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Le savoir de la vie : florilège de l'Ayurveda
Michel Angot
- Les Belles Lettres
- 7 Octobre 2022
- 9782251453279
« Celui qui désire une vie sans maladies sera bien avisé de ne pas prendre le remède prescrit par un médecin qui n'en connaît pas l'emploi. » L'ayurveda contemporain se réclame d'une origine ancestrale. Nombre de textes sanskrits anciens nous sont en effet parvenus mais que disent-ils au juste ? Cet ouvrage propose la première anthologie en langue française de textes classiques, introduits et commentés, pour découvrir cette médecine indienne traditionnelle et savante.
Les extraits, sélectionnés par Michel Angot au sein des grands traités ayurvédiques (Caraka-samhita, Susruta-samhita, Ashtanga-hridaya-samhita, etc.), fournissent des réponses à des questions comme : Qu'est-ce que la santé, qu'est-ce que la maladie ? Qui soigner, qui ne pas soigner ? Avec quoi soigner et dans quel but ? -
Le nyaya-sutra ; l'art de conduire la pensée en Inde ancienne
Michel Angot, Gautama
- Les Belles Lettres
- Indika
- 15 Octobre 2009
- 9782251720517
Le terme "Nyaya" est fréquemment rendu par "logique" ou "dialectique", mais cette traduction ne doit pas masquer la radicale différence qui existe entre la logique occidentale, héritée principalement d'Aristote (384-322 av. J.-C.), et le mode de pensée qui est exposé dans ces textes fondateurs de la sixième et dernière école orthodoxe de la philosophie hindoue. En effet, Aristote, avec l'introduction de la notion de variable, avec l'évacuation du contenu concret des propositions, a développé une logique formelle permettant de dégager des lois universelles et abstraites profondément étrangères aux intentions de Gautama : si celui-ci vise une science, cette science ne peut se comprendre sans faire référence au sujet connaissant. Dans cette perspective, une proposition est vraie pour celui qui l'a exprimée et non en elle-même, elle n'a pas de structure qui en assure en elle-même la validité. Elle est inséparable de l'intention de l'auteur et du contexte particulier dans lequel celui-ci s'est exprimé. Autrement dit, le logicien occidental énonce des propositions puis sort de sa construction pour analyser ces propositions et décider de leurs valeurs universelles, tandis que le naiyayika énonce des vérités d'expérience, des vérités existentielles. Cette manière d'appréhender la connaissance, si étrangère à nos habitudes mentales, est inséparable d'une préoccupation religieuse au sens le plus large : le Nyaya est un système de salut dont l'objectif n'est pas de connaître le monde ou de constituer un savoir sur le monde mais de connaître ma réalité dans le monde, ma personne connaissant le monde ; c'est dans la mesure où cette réalité extérieure s'identifie avec mon propre corps qu'elle devient un objet de réflexion pour le Nyaya, et cette connaissance débouche sur une sortie du monde. Tout le Nyaya ancien est orienté vers cette connaissance libératrice et non vers une connaissance objective : pour lui, c'est l'homme qui doit être véridique, car une vérité qui lui serait
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Le Mahabhasya est le commentaire du linguiste Patanjali sur les Karika de Katyayana et l'Astadhyayi de Panini rédigé au milieu du IIe siècle av. J.-C. par un auteur dont nous connaissons seulement le nom. Plus d'un millénaire plus tard, sur la base d'un mythe, on a associé le nom Patanjali à l'auteur anonyme du Yogasutra : l'un avait purifié le domaine de la parole, l'autre celui de l'esprit. Mais il est sûr que l'auteur du Mahabhasya n'a rien à voir avec le yoga : c'est un pur linguiste.
Les trois auteurs (Panini, Katyayana et Patanjali) et les trois ouvrages constituent la base de la conscience linguistique dans le monde sanskrit, quelle que soient les préférences idéologiques et religieuses des auteurs. Ils forment le trimuni vyakaranam « La Grammaire des trois sages ».
Le Mahabhasya est un ouvrage technique ; il suppose connue l'Astadhyayi de Panini (vers le Ve siècle av. J.-C.) et les principaux problèmes d'herméneutique posée par ce texte. C'est donc un ouvrage de grammaire et d'exégèse. De plus, ce nom Mahabhasya « Grand Commentaire », donné par le linguiste Bhartrhari (Ve s. ap. J.-C.), en ne précisant pas la matière commentée, montre la place unique que l'ouvrage occupe dans la littérature commentariale : il en est le modèle. Avec Patanjali, la méthode commentariale est fixée une fois pour toutes et, malgré la naissance d'autres savoirs, le Mahabhasya est demeuré la norme en matière de commentaire quelle que soit la nature du texte commenté. Ces dernières années, l'intérêt pour le Sutra de Panini, proche dans une certaine mesure de l'esprit des programmes informatiques, a entraîné une relative désaffection envers le Mahabhasya. Les travaux de S.D. Joshi et J.A.F. Roodbergen et ceux de P.-S. Filliozat, des entreprises d'envergure, ont été interrompus si bien que le Mahabhasya n'est toujours pas traduit dans une langue européenne. Ce faisant, on s'intéressait plus aux ouvrages de Vyakarana tardif, ceux de Bhattoji Diksita (XVIIe siècle) et de Nagesa (XVIIIe siècle) notamment parce qu'en Inde les derniers érudits travaillent moins à partir de Panini et Patanjali que de Bhattoji, etc. Nous espérons renouer, avec d'autres, au renouveau des études sur le Mahabhasya, afin à terme de terminer le travail brillamment commencé par P.-S.
Filliozat. La Paspasa tient lieu d'introduction du Mahabhasya ; c'est la seule section où l'auteur parle sans commenter précisément le texte, exprime sa conception de la langue et de la grammaire. Sa moindre technicité permet au lecteur attentif de comprendre les bases de la problématique linguistique sanskrite. La Paspasa est chère aux pandits « érudits » qui souvent la connaissaient par coeur, même s'ils n'étaient pas des grammairiens professionnels. On y voit in nuce tous les problèmes posés ultérieurement par la grande tradition linguistique en Asie du Sud, le tout servi par une langue classique, remarquablement précise, et témoignant d'une insigne intelligence du texte. Et surtout le texte reste compréhensible pour les lecteurs. L'auteur, en plus de la traduction (un travail déjà bien réalisé par ses devanciers) a surtout porté son effort dans les notes pour expliquer le texte, pour en montrer l'épaisseur en terme de culture, et aussi de vie et de conscience.