L'art de faire la guerre est une technique qui, malgré le mal de la mort qu'il manie, vise un bien : préserver une nation de cet échec radical que serait la perte de son indépendance.
Ce recueil de conférences, dont la première date de 1940 et dont les autres furent prononcées à l'École supérieure de Guerre à partir de 1952, propose une méthode de pensée synthétique pour comprendre la guerre.
Devenu un classique pour les militaires, cet ouvrage n'a rien perdu de sa pertinence. Même si le propos demande à être actualisé, il n'est pas dépassé, notamment par rapport aux mises en garde de l'auteur contre les conséquences d'un nihilisme dont nous ne voyons que trop les effets aujourd'hui.
Cette nouvelle édition commentée par des enseignants de l'École de guerre, et comprenant en outre des textes peu connus de Jean Guitton, prend un relief tout particulier de nos jours, étant donné la brutale réapparition du phénomène « guerre » en Europe occidentale.
J'ai choisi comme sujet de cours, en cette seconde année de captivité, de dresser un tableau de la pensée française de 1870 à 1940, c'est-à-dire entre deux grands désastres pour la France. Il m'a semblé que cette époque avait été en philosophie une grande époque, non seulement parce qu'elle avait été marquée par de très grands noms et de très hardis efforts, mais encore parce que la philosophie, à l'inverse de ce qui se passait auparavant, avait pénétré dans des domaines qui jusqu'ici ne recevaient qu'un éclairage indirect - je songe à la littérature, l'art, la politique, la religion, la mystique. J'ai pensé qu'après la secousse si douloureuse de 1940, et avant que notre patrie retrouve sa place dans le concert intellectuel des nations, il était nécessaire que nous prenions conscience de notre tradition présente, du mouvement des esprits et des directions vers lesquelles ce mouvement tend. Ces tableaux synthétiques des efforts, ces bilans sont utiles à tous les temps, soit pour faire comprendre aux esprits la valeur respective des diverses pensées, soit pour leur permettre de se mieux saisir en se situant à leur exacte latitude, soit enfin pour faire saisir les lacunes et faire surgir des vocations précises. Le Rapport inimitable de Ravaisson est le modèle du genre, et c'est à lui que nous nous référons, c'est de lui que nous partons. Mais un tableau de ce genre est plus utile encore après les grandes crises. Il n'est pas rare, dans l'histoire, de voir les périodes qui suivent les désastres être fécondes dans le domaine des idées. Le relèvement de l'Allemagne après 1806 s'est fait par l'entremise de Fichte et du réveil simultané de la tradition philosophique et de la tradition nationale. Ce sont les fils de ceux qui avaient souffert en 1870 qui ont fait la France nouvelle ; il est frappant de voir quelle sève montait dans ses hommes qui sont nés autour de 1870, qu'ils s'appellent Poincaré, Pétain, Foch, Clemenceau, ou Barrès, Bergson, Boutroux, Blondel. Là se vérifie encore le mot de Pascal, qu'il faut s'offrir par les humiliations aux inspirations, qui seules font le vrai et salutaire effet.
Dans ce livre ultime, Jean Guitton met en scène les derniers moments de sa vie. Il fait le point avec Pascal sur ses raisons de croire en Dieu, avec Bergson sur celles d'être chrétien, et avec Paul VI sur ses raisons d'être catholique. Durant ses funérailles, c'est un regard espiègle qu'il jette sur la foule. Il en profite pour rétablir la vérité sur certains aspects de sa vie intellectuelle, affective et spirituelle. Il discute d'art avec le Greco, du mal avec De Gaulle, d'amour et de poésie avec Dante, de philosophie avec Socrate... Lors de son jugement, on est étonné de voir Thérèse de Lisieux et Mitterrand intervenir en sa faveur. Jean Guitton nous fait ici un cadeau immense : il pose les questions essentielles sur le sens de la vie pour mieux aborder le grand débat philosophique, spirituel et religieux de notre siècle.
«La parole et le regard furent au centre des questions que ces dialogues suscitent : Jean Guitton pense le monde les yeux ouverts. Chez lui, le regard porte la pensée : il l'accompagne, l'éclaire, la concentre, puis l'offre à ses interlocuteurs. Sa pensée est de lumière, la nuit y est absente ; le rire, plus que la tristesse, accompagne souvent la voix. Certes, parfois, l'inquiétude trouble le geste et la vigueur du ton : alors l'émotion, fluette, discrète, mais ô combien pénétrante, fait accéder à ce mystère, où le discours se change en prière, alors que les yeux, devenus fixes, semblent implorer une réponse qui comblerait le coeur plus que l'esprit.»Gérard Prévost.
L'oscillation de l'esprit entre "l'absurde" et le "mystère", entre le néant et l'être, est le propre de la vie. J. Guitton, pour qui il ne saurait y avoir de milieu habitable, a choisi le mystère. Il explique pourquoi. Publié pour la première fois en 1984, ce texte contient les réponses du philosophe académicien à François Mitterrand qui venait lui parler de Dieu et de la mort.
Née le 13 mars 1902 dans un village de la drôme, marthe robin est morte le 6 février 1981 dans la maison paternelle qu'elle n'avait jamais quittée. pendant trente années, cette femme simple et humble n'a pris aucune nourriture, aucune boisson. pendant trente années, chaque vendredi que dieu fit, elle souffrit les douleurs de la passion dont elle portait, sur le corps, les stigmates. cette femme fonda sur la terre quelque soixante-cinq " foyers de charité ". jean guitton, qui fut le témoin de sa foi, a voulu en faire le portrait en vérité, comme il le fit, il y a quarante ans, pour l'inoubliable monsieur pouget.
C'est un livre admirable de profondeur et de ferveur. c'est aussi, à travers des entretiens avec marthe robin et divers témoignages de première importance, une extraordinaire chronique de la vie quotidienne, celle d'une femme élue par dieu.
" dès ma première rencontre avec marthe robin, écrit jean guitton, j'ai conçu qu'elle serait à jamais pour moi une soeur de charité, comme elle le fut pour des milliers de visiteurs. et j'eus le pressentiment que je serais un jour conduit à la faire connaître au monde, attire par son génie. " c'est aujourd'hui chose faite. et de manière bouleversante.
Jean guitton, (1901 - 1999), philosophe et chrétien, fut le seul laïque à siéger à la première session du concile vatican ii. il est l'auteur d'une oeuvre importante : dialogues avec monsieur pouget, le temps et l'éternité chez plotin et saint augustin, jésus, le cardinal saliège, ce que je crois.
La maturation temporelle se poursuit jusqu'au moment où l'esprit se dégage du corps vivant et du corps social, double matière à travers laquelle il a pris conscience de soi dans le cosmos.
Alors, il laisse pour ainsi dire procéder hors de lui le corps vivant et le personnage, ces deux enveloppes sur lesquelles il avait pu marquer son caractère, mais qu'il n'était pas : c'est ce que nous nommons la mort. Ce passage à quelque autre mode d'existence, qui n'est pas concevable pour nous, doit correspondre dans la conscience à un sentiment de présence absolue à soi-même. Lorsque dans le même moment l'être biologique et l'être social échappent à la personne spirituelle, celle-ci s'éternise.
A l'inverse de ce qui se passait dans la contamination, le courant d'éternité qui était impuissant dans la vie temporelle doit absorber la succession. Enfin, la dissociation s'opère. C'est alors que le temps disparaît ou plutôt qu'il s'accomplit.
Dans cet ouvrage, Jean Guitton expose un questionnement philosophique sur l'Evangile.
Vers l'unité dans l'amour est une belle et profonde méditation philosophique de Jean Guitton sur l'amour.
"Ce livre, qui traite d'un sujet éternel, voudrait ne ressembler à aucun autre. Je ne l'ai pas écrit pour ajouter un ouvrage d'érudition, de polémique ou de mystique aux ouvrages innombrables qui ont paru sur Jésus.
J'ai voulu seulement exposer par ordre mes pensées sur un sujet auquel, depuis quarante ans, je n'ai cessé de réfléchir. C'est ce qu'on aurait appelé au temps de Descartes une méditation sur l'existence de Jésus, et particulièrement sur les difficultés de croire en lui.
Je me sens conduit, presque contraint, à mesurer mon esprit avec ce problème. Et comme je l'ai décidé, je ne demande aide d'aucun homme. C'est ma méthode et ma fierté d'être seul avec mon intelligence : je ne vois pas d'autre moyen d'atteindre à une conviction vraie."Jean Guitton
«Le Portrait de M. Pouget appartient à ce genre difficile à définir, plus délicat encore à apparenter. Ce n'est pas l'amitié qui l'inspire, Montaigne parlant de La Boétie : ce serait plutôt la vénération, Alain tentant de faire revivre Jules Lagneau. Il y a toujours quelque chose d'émouvant dans l'hommage qu'un homme rend à un autre homme. Mais qui pourrait se vanter de définir ce sentiment si prenant qui lie certains esprits par les liens du respect et de l'admiration ? C'est une parenté quelquefois plus solide que celle du sang. Qui était Monsieur Pouget ? Un vieux prêtre lazariste aux trois quarts aveugle, qui réfléchissait sur la tradition et recevait quelques étudiants dans la petite cellule où il achevait sa vie. Aujourd'hui où l'Inde est à la mode, on est assuré de se faire entendre si l'on parle de Gourou. C'est bien, en effet, à l'un de ces maîtres spirituels que ce prêtre fait penser. Ce Gourou singulier a fait de la critique historique un instrument d'ascèse. Il s'adresse au bon sens pour appuyer la révélation de ce qui passe le sens. Je ne suis pas à même de dire s'il en a été récompensé dans ce qui lui tenait à coeur.» Albert Camus.