Ce livre qui accompagne l'exposition de l'institut du monde arabe, est l'occasion d'un voyage à travers cette région d'Afrique qui borde la Méditerranée, et, tout autant, à l'intérieur de l'esprit des photographes nés dans ces lieux, qui y ont vécu, qui les ont quittés pour y revenir ; c'est un voyage de découverte de l'appartenance et de l'identité, ou encore un voyage d'exil et de recherche des racines, ou enfin un arrêt dans le temps, pour mieux comprendre le cycle de la vie à travers la lumière et l'ombre, le noir et le blanc.
Renée Colin-Noguès passe deux années au coeur du pays Sénoufo, à Sikasso et dans sa région le Kènèdougou, " Terre de Lumière ".
Le pays est alors culturellement fort de ses rites et de sa société : la colonisation l'a blessé mais fondamentalement peu bouleversé. Avec son mari, Roland Colin, administrateur colonial, ils sont tous deux convaincus de vivre les derniers moments de la domination française et les prémices de l'indépendance. Ils apprennent la langue et vont de village en village. Roland prend des notes (peu administratives) pour approfondir ta connaissance de la culture Sénoufo, Renée prend des photos de confiance partagée.
Sans volonté ethnographique, ses photographies de coeur renseignent aujourd'hui un univers des formes qui comme partout s'étiole, voire disparaît. En Afrique, Renée Colin-Noguès s'inscrit parmi ces photographes blancs du quotidien, souvent anonymes et méconnus, qui ne viennent pas faire des reportages à sensation ou " voler des images ". Coloniaux et personnalités atypiques comme Pierre Verger ou Anita Conti, ils sont un versant de cet échange historique qui marque pour longtemps les humanités qui les accueillent.
Les Editions Revue Noire ont caeur de révéler le regard de ces " Occidentaux à part " dans le même sens qu'elles ont révélé des centaines de photographes africains pour participer à la construction d'une autre image de l' " autre ", un " autre nous-même ".
AU Maroc, les tenants les plus virulents d'un art foncièrement contemporain, adoptent des positions de plus en plus radicales et neuves.
Enfin dégagées d'une étouffante tradition comme pour mieux la réinventer, les dernières générations, qui ont aujourd'hui entre trente et cinquante ans, et qui sont présentées au Couvent des Cordeliers au sein de l'exposition " Paris-Casa, Suites marocaines " dans le cadre du Temps du Maroc, ont quitté le désert et ses mirages pour la ville et ses ravages. Que disent-elles alors, ces voix nouvelles surgies de Casablanca la métropole, d'Asilah la silencieuse, de Marrakech la bruissante, ou de Paris, de Lille ou de Berlin ? Elles disent l'identité perdue, la mémoire grignotée et la désertification de l'art.
Soucieux de nouveaux matériaux comme de nouveaux espaces, avides de technologie ou, au contraire, désireux d'en finir avec elle, plasticiens, photographes, musiciens et chorégraphes d'un certain Maroc du monde entier tentent un pont inédit entre orient et occident. Si effectivement métissage il y a de part et d'autre de la Méditerranée, celui-ci n'en aboutit pas moins à un art spécifiquement marocain, à la fois sauvage comme un roman de Mohamed Choukri ou une danse de la Guedra, et raffiné comme un tapis berbère ou une céramique de Fès.