Dans une relecture de la parabole du fils prodigue, Marion Muller-Colard explore, plus que son retour, le départ du fils cadet. Non seulement son départ, mais encore la nécessité de cette rupture qui le met au monde plus radicalement qu'une naissance.
De la confrontation entre le texte biblique et une analyse subversive de l'âge qualifié d'ingrat jaillissent des voies inédites de souveraineté. Un éloge de toutes nos adolescences, car il n'y a pas d'âge pour « ratifier sa naissance ».
« Cette existence qui a commencé par une vie reçue, qui se finira par une vie reprise, doit bien, un jour ou l'autre, être conquise. Ils fomentent une façon d'être autre chose qu'un débit. Ils fomentent un début. ».
« La voie de l'intranquillité s'est imposée à moi par la force des choses. Par la force crue de la vie, qui ne prévient de rien, qui exige de nous que nous épousions à chaque instant la courbe indéchiffrable de notre imprévisibilité. » Et si nos vies ne se suffisaient jamais d'être « tranquilles », au repos... Si, finalement, l'inquiétude, la curiosité, l'interrogation voire le doute, étaient les vrais moteurs de toute existence humaine en recherche ? Marion Muller-Collard propose ici une méditation qui peut s'adresser à tous, croyants ou non, et nous conduit à faire de notre « intranquillité » l'occasion d'une plus grande confiance, d'une disponibilité à l'imprévu, à ce qui arrive.
Marion Muller-Colard a accepté pour l'hebdomadaire protestant Réforme d'écrire chaque semaine pendant 3 ans le commentaire de l'Evangile. Ce livre rassemble l'intégralité de ses lectures et donne ainsi un merveilleux ensemble, humain, proche des vies quotidiennes de chacun d'entre nous, de nos interrogations, pour (re)découvrir l'évangile.
D'une certaine façon, ce livre c'est l'Evangile de Marion Muller-Colard. On y découvre sa façon de méditer, de « ruminer » l'Ecriture, de l'approcher, et surtout de provoquer notre intérêt pour le texte et la parole bibliques.
Nous reproduisons à chaque fois l'intégralité du texte évangélique commenté, accompagné de la lecture de l'auteure et de sa prière, en fin de lecture.
Un très beau livre de sagesse et de méditation qui renouvelle notre regard sur l'évangile.
Il faut dire aussi qu'on m'a appelée Prunelle. Et après, on s'étonne que je fasse une adolescence précoce. Quatorze ans, d'ailleurs, c'est plutôt l'adolescence tout court, voire l'adolescence un peu à la bourre... Et l'UN des problèmes avec ma mère, c'est qu'elle n'a jamais sérieusement envisagé que je puisse grandir. Ce n'est pas une mère, c'est Protector, un vrai garde du corps. Ça cache quoi tout ça ?
« Il m'arrive de penser que tout est mise en abîme. Mais à une échelle si grande qu'il nous est impossible de voir nos existences autrement que comme des ramifications anarchiques. Chacun de nous est à la fois la petite et la grande matriochka d'autre chose. Et si Dieu existe, c'est d'être la plus petite, l'indivisible. Cet ovale lisse et minuscule que j'aimais tenir enfin entre mes mains, enfant. Dans le désordre des poupées russes éventrées, éparpillées au sol par moitiés, tenir au creux de ma paume ce noyau dur solide, irradiant d'une inviolable unité. » Dans ce livre, Marion Muller-Colard part à la rencontre de Nikola Zaric, sculpteur suisse décédé en 2017. Son oeuvre lui révèle que « la vie ne se trace pas en ligne mais en ronde. »
Dans ce texte éminemment intime et poétique, Marion Muller-Colard nous narre, avec une plume tour à tour espiègle et poignante, sa retraite de huit jours dans un centre jésuite, au pied de la Chartreuse. C'est alors l'expérience du jeûne, du silence, un retour sur soi, et surtout : la confrontation avec Dieu. Ce Dieu que l'auteure concevait enfant comme « un gros oeil noir », voilà qu'elle le découvre maître d'art martial, enseignant la souplesse, le relâchement, et l'humilité. Au bout de huit jours de combat spirituel et physique, Marion Muller-Colard redécouvre le coeur de sa foi, empreint de relâchement, et de gratitude.
Le texte est accompagné d'aquarelles de Francine Carrillo.
Trois femmes se croisent, se rencontrent, s'interpellent au pied d'une statue de la Vierge. Une amoureuse, une jeune mère, une clocharde. Elles se disputent, se consolent, en viennent aux mains, parfois. Elles livrent leurs souvenirs d'enfance, leurs rêves, leurs colères, leurs folies. Enfant, la jeune mère s'est jurée qu'elle deviendrait Marie, quand elle serait grande. Et la voilà enceinte, sans bien comprendre comment, émerveillée d'avoir si bien réussi. Mais lorsqu'elle revient de nuit avec son bébé, la jeune mère essaye de le faire tenir dans les bras de la statue pour le confier à plus grande qu'elle. Plus grande peut-être, mais de marbre.
L'amoureuse et la clocharde sont malgré elles investies d'une mission. Elles ne peuvent pas abandonner la jeune femme, en proie à son premier désespoir maternel. Et qui pourra consoler l'amoureuse de l'homme qui ne vient pas ? Qui donnera à la jeune mère le courage de se détourner des statues pour entrer dans le vif du réel, dans la chair et l'os d'une vie incarnée, brinquebalante, majestueuse, décevante? Sur ce qu'il reste de la vie après les désillusions, la clocharde en connaît un rayon. Un rayon lumineux qu'elle dévoilera petit à petit, au pied de la statue de Marie...
"Tu connais ces grenouilles ? interroge le Professeur Freud.
- C'est pareil tous les jours, soupire la carpe. Ça essaye de grimper sur son nénuphar, Surmoi lui flanque une beigne, Ça recoule et Moi est bien embêtée."
Comment lier Evangile et engagement politique, deux domaines a priori difficilement conciliables ? Est-il possible de redonner aux citoyens une responsabilité individuelle forte au sein de la Cité ?
Dans un essai empreint de poésie et de spiritualité, Marion Muller-Colard, l'auteure de L'Autre Dieu, nous emmène sur les traces de Jo, maire d'une grande ville française ayant quitté toute attache partisane et fervent défenseur d'une véritable démocratie participative ; elle nous plonge au coeur de la réflexion politique d'Hannah Arendt ; revient sur les prophètes bibliques, Elie en tête, dont le complexe s'articule autour du refus de s'engager pour leur communauté ; propose une interprétation novatrice de l'Amour des évangiles comme engagement social ; enfin, Marion Muller- Colard nous fait voir ce qui constitue le coeur de son monde intime, rempli de doutes, de fragilités et d'espérance.
Hannah Arendt n'est pas une penseuse de terrier, mais une penseuse de terrain. Dans son petit the´a^tre, monter en sce`ne veut dire penser ; penser veut dire agir. Surtout lorsque les hommes-bureaux n'ont qu'une ide´e : construire un monde de papier...
Dans ce texte mêlant le récit personnel, la méditation et une relecture spirituelle du livre de Job, Marion Muller-Colard donne à entendre la foi comme une audace. De son expérience de pasteur en milieu hospitalier, elle retient la plainte existentielle de patients soudain privés des repères d'un Dieu avec lequel ils croyaient pourtant avoir passé un contrat. Relisant sa propre expérience de la menace au chevet d'un de ses fils gravement malade, elle part en quête d'une foi qui ne soit plus l'assurance illusoire d'être mis à l'abri du sort et des aléas. En cheminant avec Job, dont elle est spécialiste, l'auteur interroge la possibilité de se délester de la culpabilité et de la pensée magique pour se risquer à une confiance sans filet : celle en l'Autre Dieu. Au-delà de la plainte et de la menace, Marion Muller-Colard fait miroiter la grâce dans ce texte très incarné, composé pour tout lecteur en recherche d'une pensée théologique originale, accessible et exigeante.
Dans la famille d'Amandana, la propreté irréprochable n'est pas qu'un métier. C'est un mode de vie. Rien qui dépasse. Dans le Lavomatique tenu par ses parents, le bruit des machines couvre celui des élans du coeur et du corps. Mais comment faire taire son attirance pour une de ses camarades de lycée?
« Tout le monde n'a pas le don des larmes. Les enfants l'ont. On le leur retire comme un jouet obsolète. Certains résistent, conservent l'art secret de pleurer. D'autres devront apprendre à nouveau, remonter les bras morts de leur vie, retrouver l'art antique des sourciers.
Sylvia n'a pas désappris à pleurer : elle est née sèche. Cette pensée zèbre son front comme un éclair, le front qu'elle baisse sous le regard lourd du curé. Pour un peu elle ploierait, elle si menue, faite d'os autour desquels les muscles s'enroulent en lianes serrées. » Bastien est mort dimanche et Sylvia, sa mère, aimerait croire que cela ne changera pas grand-chose. Car Bastien, lourdement handicapé, n'a jamais pu parler ni adresser un regard à quiconque. Alors que passent les premiers jours sans lui, une pluie diluvienne gonfle les eaux de la Durance voisine. Chez Sylvia aussi, la part sauvage menace de déborder.
Wanted Louise est un avis de recherche.Celle qui le lance, Chris, est écrivaine, mère et grand-mère, dans l'ordre de ses priorités. Depuis que sa fille Louise a disparu, quittant son foyer sans explication, Chris se retrouve flanquée de deux petits-fils et d'un gendre désemparé. Alors qu'elle se débat avec ses nouvelles obligations, Ludmila fait irruption dans sa vie. Cette vieille femme étrange est venue lui confier son histoire, celle d'une adolescente qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, est poussée dans la Résistance par sa mère. Le récit de Ludmila éveille chez Chris un irrépressible besoin d'enquêter et de raconter.
Roman à suspense en même temps que portrait sensible de femmes fortes, Wanted Louise confirme le talent de Marion Muller-Colard pour dire la complexité du sentiment maternel et la difficulté à communiquer avec ceux qu'on aime.
"Plume d'Ange est un album de Noël qui ne parle pas du Père Noël.
Marion Muller-Colard, à travers les traits d'un petit ange apprenti, invite à revisiter l'histoire de Noël à partir de ses fondements traditionnels. L'écriture, alliant poésie et humour, redessine de façon originale une invitation qui concerne tout un chacun :
Apprivoiser sa propre fragilité et celle des autres, explorer le vertige dans les allers-retours entre l'Infiniment Grand et l'Infiniment Petit."
« Ce n'est pas trois fois mais dix fois, vingt fois qu'un chercheur de Dieu est conduit au cours d'une vie à lire l'Évangile pour qu'il vienne féconder son histoire. Quand bien même on aurait lu l'Évangile cent fois, mille fois, il resterait encore à le lire à travers la plume de Marion Muller-Colard pour s'apercevoir qu'on ne l'a jamais lu, tant il s'y présente à nous comme la première fois. (...) Ces méditations sont à boire à petites gorgées. Quand on a bu, on n'a plus soif. On peut alors refermer le livre en pensant avec plaisir à demain. La soif renaîtra et le livre sera toujours là ! » Extrait de la préface d'Antoine Nouis, Directeur de Réforme.
Tu as quarante ans, cinquante peut-être. C'est bête à dire, mais tu ne l'as pas vu venir. Comment tu en es arrivé là ? Arrivé n'est pas le mot. Car en réalité, tu n'es jamais parti. Tu es resté, immobile, dans les starting-blocks de tes treize ans. Combien de fois as-tu embrassé avec la langue ? Mille, dix mille, cent mille fois ? Mais à chaque fois, ce que tu recherches ardemment, c'est le premier baiser.
Le seul qui compte vraiment, celui qu'on attend longtemps, celui qui arrive trop vite - celui qui ne passe jamais. Tu plantes ton drapeau dans le passé. Soyons clairs : tes papiers d'identité sont falsifiés. Ton sexe, ton âge, ta taille, ton état civil : tout est faux. Bullshit. Tu as treize ans forever, tu portes un appareil dentaire, tes parents t'envoient en colo - ils sont certains que cela te fera le plus grand bien.
Hannah Arendt n'est pas une penseuse de terrier, mais une penseuse de terrain. Dans son petit théâtre, monter en scène veut dire penser ; penser veut dire agir. Surtout lorsque les hommes-bureaux n'ont qu'une idée : construire un monde de papier...