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Emmanuel Droit
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Ni complète ni irréprochable, la dénazification se donnait pour ambition de punir et de rééduquer une population allemande jugée coupable. Si cette politique publique épuratoire fut mise en oeuvre de manière différente selon les zones d'occupation, elle n'en fut pas moins vécue et partagée par des millions d'Allemands. Plus qu'une procédure politico-judiciaire, elle fut ainsi une expérience tant individuelle que collective, sociopolitique, de responsabilisation, de marginalisation et de réintégration.
Dans cette enquête, Emmanuel Droit tente de cerner au plus près cette expérience majeure de l'histoire du XXe siècle. Entre exigence de transparence et volonté de soustraire certains faits aux puissances occupantes, puis aux autorités allemandes, de les passer sous silence ou de les travestir, il affronte la difficile question des liens entre vérité et histoire, mais aussi entre justice et pardon. Un travail qui fera date. -
Les suicidés de Demmin : 1945, un cas de violence de guerre
Emmanuel Droit
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 18 Novembre 2021
- 9782072966866
30 avril 1945:Hitler se suicide dans son bunker de la chancellerie de Berlin. Au même moment, au nord de la capitale du Reich, des unités de l'Armée rouge s'apprêtent à investir Demmin, une petite ville de Poméranie-Occidentale à la confluence de trois cours d'eau:la Peene, la Trebel et la Tollensee. En faisant exploser les trois ponts qui enjambent la ville hanséatique, les dernières unités de la Wehrmacht rendent impossible tout repli des habitants vers l'ouest de l'Allemagne. Pris au piège, terrés dans leurs caves, ces derniers attendent anxieusement l'arrivée des Soviétiques, présentés depuis des mois par la propagande nazie de Goebbels comme des «bêtes bolcheviques».Et puis tout bascule en quelques heures... Les Soviétiques transforment Demmin en un espace de violence, se livrant à des pillages et à des viols dans une ville en proie aux flammes d'un gigantesque incendie.Ce drame qui se joue à Demmin entre le 30 avril et le 4 mai 1945 est très particulier dans la mesure où ce déchaînement de violence conduit des centaines de personnes, à commencer par des femmes et des enfants en bas âge, à se suicider.Comment cette ville a-t-elle pu être le théâtre de cette «orgie de suicides»?Ce suicide collectif a-t-il été le résultat d'un «mouvement de panique»? A-t-il constitué de manière consciente une stratégie de sortie de guerre? Dans quelle mesure le discours idéologique de fin du monde diffusé par les nazis a-t-il pu influencer le comportement collectif des habitants de Demmin?En s'appuyant sur de nombreux témoignages, cette enquête historique cherche à comprendre et à donner du sens à cette «pulsion suicidaire allemande» en sortant des schémas interprétatifs globaux sur la violence de guerre.
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Une épaisse couche de gris semble recouvrir l'histoire de la RDA, ce petit pays né en 1949 des tensions entre les anciens alliés de la Seconde Guerre mondiale. Le gris des logements usés par les poêles à charbon, le gris des fumées industrielles, le gris du Mur de Berlin... Quelle était la vie quotidienne d'une famille est-allemande dans les années 1970, quelque part aux environs de Leipzig ? Quels étaient leurs croyances, leurs ambitions, leurs bonheurs ou leurs peurs à l'ombre du Mur ?
Emmanuel Droit propose dans cet ouvrage de remonter le temps, de s'immerger dans une société qui nous semble aujourd'hui étrange et traverser ce « mur de brouillard », trente ans après la réunification, afin de saisir ce que pouvaient être des vies marquées par l'absence de libertés fondamentales. Sans rien enjoliver, ni dramatiser non plus. Raconter le quotidien là où règnent la contrainte et la surveillance, lire entre les lignes des discours de propagande, se mettre à l'écoute des gens ordinaires et de leurs problèmes, telle est l'ambition de cet ouvrage, dans la tradition littéraire et historique de Braudel, de Blanchot, de Pérec ou de Lefebvre.
De l'entreprise à l'immeuble en préfabriqués, du club de jeunes à l'antenne locale de la Stasi, du supermarché à l'école, le lecteur se trouve projeté dans ce monde encore largement ignoré de la RDA.
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Les polices politiques du bloc de l'Est ; à la recherche de l'internationale tchékiste, 1955-1989
Emmanuel Droit
- GALLIMARD
- La Suite Des Temps
- 21 Novembre 2019
- 9782072828478
Il s'agit au départ d'une thèse sur la police politique en Europe de l'Est réalisée grâce a l'ouverture des archives de la Stasi et des archives de Varsovie sur lesquelles l'auteur a pu travailler. Le problème historique est clair : comment le modèle policer russe de la Tchéka puis du KGB a pu s installer dans les pays au-delà du rideau de fer et constituer un réseau international.
Produit de la Guerre froide, née de la volonté de l'URSS de coordonner l'activité des polices politiques communistes, l'Internationale tchékiste s'enracine dans une idéologie soviétique inventée au milieu des années 1920 à la mort du fondateur de la Tchéka, Felix Dzerjinski.
Le tchékisme se caractérise par sa capacité de transferts vers les démocraties populaires après 1945 et par sa résilience idéologique. A plusieurs reprises dans le temps, il s'est réactualisé après la mort de Staline sous la houlette des différents chefs du KGB (dont Youri Andropov) avant d'être de nouveau mobilisé par le pouvoir exécutif dans la Russie post-soviétique à partir du milieu des années 1990.
Dans le même temps, la permanence du tchékisme et de la figure du « Tchékiste » contraste avec les multiples dénominations qui se sont succédé pour désigner la police politique soviétique : de la Tcheka au FSB en passant par la GPU, SOGPU, le NKVD, le MBG et le KGB.
Si chaque police politique défendait clairement des intérêts nationaux (relatifs à la question de la surveillance des frontières, de la lutte contre certains « ennemis »), ces derniers pouvaient parfaitement être compatibles avec un intérêt commun supérieur liant les membres du bloc de l'Est (mise en place de normes communes de sécurité dans les aéroports, harmonisation des contrôles aux frontières, coordination des politiques de lutte contre le terrorisme international...).
Au lieu d'opposer schématiquement les dimensions internationale et nationale, il est préférable au contraire de les associer dans le cadre d'une analyse à l'échelle d'un espace géopolitique - le bloc de l'Est - encore trop souvent marqué par des clichés hérités de la Guerre froide.
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La Stasi à l'école ; surveiller pour éduquer en RDA (1950-1989)
Emmanuel Droit
- Nouveau Monde
- Histoire Du Renseignement
- 8 Octobre 2009
- 9782847364712
Entre 1949 et 1989, la RDA fut une dictature politique dont l'ambition totalitaire était de diriger la société et de former l'homme socialiste nouveau. La police politique aux ordres du régime communiste, la Stasi, constituait l'un des fondements de la domination politique : le ministère pour la Sécurité de l'État était le bouclier et le glaive du Parti socialiste unifié, le SED. Cette institution conspirative ne doit pas être seulement imaginée comme une organisation secrète et répressive au-dessus de la population qui observe la vie des autres et s'abat sur eux de façon arbitraire. À partir des années 1960, la Stasi conçoit de plus en plus sa fonction comme une mission de protection de l'État et de la société de la RDA dans une perspective paternaliste. Elle se définit elle-même comme un acteur éducatif au même titre que l'école. En se présentant comme une instance de surveillance politique et de disciplinarisation de la société, elle cherche à contrôler le comportement des jeunes en les invitant à s'autodiscipliner, c'est-à-dire à intérioriser certaines règles de comportements. D'une certaine façon, cette police politique exerce les fonctions que s'attribuait la police ordinaire sous l'Ancien Régime, à savoir celle de gouverner les hommes.
Emmanuel Droit est agrégé et docteur en histoire. Il est maître de conférences d'histoire contemporaine à l'université de Rennes 2 et chercheur associé au Centre Marc-Bloch de Berlin. Il a publié Vers l'homme nouveau ? L'éducation socialiste en RDA (1949-1989), Rennes, PUR, 2009 et, avec Sandrine Kott, Die ostdeutsche Gesellschaft, Berlin, Links, 2006. -
Qu'est-ce que l'autorité ? : France-Allemagne(s), XIXe-XXe siècles
Emmanuel Droit
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 7 Janvier 2016
- 9782735120383
Comment penser et exercer l'autorité? Longtemps, la notion fut dénoncée et remise en cause tant sur le plan social que culturel. Aujourd'hui, elle fait l'objet d'une forme de réhabilitation dans le débat public au risque de servir de slogan et de remède à tous les problèmes actuels de la société française.
Dans ce contexte, il semble utile de poser à nouveaux frais la question formulée par Hannah Arendt à la fin des années 1950: « Qu'est-ce que l'autorité? ». C'est l'objectif que se donne cet ouvrage collectif franco-allemand dans une approche pluridisciplinaire. Au croisement de l'histoire, de la philosophie et de la science politique, il vise à interroger les notions gravitant autour de celle d'autorité comme le pouvoir et la domination pour mieux réfléchir à partir de cas concrets aux conditions pratiques de l'exercice de l'autorité en France et en Allemagne au xixe et au xxe siècle. En cernant au plus près ces pratiques d'autorité, on est mieux à même de dégager les stratégies d'accommodement, de résistance ou de contournement qui permettent de rendre compte de la complexité du social. -
Vers un homme nouveau ? : L'éducation socialiste en RDA(1949-1989)
Emmanuel Droit
- Presse Universitaire de Rennes
- Histoire
- 3 Décembre 2009
- 9782753509580
Qu'est-ce qu'éduquer veut dire en RDA, « pays du socialisme réellement existant » ? À l'aide d'archives écrites, photographiques et orales, Emmanuel Droit analyse les logiques sociales, politiques et culturelles qui s'expriment à l'école est-allemande. Zone-frontière entre la société et le pouvoir, l'école est un lieu de tension entre l'utopie éducative du régime et ses différents acteurs (enseignants, élèves, parents, Parti et organisations de jeunesse, officiers de l'armée et de la police politique).