Faut-il croire à ceux qui l'ont eue ? Comment discerner une expérience authentique d'une expérience imaginée ?
Pour répondre à ces questions, Dom Pierre Miquel propose une enquête chez les auteurs spirituels, puis chez les philosophes et les savants. Après quelques siècles de rationalisme, la mystique est à la mode, encore faut-il du discernement pour ne pas perdre la raison. L'encyclique récente de Jean-Paul II « Foi et raison » permettra peut-être à des philosophes de trouver la foi et à des théologiens de retrouver la raison...
Sans prétendre être exhaustive, cette étude permet de réhabiliter l'expérience spirituelle, devenue suspecte à l'époque de la Réforme, puis au temps du modernisme. Si la théologie n'assume pas l'expérience mystique, la mystique devient « sauvage » comme on le constate dans le pullulement des sectes. Les excès ne doivent pas faire oublier qu'une théologie sans expérience est aussi dangereuse qu'une expérience sans théologie.
De 1050 à 1250 la littérature monastique et canoniale connaît un remarquable essor. Les auteurs de cette époque connaissent la Bible par la liturgie et par le lectio divina : leur expérience personnelle de Dieu est confrontée avec les expériences que le peuple élu a fait de son Dieu et qui sont relatées dans la Bible. Leur théologie n´est pas conceptuelle comme elle l´a souvent été - par nécessité apologétique ou polémique - à l´époque patristique ; elle n´est pas non plus scolastique comme elle le deviendra peu après dans les écoles. La mystique n´est pas alors une science religieuse distincte de la théologie.
La théologie mystique n´apparaîtra qu´un siècle plus tard - et comme une spécialité ! En ces deux siècles médiévaux la connaissance de Dieu est d´abord à base de contemplation suivant le mot de saint Grégoire le Grand : « amor notitia est », et « l´amour des lettres » n´est jamais distinct du « désir de Dieu », comme l´a bien discerné dom Jean Leclercq. Pour rendre compte de leur expérience, les moines et les chanoines réguliers emploient un vocabulaire généralement emprunté à la Vulgate latine.
Le relevé du mot experientia dans leurs oeuvres permet de vérifier la fréquence de son emploi et de juger de l´importance de cette notion proprement existentielle. Certes il faut se méfier de la statistique dans le domaine spirituel ; mais compte tenu du contexte, la densité de l´emploi de ce mot par les auteurs médiévaux, trahit une préoccupation fondamentale : celle de la quête de Dieu s´achevant dans la perception d´une existence.
Les symboles que la Bible propose permettent de percevoir l'action de l'Esprit dans le monde et dans l'homme.
Ses fonctions sont variées, ses dons, ses charismes et ses fruits le sont aussi.
L'Esprit Saint est opposé, mais sans dualisme, à l'Esprit du Mal. Il est une Personne qui personnalise et un Esprit qui spiritualise.
La querelle du « Filioque » est évoquée comme un regrettable malentendu entre l'Église d'Orient et l'Église d'Occident. .
Dom Pierre Miquel, abbé émérite de l'Abbaye Saint-Martin de Ligugé, est actuellement délégué auprès des communautés et groupes charismatiques du diocèse de Paris.
Le feu qui descend sur les apôtres le jour de la Pentecôte n'est pas une pluie de feu comme celle qui s'abattit en châtiment sur Sodome (Geu. 19,24); ce n'est pas non plus le rapt du feu du ciel par les Apôtres selon le mythe de Prométhée.
Le feu de l'Esprit les embrase: ils « prennent feu» et leur langue devient ardente pour proclamer la bonne nouvelle.