On oublie vite. Est-ce que déjà ne s'efface pas, en moi, la trace de ces jours-là ?
J'écrivais, sur mon lit, de petites notes. Ça me venait comme ça, comme une parole qui m'était dite en même temps que je la disais. C'était une parole de consolation. Peut-être touche-t-elle, en moi, en chacun, à des choses trop proches pour qu'on ait envie de discourir dessus. Pudeur oblige.
Il ne reste qu'à dire simplement, sans rien ôter ni ajouter, sans réfléchir ni arranger.
En peu de mots.
« La Voie est nécessaire à l'homme, autant que l'air ou la nourriture.
Elle tire l'homme hors de la détresse.
La Voie est tendresse.
Mais la tendresse de la Voie n'est pas ce que nous nommons tendresse. Aucun nom commun ne la nomme. On ne peut ni la décrire, ni l'apprendre, ni l'enseigner...
La tendresse est amour de tout ce qui est, jubilation de toute naissance, désir encore et encore que tout vivant vive et donne son fruit.» La Voie est sûrement l'oeuvre la plus universelle de Maurice Bellet (1923-2018). Le théologien et psychanalyste a trouvé là une manière unique et totalement adogmatique de toucher une dimension de l'être que tout lecteur peut, grâce à lui, appréhender quelles que soient ses croyances.
Pour l'écrivain et théologien Maurice Bellet, chacun passe au cours de sa vie par ce qu'il nomme l'en-bas : la déchéance, le monstrueux, la dépression, la trahison, la folie, la perte, l'exclusion, la maladie ou la détresse. Ces situations peuvent être l'occasion d'une création et d'un rapprochement avec les autres, et cette fonction ne doit pas être occultée de la vie humaine : C'est un peuple sans nom, sans patrie, sans drapeau, écrit-ils à propos de ces gens de l'en-bas. Ils portent l'énergie formidable qui naît en bas lorsque l'humain de l'humain émerge de la grande mort - prodigieuse naissance. C'est un genre d'hommes, hommes et femmes, littéralement revenus de la mort : ils y ont goûté, elle les a transpercés : quelque chose est advenu, qui est impérissable. Une méditation profonde et un classique de la littérature chrétienne du XXe siècle.
Dieu est loin, très loin de la peur et de la culpabilité que le christianisme a trop souvent substituées à l'amour et à la liberté de l'Évangile...
- Le livre le plus connu de Maurice Bellet - "Un théologien aussi dérangeant qu'important" Jean-Claude Guillebaud - Un ouvrage vendu à plusieurs dizaine de milliers d'exemplaires depuis sa parution.
La première édition de ce livre date des années Quatre-vingt dix. Depuis, l'expression " le Dieu pervers " est passée dans le langage courant. Elle désigne une maladie redoutable du christianisme : le " Dieu amour " est-il en fait un Dieu qui aime la souffrance et se plaît à pervertir les relations qu'il a avec l'homme ?
Non seulement cruel, mais menteur ! On ne pourra reprocher à Maurice Bellet d'avoir sous-estimé le danger. Source de ravages extrêmes parmi les chrétiens, cette dérive est sans doute une des origines principales du rejet de la foi par beaucoup. Le surmonter suppose une révision déchirante, une écoute neuve et radicale de l'Évangile. Alors apparaît que le processus de cette perversion n'est pas une exclusivité chrétienne. Il hante la politique et la pensée ; il est, au plus profond, le malheur de notre société.
« La Voie paraît extrêmement pauvre devant tout édifice, tout chemin tracé, tout savoir et toute somme.
Elle dit trop peu, elle ne précise pas, elle est juste l'infime commencement. Elle n'est que l'ouverture. Elle n'est que la blessure de la semence d'où part et s'élève ce qui deviendra le grand arbre de vie, où chantent les oiseaux du ciel.
Elle est nue comme la naissance. » La Voie est sûrement l'oeuvre la plus universelle de Maurice Bellet (1923-2018). Le théologien et psychanalyste a trouvé là une manière unique et totalement adogmatique de toucher une dimension de l'être que tout lecteur peut, grâce à lui, appréhender quelles que soient ses croyances.
Depuis de nombreuses décennies, l'oeuvre du théologien Maurice Bellet n'a cessé de déconstruire - avec les acquis entre autres de la psychanalyse - le « Dieu pervers » transmis par un certain christianisme, pour ouvrir ses lecteurs à d'autres horizons. Le présent volume réunit deux essais qui illustrent la radicalité de sa pensée.
Dans Dieu, personne ne l'a jamais vu, il aborde de front le paradoxe de tout discours théologique : « Si Dieu est Dieu, il n'est rien de ce que nous mettons à sa place, y compris sous son nom. Autrement dit, si Dieu est Dieu, il n'est pas Dieu. Il est beaucoup plus haut - et beaucoup plus bas. » La question au coeur de l'Essai sur la violence absolue (initialement paru sous le titre Je ne suis pas venu apporter la paix. ) est tout aussi cruciale : en quoi l'Évangile, qui est tout sauf iréniste, constitue-t-il une réponse adéquate à la violence absolue, à ce fond d'inhumanité radicale, de nihilisme moral qui ne concerne pas seulement les nazis, mais qui en réalité nous habite tous ?
Les interrogations posées par ces deux courts essais sans concessions seront à coup sûr incontournables pour le christianisme du XXIe siècle.