'On l'a appelé « le jardinier de Tibhirine ». Durant quinze ans, il a veillé sur le monastère algérien, assurant une présence chrétienne dans ce lieu marqué par l'assassinat des sept moines en 1996. Mais voici quarante ans que le ministère de Jean-Marie Lassausse s'exerce en pays musulmans. Ce nouveau témoignage est l'occasion pour lui de faire le bilan de ces années passées à la fois comme paysan mais aussi comme prêtre en terre d'Islam.
Quel peut être aujourd'hui l'avenir des chrétiens de ces pays, notamment d'Algérie ? Quel rôle l'Église, qui vit une condition de minorité, peut-elle espérer jouer ? Que dire des relations avec l'Islam, marquées à la fois par des grandes figures et une histoire complexe ? À quelle paix est-il permis d'aspirer ?
Comme l'écrit Fadila Semaï dans sa préface : « Le livre du père Lassausse dit à tout le monde : "Prenez le temps d'une pause pour laisser venir une parole vraie. Ouvrir un livre c'est commencer à entendre." »
En 1996, sept moines de Tibhirine, en Algérie, sont enlevés et assassinés, ce qu'a raconté le film Des hommes et des dieux (2011).
Très vite après le drame, le projet d'une nouvelle communauté pour perpétuer la présence monastique échoue. En 2001, le monastère de l'Atlas est confié à un homme, Jean-Marie Lassausse. Prêtre et paysan, il va diriger l'exploitation du domaine agricole mais aussi accueillir les visiteurs et pèlerins de plus en plus nombreux.
Quinze années durant, en dépit des difficultés et d'un lourd héritage, il a veillé sur ce haut-lieu de prière en Algérie et de l'amitié islamo-chrétienne. Un témoignage bouleversant d'un des plus fidèles héritiers des martyrs de Tibhirine.
Dans ce nouveau livre, il apporte un témoignage décisif sur l'enquête toujours en cours sur l'assassinat des moines, sur les relations des Algériens avec le monastère de Tibhirine, et sur l'avenir des liens entre chrétiens et musulmans sur cette terre d'Algérie.
En 2001, quatre ans après l'assassinat des sept moines de Tibhirine, il est décidé de redonner vie au monastère. Pour poursuivre cette expérience en « terre des autres ».
Avec Jean-Marie Lassausse, ingénieur agronome, c'est bien plus qu'un verger de 2000 arbres qui refleurit : l'espérance s'enracine dans les relations avec les gens du village, et de bien plus loin encore. Les algériens viennent se recueillir sur les tombes des moines, se souvenant notamment de frère Luc, le moine médecin qui a secouru tant de malades.
Après le formidable succès du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux (2010), la vie reprend de manière plus heureuse encore : des pèlerins viennent en visite, certains groupes participent à des chantiers d'entretien et de restauration sous la responsabilité de Jean-Marie Lassausse, et l'héritage spirituel des moines martyrs se partage au gré des rencontres.
« Combien de fois m'a-t-on dit : "Mais, je pensais que le monastère était fermé." Non, Tibhirine n'est pas mort. » Jean-Marie Lassausse, prêtre de la Mission de France, a passé de nombreuses années en Afrique. Depuis 2001, il a la responsabilité des terres du monastère de Tibhirine. Il témoigne ici pour la première fois de sa vie quotidienne en Algérie et de l'héritage spirituel des sept moines assassinés.
Christophe Henning est écrivain et journalisten. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Petite vie des moines de Tibhirine (DDB, 2006) et Paroles de pèlerins à Lourdes (Bayard, 2007).