La place qu'occupe la religion au sein de nos sociétés modernes invite à une interrogation ouverte sur la nature du phénomène religieux, son organisation institutionnelle, ainsi que sa fonction et son importance sociales. Comment peut-on comprendre et comment a-t-on compris le sens du religieux? La réflexion de Pierre Gisel s'inscrit dans cette perspective multiple, à la fois conceptuelle et historique, en dégageant les différentes caractéristiques du paysage religieux contemporain, en retraçant la généalogie des définitions classiques et en examinant l'apport spécifique du christianisme.
Un commentaire de textes de Thomas d'Aquin et de Georg Simmel vient compléter cette étude et souligner l'importance anthropologique de la religion.
Qu'est-ce que la théologie ? est-ce un discours doctrinal, lié à telle religion particulière ? ou faut-il d'abord entendre, par théologie, un type de réflexion et de problématisation d'allure philosophique ? cet ouvrage tente de présenter et de valider la seconde option.
Il dessine un axe d interrogation qui traverse l'histoire de l'occident, dans sa variété et ses changements. cette interrogation remonte à platon : il y a théologie quand on se demande ce qu'il en est du divin mis en scène par les poètes et les porteurs de mythes racontant des histoires de dieux.
Concrètement, la théologie traverse aussi des discours doctrinaux, avec des risques d'idéologisation, mais avec des capacités de décentrement et de critique également.
Cet ouvrage réfléchit à un héritage complexe et ambivalent, qui marque chacun, quels que soient ses liens ou son absence de lien au religieux. il propose des orientations et balise un champ de problèmes en même temps qu'il précise bien des points touchant au christianisme.
La question religieuse occupe beaucoup l'espace de la discussion civile et politique. Mais c'est le plus souvent pour décliner les formes, réussies ou en échec, de l'intégration sociale. Ou pour en appeler à des programmes de déradicalisation. On y recourt aux sciences sociales, ou psychologiques, mais en se gardant d'entrer sur le terrain du religieux et des croyances. Or c'est là un appauvrissement et un aveuglement, du coup une voie sans issue. C'est que le religieux est porté par des pulsions humaines dont le déni se paie. Que ce soit dans ses visées, refoulées, ou dans certaines de ses inflexions, dangereuses. Le présent essai entend en ouvrir la « boîte noire », pour y faire voir ce qui s'y joue et comment. Il est notamment attentif à en circonscrire la forme de « religion totale », en articulation à une généalogie de l'histoire européenne, christianisme compris. Et attentif aux correctifs ici requis et possibles, sur le terrain même des croyances.
Ce titre tient une place marquante dans la collection " Jésus et Jésus-Christ " et méritait de ce fait cette nouvelle édition soigneusement revue. Articulant l'approche historique et systématique à la lumière des différences confessionnelles, entre catholiques Romains et la Réforme, mais aussi entre Calvin et Luther, ou entre la Réforme et l'anabaptisme, cette présentation de la christologie de Calvin met en évidence un sens accusé de la transcendance de Dieu et, aussi, du poids des réalités humaines, historiques, charnelles et séculières. Elle propose là une représentation stimulante du Christ médiateur éternel comme de son oeuvre de salut. Paru à l'occasion du cinq-centième anniversaire de la naissance de Calvin, cet ouvrage montre donc à quel point la christologie calvinienne aide à repenser le thème de la médiation : aussi bien la médiation entre Dieu et l'homme, manifestée par le Christ, que les médiations interhumaines, ecclésiales, culturelles ou sociales. Point central et toujours en débat au coeur de la foi chrétienne. Et point crucial au coeur des débats de la modernité avec elle-même.
" Pourquoi publier aujourd'hui une Encyclopédie du protestantisme ? " s'interroge le directeur de cette vaste entreprise. Pour proposer, non la défense d'un héritage religieux, mais, " en fonction d'un horizon culturel et social commun, des clarifications touchant un passé donné, en vue d'un présent à assumer. Le projet d'ensemble proposé ici est généalogique. Cette publication s'inscrit dans une perspective délibérément sociale et culturelle : articuler des données historiques par rapport à leurs significations, leurs résonances imaginaires, leurs effets sociaux, leur statut de références symboliques. Elle offre ainsi au lecteur un panorama du protestantisme d'aujourd'hui, avec ses forces et ses faiblesses. Cette encyclopédie alphabétique est constituée de 48 " grands dossiers " et d'environ 1400 " petites rubriques " consacrées à des noms de personnalités de l'histoire protestante et des notions significatives du " fait protestant ". Chaque article, complété d'une bibliographie, est signé et de nombreux corrélats permettent d'enrichir la lecture de ce livre de référence, plébiscité par la presse dès sa première publication et qui, dans cette version dico-poche, est entièrement mis à jour et augmenté de nouvelles rubriques. Elle s'inscrit dans les débats contemporains où le rapport au religieux s'impose comme objet de réflexion au coeur d'une Europe construite dans une matrice chrétienne.
Vérité et Histoire est un ouvrage important à plus d'un titre. Il propose d'abord une réflexion fondamentale qui s'amorce avec les questions : qu'est-ce que la théologie ? Où opère-t-elle ? En vue de quoi ? En ce sens, ce texte vaut comme introduction à la théologie.
Cet ouvrage se présente ensuite comme une tentative de préciser le statut et la tâche de la théologie au coeur de la modernité, d'une façon qui soit à la fois rigoureusement théologique, donc critique - le théologien refusera de sacrifier aux dieux de la modernité - et à la fois délibérément en prise sur son époque - la théologie chrétienne ne vit pas de la nostalgie des paradis perdus mais de la vocation à « traduire » l'Evangile dans des cultures changeantes.
Ce texte présente enfin le premier exposé d'ensemble de l'oeuvre de E. Kâsemann, l'un des exégètes et historiens du Nouveau Testament les plus significatifs de ces dernières décennies. A ce titre, il tente un décloisonnement des disciplines théologiques : un dogmaticien élabore ici sa réflexion au gré d'une lecture serrée de l'oeuvre d'un exégète. Du coup, on entre dans le débat largement ouvert aujourd'hui touchant la validité des méthodes historico-critiques en théologie. Ce travail voudrait faire entendre que la vérité et l'histoire sont en conflit, mais qu'il s'agit d'un conflit légitime. C'est en effet dans ce conflit et le corps à corps qu'il suppose que la théologie peut devenir véritablement théologique, et non idéologie religieuse, comme c'est là également que l'histoire peut devenir mémoire de l'humanité et ouverture à l'avenir, et non positivisme, secrètement nihiliste ou sourdement totalitaire.
Né en 1947, Pierre GISEL a travaillé comme journaliste et pasteur de paroisse. Il est actuellement professeur de théologie moderne et contemporaine aux Universités de Lausanne, Genève et Neuchâtel. Il travaille aussi comme co-animateur de l'« Atelier oecuménique de théologie », vaste et riche entreprise de formation des laïcs. Il assure en outre la direction théologique de la maison Labor et Fides.
Circonscriptions établies (philosophie, théologie, sciences des religions, sciences humaines), par-delà la diversité des héritages et des manières de considérer l'humain, ce qui le traverse, le mobilise et l'affecte. La première partie touche des modifications dans l'approche des phénomènes en cause.
Où sont en jeu les motifs de la transcendance, de l'immanence, de la singularité, de ce qui arrive à nos sociétés, de ce qui les travaille et s'en dérobe. La deuxième partie reprend des dossiers d'histoire contemporaine de la théologie. Où se font voir des déplacements significatifs : la centralité ou non d'une question portant sur de l'ultime, le statut de ce qui apparaît comme nouveauté, une prise en compte des pratiques, ce que peut entraîner un regard sur la mystique, la mise en cause d'un anthropocentrisme, un nouveau positionnement des acteurs (à l'occasion du créationnisme).
La troisième est centrée sur ce qui est allégué comme fondement, mémoire ou référence. Une question cruciale au coeur des traditions religieuses et de nos sociétés, liée aux recompositions d'identité, de rapports au monde et à altérité. Que l'auteur examine à propos de deux motifs : le texte biblique et ce dont il est investi, l'homme Jésus et sa construction comme figure.
Les rapports entre religions et politique doivent être repris. Les phénomènes de radicalisations y incitent ; de même que les difficultés à reconnaître des traditions de religion et de culture différentes, et à en penser une fécondité possible. C'est que le politique a trop connu un espace républicain voulu homogène et des individus déculturés, ignorant les réalités intermédiaires où se font et se défont les identités individuelles et collectives. De leur côté, les religions ont à réfléchir à nouveaux frais à ce qui les légitime et à leur rapport au social, du coup à sortir de la seule mise en avant de ce qui les fonde et les autorise. Le présent ouvrage donne des pièces de ce dossier, où sont en jeu le monde et le social en leur sécularité et leurs pluralités. S'y propose un pas-en-arrière permettant d'ouvrir des problématiques et de la réflexivité. Il le fait à contre-courant de qui s'impose communément. Et il met en exergue une tendance postmoderne des religions à se laisser enfermer dans du repli communautariste, en auto-référence. Il donne à penser aussi des postures et des pistes (Certeau, Barth, Levinas), prometteuses ou égarantes, mais toutes significatives.
Le corps est un révélateur de notre rapport à la vie, la mort, al santé, la religion, la technique. Dans cet ouvrage réunissant théologiens, anthropologues et philosophes, le corps est pensé par rapport à ce qui l'excède, ce qui le met en scène, ce qui le reprend, ce qui le transforme. Dans une première partie, l'ouvrage propose des éclairages sur le corps à partir de ce qui met en question sa vision strictement rationnelle, avec notamment l'évocation du chamanisme ou de la reprise dans les techniques de la santé d'éléments considérés comme proches de la superstition. Puis, trois auteurs évoquent les différentes manières dont la Bible, avec les livres de Samuel, la philosophie, avec Platon, et la littérature contemporaine, en compagnie de quelques écrivains, mettent en scène les corps. Dans une troisième partie, sont abordées des questions plus strictement reliées à la tradition chrétienne avec le corps dans l'histoire et le contexte de l'Eglise catholique, dans ses variations à l'époque du christianisme primitif, dans un travail de pastorale africaine et en relation avec la pratique de l'ascèse. Enfin, quatre contributions explorent le défi posé par la virtualisation et la déréalisation du corps dans nos sociétés d'aujourd'hui, avec, pour clore l'ensemble, une réflexion sur le dualisme qui traverse le questionnement sur le corps, traduit, en contexte chrétien mais pas seulement, par un rapport ambigu à a chair.
L'auteur revisite dans ce petit livre incisif les principaux sacrements propres au christianisme.
C'est une manière d'appréhender les éléments fondamentaux de ce qui définit cette religion. Mais loin de s'arrêter à un simple exposé historique et informatif, Pierre Gisel prend position. Sont ainsi épinglées tant l'attitude " naïvement optimiste " des Eglises protestantes actuelles qui ont voulu rattraper une modernité qui leur échappe sans pour autant faire de propositions structurantes, que celle de l'Eglise catholique, Vatican II compris, qui tend à voir l'Eglise comme une récapitulation idéale de l'ensemble du monde et de l'humain.
Croire ou ne pas croire : personne n'échappe aujourd'hui à cette interrogation censée définir l'adhésion au religieux, aux valeurs, aux représentations collectives. Il y a une manière occidentale de croire, traversée par ailleurs de multiples contradictions ; il y en a d'autres, antiques, orientales ou post-modernes. Croire recouvre tout un univers de significations contrastées et cet ouvrage collectif s'attache à définir quelques constellations à l'intérieur desquelles le terme inscrit ses ambivalences. Chez Thomas d'Aquin ou Luther, dans son articulation aux savoirs, aux croyances, à la transcendance ou à la mort de Dieu, les déclinaisons du " croire " offrent une autre manière de comprendre les croyances, par-delà leurs oppositions ou les tentatives traditionnelles du dialogue interreligieux. Théologiens, philosophes et littéraires offrent ainsi dans ce livre une compréhension originale de nos héritages et des interrogations contemporaines qu'ils suscitent.
Traiter du religieux à l'Université; le gérer en société contemporaine: deux registres différents, mais mêmes changements, et mêmes difficultés.
Cette question est relancée par l'éclatement du religieux: pluralité de traditions (christianisme, islam, bouddhisme), avec leurs modifications internes, fondamentalistes ou libérales, et les nouvelles formes de leurs positionnements sociaux; mouvements religieux récents (scientologie, Ordre du Temple solaire, raëliens); religieux "diffus", visant équilibres de vie, voire spiritualités sans Dieu, dont on ne sait plus s'ils sont ou non religieux.
Le religieux est pris ici comme "scène", symptomatique, où les questions ne sont pas réductibles à des différences de conviction, ni à l'opposition entre compréhension interne et neutralité; pas non plus entre théologies et sciences des religions. Or, c'est ainsi que tout le monde le voit spontanément. Mais c'est une dimension à ne pas évacuer, en rester là empêche de voir des des mutations et des enjeux plus profonds qui traversent les savoirs (sciences sociales, anthropologie, histoire) comme la société: son présent, ce qui s'y montre et ce qui y est dénié, des boucs émissaires trop vites identifiés, des processus inaperçus.
Le livre raconte, pris sur le vif, des événements qui ont durement occupé l'Université de Lausanne. Il tente d'y saisir des déplacements et d'en expliciter des enjeux, et ouvre ainsi plus largement, le débat sur l'enseignement du religieux à l'Université.