Les expériences mystiques que Catherine de Sienne eut, dès son enfance, orientèrent toute son existence. Devenue tertiaire dominicaine, son rayonnement spirituel et ses dons prophétiques attirèrent autour d'elle un groupe de disciples fervents, la bella Brigata. Sa vocation au service de l'Église, alors gravement en crise, l'entraîna en Avignon, auprès de Grégoire XI, dont elle encouragea le retour à Rome (1377). La crise du Grand Schisme (1378) l'affecta profondément. Ses nombreuses Lettres reflètent les conflits politiques et religieux, qui divisaient alors l'Italie, la Papauté et la Chrétienté. Le Dialogue, qu'elle dicta à ses secrétaires, est à la fois une reprise originale de la théologie de Thomas d'Aquin et le témoignage vibrant du colloque d'une âme extasiée avec le Dieu de Vérité. Après Hildegarde de Bingen, Hadewijch d'Anvers, Marguerite Porète ou Angèle de Foligno, par l'intensité de son génie mystique et son rôle dans la société de son temps, elle affirme avec force la place de la femme dans l'histoire de l'Église. Canonisée en 1461, Catherine de Sienne fut proclamée Docteur de l'Église par Paul VI, en 1970, quelques jours après Thérèse d'Avila, et copatronne de l'Europe par Jean-Paul II en 1999.
Contemporain de Grégoire de Nazianze, de Jean Chrysistilen, de Jean Cassien, de Paulin de Nole, de saint Jérôme et de saint Ambroise, saint Augustin est l'un des Pères et Docteurs de l'Église qui, selon le mot de Karl Jaspers, exerça l'influence la plus vaste de toutes . Né en 354 à Thagaste, en Numidie, il devint, après sa conversion au christianisme - dont il fit le récit pathétique - prêtre et évêque d'Hippone. Pasteur, théologien, métaphysicien, exégète, il est l'auteur d'une oeuvre immense et multiforme, où se détachent - outre ses fameuses Confessions - La Cité de Dieu et La Trinité, ainsi que ses commentaires des Psaumes, de l'Évangile ou de l'Épître de saint Jean. Il meurt en 430, dans sa ville épiscopale, assiégée par les Vandales, au terme d'une existence vouée à la quête et à l'exaltation passionnée du Dieu-Vérité, du Dieu-Amour, du Dieu-Trinité. Toute fondée sur la Bible qu'il necesse d'interroger et d'expliquer, l'oeuvre de saint Augustin constitue - avec celle de saint Thomas d'Aquin - l'une des manifestations les plus éclatantes de la culture chrétienne d'Occident.
Née dans une famille juive en Allemagne, Edith Stein (1891-1942) va faire deux rencontres bouleversantes au cours de sa vie. La philosophie d'une part, à travers une quête de vérité qui va la situer dans le sillage de Husserl, proche d'intellectuels comme Alexandre Koyré ou plus tard Jacques Maritain. La foi chrétienne ensuite, qui va l'amener à se convertir après une lecture passionnée de la vie de sainte Thérèse d'Avila. S'en suit alors un parcours qui va la conduire jusqu'au Carmel, choix vécu comme un drame intérieur et familial, sa mère n'acceptant pas la conversion de sa fille au christianisme. Au cours des années trente, les persécutions antisémites des nazis s'abattent sur l'Allemagne et, au cours de la guerre, Édith Stein doit se réfugier dans un couvent aux Pays-Bas. Mais les nazis finissent par l'arrêter. Elle périra en déportation avec sa soeur, à Auschwitz. Tout en s'étant convertie au christianisme, elle n'a jamais voulu se désolidariser du peuple juif et a partagé avec lui jusqu'au bout l'expérience tragique de la Shoah. Dans sa préface suggestive, Dominique Poirot souligne en ouverture la dimension complexe et forte de cette figure puissante de la spiritualité du XXe siècle.
Dès l'âge de sept ans, Élisabeth Cattez sentit s'éveiller sa vocation. Elle obtient, en 1893, un premier prix de piano au Conservatoire. Le 2 aout 1901, elle entre au carmel de Dijon; elle y fait profession le 11 janvier 1903. Le 21 novembre 1904, elle rédige sa célèbre prière: «Ô mon Dieu, Trinité que j'adore...» Son ascension mystique dans le silence, la vie cachée, la souffrance, s'accomplit comme «louange de gloire de la Trinité». L'influence de Thérèse d'Avila, de Jean de la Croix et de Thérèse de Lisieux l'inscrit profondément dans la tradition carmélitaine.«Je vais à la Lumière, à l'Amour, à la Vie», dit-elle peu avant sa mort en 1906.Elle a été béatifiée le 25 novembre 1984 par le pape Jean-Paul II et canonisée le 16 octobre 2016 par le pape François.Bernard Sesé, professeur émérite des Universités, a publié, aux éditions Desclée de Brouwer, plusieurs biographies de grandes figures religieuses dont saint Augustin, Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne, Jean de la Croix.
Nuit obscure, nada... Ces mots, spontanément associés au nom de Jean de la Croix (1542-1591), ne disent que le revers d'angoisse, ou de souffrance, d'une expérience de Dieu menée jusqu'à l'incandescence de « la Vive Flamme d'amour », chantée dans l'un de ses plus beaux poèmes.L'existence tourmentée du mystique espagnol, consacrée à la fois à la réforme du Carmel, entreprise à l'instigation de Thérèse d'Avila, et à la quête inlassable de l'amour absolu, est ainsi traversée tour à tour d'ombres et de lumières. La Castille et l'Andalousie offrent leurs décors. L'époque est celle du siècle d'Or. « Dieu est une voie intime... » dit admirablement Jean de la Croix. Sa vie, sa doctrine et son oeuvre ne sont que la réponse à cet appel sans fin.
Professeur émérite à l'université de Paris X-Nanterre, Bernard Sesé a publié divers ouvrages sur le siècle d'Or, notamment des éditions bilingues des Poésies complètes de Fray Luis de León et de Jean de la Croix. Il est aussi l'auteur de plusieurs biographies de grandes figures religieuses.
Figure marquante de la Réforme catholique, François de Sales (1567-1622) sut allier d'une façon originale l'action et la contemplation. Fondateur, avec Jeanne de Chantal, de la Congrégation de la Visitation, il voulut amener, à travers ses essais spirituels, le plus grand nombre de ses lecteurs à mettre en oeuvre l'esprit de vie et de liberté qui, selon lui, informe « la vie dévote ». Évêque de Genève, résidant à Annecy, il incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le « Docteur de l'amour ».
Bernard Sesé, professeur émérite des Universités, a publié, aux éditions Desclée de Brouwer, plusieurs biographies de grandes figures religieuses : saint Augustin, Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, Élisabeth de la Trinité, Édith Stein, Madame Acarie.
Pour découvrir les visages marquants de deux mille ans de christianisme, des livres ramassés qui sont à la fois des "vies de saints" et des "pages d'histoire".
Parmi les grandes figures du Carmel, Barbe Jeanne Avrillot (1566-1618), plus connue sous son nom d'épouse "Madame Acarie" ou de religieuse "Marie de l'Incarnation" , occupe une place particulière. Elle s'inscrit dans le tournant des XVIe et XVIIe siècles, qui n'est pas seulement une période traversée par les conflits religieux - la Contre-Réforme catholique succédant à la Réforme protestante - mais aussi un grand temps de renouveau mystique et spirituel.
Dans ce contexte, Madame Acarie, laïque mariée, joue un rôle primordial pour introduire en France le Carmel réformé par sainte Thérèse d'Avila, avec l'aide de Pierre de Bérulle (1604). Elle exprime, à travers son itinéraire, la richesse et l'influence réciproque des recherches spirituelles qui s'expriment alors. Devenue veuve en 1613, elle entre en 1614 au carmel d'Amiens, puis, en 1616, au carmel de Pontoise où elle finit ses jours.
Soeur Marie de l'Incarnation est béatifiée en 1791 par le pape Pie VI. Bernard Sesé, professeur émérite des universités, est l'auteur de plusieurs biographies de grandes figures religieuses parmi lesquelles Augustin d'Hippone, Thérèse d'Avila, Edith Stein, Jean de la Croix.
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), prêtre jésuite et chercheur scientifique de renommée internationale, peut être considéré comme l'un des plus grands penseurs du XXe siècle. Le Phénomène humain (1955), son livre majeur, comme la plupart de ses écrits, fut cependant interdit de publication de son vivant. Sa pensée, centrée sur l'Évolution de l'univers, se fonde sur cette affirmation qu'il emploiera sa vie à démontrer : Il est une communion avec Dieu et une communion avec la Terre, et une communion avec Dieu par la Terre (La Vie cosmique, 1916). De nombreux courants d'idées s'inspirent aujourd'hui de cette nouvelle vision du monde, où se réconcilient, de façon admirable, la science et la foi, annonçant l'esprit à venir dans l'Église.
Blaise Pascal (1623-1662) a profondément renouvelé les connaissances de son siècle dans différents champs de la pensée. Enfant précoce éduqué par son père, il va tout d'abord consacrer ses travaux aux sciences naturelles et appliquées, et aux mathématiques ils donneront naissance au calcul des probabilités et influenceront les théories économiques modernes et les sciences sociales. Puis, après une expérience mystique, la Nuit de feu, en 1654, 1'effrayant génie, comme le nommait Chateaubriand, va se consacrer à la réflexion philosophique et religieuse. Homme de science et de foi, l'auteur des Provinciales et des Pensées n'aura eu de cesse de se battre pour la vérité, scientifique, morale et religieuse.
Bernard Sesé poursuit son dialogue avec la peinture ; les oeuvres peintes qui l'inspirent souvent sont mises en correspondance avec des textes de poètes qui leur font écho dans l'envol d'un pur surgissement de sonorités et de rythmes.
Quelle extraordinaire aventure que l'existence de Thérèse d'Avila (1515-1582) dans l'Espagne haute en couleurs de Charles Quint et de Philippe Il ! A la fois mystique et visionnaire, elle reçut les faveurs les plus rares (la transverbération, le mariage spirituel) sans cesser jamais de connaître les épreuves de la souffrance. Femme d'action et de passion, débordant d'énergie autant que d'affectivité, elle mena à bien, malgré les obstacles, la réforme de l'Ordre du Carmel, suscitant pour cela l'enthousiasme de ses adeptes, dont jean de la Croix fut l'un des premiers. Ses écrits, qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature spirituelle, ont fait d'elle un maître de vie intérieure dont l'influence ne cesse de grandir.
Ce bref mais très grand texte spirituel nous plonge au coe?ur de la mystique de Jean de la Croix. Un grand texte spirituel. Une traduction de référence. Une véritable pépite, pleine de grâce et fraîcheur, présentée ici en édition bilingue.