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Bruno Karsenti
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La fin d'une illusion : Israël et l'Occident après le 7 octobre
Bruno Karsenti
- PUF
- 2 Octobre 2024
- 9782130876014
L'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, par sa violence inouïe, a fait vaciller nombre de nos représentations, dans le monde occidental comme en Israël. C'est l'abri des juifs dans leur Etat qui a été remis en question, et aussi ce que cet Etat représente pour tous les juifs de la diaspora. Plus largement, un point d'équilibre de la conscience commune post-Shoah a été touché. L'antisémitisme, dans sa passion exterminatrice, a refait irruption et il a été accompagné d'un écho favorable ailleurs dans le monde, notamment dans cette partie de l'opinion occidentale unifiée par l'antisionisme.
La riposte israélienne qui s'ensuivit eut toute la légitimité d'une guerre défensive. Mais à mesure qu'elle se déployait et que la destruction de Gaza et les morts civils palestiniens augmentait, une autre interrogation a pris forme : que doit être Israël à la lumière de cette épreuve, en tant qu'Etat de droit démocratique qui se confronte réellement à la question palestinienne ? La conduite de la guerre sous son autorité n'a pas permis qu'elle se pose, et a mis à mal dans l'opinion mondiale la légitimité de la riposte.
Pourtant, il est indispensable de la reformuler précisément aujourd'hui, pour qu'un avenir soit possible, à la fois pour ce pays, pour les juifs dispersés dans le monde qui comptent sur son existence, pour les Palestiniens en quête d'Etat, et pour les pays occidentaux pour lesquels Israël représente un point d'appui indispensable de la conscience qu'ils ont acquis d'eux-mêmes après la Seconde Guerre mondiale.
Les textes réunis dans ce recueil parcourent l'ensemble de l'arc de la séquence qui s'est ouverte avec le 7 octobre et poursuivi par une guerre privée de vision d'avenir. Le livre s'efforce de prendre tous les angles possibles et de varier les points de vue de vue afin de prendre la pleine mesure de ce qui nous est arrivé à tous.
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Nous autres Européens : dialogue philosophique avec Bruno Latour
Bruno Karsenti
- Puf
- 1 Mai 2024
- 9782130868651
A l'été 2022, Bruno Karsenti et Bruno Latour s'entretiennent au sujet de l'Europe. Le texte qui en ressort est l'un des derniers chantiers auquel Latour eut le temps de s'atteler, avant sa disparition à l'autome suivant. Plus qu'un dialogue, c'est un véritable essai de philosophie politique que nous livrent les deux hommes. De la crise actuelle de l'Europe depuis les années 1990, autour des trois grands enjeux que sont la crise climatique, la question musulmane et la divergence de conception entre Est et Ouest de l'État-nation, naît le péril de la montée des nationalismes - enjeu majeur du prochain scrutin de juin 2024.
Loin de n'être qu'observateurs du présent, Latour et Karsentiproposent un autre regard, une «sociohistoire», pour sortir de cette crise : l'Europe ne peut se décrire correctement sans rappeler le sens exact des concepts modernes d'« individu », de «peuple», de « démocratie », et de « souveraineté ». Il s'agit en fin de compte d'appliquer à l'Europe la question posée par Bruno Latour dans l'un de ses derniers livres : où atterrir ?, et d'aménager le retour à soi comme à un lieu consistant où s'éprouvent et se forgent nos attachements réels. Ainsi seulement pourra-t-on délivrer de l'Europe un portrait qui corresponde à l'expérience européenne en train de faire, par-delà la crise.
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La place de Dieu : religion et politique chez les modernes
Bruno Karsenti
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 4 Octobre 2023
- 9782213725864
Ce que Dieu ou l'idée de Dieu est actuellement capable de déclencher provoque dans l'opinion éclairée de l'effroi. Face aux violences de l'époque qui s'en réclament, elle réagit par conjuration, affirmant soit qu'il n'y a pas de Dieu, soit que Dieu ne s'y trouve pas. Pour elle, la place de Dieu n'est pas dans la politique : le théologique et le politique n'ont en aucun cas partie liée.
Ce livre prend un autre point de vue. Il cherche à fournir une parade à notre désemparement sans esquiver le problème théologico-politique contemporain, en le traduisant en termes socio-politiques. Pour cela, il ne fixe pas une fois pour toutes la place de Dieu - dans ou hors de la politique - mais suit les variations de son tracé au sein des sociétés modernes selon le sens de la justice qui les anime. Cette généalogie des nouages entre Dieu et l'idée moderne de justice a pour enjeu de retrouver une prise là où, aujourd'hui, nous vacillons le plus.
Philosophe, Bruno Karsenti est directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment l'auteur de L'Homme total, Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss (PUF, 1997) ; D'une philosophie à l'autre. Les sciences sociales et la politique des modernes (Gallimard, 2013) ; et La question juive des modernes. Philosophie de l'émancipation (PUF, 2017). -
La question juive des modernes ; philosophie de l'émancipation
Bruno Karsenti
- PUF
- 25 Janvier 2017
- 9782130620709
Avec l'entrée des juifs dans la modernité démocratique et leur présence dans les sociétés européennes qui cherchent à la réaliser, il en va d'une question de philosophie politique générale. C'est aussi le cas quand a lieu leur sortie, qui prend sens dans une histoire où nous sommes tous impliqués.
Ce livre enchaîne différents gestes conceptuels par lesquels certains juifs, au cours des deux derniers siècles, ont entrepris de penser les liens entre judaïsme et modernité : certaines oeuvres d'Émile Durkheim, de Leo Strauss, de Bernard Lazare, de Joseph Salvador ou encore d'Heinrich Heine sont ainsi traversées à l'aide d'une même interrogation : à quelles alternatives est confronté le juif moderne, celui qui, en tant que juif, fait l'épreuve de l'émancipation ?
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L'homme total ; sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss
Bruno Karsenti
- Puf
- Quadrige ; Essais Debats
- 17 Août 2011
- 9782130592150
L'homme total, tel est l'horizon d'une " science de l'homme " à la fois théorique et empirique, à laquelle Marcel Mauss a voulu donner ses assises par une conception renouvelée du symbolique et de son efficacité propre. Rectifiant la conception durkheimienne du social comme structure de coercition du sujet, Marcel Mauss a refondé la sociologie comme anthropologie générale. De l'existence d'un lien très particulier entre sociologie, philosophie et anthropologie, l'oeuvre de Mauss constitue l'un des meilleurs témoins. Son oeuvre est ainsi devenue la source de tous les développements contemporains qui, en France, alimentent la réflexion à propos de l'objet des sciences humaines.
Pour expliquer la productivité exceptionnelle de cette oeuvre, Bruno Karsenti remonte les fils d'une généalogie intellectuelle qui traverse toute la philosophie, la sociologie et la psychologie françaises des XIXe et XXe siècles, en évaluant l'effet des révolutions de pensée du langage, de la culture et de l'inconscient. Il montre comment s'est cristallisé le projet d'une critique des abstractions disciplinaires, qui font éclater l'unité du " phénomène social total ", et d'un dépassement des dualismes de l'individuel et du collectif, du logique et de l'affectif, du normal et du pathologique.
Bruno Karsenti, né en 1966, ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, est maître de conférences en philosophie à l'Université Jean Moulin de Lyon III. Il a déjà publié aux PUF Marcel Mauss. Le fait social total (1994).
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D'une philosophie à l'autre ; les sciences sociales et la politique des modernes
Bruno Karsenti
- Gallimard
- Nrf Essais
- 21 Février 2013
- 9782070771189
À l'origine, avec Socrate, la philosophie est une forme singulière de discours par lequel, selon Max Weber, on «coince quelqu'un dans un étau logique». Acte politique de résistance à un certain dévoiement de la parole publique et politique, le dialogue philosophique exige de ses interlocuteurs non plus qu'ils se conforment à un type de vérité susceptible d'exposition doctrinale, mais qu'ils entrent dans sa recherche commune - que la vie commune se reconfigure à travers ce type d'expérience dont la philosophie dégage le socle.
Or, la situation change du tout au tout avec l'émergence au XIXe siècle des sciences sociales qui font leur miel, à l'âge démocratique, de la connaissance relative au gouvernement des hommes, aux groupements qu'ils forment, aux liens qui les rassemblent, aux régimes de pensée et d'action qu'on peut y rattacher. Auguste Comte appelle à passer de la philosophie métaphysique à une autre, positive, dont la seule fonction, ancillaire et résiduelle, est d'aider à la clarification et à l'articulation méthodologiques des travaux scientifiques.
Assurément, à la manière de la Grèce ancienne, les sciences sociales ont imposé un nouvel «étau logique» au discours public, opposé leur résistance mentale et normative à une conjonction délétère entre parole et pouvoir politique, et, en définitive, modifié la perception que les individus ont de leur existence dans leur situation sociale et politique en même temps qu'elles inventent des manières d'agir sur cette situation même. L'enfermement des disciplines institutionnalisées dans leur champ respectif acheva de les convaincre que la philosophie était seconde par rapport à leur rationalité propre.
C'est justement à l'articulation de ces disciplines et ambitions, démontre Bruno Karsenti, que la philosophie doit se déployer : si le discours des sciences sociales est bel et bien requis par le développement des sociétés modernes en ce qu'elles sont vraiment démocratiques, la philosophie se doit, elle, d'interroger cette exigence par-delà toute contrainte imposée par la division en disciplines particulières.
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Les juifs sont juifs en Moïse, qui ne l'était pas. Ainsi se résume la proposition scandaleuse de Freud. Scandaleuse pour les juifs sans doute, mais aussi pour la culture occidentale tout entière, où la singularité comme la persistance de ce peuple se donnent toujours comme une énigme. De quoi est faite l'idée de peuple dont nous héritons ? Comment se transforme-t-elle depuis l'irruption monothéiste où interviennent conjointement les trois instances du grand homme, du Dieu unique, et du peuple élu ? Questions qui deviennent plus insistantes encore lorsque les modernes en viennent à se définir, avec Rousseau, à partir de l'" acte par lequel un peuple est un peuple " -; non sans admettre que l'art du grand législateur est plus pour eux qu'un ancien souvenir, mais une source dont ils voudraient de nouveau bénéficier à l'heure où ils prétendent se donner à eux-mêmes leurs lois. C'est pourquoi, en dépit de l'incertitude qui plane sur son existence, le législateur mosaïque n'a de cesse de hanter la conscience moderne. En lui se mêlent deux interrogations : comment se constitue l'expérience politique occidentale, et quelle place vient occuper le peuple juif dans cette histoire, sachant qu'elle est évidemment traversée par des lignes culturelles hétérogènes, et marquée décisivement par le christianisme ? Une lecture du dernier livre de Freud permet d'affronter ces deux questions, pour autant que l'on s'efforce d'en restituer la portée politique. -- Jews are Jewish in Moses, who was not himself a Jew. This is the briefest possible summary of Freud's scandalous proposition. Scandalous to Jews, undoubtedly; but also scandalous for Western culture in its ensemble, considering the place it reserves in its history for this particular people whose identity and persistence as a people has been a constant enigma. But what exactly constitutes this notion of people we have inherited? How has it been transformed, since that monotheistic moment when three instances intervened concertedly but in mysterious interaction: a great man, a unique God, and a chosen people? These questions become even more urgent when the moderns define themselves, like Rousseau, on the basis of the 'act by which a people is a people'. Not without confessing, however, that the art of the great legislator is more than a distant souvenir for them, rather a source they would like to benefit from again, at a time when they take it upon themselves to issue laws unto themselves. That is why, in spite of the incertitude that hovers over his portrait and his existence, Moses the lawmaker still haunts the modern conscience. Two questions blend together in him: How is Western political experience constituted? What is the place of the Jewish people in that history, bearing in mind that it is obviously traversed by heterogeneous cultural lines, and definitively marked by Christianity? Reading Freud's last book should permit us to link these two questions and confront them both, if we make the effort; and reaching beyond the analysis of religion as a generic cultural fact, to give it all its political consequence. Born in 1966, Bruno Karsenti is a director of studies at the EHESS. His area of specialization lies on the borderline of political philosophy and social science - sociology and anthropology in particular. His research has focused on Emile Durkheim, Marcel Mauss and Auguste Comte. He has written several essays, including Politique de l'ésprit: Auguste Comte et la naissance de la science sociale (Hermann, 2006) and La Société en personnes. Etudes Durkenheimiennes (Economica, 2006).
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Bulletin de la Société française de philosophie : religion, politique et idéologie : un regard de philosophie des sciences sociales
Bruno Karsenti
- Societe Francaise De Philosophie
- Bulletin De La Societe Francaise De Philosophie
- 28 Octobre 2021
- 9782711650965
Religion et politique sont entrées dans de nouveaux rapports, qu'on n'attendait pas : des rapports de dépacification, voire de guerre civile, qui exigent de notre part un auto-examen sans concession et une interrogation sur ce que nous avons manqué. Sur ce plan, ce qui est exigé de nous, c'est que nous reconsidérions la thèse majeure de la séparation moderne du politique et du religieux. On adoptera une démarche de philosophie des sciences sociales pour affronter cette question. Cette démarche se pose en alternative au récit canonique de la philosophie politique moderne qui, précisément, entérine et considère pour acquise la grande séparation. Elle permet d'aborder les religions, dans leurs formes singulières et irréductibles, en relation à la constitution des idéologies qui structurent la modernité politique. La philosophie des sciences sociales, en effet, se définit par un lien intrinsèque à la sociologie des idéologies, exemplairement pratiquée par Karl Mannheim et Norbert Elias. Mais elle est aussi en mesure, pour cette raison même, de définir le point par lequel les religions se distinguent des idéologies. Ce point tient, non au fait que, ramenées à leur supposée pureté, elles ne seraient pas politiques, et par conséquent toujours déjà disposées à la grande séparation, mais au fait qu'elles le sont essentiellement et le demeurent chacune à leur manière, en un sens spécifique qui exige d'être caractérisé. On tâchera, dans cette conférence, d'user de cette méthode discriminante pour se doter d'un meilleur aiguillon dans cette zone particulièrement tourmentée de notre condition actuelle.
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Politique de l'esprit : Auguste Comte et la naissance de la science sociale
Bruno Karsenti
- Hermann
- Philosophie Hermann
- 8 Février 2006
- 9782705665760
La sociologie n'est pas un savoir quelconque. Dans son statut scientifique, elle entretient un rapport à la politique qui, loin d'être extérieur, touche à sa définition même. Voulue par une société déterminée, à un moment déterminé de son histoire, la sociologie a surgi sur l'onde de choc de la Révolution française comme un savoir manquant, une tâche à remplir pour que la politique moderne puisse enfin s'accomplir. Son but fut d'abord d'élever la pensée à la hauteur du grand défi lancé par la Révolution : faire de la société le sujet de ses propres transformations, lui fournir les moyens d'agir sur elle-même. Bruno Karsenti explore ici cette refondation de la politique au prisme de l'oeuvre d'Auguste Comte. Grâce à Comte, une alternative s'ouvre, en marge des conceptions qui dominent et structurent le débat public, où les conditions de fonctionnement des sociétés post-révolutionnaires sont projetées en pleine lumière. À l'appui d'une conception de l'esprit radicalement nouvelle qui culmine dans une anthropologie, il s'agit de déployer sans fléchir toutes les conséquences du fait qu'une société parvienne au gouvernement d'elle-même. Et il s'agit aussi, en contrepoint, de rendre plus apparents nos propres évitements, lorsque nous nous contentons d'une acception convenue, et au fond peu exigeante, de la démocratie.
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4 Introduction 16 Le don, entre contrainte et liberté Du suicide au don : variations sur le concept d'obligation, 16 Le don et l'échange, 24 La force des choses, 34 La triade du don : première approche du fait social total, 39 Solution du problème et perspectives nouvelles, 48 52 De l'individuel au collectif Le paradoxe de la description, 52 Psychologie et sociologie, 59 La psychanalyse, nouvel espace de convergence, 72 La totalité symbolique, 81 95 De la partie au tout Qu'est-ce qu'une atmosphère ?, 95 Eléments pour une archéologie du social, 107 La valeur critique du don, 114
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Les paradoxes de l'intégration : Les Juifs et l'Europe
Bruno Karsenti
- Calmann-Lévy
- Diaspora
- 27 Août 2025
- 9782702190524
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L'Allemagne au-dessus de tout ; commentaire à vive voix
Emile Durkheim, Bruno Karsenti
- Ecole Hautes Etudes En Sciences Sociales
- Audiographie
- 4 Mai 2017
- 9782713227134
Dans ce texte de 1915, Émile Durkheim revient sur l'origine de la Première Guerre mondiale. Selon lui, son déclenchement ainsi que la conduite de l'Allemagne durant la guerre ne s'expliquent pas en termes géopolitiques mais trouvent bien leur origine dans la « mentalité allemande », dans son caractère national. Cette nouvelle édition, à cent ans de distance, est éclairée par une conférence de Bruno Karsenti dans laquelle il révèle en quoi ce pamphlet procède bien de l'analyse sociologique.
Publié pour la première fois en pleine hécatombe de la Grande Guerre, L'Allemagne au-dessus de tout est un texte de combat. En sociologue, Durkheim y révèle la dynamique sociale dont la guerre est le résultat. Tel un médecin sur son patient, il se penche sur le cas allemand, et son diagnostic est sans appel : l'Allemagne est malade de sa volonté car elle pratique l'idéalisme de façon pathologique. Pourtant, considéré comme un texte de circonstance, voire de pure propagande nationaliste, cet écrit de Durkheim fut longtemps occulté par les sociologues français.
Levant le voile sur le caractère sulfureux du texte, Bruno Karsenti montre comment il condamne au contraire le nationalisme et s'insère parfaitement dans la sociologie d'Émile Durkheim, ses théories sur les dangers inhérents aux sociétés modernes et sur les typologies du suicide.
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Etat et société politique
Bruno Karsenti, Dominique Linhardt, Collectif
- EHESS
- Raisons Pratiques
- 17 Mai 2018
- 9782713227127
Aujourd'hui, alors que la société se constitue en objet de connaissance scientifique, l'État-nation de type européen atteint une première forme d'achèvement, ce qui explique le fait imposant, écrasant, de l'État pour les sciences sociales. N'est-il pas la caractéristique distinctive des socié- tés modernes, considérées selon la terminologie qui s'est imposée dès le xix e siècle comme des « sociétés à État » ?
Ce volume reprend le problème sociologique de l'État pour le reformuler dans des termes au croisement des développements récents d'une philosophie politique soucieuse d'intégrer l'apport des sciences sociales et d'une sociologie politique prête, à partir de ses enquêtes, à questionner ses propres catégories.
Deux traductions, tirées de conjonctures qui ont rendu particulièrement saillant le problème sociologique de l'État constituent le point de départ de la réflexion.
Celle-ci se poursuit dans une série de contributions, philosophiques et sociologiques, voulant découvrir un concept d'État propre à une science sociale du politique.
L'enjeu de ce volume n'est pas seulement d'interroger la nécessité de l'État pour les formes modernes - entendons démocratiques - de l'organisation politique. Il est de contribuer à spécifier l'État dans ce qui le rend socialement nécessaire. Cette démarche ouvre la possibilité d'identifier des critères sur la base desquels l'État existant peut être évalué et critiqué à nouveaux frais, à l'écart du cadre libéral dans lequel la critique de l'État est ordinairement condamnée à s'enfermer.
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Le socialisme et l'Europe ; trois études
Bruno Karsenti, Cyril Lemieux
- Ecole Hautes Etudes En Sciences Sociales
- Cas De Figure
- 23 Mars 2017
- 9782713227110
Aujourd'hui le socialisme doute de lui-même. La montée des partis natio- nalistes réactionnaires, les difficultés que rencontre l'Union européenne à se constituer politiquement, mais aussi le fait que les politiques publiques soient fondées sur des diagnostics insuffisamment objectifs, car insuffisamment réflexifs, de la situation sociale, tout cela concoure à rendre le socialisme incertain de son avenir, et de moins en moins conscient de sa spécificité en tant que courant politique.
Ce livre cherche à redonner au socialisme cette conscience de soi. Pour cela, il s'ef- force de le restituer et de le redéfinir de deux manières. D'une part en le considérant comme un fait social, et donc en l'extrayant du débat idéologique pour montrer son appartenance essentielle au développement des sociétés modernes. D'autre part en le considérant dans son oeuvre intellectuelle propre, comme le vecteur de constitution d'un savoir, la sociologie, qui a pour ambition d'éclairer la politique d'une manière nouvelle. Le but de ce livre est donc de remettre le socialisme sur ses pieds, en montrant qu'il est le seul courant politique à nouer un rapport intérieur et constitutif avec le pouvoir émancipateur des sciences sociales. Et à tirer toutes les conséquences pour l'avenir de l'Europe que permet de rouvrir cette définition.
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SOCIETE EN PERSONNES (LA)
Karsenti/Bruno
- Economica
- Etudes Sociologiques
- 27 Décembre 2005
- 9782717852271
Dans ses différentes tendances, même lorsqu'elles paraissent antagoniques, la sociologie contemporaine fait couramment retour à la pensée durkheimienne.
Il y a là un paradoxe, le paradigme réputé le plus rigide étant celui que l'on s'approprie le mieux et le plus volontiers dans les débats actuels. Faut-il penser que ses principes étaient en fait assez lâches, voire inconsistants ? Les études réunies dans ce livre vont dans le sens contraire : c'est en revenant à la radicalité de cette pensée, et en la comprenant à rebours des lieux communs que dispense la doxographie - le culte objectiviste du " fait ", le sociologisme réducteur, la fiction de la " conscience collective " - que sa fécondité se mesure.
Les concepts originaux autour desquels elle se construit engagent une redéfinition complète des phénomènes politiques, juridiques et moraux. Une théorie sociale s'affirme, opposée aux courants dominants de la philosophie de son époque, qui modifie de fond en comble les questions relatives aux formes de la pensée et de l'action, à la nature des normes, à la constitution de l'individualité et de la personne, au statut de la vérité.
Avec elle, d'un seul et même mouvement la sociologie s'érige en discipline scientifique et marque la singularité de son geste spéculatif - geste auquel les courants contemporains sont conduits à revenir afin de creuser leurs lignes de force.
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La croyance et l'enquête aux sources du pragmatisme
Bruno Karsenti, Louis Quéré
- Ecole Hautes Etudes En Sciences Sociales
- Raisons Pratiques
- 2 Janvier 2005
- 9782713220227
En sciences sociales, l'héritage du pragmatisme a été longtemps défini en termes d'inspiration intellectuelle. Mais n'y a-t-il pas d'autres manières de constituer un héritage intellectuel qu'en termes d'acceptation de vérités ou de dogmes ? Cette question a été à l'origine du volume. Remonter à la source du pragmatisme américain, relire Peirce, Dewey, James et Mead, c'est d'emblée poser la question de la façon dont elle irrigue la connaissance au présent, puisque le pragmatisme consiste justement à s'engager dans son procès réel. C'est cette forme d'engagement, avec le dépassement qu'elle implique de nombreux clivages traditionnels, que les études du volume examinent sous différents angles. Elle apparaît surtout par la centralité du thème de l'enquête, comprise à la fois comme pratique (réalisation d'opérations) et comme expérimentation. À travers l'enquête, le pragmatisme américain connote d'emblée la connaissance et l'action socialement.