Peut-être cette introduction doit-elle préciser une distinction que le corps de l'ouvrage considère comme acquise : la distinction entre la compréhension catholique de la Bible et l'apologétique biblique. Il est tout à fait normal que le croyant catholique, en lisant la Bible, s'appuie sur tous les soutiens positifs que lui offre sa foi. Il accepte l'inspiration et l'inerrance de l'Écriture, telles que l'Église les comprend ; il utilise sa connaissance générale de la Révélation chrétienne et, dans l'exégèse de passages particuliers, il est normal qu'il se laisse guider par l'interprétation qu'en ont donnée la tradition catholique et les documents de l'Église. Ainsi soutenu, le catholique qui lit le Nouveau Testament y trouve plus que ce qu'y aperçoit un incroyant. Il trouvera dans les Évangiles le récit de l'Incarnation du Fils de Dieu, de sa conception virginale à Nazareth, de sa naissance à Bethléem, au temps de César Auguste. Il verra en Jésus une personne divine, au sens strict et littéral, et il admettra sans difficulté que Jésus a réuni des disciples, les a instruits de ce qui touche au Royaume de Dieu, leur a promis certains pouvoirs à l'intérieur de l'Église et a garanti à cette même Église l'assistance indéfectible du Saint-Esprit jusqu'à la fin des temps. Le lecteur catholique trouve encore dans le Nouveau Testament la parfaite assurance que le Christ a opéré des miracles nombreux et étonnants, qu'il a institué la Sainte Eucharistie, qu'il a été trahi par l'un des Douze, qu'il a souffert, est mort sur la croix et est ressuscité corporellement d'entre les morts, qu'il est apparu maintes fois à ses disciples, et qu'enfin, après une quarantaine de jours, on l'a vu monter au ciel. Pourquoi le fidèle, à la lecture du Nouveau Testament, éprouverait-il des doutes sur la réalité de ces événements ? La saine érudition biblique n'a jamais contesté ces fondements de la foi catholique.
[.] Le catholique ne désire trouver dans les Écritures aucune autre signification que celle qu'y trouve l'Église. Sans s'attendre à des définitions du Magistère sur toute question en discussion, il verra la nécessité d'une certaine direction officielle. Quand les autorités de l'Église, qui veillent à protéger les Écritures de toute déformation, jugent bon de fixer l'interprétation de tel ou tel texte - comme cela se fait assez rarement - le lecteur catholique acceptera ces précisions avec le degré d'assentiment intérieur et extérieur qu'on peut réclamer de lui en chaque cas. En tout cela, il verra non pas un autoritarisme, mais un gracieuse disposition de la Providence pour l'aider à mieux comprendre la Révélation chrétienne.
« Qu'est-ce que la Révélation ? Comment est-elle communiquée ? » Le théologien américain Avery Dulles aborde ces questions dans la perspective de la théologie fondamentale. Théologies de la Révélation (Models of Revelation) , devenu rapidement un classique dans le monde anglophone, est le fruit de plus de vingt ans d'enseignement et de recherches. Ce livre est la première synthèse depuis La Théologie de la Révélation de René Latourelle (1963), qui abordait la question de la Révélation d'un point de vue historique et dogmatique.
Outre l'intérêt du sujet - la Révélation est présupposée à la foi et fonde toute l'entreprise théologique et spirituelle -, Théologies de la Révélation a l'avantage de présenter une méthode théologique originale et achevée : celle des modèles.
La méthode, initialement développé en sciences physiques, permet d'acquérir une intelligence limitée mais valide du mystère de la Révélation, qui dépasse l'appréhension directe, mais qui est attesté par tous ceux qui peuvent dire : « je crois », dans un contexte religieux chrétien, Catholique ou protestant.
Théologies de la Révélation est un ouvrage surtout pédagogique qui permettra à tous ceux qui s'intéressent à la théologie, de profiter de l'érudition et de l'intelligence méthodologique d'un grand théologien contemporain, et d'aiguiser leur réflexion sur un sujet théologique particulièrement fondamental.